AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 1216 notes
Interne à l'hôpital, au SAMU, Jean reçoit l'appel d'une maman en détresse. Son fils, âgé de 6 ans, convulse. Mais, parce qu'elle s'est trompée d'adresse, 42 au lieu de 24, le SAMU arrive au bout de 12 minutes au lieu de 6. Une erreur fatale puisque l'enfant décédera quelques jours plus tard. Pour Jean, c'est un drame dont il ne se remet pas. Quelques jours de vacances, un retour à l'hôpital qu'il quittera très vite. Aujourd'hui, Jean, à 36 ans, est médecin de famille dans un petit cabinet. Il gomme ainsi l'asymétrie entre soigné et soignant et le cabinet est un lieu plus propice à l'échange. Pour autant, depuis le drame, le jeune homme est incapable de pleurer. Aussi a-t-il décidé de prendre la plume pour raconter les rencontres, les anecdotes, les pathologies... en espérant, peut-être secrètement, comprendre pourquoi ses larmes ne veulent plus couler...

À travers le personnage de Jean, et au moyen d'un long monologue, Baptiste Beaulieu nous raconte son quotidien de médecin de campagne. Empreint d'une extrême empathie, de dévouement, de sincérité, parfois d'humour ou de colère, il se penche sur ce quotidien surchargé, sur ses patients sur leurs petits bobos et leurs maux, sur leurs silences parfois. Des anecdotes plus ou moins tristes, plus ou moins graves ou drôles, des rencontres touchantes et émouvantes pour la plupart. S'il soigne, Jean, avant tout, écoute. Ce qui se dit et se qui se tait. Ce qui se murmure. Avec clairvoyance, il fait état du monde médical en dénonçant notamment le manque de moyen et de temps, les personnes âgées délaissées, les démunis, la violence conjugale, le manque de respect... Autant de sujets plus ou moins graves que l'auteur réussit à rendre passionnants, poignants et universels d'autant qu'il ne manque ni d'humour, ni de tendresse, ni de compassion. Tout sonne juste et vrai. Aussi, c'est avec beaucoup d'émotions que l'on quitte Alvaro, Josette et tant d'autres et le coeur serré que l'on laisse Baptiste Beaulieu sécher ses larmes...

Commenter  J’apprécie          636
« Où vont les larmes quand elles sèchent » ?

Je ne le savais pas Baptiste, avant de lire ton livre… Elles vont là où elles peuvent… Elles vont là où on leur permet d'aller…

Avant de lire les histoires et les pensées de Jean, les gens qu'il rencontre, ceux qui le bouleversent, ceux qui le mettent en colère, des visages et de leurs histoires qu'il gardera longtemps en mémoire, je te suivais sur les réseaux. Depuis combien de temps toutes ces anecdotes et tous ces coups de gueule ? J'ai perdu le fil du temps… « Où vont les larmes quand elles sèchent » est un condensé de tout cela… mais pas seulement.

Jean vit avec un fantôme, tu as réveillé le mien… Tu sais celui qui dort là-bas, bien au fond, là où c'est si bien capitonné qu'il n'a aucune envie d'en sortir. Un peu comme cet enfant qui vit le long de la colonne vertébrale de sa mère lors d'un déni de grossesse. Il est là sans l'être vraiment, discret, presque invisible.

Mon fantôme à moi est en colère. Un peu comme Jean. Tout le temps. de temps en temps, la colère explose, mais je n'avais jamais percuté que c'était le petit fantôme qui la provoquait. Maintenant, j'ai compris. le fantôme n'est plus petit, il a grossi, il a envahi tous les espaces laissés disponibles à l'intérieur de moi. Et il a faim. Faim de mots, faim de vengeance, faim de cris.

Moi je sais « Où vont les larmes quand elles sèchent »… Elles vont sur le fantôme et elles le brûlent comme de l'acide pour qu'il s'énerve encore un peu plus. Pour qu'il sorte. Pour que ça sorte. Avant je ne savais pas, maintenant je sais. Sauf que si je pleure, il va se mettre en colère. Alors j'essaie de ne pas pleurer… Je garde tout ça dans la marmite et j'attends qu'elle soit pleine à exploser. Ce jour-là, vaut mieux ne pas être dans les parages. Les 125 gr de beurre deviennent des kilos, y a plus une voiture qui circule à l'horizon.

