AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,07

sur 751 notes
5
3 avis
4
10 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsque j'ai lu, très jeune, Les Paradis Artificiels, je consommais alors comme drogue la poésie de Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Rejetant les vertus bourgeoises et la bienséance, Baudelaire m'initiait alors à la rébellion par la beauté, le rêve et l'extase des sens.

Aussi cette expérience poétique nourrit-elle ma rébellion d'adolescent plus sûrement, plus durablement et sans détruire le corps et l'esprit que la mise en danger, la cigarette, le joint, l'exta, ou toute autre drogue ou addiction dont notre société de consommation moderne a le secret.

Parcourant avec avidité ces poèmes maudits, je crois que je ne me suis même pas rendu compte que les Paradis Artificiels étaient un Essai sur l'opium et le haschisch... ou bien cela n'avait pas d'importance : pour moi c'était de la poésie en prose ; et ça l'est toujours avant tout.

Le message de fond sur les drogues, pourtant, est bien passé, avec toute son ambiguïté. Pour moi donc une bonne lecture pour l'adolescent, tenté naturellement par l'excès.Point d'interdit, mais un rappel que tout à un prix, et, par l'exemple De Quincey, une démonstration efficace que même celui qui croit maîtriser peut se laisser abuser et sombrer dans l'annihilation de sa volonté.
Encore aujourd'hui, je ne peux m'empêcher de reconnaître après lui une force positive dionysiaque à l'ivresse, dasn certaines conditions, là où les autres drogues me semblent impossibles à réellement domestiquer.

Mais Baudelaire n'était ni neurologue ni pharmacien. Réduire Les Paradis baudelairiens à une étude des drogues et de leurs usages m'apparaît une hérésie, voire une insulte. Dans ces écrits, il chante le voyage artificiel, envoie des images puissantes, il envoûte, nous hallucine. La recherche de volupté implique des retours du réel, des tortures, des regrets, du spleen... et bien sûr que l'usage des drogues s'y retrouve, le kief ayant son prix, mais Baudelaire transcende tout cela par ses mots.

Il ne nous parle pas d'opium et de haschisch, il nous parle de la quête éperdue des hommes des rares moments d'éternité, là où "les lourdes ténèbres de l'existence commune et journalière" nous pèsent ; il nous parle d'un monde invisible , que la passion dévorante de l'âme humaine peine à rejoindre ; il nous parle de la magie de ces artifices lucifériens, dieux et diables, qui portent récompense et châtiment à l'humain avide d'infini.
Commenter  J’apprécie          525
On n'a jamais aussi bien parlé du vin, du hachisch et de l'opium. Mais il ne faudrait certainement pas croire qu'il s'agirait d'en faire l'apologie, puisque Baudelaire insiste régulièrement sur les leurres et les dangers de ces drogues (à moins qu'il ne s'agisse pour lui, tout simplement, d'éviter les cris d'indignation de l'intégriste censure qui lui a causé tant d'histoire avec "Les Fleurs du Mal"). Ce livre ne poussera personne à se jeter sur le premier pétard venu, loin s'en faut. Il doit être lu pour ce qu'il a toujours cherché à être : une oeuvre de prose poétique. Car on oublie trop souvent d'évoquer, lorsque l'on traite de cette oeuvre, de l'admirable poésie baudelairienne, florilège d'images inattendues et sublimes. Et au delà du sujet, "Les Paradis artificiels" surprennent par leur composition, car Baudelaire réussi à éviter le piège de la monographie par ses fréquentes digressions, qu'elles soient des scènes, des contes, des portraits. On se croirait parfois chez Diderot ! Et même si la deuxième partie des Paradis artificiels, "Le mangeur d'opium", est une libre traduction d'une oeuvre de De Quincey, tout porte la signature du maître Baudelaire, comme lorsqu'il nous entraîne merveilleusement dans d'abyssales angoisses en traduisant les contes d'Edgar Allan Poe.
Commenter  J’apprécie          311
Dans les Paradis Artificiels, Charles Baudelaire tente de nous faire comprendre les rapports étroits qui peuvent exister entre la consommation de stupéfiants et la création poétique, avec force détails sur les altérations psychiques que peuvent amener l'opium et autres substances psychotropes.
Mais bien qu'il en prenne un temps les apparences, ce n'est pas une étude ni un essai, de pages en page c'est une véritable descente aux enfer. Peu à peu, le lecteur se retrouve captif d'une sorte de voyage à faire littéralement dresser les cheveux sur la tête. Et s'il était tout a fait légitime de considérer ces Paradis artificiels comme un des grands textes fondateurs de la littérature fantastique ?

