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sur 735 notes
AVERTISSEMENT : la critique qui va suivre va utiliser un vocabulaire encore plus argotique que d'habitude. Elle va également parler de violences sexuelles. Je vous encourage à aller lire autre chose si le sujet est difficile pour vous.

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on va parler d'un récit autobiographique avec La maison, d'Emma Becker.

Or donc, une odeur au début du livre plonge Emma Becker dans ses souvenirs… ceux d'une maison close où elle a travaillé pendant deux ans, en Allemagne. Elle raconte donc ce qui l'a conduite à intégrer cette maison en tant que pute (c'est son mot, je le reprends) nommée Justine et expose ce qu'elle y vit.

Je suis enchantée par l'aspect libération sexuelle ! Emma Becker assume ses désirs et ne juge pas les femmes qui baisent comme elles l'entendent.

-Ouaip. J'ai jamais lu un bouquin féministe aussi sexiste.

-Mais non, attends, le propos s'avère plein de tolérance et de tendresse…

-… qui ne s'appliquent pas à tout le monde, non. Bon ! Plein de choses m'ont énervée dans ce bouquin. Préparez-vous une boisson chaude, ça va long. Et je vais commencer par m'adresser directement au gars de la Grande Librairie.

M. Busnel, vous avez écrit sur la couverture (oui, je vous imagine avec votre stylo devant une pile de livres, je trouve ça rigolo) qu'il s'agissait d'un grand livre sur le désir féminin. Non, M. Busnel. Vous n'avez pas lu un livre sur le désir féminin, vous avez lu un livre sur le désir des personnes qui figurent dans ledit livre : les clients et les putes. le désir féminin est aussi varié, multiple et changeant qu'il y a d'âges et de femmes, et ce livre ne montre guère de tendresse envers celles qui ne désirent pas ou cessent de désirer.

Quant à celles qui n'aiment pas les mêmes choses que vous, on peut se moquer gentiment d'elles (« tu ne sais pas ce que tu rates » envoyé à une collègue, ça me reste en travers).

Je déteste ce genre d'attitude. Je déteste qu'on ait toujours tort en matière de cul, comme disaient Ovidie et Diglee.

Le livre se présente à la fois comme une expérience (ça, on l'a), et un hommage aux putes (ça, on l'a un peu moins). Je suis désappointée : je m'attendais à ce qu'on m'en parle un petit peu plus, des autres putes. Mais non. Rares sont les moments où elles ont la parole, et c'est dommage, l'expérience reste presque entièrement centrée sur celle de Justine.

Alors, je suis très contente de lire qu'elles sont belles, chacune à leur manière, mais l'intérêt ne semble pas aller beaucoup plus loin que leur beauté, leur rire, leur maquillage, leur odeur ou leur parfum. du coup, pour le côté hommage, je trouve ça un peu mince. Elles restent à l'état d'anecdotes, de présences plus ou moins fantomatiques. Je trouve ça dommage. Vraiment dommage.

L'aurratrice (pour « autrice-narratrice ») en elle-même… rhâââh, elle m'a énervée. Il y a une autocélébration qui me gêne. Elle fait du sexe de compèt', elle est devenue une déesse du plaisir, elle est capable de vivre sans malaise aucun des rapports sexuels qui feraient pleurer une amatrice.

Pleurer n'importe quelle fille ?!

Et ça ne pose pas problème, qu'un rapport sexuel puisse faire pleurer de détresse ou de douleur quelqu'une ? Y a pas un truc à se demander, genre, je sais pas, « quelque chose ne va pas, la violence c'est mal » ?

Non. Justine ne se pose pas du tout la question. Mais alors paaaas du tout.

Plusieurs fois j'ai repéré ce que je considère comme un cruel manque d'empathie, voire un mépris pur et simple envers les autres femmes, celles qui ne se prostituent pas et celles qui n'enfantent pas. Je ne digère pas les nullipares comparées à des « ombres grouillantes », à des femmes dont « le ventre est vide ». Je n'ai pas d'enfant, ne compte pas en avoir, et je vous assure : mon ventre n'est pas vide du tout. Il est rempli d'organes qui ne manquent pas de me livrer des informations sur mon état de santé.