« Quand un adulte est en colère, c'est qu'il a peur. »

Mais peur de quoi ? Alors, en fonction des situations vécues dans la semaine, j'ai essayé d'analyser de quoi j'avais peur. Et tu sais quoi ? J'ai réussi à chaque fois. Parce que quand on trimballe mon genre d'enfance (« Ce qui empêche d'avancer, c'est de croire que le passé, c'est du passé. ») où l'on doit être le plus invisible et le plus transparent possible, la peur fait partie intégrante de soi.

« (…) parfois, on ne sait plus comment se défendre contre la vie, et on ne devrait pas s'en vouloir : on fait ce qu'on peut avec nos digues personnelles, et parfois on est débordé – on est seulement humain. »

Depuis que je te suis Baptiste, j'ai appris beaucoup de choses sur le métier de soignant. « Où vont les larmes quand elles sèchent », raconte l'hôpital, là où on meurt, les urgences, les con-frères, la maladie et la solitude. Puis, un départ en cabinet privé de ville et des patients qui t'ont marqué. Ils sont beaux tes patients Baptiste, ils ont de la chance de t'avoir. C'est si élémentaire de demander la permission d'examiner le corps d'un autre… et pourtant, j'ai fait un petit tour d'horizon personnel, et les résultats ne sont pas brillants… Les « violences médicales » (ne m'en veux pas si je les appelle comme ça) se situent aussi souvent dans les mots. J'ai entendu un grand nombre de conneries dans ma vie, surtout après avoir été soignée dans un autre pays !! Si j'avais eu du beurre…

Les violences gynécologiques sont bien plus sournoises parce qu'au fond, on sait pourquoi on vient… Il y a comme une monarchie de droit divin dans ce genre de cabinet : tu te tais et tu fais ce qu'on te dit. Et si par bonheur tu pars accoucher, tu peux tomber sur ces con-frères qui dégainent élégamment leurs outils de boucher pour couper tes chairs sans te demander ton avis en te balançant « il est rentré, va bien falloir qu'il sorte ! » C'est vrai ce que tu dis Baptiste « Une patiente qui dit oui à un examen, si elle dit non après, on doit l'entendre. Ne pas l'entendre, forcer, relativiser une douleur, un refus, c'est inacceptable. Ce n'est pas déontologique. C'est manquer de respect aux droits humains élémentaires. »

Alors, j'ai pris un plaisir fou à être le témoin privilégié de ta relation si singulière avec tes patients : Monsieur Soares, Madame Moreno, Madame Chahid, Josette, Madame Gonzales. Chacun raconte son histoire, mais à travers eux, tu en profites pour glisser des thématiques fondamentales telles que la maladie et les souffrances du corps, le bonheur, les violences faites aux femmes, la peur, la mort… en mélangeant, humour et gravité. « Où vont les larmes quand elles sèchent » est un dialogue entre ton lecteur et toi, un partage d'histoires à travers lesquelles on (ré)apprend des choses essentielles. On se glisse également derrière le bureau du médecin qui, loin d'être un surhomme, est juste un homme, avec ses faiblesses, ses mauvais jours, et des envies de hurler que le monde est injuste. « Ça manque vraiment aux gens, d'avoir quelqu'un qui s'intéresse à eux. Juste de temps en temps. »

Faut que je te parle de la citation de Nietzsche et de la tienne qui est tellement plus juste ! (pardon Nietzsche)« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort. Oui, peut-être. Tant mieux. Pour certains, ça doit marcher. Mais pour les personnes que ça a rendu plus fragiles ? Plus sensibles ? Plus chancelantes ? Parfois, ce qui a été fait ne peut être défait, c'est comme ça. Ce qui ne nous tue pas nous brise en mille morceaux. Alors oui c'est joli la mosaïque, mais c'est long à assembler. » En mille morceaux. Quand on a compris ça, on devient sans doute un meilleur médecin. Hors maladies sérieuses et diagnostiquées, les douleurs récurrentes ont presque toujours une raison d'être. Mais quand on ne sait pas écouter, on finit par rendre sa blouse en balançant « faudra apprendre à vivre avec ma p'tite dame ». Tu sens le vécu ? Avant, quand j'étais plus jeune, je ne disais rien. Aujourd'hui, je boycotte, mais je dis pourquoi. Je vois alors de grands yeux étonnés qui ne comprennent pas d'où vient cette « hystérie toute féminine »… Maintenant, je vais leur dire d'aller lire Beaulieu, « Où vont les larmes quand elles sèchent » et tous les autres, et de prendre des notes.

