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Il y a les grands classiques écrits sur la Première Guerre mondiale - Remarque, Jünger, March, Lussu, Dorgelès, Barbusse, Chevallier, Cendrars, Genevoix et puis il y a ceux qui sont beaucoup moins connus mais qui sont appelés à figurer un jour au sein du panthéon des "grands". - Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier-1914-1918-", en font partie.

Louis Barthas est né en 1879. Fils d'un tonnelier, il montre de réelles aptitudes pour les études, finit premier de son canton au certificat d'études primaires - ce qui n'est pas rien ... ma grand-mère maternelle, petite paysanne limousine née en 1897, sachant lire mais pas écrire, s'enorgueillissait (elle avait raison), que ses six enfants (dont ma défunte maman) aient tous obtenu ce diplôme, qui au début du xxème siècle avait une valeur qui vaut bien celle du Bac d'aujourd'hui... Louis Barthas, en dépit de ses aptitudes scolaires, laisse tomber le chemin du collège pour apprendre le métier de tonnelier.
Il lit beaucoup, se passionne pour la politique, devient syndicaliste et militant socialiste.
Il est pacifiste comme l'était Jaurès.
Comme Jaurès, il est méridional... (ça a son intérêt dans les carnets)
Lorsque la guerre éclate en août 1914, il est déjà âgé de 35 ans. Il est marié et a deux jeunes enfants.
Qu'importe aux "faiseurs de guerre", la mobilisation est générale : la réserve et les territoriaux sont eux aussi mobilisés !
Après les trois ans de service militaire obligatoire, Louis Barthas va donner 54 mois "d'esclavage" à la patrie, 54 mois dont il va consigner les petits et les grands évènements dans 19 cahiers... qui ne verront le jour qu'après sa mort, grâce à ses petits-enfants, à Rémy Cazals -dont il faut lire la postface-, et à François Maspero, le premier éditeur qui a cru en leur haute valeur historique, humaniste, littéraire...

Ces 552 pages de lecture se lisent avec force émotion. Elles disent avec talent, simplicité, humilité, humanité, sincérité, authenticité et engagement ce que fut cette "Grande Boucherie"... tellement absurde et tragique...

François Mitterrand à qui on avait offert le livre dira plus tard à son propos : "Ah, les Carnets de Louis Barthas ! Ce livre a une haute valeur historique, et aussi c'est une véritable oeuvre littéraire."
On peut faire confiance dans ce domaine au "Promeneur du Champ-de-Mars"...

Vivement recommandé !

PS : un grand merci à celles et ceux qui ont eu la gentillesse de m'adresser un mot lors de ma dernière minuscule présentation. Suivant le cours des choses, la maladie poursuit son oeuvre de sape inexorable. Mais je lis encore... Bon dimanche de printemps à tous !
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Cela fait quelques années déjà que je m'intéresse à 1914-1918 ; pas comme un assoiffé de stratégie dont je me fous éperdument. Car ce n'est pas d'un jeu de guerre dont on parle là, mais du suicide de la vieille Europe, entamé ce bel été 1914…

En plus de ce suicide, je reste convaincu que ce fut aussi une guerre de discrimination sociale, à savoir que les humbles – des deux camps – furent les esclaves de volontés tyranniques qui se souciaient fort peu de leurs conditions de survie au front et les envoyaient dans des offensives aussi inutiles que meurtrières.

Les officiers supérieurs, les majors méprisants, les embusqués de l'arrière, les politiciens voyaient sans doute « dans le soldat un être inférieur qu'on traite sans égards, comme un berger traite ses moutons, un piqueur sa meute de chiens. » Plusieurs fois, d'ailleurs, Barthas montre sa compassion pour les bêtes au front –sauf les poux et les rats, évidemment ! Par-delà les espèces, c'était une communion de souffrance…

Certes, dans mes lectures, j'ai découvert des plumes sublimes comme celles de Barbusse, Céline, Giono, Jünger, Remarque, etc. Mais aucun livre, fût-il écrit par historien ne raconte 1914-1918 comme Louis Barthas dans ses Carnets de guerre.

Louis Barthas, pourtant très instruit, ne verse pas dans le style : il écrit ce qu'il voit, ce qu'il ressent avec une fulgurance touchante, parfois déchirante. Surtout, loin des poncifs – qu'on déplore, hélas, sur beaucoup de monuments qui parlent de gloire quand il faudrait parler de tragédie collective –, il raconte une guerre dans sa vérité la plus sordide.

Et Rémy Cazals d'écrire si justement dans sa postface de 1997 : « Il me semble que le talent de Barthas se caractérise par l'absence d'effets et d'artifices littéraires. »

Quant à l'exagération des faits que certains imputent à Barthas – comme on pourrait trouver exagéré son opinion catégorique sur celui qu'il appelle « le dictateur Clemenceau » –, il reste que lorsqu'il écrit ceci, et à la lumière de tout ce que l'on sait maintenant, il ne révèle qu'une horrible vérité : « de part et d'autre on se battait en cannibales, avec une cruauté plus grande peut-être qu'aux temps reculés des invasions barbares. »

Il est vrai que Barthas – socialiste et pacifiste convaincu – écorne sérieusement la propagande – encore tenace aujourd'hui chez certains – prétendant que les hommes étaient choyés par leurs supérieurs : « Que de souffrances, de fatigues, de maladies, infirmités et morts on eût épargnées avec des chefs pourvus du simple bon sens ! » Faire dormir des soldats épuisés par les combats dans des granges vétustes qui empestent le purin, on ne peut effectivement pas parler de compassion…

Moi, je n'y étais pas et devant tant de souffrances, je me tais. Ces hommes-là ont des droits imprescriptibles que j'espère ne jamais avoir, car cela impliquerai que je fasse connaissance avec un nouveau secteur de Lorette, une autre côte 304 ou un autre mont Cornillet, et j'en passe.

