Grâce à ma mère, il y a longtemps, j'ai découvert ce roman âpre et cruel. Elle-même l'avait sûrement lu en se référant à sa propre mère, loin d'être affectueuse et maternelle, sa propre Folcoche en quelque sorte. L'âge et les souvenirs aidant, j'ai relu avec nostalgie
Vipère au poing.
Un roman autobiographique dans lequel le narrateur raconte ses relations exécrables et violentes avec une mère qu'on peut qualifier d'indigne. le récit prend place dans un milieu très bourgeois et conservateur de la campagne angevine. C'est un milieu fermé et catholique: la charité est dispensée ostensiblement et avec condescendance. On vit chichement sur la dot de Madame, le père n'étant pas capable de travailler. le père est un être faible, sur lequel le petit
Hervé Bazin tente parfois de s'appuyer. Sans illusion. Avec mépris.
Par souci d'économie et de classe, l'éducation des enfants se fait à travers un précepteur. Quand l'abbé ne convient plus, par manque d'autorité ou trop câlin avec les servantes, celui-ci est remplacé.
Le trait dominant qui structure le roman, c'est la haine absolue, viscérale du narrateur surnommé Brasse-Bouillon pour une mère qu'on a mariée à un homme qu'elle n'a jamais aimé et qui lui a fait trois enfants "dans le noir", avec dégout.
Le style est direct, les phrases courtes, sarcastiques et efficaces ; "
Vipère au poing" est le premier roman d'
Hervé Bazin. Une thérapie en quelque sorte pour exorciser la violence qui demeure en lui.
Virulent, traumatisant, marquant, inoubliable.
C'est un classique à lire et relire.