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sur 206 notes
Je capitule page 219.
Il y a des passages où un nuage de presque tendresse pouvait laisser espérer, puis rien.
L'écriture est crue mais sans réelle vulgarité ce qui me laissait penser que Emma Becker ne cherche pas à brutaliser son lecteur , alors qu'elle ne s'épargne pas douleurs et flagellations littéraires.
Certaines critiques disent que c'est le discours d'une féministe affirmée, je ne suis pas de cet avis car une féministe ne peut aller et revenir comme le fait Emma pour se prouver qu'elle existe.
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Emma Becker questionne l'arrivée d'un enfant dans un couple dans ce nouveau livre, l'impact que cela peut avoir sur le désir dans un couple hétéro. Elle aborde son quotidien et ses relations avec les hommes (relations amoureuses, famille, amis) tout en réfléchissant à son statut d'écrivaine dans tout ça, au sens que peut prendre l'écriture lorsqu'elle ressent le besoin de relater ce qu'elle vit. "L'inconduite" est un livre qui aborde le désir et les questions autour de ce désir sans tabou, avec la justesse propre à Emma Becker. On retrouve le ton singulier de "La Maison", son second livre qui relatait son expérience dans une maison close berlinoise. On distingue les injonctions qui pèsent sur les femmes, notamment avec le corps des femmes. L'écriture percute et Emma Becker pleine d'auto dérision met les hommes face à leurs comportements, et reste toujours fine dans ses analyses. C'est cru et sans filtre tout en étant d'une lucidité désarmante. Un bouquin qui peut être clivant mais c'est aussi en cela qu'il peut être intéressant.
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l a fallu que j'écoute Emma Becker en @vleel_ pour comprendre ce qui m'avait gênée à la lecture de son texte.

Mais parlons d'abord du récit. Emma Becker assume s'être très largement inspirée de son quotidien pour écrire ce roman. Après La Maison (que je n'ai pas lu) où Emma raconte comment elle a choisi d'intégrer une maison close pour en raconter l'expérience, elle revient ici à un quotidien de femme beaucoup plus “normé“. Il n'empêche qu'Emma, pour ne pas étouffer derrière la routine de mère de famille, se choisit une bulle de liberté et que celle-ci se rapproche du libertinage. Elle aime jouir de son corps. Elle a besoin des vertus du sexe, de ce que ça lui apprend sur elle et sur les autres. Elle veut désirer et se sentir excitée autant que voir ce désir et ses effets chez l'autre.

Alors Emma Becker pense bite et parle bite. Elle baise et elle suce. Elle le dit aussi simplement que ça, sans se cacher derrière un langage métaphorique ou trop fleuri. Elle appelle une chatte une chatte et n'est jamais vulgaire. C'est véritablement une prouesse de parler naturellement de manière crue et vraie sans faire rougir le lecteur ou sans le gêner, sans l'exciter non plus. Là n'était clairement pas son but.

Le chemin qu'elle utilise pour nous amener à des réflexions profondes (sans mauvais jeu de mots), ce sont ses histoires de cul. Sauf que je m'en branle royal de ses histoires de cul et qu'il a fallu que je l'écoute pour réaliser la carapace qu'elles formaient en réalité. Et si je l'ai si bien vue c'est que je l'ai reconnue, la carapace. Facilement. Sûrement parce que je la vois souvent, cette carapace. Tous les jours même.

Ce qui m'a gênée c'est donc cet, si difficile à assumer, effet miroir. Et là je calme tout de suite les ardeurs de quelques trolls et excités du bout du gland, loin de moi l'envie d'aller vous sucer dans un parc. Je ne parle pas du cul mais de la psychologie, de cette femme qui parle de bite(s) pour parler aux femmes. et plus j'avance dans cette chronique plus je me dis que mon accroche est ratée parce que finalement il n'y a pas grand chose dans ce livre qui a gêné ma lecture. Je me suis juste un peu gênée moi-même.