Je ne peux pas terminer sans parler de ton rapport aux frangines. C'est beau, un homme qui se bat pour la cause des femmes, pas seulement pour l'idée, mais aussi parce qu'il voit/sent où est le noeud dans le coeur des frangines. Est-ce facile d'être une femme en 2023 ? Non. Est-ce que ça s'arrange ? Ça dépend sur qui tu tombes. Y a toujours des cons pour se plaindre du cancer du sein de sa femme… C'est vrai qu'on ne parle pas assez de la branlette espagnole. C'est quand même un sujet phare dans l'histoire de l'humanité. C'est amusant (je dois bien le reconnaître) de voir un homme rentrer dans le lard d'autres hommes pour leur incapacité à prendre des décisions, leurs habitudes à se reposer sur les femmes/mères, leurs comportements supérieurs et leurs problèmes d'érections. J'aime quand tu montres du doigt les prédateurs, les violeurs, les cogneurs… Tous ceux qui provoquent dans nos vies ces instants de vigilance permanente. « Comment peut-on, nous les hommes, rendre les femmes aussi vigilantes ? Aussi suspicieuses ? Et surtout quel poids mental énorme pour vous de devoir être ainsi en permanence aux aguets ! » On se sent moins seules, nous, tes frangines. Tu as l'intelligence du coeur, la plus noble et la plus prévenante.

« Où vont les larmes quand elles sèchent » aborde également la mort puisque ton métier c'est de maintenir la vie. Qui est le mieux placé pour parler des corps qui souffrent, de tous ceux qui se battent au quotidien pour une main posée sur l'épaule, un mouchoir tendu, un sourire rendu ? « Si la santé, c'est le silence des organes, la maladie chronique est un brouhaha permanent, une vraie maternelle pendant la récréation. » L'empathie n'est pas un mot vain et personnellement cela me rassure un peu sur l'humanité. « Je crois que je soigne pour abaisser la température du gros thermomètre méchanceté. » Certaines de tes réflexions font sacrément cogiter et je veux que tu saches à quel point j'ai été sensible à cette prise de parole, et cet échange permanent de questionnements avec ton lecteur. Tu lui poses beaucoup de questions, et il prend le temps de chercher les réponses. J'ai pris ce temps. Peut-être que contrairement à d'autres, je pense que la littérature peut nous élever, voir nous sauver… en mettant le doigt sur un élément qui permet d'y voir plus clair. Quand soudain tout s'illumine, que le lecteur comprend quelque chose de fondamental sur sa propre existence, c'est un cadeau immense.

J'aurais encore énormément de choses à dire tellement « Où vont les larmes quand elles sèchent » est dense. Avant d'aimer l'auteur, j'aimais l'homme. Maintenant j'aime en plus tes cris à l'écrit, ta poésie, ta vision de « l'après », ta perception du bonheur, tes doutes, ta faillibilité, tes yeux qui regardent vraiment, ton corps qui écoute totalement, ta confiance en nous en partageant ce qui t'a touché et les visages gravés. Loin d'être triste, « Où vont les larmes quand elles sèchent » est un roman sensible, profond et lumineux sur les humains en général et la vie en particulier. Je finis sur cette phrase, bouée lancée à la mer : « Sans doute qu'on ne devrait jamais remettre à plus tard, parce qu'il est toujours plus tard qu'on ne le pense dans la vie. » Merci.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          5211
Il est toujours intéressant de se pencher sur le cas d'une star des réseaux sociaux, qui réussit l'exploit de maintenir son activité de médecin, tenir une chronique sur France Inter et remplir son compte Instagram aussi régulièrement (et depuis peu en ayant endossé le rôle de père). Qu'est-ce qui plaît tant chez Beaulieu ?