Par exemple, un réveil à trois heures du matin, c'est mon utérus qui me dit, tout pétulant : « Hey, Déidamie ! Ca faisait un mois, quasiment ! J'ai refait de la soupe de crampes, tu vas voir, tu vas a-do-rer. Ce mois-ci, je t'ai mitonné des retrouvailles aux petits oignons, avec problèmes de transit et boiterie ! Et j'ai bloqué tous les récepteurs d'antidouleurs pour que tu en profites bien ! Non, ne me remercie pas, ça me fait plaisir ! »

Voilà, je ne suis pas toute seule dans ma tête, je ne suis pas toute seule dans mon corps non plus.

Les épouses et conjointes prennent quelques pointes sur leur manque d'empressement à satisfaire leurs hommes. Et jamais leur manque de désir n'est interrogé. L'épouse de Mark a accouché il y a six mois et ne voit « aucune urgence » à reprendre des rapports sexuels.

La tournure a beau être discrète, elle me révolte. « Aucune urgence » ?! Mais qu'est-ce qu'on en sait, des raisons pour lesquelles elle refuse les rapports ? Est-ce qu'elle est épuisée par la maternité, le travail que cela implique, les angoisses de son nouveau rôle ? Est-ce qu'elle ne reconnaît plus son corps, déformé par la grossesse, meurtri par l'accouchement ? Est-ce que Mark fait sa part de boulot ?

Aucune question chez Justine. En revanche, elle compatit aux souffrances de ce pôvre Mark, père comblé, mais époux négligé.

Ensuite, j'ai eu l'immense regret de trouver des clichés sur les violences sexuelles. le cliché « les maisons closes, ça aide les hommes à moins agresser. »

Vraiment ?

Comment cela se passerait-il, concrètement, dans la tête d'un violeur ? « Ca y est ! encore un ou deux verres et elle sera suffisamment bourrée pour ne plus pouvoir dire non ! Oh mais attends. Violer, c'est mal. Mince, je file à la Maison tout de suite, comme ça je ne viole pas ma copine étudiante. » « J'ai très envie de me faire ma gamine de six ans, mais c'est mal ! J'espère qu'il y a quelqu'un de libre à la Maison, sinon, je ne réponds plus de rien ! »



Quelqu'un y croit, sérieusement ?

Emma Becker voulait rédiger un livre loin des clichés, et elle expose le pouvoir ambigu qu'elle exerce sur ses clients. Elle a raison de le faire. Cependant, elle reste tristement à côté de la plaque sur le sujet des violences sexuelles. Un violeur, il veut quoi ? Il veut l'avilissement de sa victime, il veut la priver de son humanité, la réduire à un objet de masturbation.

Comment pourrait-il trouver satisfaction avec une pute qui énonce tarifs et limites, bref, qui maîtrise la situation ? A moins de la violer, ce qui n'entre pas dans le cadre de l'activité de la pute, je tiens à le préciser, il n'en trouvera pas. Et ce n'est pas un rapport tarifé qui soulagera un violeur de quoi que ce soit : comment fait-il pour avoir sa dose de déshumanisation ? le viol n'est pas un rapport sexuel, c'est un rapport de pouvoir.

Et là où je suis demeurée glacée, c'est lors la rencontre avec ce client. Et non, je ne mets pas de capitale, il n'en mérite pas. La pitié non plus.



Je ne peux pas développer. J'vais dire des gros mots sinon.

-Tu veux dire « encore plus de gros mots » ?

-J'veux dire « des que j'ai pas encore dits », nom d'une couille bleue !

-OK, OK, OK… tu as fini ?

-Nan. Mais si je dois lister tout ce que j'ai pas aimé, il y en a encore pour quatre pages. Alors vas-y, toi.

-Alors c'est à mon tour ! Tout n'est pas mauvais dans ce bouquin. Emma Becker manie la plume avec habileté, elle a le sens de la formule, ses images tapent juste. Elle montre également un humour redoutablement efficace ! Oh là là, le client qui vient en formation, qu'est-ce que j'ai ri ! Et le dominul, il m'a bien fait rire, lui aussi !

J'ai également apprécié les passages où elle analyse ce qu'elle fait, en quoi le travail consiste, comment elle accomplit sa tâche bien ou mal. Emma Becker dédramatise le rapport sexuel tarifé en le décrivant comme une tâche à achever, et pas n'importe laquelle : procurer un peu de bonheur aux hommes. Elle réhabilite ce travail en rappelant qu'il s'agit pour elle… d'un travail, avec ses exigences, son savoir-faire.