Alors oui, il faut lire ces Carnets avec toute l'humilité et le recueillement qu'ils exigent. J'oserai presque parler de document sacré. Et Barthas, de conclure par une sentence terrible mais combien vraie sur ce carnage dont il a été l'un des acteurs malheureux : « On a menti… mais je renonce à écrire tous les mensonge sortis de la bouche ou sous la plume de nos gouvernants ou journalistes »…
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C'est un très beau livre.Louis Barthas passera toute la guerre au front.
Celui- ci connaîtra la Somme ,l'Argonne,Verdun,l'offensive Allemande de1918:l'horreur,l'accoutumance,la révolte....
Au front ,il écrit sur n'importe quoi,sur n'importe quel papier,
Les feuilles sont parfois disparates ,maculées de boue.....
Il envoie de très nombreuses lettres â sa femme et à ses enfants,
C'est un témoignage formidable,celui d'un simple soldat.
Après la guerre,il consignera dès 1919 son journal sur 19 cahiers .
Ce livre fut mis au point avec l'aide de ses petits- enfants.
Le témoignage de Louis Barthas est complet,irremplaçable,unique,vivant.
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Louis Barthas décrit la vie dans les tranchées au jour le jour, la vie dans la terre au milieu des cadavres et des rats. Il nous fait partager ses nuits humides et glaciales dans des abris de fortune en première ligne, ou dans des granges sordides et délabrées au milieu des cochons lorsque son régiment est au repos. En quatre ans, il ne dort pas une seule fois dans un vrai lit, et ce n'est que fin 1917 qu'il voit le premier poêle dans une tranchée !

Résolument antimilitariste, il porte un jugement extrêmement sévère sur la quasi-totalité des officiers. Il est vrai que ceux-ci traitent les soldats réellement comme des esclaves, et se moquent éperdument de leur bien-être. On a parfois l'impression que les soldats vivent dans un camp de concentration… il n'a d'indulgence que pour de rares lieutenants et capitaines qui, par leur bravoure au combat et leur sollicitude, ont gagné le respect du poilu. En septembre 1917, un général lui accorde tout de même quelques paroles de bienveillance, qu'il note comme les premières de la part d'un officier supérieur depuis le début de la guerre…

Un des passages le plus intéressant est sa description de la révolte du régiment en juin 1917. Les « mutins », inspirés par la révolution russe, créent un soviet du régiment et demandent à Louis Barthas d'en prendre la tête ! La revendication principale des révoltés ? Des permissions !

Vraiment un excellent témoignage de la vie « ordinaire » du poilu en première ligne. A lire absolument par tous les passionnés de la Grande Guerre !
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Ce livre a été un de mes premiers livres de témoignages de combattants de la grande guerre. C'est une référence dans sa catégorie et il tient une place privilégié à côté de l'ouvrage de Maurice GENEVOIX "Ceux de 14".
A partir de ses carnets écrit sur le front, cet ouvrage de Louis BERTHAS nous fait partager son quotidien avec une belle écriture descriptive dans laquelle nous pouvons percevoir son âme.
Témoin de tant de souffrances pendant ces 4 années, il conclus avec ces mots :
"Souvent je pense à mes très nombreux camarades tombés à mes côtés. J'ai entendu leurs imprécations contre la guerre et ses auteurs, la révolte de tout leur être contre leur funeste sort, contre leur assassinat.
Et moi survivant, je crois être inspiré par leur volonté en luttant sans trêve ni merci jusqu'à mon dernier souffle pour l'idée de paix et de fraternité humaine.
Février 1919"

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Toute une guerre, Louis Barthas a été là du début à la fin. On ne peut que saluer la capacité d'un simple tonnelier à rendre compte, même si l'émotion ne passe pas toujours, bridée par "l'amateurisme" de l'homme devenu auteur (et acteur) malgré lui. Chapeau bas.
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Il me semble que mieux que Barbusse encore , l'humble Louis Bartas a su dire la "Grande Betise" . un Monument !
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Déchirant témoignage d'un épisode douloureux.
Le récit est évocateur et descriptif dans la précision.
Le dessin est sombre, tout à fait adapté au sujet.
Même si l'histoire est dramatique, l'effort de l'auteur pour faire revivre ses camarades par delà la perte est touchant.
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il a traversé toutes les horreurs de ce conflit, tous sans exception. et c'est son grand humanisme, son amour de l'homme qui l'a fait rentrer entier. grande leçon d'humanité
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Peut être le meilleur témoignage sur la Grande Guerre côté français..
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