Ce dernier roman au titre incroyablement niais (à se demander comment on a pu le laisser passer) consiste en une succession d'anecdotes et de portraits de patients, qui sonnent aussi faux que celles dont l'auteur nourrit Instagram à la petite cuillère, narrées avec un panel d'expressions toutes faites (« ne paie pas de mine », « j'en ai gros sur la patate »), des dialogues au kilomètre, des phrases qui tirent à la ligne (ça fait sans doute plus sérieux), des détails cracra (pourquoi pas, c'est un fétichisme comme un autre et l'auteur s'y vautre complaisamment)… Mais surtout, on a l'impression qu'il ne sait jamais quel ton adopter selon ce qu'il raconte : un passage triste sera déclamé avec des tentatives d'humour catastrophiques, et on n'en manque pas entre les Urgences et le cabinet médical. Littérairement, c'est simple, cela n'a aucune personnalité, c'est une tambouille de lieux communs sans style, mais qui tente des métaphores pas toujours très heureuse (l'inénarrable comparaison avec les souvenirs de tendresse amoureuse qu'on pourrait transformer en mégots – des déchets puants remplis de nicotine et de produits toxiques donc – à garder sur soi pour quand on se sent seul ! ).

Et sinon, quel est le fil rouge de ce « roman » ? C'est que Jean, le narrateur, n'arrive plus à pleurer en dépit de toutes les histoires pathétiques (au sens premier de « pathos ») auxquelles il est confronté. Il y revient sans arrêt, c'est sa marotte « c'est si triste, mes larmes se sont taries blablabla, où se sont-elles enfuies blablabla ». Ce dont on ne se rend pas compte au premier abord, outre son niveau d'écriture et de narration qui ne vole pas plus haut que le fond du panier de centaines d'ouvrages auto-publiés (et non relus sérieusement), et qui étreint dans un deuxième temps, c'est le mépris (essentiellement des hommes hétéros, ces ordures) et la flagornerie dégoulinante (envers les femmes, ces héroïnes toujours si bonnes et irréprochables) qui suintent à toutes les pages de ce pseudo-roman. le tout pose quand même une question cruciale : les patients qui défilent chez BB apprécient-ils l'idée de se retrouver dépeints de façon aussi caricaturale (sur son compte Instagram ou dans ses bouquins), et de subir toute son arrogance après lui avoir confié leur corps, leur intégrité et s'être ouvert avec un sentiment de sécurité ? Ça en devient très gênant au fil des pages. L'Iconoclaste qui a nous habitué à prendre plus de risques sur ses publications n'en a pris aucun avec celle-ci, qui de toute évidence n'est là que pour alimenter la trésorerie de la maison.
Commenter  J’apprécie          3912
Baptiste Beaulieu est un médecin qui incarne son propre rôle dans Où vont les larmes quand elles sèchent. D'abord interne dans un CHU, il assiste à une scène avec un enfant qui décède qui le hantera pendant des jours, des mois, voire des années. Suite à cet épisode traumatisant, il devient médecin généraliste. Sous forme de journal intime ou de journal de bord, il nous confie certaines anecdotes plus ou moins humoristiques sur des patients de son cabinet qu'il a réellement côtoyé et sur sa vie de médecin et d'homme.

L'auteur pointe du doigt les difficultés du corps médical, qui doit faire face à des situations complexes : peu de moyens, déficit de personnel, désert médical. Ils sont pourtant au premier plan, face à des scènes choquantes, parfois dangereuses, ils doivent gérer la misère sociale, se montrer suffisamment pédagogue, à l'écoute, ouvert d'esprit… le tout, dans le respect du secret médical. On ressent aisément l'ambivalence de ton de Baptiste Beaulieu, tantôt agacé ou en colère, mais sans jamais l'exprimer face à un patient. Au contraire, il se montre doux, compatissant, très humain, il se met au niveau de chacun, sans jamais juger personne : une attitude digne de celle qu'on attend d'un bon médecin généraliste.