Méchante Déidamie trouve le côté « hommage aux putes » raté, cependant, il existe dans ce bouquin un hommage réussi : celui fait au sexe féminin en tant qu'organe, ce « con brave et travailleur ».

Emme Becker livre également des réflexions intéressantes sur la prostitution et la situation économique des femmes.

-Ouais, bon, je suis pas d'accord avec tout, hein…

-Non, certes, et il faut rappeler que l'expérience de l'aurratrice reste exceptionnelle. D'ailleurs, le livre reste explicite sur un point : la jouissance des putes représente un luxe dans cette Maison.

En résumé, la prose et le regard peuvent apporter de quoi méditer…

-… mais il y a trop de choses problématiques dans le propos même. »
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"La maison", prouve que mêmes les sujets a priori les plus crus, peuvent être traités, avec beaucoup de finesse, et non moins, de délicatesse, avec subtilité, et sans simplisme, avec humanité et humanisme, mêmes en ces temps, où la subtilité n'a pas de mise ( du moins, si on en croit, ce qu'on en entend, chez une grande partie de nos concitoyens, et, plus encore, sur les différents médias... ) !...
Récit tout en finesse et en réflexions, toujours proches de la réalité et qui respire la sincérité, la vérité, sans artifices, la vérité telle qu'elle est, tout simplement, infiniment plus subtile, infiniment plus complexe, que toutes les descriptions simplistes, qu'on entend, ci et là, "La maison", brille autant par son style, agréable, souvent soutenu, que, par sa représentation pleine d'intelligence, de la condition féminine, de la société.
Emma Becker livre une représentation, jamais prétentieuse, toujours vraie, pleine de sensibilité et d'empathie, que fait l'auteure, de ce phénomène de société qu'est la prostitution ( qu'elle connaît d'autant mieux, qu'elle a elle-même fréquenté les maisons closes ), une représentation jamais crue, d'une indéniable vérité humaine, sur lequel l'auteur adopte un regard réfléchi, et méditatif.
Elle montre, comment on vit cette expérience, de l'intérieur.
De quoi enrichir la réflexion sur la condition féminine !
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Je continue ma lancée sur des récits féministe et ce titre de livre est revenu à plusieurs reprises, j'ai donc réussi à emprunter ce livre à la bibliothèque, ne connaissant pas l'auteur mais comprenant rapidement rien qu'avec le titre ou ce récit allait me mener.

Emma Becker est une jeune femme et suite à ses relations amoureuses avec les hommes elle va d'abord avoir recours au service d'une jeune femme pour faire plaisir à son compagnon moyennant rétribution et par la suite elle va s'intéresser de plus près à ces relations tarifés.

Elle va donc se rendre en Allemagne ou les maisons closes sont légales, les prostitués payant même des impôts sur le revenu comme dans tout les autres jobs.

On découvre petit à petit les conditions de travail, les chambres, les autres filles, les horaires, les patrons mais surtout les clients et les différents types de clients comme nous pouvions nous en douter.

Si les clients plein aux as et aux pratiques extravagantes existent, il existe d'autres types de clients qui souhaite des "cours" de sexualité et ou qui demande plus à parler de leur vécu qu'autre chose.

