Je n'oublierai jamais les heures ardentes que j'ai passées au Constable Boom du Musée de South Kensington. En cette petite salle, presque toujours silencieuse et dédaignée des passants, où rien ne s'interpose entre le visiteur et l'artiste, on sent vraiment battre un coeur puissant et chaud proche du sien, à travers un ensemble d'oeuvres où se mêlent les naïfs et scrupuleux dessins du début, les pochades fougueuses de l'Age de plénitude, les carnets d'esquisses remplis au cours des excursions, les toiles achevées et définitives. Des moments intimes, graves, joyeux, de contemplation, de communion et d'étude se sont écoulés là pour moi, en tête-à-tête introublé avec l'un des plus prodigieux révélateurs de nature et de vie qui ait apparu dans la peinture, et qui, nulle part ailleurs qu'en cette salle sans apparat, où des mains pieuses ont réuni et confronté les plus humbles de même que les plus glorieux témoignages de son art, ne peut être aussi intimement pénétré et savouré.