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Enfin terminé, j'ai souffert dans les dernières pages, je l'avoue. Ni Becker, ni Despentes ne retiennent mon attention finalement. Je ne trouve pas que cette vue de la femme fait avancer sa cause mais éclaire plutôt le malaise que vivent certaines par rapport à leur sexe. Leur rapport au sexe opposé, seul capable apparemment d'assouvir leur bonheur ? Et encore même pas. J'ai plus de peine pour elles. Et je ne me sens pas esclave de mes pulsions, ne voie pas en chaque homme une proie. Remettre en question l'équilibre de son seul couple dès qu'elle croise une « bite » ? Oui, je pense qu'elle a peut-être un problème qui remonte plus loin. Vu ses lectures, il y a un gros travail à faire sans doute.
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Ce qui est beau chez Emma Becker, c'est son honnêteté à toute épreuve. Sa langue est fluide, licencieuse, sans filtres, spontanée tout en restant sophistiquée, lettrée, intelligente. Ce roman pas tout à fait autobiographique est un geyser de pensées sincères sur le mystère encore tabou qu'est la sexualité féminine et c'est bon de ne plus se sentir si seule !

Roman utile donc, s'il en est, "L'inconduite" provoque, appelle, déclenche, bouillonne. Et on sent que l'autrice en a encore sous le pied, tant sur le fond que dans la forme ! Loin d'un bouquin érotique de bas étage, la dernière production d'Emma Becker est avant tout un hymne à la Liberté, une ode à la Femme, un chant pour la Passion. Mention spéciale à sa réflexion si juste sur le mépris de classe des hommes de l'élite économique et culturelle de la nation, qui déchire et fait jouir à la fois tant sa vérité est éclatante.

Plus efficace encore qu'un essai sur les relations hétéronormées, elle ose remettre en question la toute puissante thèse de l'Homme assoiffé de sexe qui subit les baisses de libido de sa partenaire féminine, si classique dans son déclinement qu'elle lasse très franchement, et rappelle qu'il n'existe pas un modèle de sexualité, une seule Femme qui suivrait en cycles infinis la même trajectoire.

Et ça, ça m'a très profondément touchée et sans doute libérée, aussi. Merci Emma Becker.
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Emma Becker 📖

J'ai découvert cette autrice dans l'émission la grande librairie en 2019.
Sa façon de s'exprimer, de parler de son livre du moment "La maison" m'avait interpellé.

Dès le lendemain, je courais en librairie me l'offrir.

Je trouvais cela osé de parler de sexe dans un roman d'autofiction. Et je trouve ça génial que, de nos jours, cela soit possible.

Dans "La maison", Emma nous partage son expérience de deux ans où elle a travaillé dans une maison close Berlinoise.

Alors quand "L'inconduite" est sorti, j'ai eu très envie de retrouver la plume poétique et sans tabou d'Emma Becker.

L'autrice est devenue maman d'un petit Isidore et elle n'a plus réellement d'amour pour le père de son enfant.
Pour autant, elle ne souhaite pas mettre un terme à ce qui l'anime, ce qui l'a fait vibrer et pétiller : les hommes, leurs regards sur elles, leurs désirs pour elle, ce qu'elle déclenche chez eux et ce qu'elle éprouve pour eux.

Alors, elle enchaîne les relations dans l'espoir de trouver celui qu'elle aimera pour de bon et qui saura l'aimer comme elle le souhaite :
"j'aimerais bien être la Jane Birkin de quelqu'un pour une fois. C'est trop demander, putain, un type qui me regarde comme s'il n'avait jamais rien vu de plus beau ?"

Pour elle, le sexe est un jeu, elle n'hésite pas à se créer des scénarios et à innover pour toujours plus de plaisir et d'expérience.

Dans ce livre, Emma Becker nous raconte ses expériences érotiques, sa recherche du plaisir et la façon dont les hommes la regarde.
Parce que finalement, être en accord avec un homme sur ce plan, n'est pas chose aisée.
Elle est souvent déçue.
Ce livre est un cheminement pour tenter de les comprendre eux, ces hommes qui la voit tantôt comme une muse ou comme un objet sexuel.

La fin du roman m'a cloué le bec car il est criant d'une vérité séduisante.

Je vous invite chaleureusement à découvrir la plume mordante et poétique d'Emma Becker qui ne vous laissera pas indifférente.