Un récit intéressant à lire même si je n'ai rien appris de particulièrement nouveau à ce sujet. Certains évoque le côté cru du roman mais je trouve cela plutôt en adéquation avec le récit et le cadre ou celui-ci se déroule.
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Ne dites pas close ou de tolérance mais simplement Maison. le livre d'Emma Becker aurait pu s'appeler Bordel mais cela n'aurait pas reflété son contenu y compris dans sa deuxième acception, synonyme de foutoir. Dans ce récit immersif, au sein d'un établissement berlinois où elle a donné de sa personne pendant deux ans, l'écrivaine raconte son expérience, la cohabitation heureuse avec les autres filles, les rapports avec les clients mais aussi, quand elle s'élève au-dessus de la mêlée et des échanges de fluides, livre ses pensées sur la place des prostituées dans notre société. Que l'on s'entende, Emma Becker parle de ce qu'elle a connu, d'un endroit sécurisé et professionnel avec des filles de joie (!) volontaires et épanouies et donc fort éloigné de la prostitution de rue ou, si l'on prend un autre extrême, du monde des escorts. L'auteure livre une vision chaleureuse et familiale d'une Maison où la sororité ferait presque oublier les tâches qui s'y accomplissent. Trop angélique, Emma Becker ? En tous cas, elle assume pleinement cette façon de voir les choses. Pour autant, elle ne fait pas l'impasse sur le métier de pute (désolé pour le mot mais il est employé presque à chaque page de la Maison) avec pas mal d'humour et de tendresse, sans occulter le côté glauque de certaines situations. le naturel d'Emma Becker pour évoquer les relations prostituées/clients est désarmant et elle a parfaitement le droit de penser d'une façon qui est très éloignée de leur image auprès de ceux qui ne connaissent cet univers que de loin, d'après leur culture et leur environnement. Entre récit et essai sur la question, le livre d'Emma Becker manque cependant de structure et ne peut éviter d'être répétitif (dans les scènes de sexe) s'avérant en définitive trop long. le plus émouvant, clairement, c'est l'hommage rendu à ces femmes qui ont accepté et choisi, ne serait-ce qu'un temps, le plus vieux métier du monde. Elles méritent le respect et le droit à la dignité et qu'on ne les réduisent pas à leur seul métier en oubliant que ce sont êtres de chair, certes, mais aussi de pensées, de sentiments et de désirs. Cela va sans dire, mais cela va mieux en l'écrivant.

Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Intéressante, choquante et parfois drôle ou perchée.
L'auteure se donne comme mission de rendre leur humanité aux putes.
Ne plus les exclure au ban de la société comme des être cupides, sans âme, et plein de vices. Pour se faire, elle s'appuie sur sa propre expérience dans deux maisons closes allemandes. ( La prostitution étant légale en Allemagne).
Elle n'évoque donc que les femmes qui ont choisit de se prostituer (contrairement à celles issues de la traite des blanches par exemple). Et elle nous ouvre les portes de ce monde où le corps de la femme - exagérément féminin par sa tenue et ses poses - est un outil face aux divers clients.

Sa vision de la sexualité et du désir féminin ne fera certainement pas l'unanimité. Mais j'ai trouvé intéressant et souvent pertinent son regard sur le désir féminin. Et sur la place de celui-ci dans la société actuelle où il est souvent cantonné à des stéréotypes difficilement dépassables pour les femmes comme pour les hommes.

