Quand il n’y a plus victime que soi-même, on passe son temps à se défendre, à se cacher, à vivre dans les méandres des tranchées, comme les poilus de la Grande Guerre (ils disent Grande ! Grande mare de boue et de Teutons rampant sous terre !), aveugle comme une taupe et craint comme un rat.
Il ne faut pas abuser des jeux, si innocents soient-ils, et surtout de l’ordinateur, qui ramène toutes les plaies et tous les vices du monde au foyer. Je ne dis pas qu’il faille tourner le dos au monde. Je crois qu’il est de notre devoir de vivre dans notre temps, sans pour autant renier les traditions.
Le sort opère moins fortement si je ne suis pas physiquement présent. Car le dégoût que les gens éprouvent pour moi a quelque chose de physique, de pulsionnel, d’irréfléchi. Je ne suis pas un être pulsionnel et les gens me détestent pour cela dans leurs tripes.
Il est des gens que l’on trouve attachants, ou touchants. Des gens qui savent séduire, autour desquels la foule fait cercle. Moi je suis le contraire. Je crois sincère de dire que je ne génère que peu de sentiments agréables à mon égard. J’ai beau tenter, le rejet est instinctif.
Elle avait un sourire inabordable, exorbitant, que les scientifiques appellent le sourire de Duchenne. Elsa était une des rares femmes sur terre à avoir ce sourire, qui est le seul capable de traduire le vrai bonheur. Il se voit dans le regard, car en plus de remonter les commissures des lèvres, il resserre le muscle des paupières. Elle possédait ce sourire franc, idéal : un sourire d’innocence.