Michel Magne : De la musique d'avant-garde au cinéma

Musicien gâté par la muse Euterpe, Michel Magne n'a pas vu défiler les années 60 en travaillant sans relâche sur une série de films devenus célèbres : Les tontons flingueurs, Les Barbouzes, Angélique marquise des anges, Fantômas, … En compagnie d'un ami, il a acheté une propriété dans le Val-d'Oise et a décidé d'y installer un studio d'enregistrement à la pointe de la technologie pour y faire venir le gratin des artistes. A sa grande surprise, ce sont les Américains qui débarquent en premiers. L'accueil est formidable avec un hôte charmant qui se plie en quatre pour ses clients. Bien vite, des stars issues de partout se précipitent pour profiter de chambres confortables, d'une cuisine gastronomique et d'une ambiance toujours à la fête. Jamais on n'aurait cru le trublion des années 50 devenir patron d'une société de ce type, laissant loin derrière lieu la musique d'avant-garde. Pourtant, rien ne s'est déroulé selon les plans et des impératifs économiques sont venus écorner son petit monde. le drame n'est plus loin ! Ce livre revient sur le parcours d'un des compositeurs le plus atypique du cinéma français et ses nombreuses collaborations avec les cinéastes de son temps. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une biographie, mais d'un essai qui vise à rappeler au souvenir de tous l'importance et l'originalité de son travail, tout en le faisant aimer par ceux qui ignoraient tout simplement son implication dans le septième art.

Pour se souvenir de Michel Magne, il a fallu cette biographie qui revient sur son parcours ahurissant, son apogée mais aussi son déclin. Enfant prodige, le compositeur s'est taillé une place en or dans l'univers du cinéma, après avoir affolé la planète musique avec des partitions d'avant-garde et des concerts déjantés. Disparu il y a presque quarante ans, il laisse un énorme vide dans le monde du septième art après avoir livré de nombreux longs métrages devenus des classiques : « Un singe en hiver », la série « Angélique, marquise des anges », la trilogie « Fantômas », « Les tontons flingueurs », « OSS 117 », « le repos du guerrier », … Ce livre est découpé en chapitres courts pour retracer sa carrière et ses nombreuses collaborations avec Roger Vadim, Bernard Borderie et, entre autres, Jean Yanne. Un trublion qui s'était également imaginé châtelain et directeur d'un studio d'enregistrement high tech.

Michel Magne, compositeur de nombreuses musiques de films, dont "Le Repos du Guerrier", "Angélique, Marquise des Anges" ou "Néa", est un musicien d'avant-garde, préoccupé par les sonorités de son époque, la modernité et l'empirisme. Après avoir provoquer un scandale lors d'un concert de musique infrasonore, il est devenu compositeur à la mode, tout en n'abandonnant pas ses recherches acoustiques, devenant l'un des premiers admirateurs des Ondes Martenot et des synthétiseurs modernes. Aussi un homme de métissages musicaux en s'employant à créer une oeuvre telle que « Moshé Mouse ressurection", chantée par Artie Kaplan aux USA. Electron libre, il a brulé la vie par les deux bouts au point d'en mourir. Cette bio est complète et retrace son cheminement d'artiste terrible, jouant incessamment avec le succès et les provocations.

Musicien d'avant-garde, Michel Magne connaît le succès avec les musiques de film . Ensuite, il aménage un ancien relais de poste en studio d'enregistrement à plusieurs centaines de kilomètres de Paris. La réalité lui échappe. le gratin des chanteurs et des groupes viennent y graver leurs disques (David Bowie, Pink Floyd, Iggy Pop, Elton John, Johnny Hallyday). Mauvais gestionnaire, la comptabilité lui échappe et les chiffres se soldent dans le rouge. Lorsqu'il revient à l'écriture pour le grand écran, une génération a pris sa place et il peine à renouer avec les triomphes d'antan. Pour beaucoup, il appartient à l'ancienne époque. Acculé par les fisc, il se suicide à cinquante quatre ans. Cet ouvrage revient sur cet électron-libre qui, naïvement, s'est cru à l'abri de tout et a été dévoré par le système.