Un livre qui fait réfléchir que l'on soit d'accord ou non avec les vus de l'auteure.
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Quand ce livre est sorti, il avait éveillé ma curiosité, à cause de son sujet bien sûr car il n'est pas commun qu'une jeune femme témoigne de son expérience heureuse de la prostitution, et à cause de ses bonnes critiques ensuite, car je m'étais dit qu'il devait être sacrément bon pour avoir d'aussi bonnes critiques sur un tel sujet en pleine vague metoo.
J'ai enfin eu l'occasion de le lire et j'en sors avec une impression mitigée. Je m'attendais à lire une sorte de témoignage, et en fait il s'agit d'un livre à l'écriture très littéraire, dont je comprends qu'elle puisse plaire, mais que pour ma part j'ai trouvé trop décousue. Cela m'a empêché de rentrer dans l'histoire et j'ai eu l'impression d'une succession de scènes sans ordre bien défini. Certains passages m'ont plu, d'autres non, mais globalement j'ai été déçue par le livre dans son ensemble dont je m'attendais à ce qu'il rende compte de l'expérience d'Emma Becker de manière plus complète et plus claire.
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Plum… Plum… Plum pudding.
Au risque de choquer certains, je vais vous avouer que ce livre m'a littéralement fasciné et emballé ! Emma Becker connait son monde et sait parfaitement décrire les lieux, les ambiances, les situations et les personnes qu'elle a côtoyées. C'est un fantastique travail journalistique sur la société contemporaine en général et sur le microcosme berlinois des maisons closes en particulier qui, soit dit en passant, est loin d'être le pire au sein de notre petite Europe…
Autant ne pas (trop) se mentir, chacun de nous joue dans son coin un rôle assez bien rodé. Et même pour certains, une quantité de petits rôles ; à la maison, dans l'intimité, ou en famille le jour de l'anniversaire du petit dernier, au boulot, lors de l'entrainement de volley ou lors de la répet' du spectacle de danse avec les copines… On est, et depuis la tendre enfance, de sacrés bons acteurs...
Le costume que l'on choisit d'endosser à chaque moment parfait ainsi chacun de nous dans son rôle favori. Mais qui souhaite-ton tromper en premier ? Les autres, ou bien nous-mêmes ?
Dans la Maison, à l'abri des voilures d'organdi et des lieux communs, les masques tombent le temps d'un instant et le travail peut commencer... Et quel terreau incroyable se révèle soudain !
La narration est qualitative ainsi que la structure des questionnements ou les développements de l'auteur. Certains chapitres sont bien documentés et si bien écrits qu'ils sont comme des briques pour un futur travail de thèse. J'aurai apprécié davantage de développement sur l'expertise psychologique des personnages mais on se serait définitivement éloigné du roman pour entamer un vrai travail universitaire... Non, c'est juste très bien ainsi.
Quoi de plus fascinant que la compréhension et la connaissance de cet étrange ciment qui nous relie ?
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Avis mitigé pour ce livre qui m'a totalement déroutée pour sa description totale et sans filtre de l'envers du décor d'une maison close. L'auteur se livre sans ambages pour se raconter dans sa vie sexuelle, de femme, d'amoureuse, de journaliste et relate son passage dans des maisons closes en Allemagne. Ce livre est frappant, curieux et je pense d'une sincérité pleine et entière et véritablement crue sur un monde où le glauque se mêle à la misère sexuelle, à la souffrance. Malgré l'écriture talentueuse, c'est long et rempli de digressions où on finit par se perdre. J'ai du mal à trouver un sens à cette lecture que j'ai achevée dans un grand soupir de soulagement et où ma curiosité a été assouvie, où j'ai été touchée par les portraits de ces femmes qui se prostituent ainsi que par certaines rencontres avec des clients ; dans ces passages l'auteur relate avec humanisme et émotion ces tranches de vie.
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Qu'est ce qui peut pousser une jolie jeune femme de bonne famille se sentant un avenir d'écrivain à s'enfermer 2 longues années dans un bordel allemand? Maison accueillante certes, propre, travail au gré et à la volonté des femmes, une pension de famille en quelque sorte.Mais bordel quand même. C'est peut-être se dévoiler(si j'ose dire) et parler de ce que l'on connait le mieux de soi, en l'occurrence dans le cas d'E.Becker, son attirance , voire son addiction au sexe.
Elle raconte ses deux années de bonne intelligence avec ses collègues, elle ne parle pas d'amitié; de ses nombreux clients qui parlent beaucoup et qu'il faut écouter avec gentillesse, des retours chez soi, "en civil". Certes, E.Becker ne tombe ni dans l'angélisme, ne donne pas de leçons de morale, ne cache pas non plus la misère la tristesse et la violence de la prostitution , mais elle ne transforme pas non plus ses collègues en victimes, n'emploie pas de circonvolutions pour décrire les rendez vous et ce qui s'y passe, mais j'ai été conquise par l'écriture sincère et sensible, ses rapports aux écrivains qui l'accompagnent , elle peut vraiment écrire de superbes romans , de fiction peut-être! Lu sur kindle
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Le thème de ce roman pourrait choquer, rebuter ou diviser...

En effet, il est question de prostitution, de sexe, de corps mais taratata pas de chichi, inutile de se voiler la face, c'est un fait, ça existe, c'est même le plus vieux métier du monde si l'on en croit l'adage !

Et puis la force de la littérature ne réside-t-elle pas dans sa capacité à tout dire mais à le dire bien ? Si tel est le cas, alors le contrat est respecté ! Pour commencer, sachez que vous allez rire à gorge déployée autour de certaines scènes cocasses. Et derrière ces rires, Emma Becker donne matière à réflexion. Inévitablement, vous allez vous interroger et repenser votre rapport à « ce milieu-là », à ces femmes, aux rapports entre les hommes et les femmes de manière générale.

Au fond, ce n'est pas un livre sur la prostitution, c'est un livre sur les hommes et les femmes, c'est un livre qui aime les corps et les âmes qu'ils soient beaux, abîmés, pervertis. Il y a moins d'amour et d'humanité dans les romans qui se revendiquent comme tels que dans ce roman où une femme fait la pute…
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