Je remercie Emma de déposer ainsi ses pensées sur le papier et de les partager avec nous.
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Un roman positivement dérangeant qui nous ramène à tout ce que l'on s'efforce trop souvent de taire. Emma Becker explore les arcanes du désir féminin (et masculin) dans des situations certes parfois extrêmes et pose cette question majeure (et ancestrale) : peut -on garder son libre-arbitre lorsque l'on aime de passion. La réponse est évidente mais Emma Becker, avec terriblement de justesse nous fait toucher à l'indicible .... sans se départir d'un humour qui permet à l'héroïne de son roman autofictionnel de garder tant bien que mal la tête hors de l'eau.
Un roman dont on goûte la sensualité jusqu'à la dernière ligne.
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Pas la moindre critique encore sur "L'Inconduite" d'Emma Becker ? Un peu trop d'impudeur et de crudité pour les lecteurs de Babelio ?
J'ai téléchargé le roman il y a deux jours. J'ai lu 50 pages sur les 470 de la version numérique. J'aime bien, toujours, encore, près avoir aimé aussi "Monsieur", "Alice" et "La Maison". Je poursuivrai ma chronique de lecture au fur et à mesure. J'ai terminé le dernier "Sally Rooney" le WE dernier. Une thèse de doctorat de littérature comparée est à faire avec Rooney et Becker. Trois livres chacune (avant celui-ci). Même âge, même génération. Sexe et relations complexes. Succès rapide. Écriture élégante et minimale. Auto-fiction et auteures intrigantes et séduisantes qui mettent en scène leur rôle d'écrivain, leurs romans précédents et l'impact de ces livres sur leur écriture et leurs textes actuels. À suivre...

Poursuis ma lecture et regarde aussi la série Conversation with friends sur Canal qui vient d'arriver sur Mycanal, l'un étant soluble dans l'autre. Ai trouvé deux vidéos sur L'Inconduite avec Emma Becker, éclairantes. Comme elle est cash, impudique et vraie par rapport aux minauderies de Sally Rooney. Mais elles parlent de la même chose.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-grande-table-d-ete/la-grande-table-d-ete-du-jeudi-18-aout-2022-4806727

https://m.youtube.com/watch?v=6_n6iUw5Lj

À suivre…

27 août, 190 ème page sur 472 (ibooks). Plus je lis Becker plus elle me sert à cogner mentalement sur Rooney. Pourtant ces deux-là sont les deux seuls romanciers vivants et actifs, avec Yasmina Reza. le reste c'est du "produit", du m'as-tu-vu, des histoires au kilomètre ou du mort. Faut dire que 95% de mes auteurs sont des morts. Point commun et bien vu chez Rooney et Becker (et dans "heureux les heureux" de Reza) : les garçons et les hommes sont des sacrés cons et des sacrés salauds, pas des harceleurs, des violents ou des violeurs, juste des crétins moches, entre l'imbécile friqué et le pauvre type.
Les problématiques soulevées par Becker à propos de l'écriture de soi sont puissantes et passionnantes. Rooney est dans un déni de chochotte à ce sujet.

À suivre...

29 août 2022, page 373 sur les 472 de l'Aople Book. Toujours bien. Découvert "L'anamour" de Gainsbourg et Birkin. Pourquoi ce bouquin n'aurait-il pas le Goncourt ?! C'est quand même fort cette nana qui sacrifie tout à son désir, à son désir d'écriture, à son écriture du désir. Et qui dit tout, tout sur elle, tout ce qu'elle arrive à saisir d'elle en tout cas. Ceux ou celles qui prétendent se connaître et pouvoir se décrire et s'expliquer sont des gros menteurs et des grosses menteuses, donc à peu près tous les écrivains, et vaines... Je continue la série "Conversations entre amis". Rooney m'agace mais les deux séries tirées de "Normal People" et "Conversations" sont sacrément jolies et bien foutues, et finalement plus prenantes que les romans. J'aimerais bien rencontrer Emma Becker... :-)

A suivre...

30 août 2022, j'ai fini « L'inconduite » et la série « Conversation » presque en même temps. Happy end pour Rooney, avec des doutes, plutôt incertaine et sans illusions, limite badly pour Becker. Cette dernière donne beaucoup dans le social, presque dans le politique, pour ses dernières pages. Mais c'est pertinent, les plus sales types, les plus décevants, étant les friqués, les « sangs bleus » de la sociétés, la caste, les mecs de pouvoir de la culture et des médias entre autres.