Le grand problème de l'auteur, c'est qu'il ne semble plus ressentir quoique ce soit face au malheur : impossible pour lui de pleurer. Une situation incongrue qui le hante quotidiennement. Finalement, on s'habitue peut-être à tout, même au plus tragique… En tout cas, cette thématique est centrale dans ce roman et revient fréquemment nous heurter, nous poussant à réfléchir sur la vie, la mort et le sens de l'existence. À l'image du problème existentiel de Baptiste, nul émotion ne transperce les pages : on reste assez stoïque face à tous ces problèmes qui pourtant, se déroulent bien sous nos yeux.

Mais au delà du médecin, il y a l'homme. Et l'homme déteste les injustices, l'homme ne tolère pas les violences faites aux femmes, l'homme fustige vivement les abus sur les enfants et prend partie pour les minorités écrasées par la société. Il est engagé et assume parfaitement ses convictions. J'ai apprécié les prises de positions. Néanmoins, j'ai trouvé l'ensemble assez nombriliste et parfois redondant.

Un roman rempli d'humanité, qui raconte avec humour les difficultés rencontrées par un médecin généraliste. Un texte fort, engagé, qui nous fait réfléchir sur la vie et la mort et nous fait prendre conscience de la chance que l'on a. Très sympa sur la moment, mais vite oublié !
Lien : https://analire.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          210
Jean, 36 ans, est médecin généraliste. Depuis ce jour où interne, ils sont arrivés trop tard avec le SAMU pour sauver un enfant qui faisait une crise d'épilepsie, il s'en veut beaucoup et n'arrive plus à pleurer. Il partage beaucoup avec ses patients, leur consacre tout le temps nécessaire, allant jusqu'à les accompagner jusqu'à leur dernier souffle. Jean raconte avec beaucoup d'humour les anecdotes vécues au cabinet mais aussi puisque sa vie de médecin ne s'arrête pas à la porte du cabinet, en dehors de son lieu de travail. Mais arrivera t-il à pleurer de nouveau et à se libérer de ses remords ?

J'ai lu plusieurs livres de Baptiste Beaulieu que je suis aussi sur Instagram et que j'ai eu le plaisir de rencontrer à une Fête du Livre. Quand ce dernier roman est sorti, auréolé de critiques aussi élogieuses, j'ai eu envie de le découvrir. J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et j'ai ri très souvent car Baptiste Beaulieu sait manier l'écriture avec brio, faire rire ses lecteurs avec des comparaisons inédites et en même temps, j'ai été très touchée et émue. Il y a vraiment énormément de sensibilité dans ces pages, on devine qu'à travers Jean, c'est Baptiste Beaulieu, le médecin écrivain, qui raconte ses expériences. Il a une empathie remarquable, une très grande sensibilité, une haine contre les violences faites aux femmes, il prend le temps qu'il faut, il ne juge pas. On rêverait tous d'un médecin comme ça...
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, j'ai relevé plein de citations et passages bien trouvés et j'aurais pu le terminer beaucoup plus rapidement si j'avais eu le temps nécessaire.
Je pense que ce livre devrait être lu par le monde médical qui en tirerait des leçons certaines dans la prise en compte de l'écoute du patient.
Commenter  J’apprécie          190
Difficile de résumer ce livre et les émotions que sa lecture a dégagé en moi. Ce livre, intense, nous laisse grimper sur l'épaule de Jean, et de l'accompagner partout (même aux toilettes) et d'être témoin (confesseur?) de ses joies, de ses colères et surtout de ces tourments. Jean, médecin, ex urgentiste qui s'est ré-orienté en médecin généraliste (est-ce qu'on dit encore médecin de famille? sachant que Jean est un vrai médecin de famille). On suit donc Jean de consultations en visites à domicile, de patients en patients, parfois des imbuvables , tantôt des philosophes, mais la plupart du temps des personnages attachants. Jean est au chevet de notre société, et il nous rappelle ce qui est profondément humain en chacun de nous. Les petites choses qui s'installent au plus profond de nous, qui restent tapies, que la société et nous tous ne nous montrent plus. La solitude, les vies abimées, l'amour passé... la maladie, fulgurante ou chronique... les espoirs ou les desespoirs.
J'ai beaucoup ri en le lisant (ouiiiii au beurre sur les voitures qui rendent la vie impossible au vélo), mais j'ai surtout pleuré et été en colère avec lui.
Bravo et Merci Monsieur Beaulieu pour ce livre, j'aimais déjà vous lire sur les réseaux sociaux ou vous écouter.