Et pour qui souhaiterait s'interroger sur les raisons profondes qui ont poussé le poète à traduire Edgar Allan Poe vers le français, pourquoi ne pas chercher quelques réponses parmi ce qui rampe et gémi entre les pages des Paradis Artificiels ?
Commenter  J’apprécie          160

Haschisch, vin opium: amplificateurs de rêves?

Hilarité, apaisement ,.... mais aussi poésie:
- "les sons se revêtent de couleur"
- "sans mord, sans éperons, sans bride, partons à cheval sur le vin pour un ciel féerique et divin... Ma soeur, cote cote nageant, nous fuirons sans repos ni trêve vers le paradis de mes rêves."
- "le haschisch s'étend alors sur toute la vie comme un vernis magique; il la colore en solennité et en éclaire toute la profondeur. Les couleurs prendront une énergie inaccoutumée et entreront dans le cerveau avec une intensité victorieuse"


Mais un prix exorbitant:
- le raisonnement n'est plus qu'une épave à la merci des courants (un peu comme le vide intérieur de Nakata, qui le met à la merci du pouvoir de Johnny Walker, dans Kafka sur le rivage, de Murakami)
- "mais le lendemain, le terrible lendemain. Tous les organes relâchés, fatigués, les nerfs détendus, les titillantes envies de pleurer, l'impossibilité de s'appliquer à un travail suivi.... La hideuse nature, dépouillée de son illumination de la veille.
Commenter  J’apprécie          140
Très différent de ce que je m'imaginais. Que j'ai voulu ou non l'entendre, je pensais que j'allais lire une sorte de panégyrique des produits psychotropiques, avec une foule de descriptions aussi enchanteresses que tentantes. En full synesthésie.
Ce qui est à la fois ce que j'ai pu lire et absolument pas ça.
Ma version contient quelques textes de Théophile Gautier sur le même thème et qui eux sont plus positifs concernant ces produits : l'opium et le "hachich". Y décrivant, effets et différences. Très bien écrits, et énervants.
Baudelaire lui s'inscrit comme moraliste et négateur de ces paradis artificiels. Pour lui, on ne fait pas d'un âne un cheval de course. Autrement dit, les effets et les hallucinations etc, n'auront de brio que si vous êtes brillant. N'espérez pas être autre chose que vous êtes déjà, vous l'êtes d'autant plus, d'autant plus intensément.
Les effets négatifs apparaissent vite et sont tout aussi bien décrits. Avec à l'appui une critique de Baudelaire du texte le Mangeur d'opium de de Quincey. C'est pur littérature. Baudelaire nous sert de très belles pages.
Mais. Pas assez. Et à de nombreuses reprises, c'est moi qui suis parti, hypnotisé par l'ennui provoqué et ça m'a souvent saoulé.
Je suis d'ailleurs étonné des pages sur le haschisch dont les effets semblent étonnamment plus intéressants qu'avec la merde actuelle. Je ne sais pas si c'était pour faire genre, pour exagérer. (Ce qui n'aurait pas de sens, vu le parti pris détracteur-moraliste de Baudelaire.) Mais, clairement, j'ai bien l'impression que ce n'est pas avec le cannabis, actuel, qu'on peut aboutir à de tels effets. Sans doute avec d'autres choses...