Emma du bordel, des bouges et des parties finit avec deux beaux petits, avec leur père et son amoureux depuis 7 ou 8 ans, avec sa mère dans un joli coin du Sud de France, sans enthousiasme fou. Est-ce la fin ? Un cinquième roman ?
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J'ai achete ce livre croyant lire un livre sur des réflexions et questionnements de femme, mère, s'ennuyant dans son couple après une grossesse, parlant de son rapport aux hommes et relations sexuelles.... J'ai été fortement déçue.


Ce livre est un ramassis de scenes crues et détaillés sur les ébats de Emma qui ne pense qu'a une seule chose pendant plus de la moitié du livre, se faire "défourailler violemment et salement" .
Elle enchaîne les "bites" parce que les hommes en sont rendus uniquement à ça (taille de leur sexe et apparence) qu'elle juge ennuyant ou n'arrivant pas à la satisfaire.

L'aspect "mère" tient littéralement en 2 lignes où elle parle de son fils (vous en saurez plus sur les appareils génitaux hommes/femmes lors d'un rapport sexuel que sur la relation avec son fils)

Je n'ai absolument pas saisi l'aspect féministe dans cet écrit, oui elle a une relation très débridé mais où est le féminisme quand on se contente de rabaisser un homme pour sa capacité à ne pas "bander ou de ne pas vouloir entreprendre" ? ('et bien sûr le consentement on s'en fous un peu....
Ce genre de livre dont j'ai trouvé l'écriture grossière aurait été vue, si cela avait été écrit par un homme, comme un livre obscène écrit par un porc qui n'a aucun respect de l'autre.

Le seul vrai point de réflexion est à la fin ( et j' ai du me forcer à lire pour essayer de vraiment voir où elle voulait en venir dans tout cet aspect redondant et pénible)
Cela aurait pu être touchant si, pour ma part, il y'avait eu moins de scènes extrêmement explicites, parce qu'au final Emma est juste une femme qui se cherche et qui cherche la tendresse et l'amour à travers le sexe et le regard des hommes sur elle.
Si le but était de choquer alors cela a été mal amené car ce n'est pas choqué mais dégouté d'avoir perdue mon temps dessus dont je ressort. L'écriture et la façon dont s'est amené rende le personnage détestable et on passe à côté de quelque chose de potentiellement bien. (200 pages en moins aurait été parfait parce qu'inutile)

Non vraiment pour le moment c'est bien ma pire lecture et pourtant je ne suis pas difficile !
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La première fois que j'ai entendu parler d'Emma Becker, c'était il y a presque dix ans. Je suis tombée sur sa bibliographie en traînant sur Babelio et j'ai eu eu un choc en lisant les résumés des livres qu'elle avait déjà écrit – Mr et Alice. J'avais vingt-deux ans et une réalité venait de se concrétiser : des jeunes filles de mon âge ont des aventures avec des hommes qui pourraient être leurs pères. Pourquoi ? La question m'a obsédée pendant plusieurs jours et j'ai épluché tout ce que je pouvais apprendre sur cette jeune autrice de quatre ans mon aînée dont le parcours, inexplicablement, me bouleversait.

Mais je n'ai jamais cherché à lire un seul de ses livres. J'ai été tentée, peut-être par voyeurisme, ou bien par envie de comprendre le comment du pourquoi, le « qu'est-ce qu'on ressent », moi qui n'ai jamais eu beaucoup d'appétit pour le charnel, qui ai toujours eu peur des hommes et qui a finalement été dégoûtée de l'intimité à force d'abus et de jeux de pouvoir. Car j'avais aussi peur de ce que je pouvais trouver dans ces romans…
Et finalement, L'Inconduite m'a été proposé en service de presse. J'ai accepté.