Commenter  J’apprécie          180
Je ne connaissais pas baptiste Beaulieu. Je suis tombée par hasard sur ce livre dont le titre m'a attirée créant chez moi un questionnement et de la curiosité.
Jean, jeune médecin, ne parvient plus à pleurer suite au décès d'un petit garçon. Cette mort traumatisante pour un médecin en début de carrière dont les études longues et approfondies ne préparent en rien à cette réalité, le hante depuis jours après jours.
On dévine aisément que derrière le personnage de Jean se cache Baptiste Beaulieu.
Dans ce livre, on y découvre une profondeur, une réflexion sur le métier de soignant et des difficultés qui en découlent : désert médical, manque de personnels. Il y a beaucoup de colère concernant le genre masculin et l'absence de moyens. Parfois on découvre que les médecins sont démunis face à certaines situations. le ton employé est parfois virulent, violent voire grossier ce qui m'a un peu gênée.
Cependant de son rôle de médecin en émane beaucoup de bienveillance, d'empathie , d'investissement et d'amour de son métier qui n'est pas forcément celui de soigner des corps mais aussi des âmes, d'être au quotidien une oreille attentive aux maux de notre société.
Commenter  J’apprécie          170
Et si le temps d'une lecture vous vous glissiez de l'autre côté du miroir ?
Si de patient(e) vous deveniez medecin ?
Vous savez ces hommes et ces femmes qu'on prend pour des extra-terrestres car on imagine :
- qu'ils sont invincibles face à la maladie contrairement à nous  ...
- qu'ils n'ont pas peur de la mort contrairement à nous ...
- qu'ils ne ressentent pas la douleur ni physique ni morale contrairement à nous ...
- qu'ils ne sont jamais fatigués contrairement à nous ...
- qu'ils n'ont jamais peur contrairement à nous ...
- qu'ils ne pleurent pas contrairement à nous ...

Baptiste Beaulieu, médecin, nous fait entrer dans son quotidien en cassant toutes nos certitudes avec beaucoup d'humour et pose un diagnostic pour le moins émouvant sur le syndrôme de ses larmes sèches ...
Sur ces émotions que ces extra-terrestres refoulent au fond d'eux car ils ont le devoir de soigner mais pas le pouvoir de toujours guérir ... S'en tenir au serment d'Hippocrate pour tenir, s'interdire de culpabiliser pour avancer ... se forger une carapace pour ne pas craquer ... il faut vraiment être un extra-terrestre pour y arriver ...

D'ailleurs j'ai un aveu à vous faire, je vis avec un extra-terrestre 😱 récemment à la retraite, triste d'avoir laissé ses patients sans médecin, des patients auxquels il était attaché car il les a vus naitre pour certains ... Il n'a eu qu'un objectif toute sa vie, faire son métier du mieux qu'il pouvait, être à l'écoute, consoler et tenir la main ... ❤ son seul défaut a été de privilégier la santé de ses patients au détriment de la sienne 😉
Comme quoi un extra-terrestre peut avoir aussi un côté humain non ? 😉
Merci monsieur Beaulieu 🙏
Commenter  J’apprécie          160
Quel plaisir j'ai eu à lire le dernier opus de Baptiste Beaulieu !

Le Docteur Jean a toujours sa salle pleine de patients. C'est un médecin de famille, bienveillant, qui au premier regard sait deviner ce qui ne va pas.

Quand on rentre dans son cabinet, on a l'impression d'être le patient le plus important de sa journée, et là déjà c'est un réconfort, de rencontrer une telle belle personne.

Quelque soit l'âge, le mal, il prend son temps et dédramatise la situation. Quand on ressort de son cabinet, on est boosté jusqu'à la prochaine consultation, car son premier médicament, c'est l'empathie, la compassion, pour ses patients.