Un livre qu'on peut inscrire dans l'histoire, au sens livre historique, avec des moments remarquables sur le plan stylistique. Mais assez chiant quand même.
Pour ma part.
Commenter  J’apprécie          72
Une oeuvre à lire lorsque nous sommes matures niveau littérature, où que l'on connais les drogues. Faire lire cela au collège une erreur, enfin c'est mon avis..
Je pensais avant cette lecture, que Honoré de Balzac était pour la consommation d'opium, de haschich, il n'en ai pas, c'est bien le contraire, d'où le titre finalement.
Il conte la vie de Thomas de Quincey et son soucis avec le Cannabis.
Cet auteur je ne l'ai connu par hasard en Pléiade dans une librairie, j'ai hésité à acheter et finalement bien fait car je le découvre dans cette oeuvre De Balzac..


Commenter  J’apprécie          60
Contrairement à ce qu'on pense de ce livre, Baudelaire ne fait pas l'apologie du haschich; il le condamne puisqu'il fait état du potentiel de dépendance qu'il peut avoir sur le cerveau du poète.
J'ai apprécié, en revanche la traduction du texte de Thomas de Quincey, le fameux mangeur d'opium auquel Baudelaire y a ajouté des paragraphes par-ci par-là.
Un livre plutôt intéressant.
Commenter  J’apprécie          20
Les paradis artificiels est le premier Baudelaire que je lis. C'est une lecture qui nous pousse à la réflexion, car ce sont des textes d'un autre temps mais toujours d'actualité.
L'auteur nous entraine dans un premier temps dans le domaine de la boisson, en parlant du Vin, qu'il compare ensuite au Hachish.
L'auteur nous décrit ce que lui pense du vin en dégraissant sur les différents effets de l'alcool. Pour parachever ses réflexions, il nous donne des exemples de personnes alcoolisées pour illustrer les conséquences des effets de l'alcool.
Dans un deuxième temps, il nous conte les effets du Hachish. Il nous narre son histoire, en tous cas, ce qu'il en connait, pour ensuite faire comme avec le Vin, développé par des exemples et bien sûr de comparer les deux.
Ensuite, il nous parlera de l'Opium, en s'appuyant sur les textes de De Quincey, en tant que auteur et consommateur; pour nous montrer les bons et les mauvais côtés de cette drogue.
de ce fait, cette oeuvre n'est ni une apologie, ni un pamphlet, mais bel et bien une réflexion sur la drogue et ses effets.
Certaines parties du livre semblent avoir été écrites sous substances, et c'est bien le réel talent de Baudelaire qui en fait une oeuvre aussi bien construite et aussi réelle.
Commenter  J’apprécie          10
Départ dans les nimbes d'un ailleurs sans inspirations trop pures pour appartenir à cet être, en quête d'un autre qui n'existe sans lui.

Digressions et rimes s'envolent aux rythmes d'inspirations et de rêveries, à suivre et redécouvrir.
Commenter  J’apprécie          10
Vision un peu fantasmée de la prise de drogue, cela reste assez intéressant. J'y ai appris que le haschich vient du chanvre. Dans mon édition, aux textes de Baudelaire sont adjoints des textes d'autres auteurs sur le même sujet, comme Théophile Gautier, que j'ai également appréciés. A ceux qui ont aimé, je recommande Monsieur de Phocas de Jean Lorrain, qui retranscrit bien l'esprit de cette époque, le décadentisme, le dandysme, ...
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (3514) Voir plus



Quiz Voir plus

Baudelaire

Dans quelle ville est né Charles Baudelaire ?

Bordeaux
Paris
Lille
Lyon

12 questions
415 lecteurs ont répondu
Thème : Charles BaudelaireCréer un quiz sur ce livre

{* *}