C'est un homme pas tout à fait comme un autre, qui exerce son métier avec amour malgré la difficulté et la solitude de cette profession.
Son regard sur les violences faites aux femmes est particulier, et sur celui des enfants abusés. Un combat de tous les jours.
Je me demande toujours comment fait mon docteur quand il est face au tragique, il renfrogne ses larmes, ou ne pleure plus car il doit donner le change et dans le pire des cas, il véhicule l'espoir quand on sait qu'il n'y a en a plus beaucoup.

Les larmes de Baptiste Beaulieu coulent car c'est un chagrin sans larmes, elles existent, elles se déversent sur son coeur comme un ombre qui ressemble à sa douleur.

Un livre réaliste, qui parle de son vécu sans aucun complexe.

Un homme libéré, qui n'a pas peur des mots par petite touche, il nous révèle l'homme qu'il est.

Merci Baptiste, j'ai été émue par cette beauté, cette sensibilité, cette vérité qui émane de cette belle plume.
Commenter  J’apprécie          167
Roman, c'est ce que dit la couverture. Peut-être pour la simple et bonne raison que l'auteur voulait prendre de la distance entre sa vie et son quotidien de médecin généraliste ?
Le personnage n'est pas Baptiste, c'est Jean. Il ressemble pourtant comme deux gouttes d'eau à Baptiste, jeune médecin généraliste homosexuel découvrant le relationnel « je t'aime-moi non plus » avec des patients d'horizons et de vécus différents et surnageant dans les méandres bourbeux du système médical français qui ploie sous la charge de travail.
Le « roman » s'ouvre sur le constat que depuis la fin de son internat et du décès d'un petit garçon pour lequel il n'a rien pu faire, Jean ne peut plus pleurer malgré sa fréquentation permanente du puits insondable des affres et douleurs de l'Humanité réunie tous les jours dans son cabinet. Ce constat sera le point de départ d'une succession d'anecdotes de consultations médicales et d'histoires de patients qui vont permettre à Jean de cerner les origines de son mal et son impossibilité à guérir.
Je ne connaissais ni l'auteur ni le médecin qui prend le micro sur France Inter et poste sur Instagram. J'y ai découvert quelqu'un de fort sympathique, empathe et maniant avec tact l'humour. On sourit, on est touché par des histoires qui font écho aux nôtres, on partage ses colères contre l'inaptitude et l'absence de déontologie de certains, on s'offusque des jugements tout faits dénoncés.
On est bien obligé d'avouer que la société est telle qu'il la décrit vue du pas de la porte de son cabinet : arrogante et mesquine, sauvage et violente, machiste et dominatrice. Bref, comme dans tout cabinet médical, les humeurs à purger ne sentent pas très bons. C'est toutefois un moyen de se poser face à ce constat, d'y réfléchir deux secondes, de se mettre dans les pompes d'un jeune homo massacré pour avoir tenu la main de son copain, d'une femme au corps meurtri et aux lèvres scellées, d'un jeune médecin débordé en questionnement perpétuel sur sa pratique et seul, absolument seul pour y trouver ses réponses. C'est il est vrai peut-être un peu répétitif et cela écorne là aussi encore la charte déontologique des soignants... mais il est bien écrit « roman » sous-entendu « toutes ressemblances avec la vie d'une personne ayant existé est purement fortuite », non ??! Je suis sûre que ce « roman » a au moins le grand mérite de donner à voir l'état moribond du milieu de la santé aujourd'hui. Patients et médecins sont sur la corde raide à jouer les funambules devant des pantins politiques qui applaudissent aux numéros d'équilibristes des uns qui essaient de ne pas crever de leurs cancers non diagnostiqués et des autres qui jonglent entre stéthoscopes, anti-dépresseurs et burn-out. Et tout cela avec un trait d'humanité (c'est quand même un peu rare de nos jours et ça mérite d'être salué) et sans noyer le lecteur dans un discours accusateur plein de fiel. Moi je dis, ça valait les vingt euros non remboursés par la Sécu !
Commenter  J’apprécie          150




Lecteurs (3682) Voir plus



Quiz Voir plus

LES GENS SONT BEAUX

Comment la petite fille appelle-t-elle son papi ?

papou
liuliu
poupou
juju

6 questions
0 lecteurs ont répondu
Thème : Les gens sont beaux de Baptiste BeaulieuCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..