Comme je m'y attendais (je ne sais pourquoi), c'est un livre qui se lit avec aisance, malgré les (ou peut-être à cause des) sujets abordés : le sexe, le désir et la frustration (sexuelle mais pas que) au féminin. Et comme je m'y attendais (je pense), j'ai été tiraillée entre deux pôles pendant cette lecture :

- d'un côté, j'ai été ennuyée par ces ergotages sans fin, ce nombrilisme étrange, et cette histoire qui n'avance pas ! Emma veut une bite bien dure qui la possèdent salement, elle va de déconvenue en déconvenue pendant les deux premiers tiers du roman, à la poursuite de fantasmes farfelus et de plans foireux, tout en jonglant avec ses rentrées d'argent, son rôle de mère et de compagne, le programme « sois gentille et serviable » que son éducation a incrusté dans son cerveau et qui l'empêche de dire sa colère, son coeur qui s'attache (parfois), ses limites, son « non » ; et je dois avouer que c'est répétitif et fatiguant. Une partie de ces problématiques me passe non seulement au-dessus de la tête, mais je me pose aussi des questions sur le voyeurisme que ce genre d'écrit implique : écrire sur sa propre vie sexuelle, pourquoi pas ; mais se faire publier pour ça ? Exposer en long en large et en travers ses déboires intimes et en profiter pour régler ses comptes avec ses partenaires ? Rares sont ceux qui n'en prennent pas pour leur grade, et le processus me met extrêmement mal à l'aise (après tout, « écrire, c'est une façon de parler sans être interrompu » et donc : d'avoir le dernier mot). Elle avoue elle-même avoir été furieuse de se découvrir personnage dans un livre écrit par un plan-cul, d'avoir lu des scènes interprétées du point de vue de l'auteur et présentées comme unique vérité. Pourquoi faire la même chose ?

- de l'autre côté, j'ai eu le coeur serré de voir cette relation au corps, au cul, à l'autre, qui, quelque part, me fait écho. Beaucoup plus fort que ce que je pensais. Combien j'ai été touchée de la voir presque esclave du désir de ses partenaires, combien j'ai été révoltée de l'attitude de ces hommes qui profitent (sans doute inconsciemment, mais cela n'excuse pas) de cette servitude apprise, de ce conditionnement à plaire, à obéir, pour assouvir leur fantasmes !

Il n'y a pas si longtemps, j'ai été dans une telle détresse affective que je recherchais tendresse et intimité avec l'énergie du désespoir, presque persuadée que je mourais de solitude si je n'avais pas de partenaire. J'ai tenté plusieurs aventures (parfois en même temps), affamée de chaleur humaine et résignée à écarter les cuisses pour obtenir ce dont j'avais besoin. Une période noire, dans laquelle je me sentais en errance, et où chaque tentative pour sortir la tête de l'eau (par l'expédient d'une histoire sexo-affective) me blessait un peu plus car se terminant nécessairement par un abandon, un refus de présence, une sexualisation de mon corps au détriment du lien affectif. Et dans les pires des cas : une séduction qui ne débouche sur absolument rien (cf. « Vincent »). Plus bonne à rien, pas même à plaire, tout est à jeter, mais ils sont trop polis pour le dire à haute voix, c'est à moi de le deviner à travers la distance physique, les regards évitants, les blancs pesants, et c'est peut-être cela le pire : faire comprendre sans dire.
C'est bien cette époque particulièrement douloureuse que l'histoire d'Emma me rappelle, et ça me serre le coeur de voir que d'autres l'ont vécu, le vivent encore, et ça m'indigne parce que je finis par comprendre que chaque être humain a droit au respect, homme comme femme, et que c'est triste et injuste que la majeure partie des femmes (et certains hommes) soient encore conditionnés à faire passer les besoins des autres avant les leurs. On peut légitimement parler de rapport non-consenti, et donc de viol.

Ce qui me choque dans son histoire (qui est un reflet de notre société), c'est la banalisation de l'abus. C'est la position dominante de ces hommes plus âgés, plus puissants, plus assurés, c'est l'évidence avec laquelle ils demandent et elle se plie. Souvent sans y trouver du plaisir. En avalant en même temps sa colère et leur foutre, son indignation et leur plaisir, sa détresse… Mais jamais le terme d'« abus » n'est énoncé, tout se déroule en toute légitimité : presque jusqu'à la fin, j'ai eu la sensation que l'autrice validait ce fonctionnement. Et je ne peux pas être d'accord avec ça.

En conclusion : malgré certains sujets intéressants, le bilan n'est pas spécialement positif. Même si le livre se lit aisément, qu'une partie de ce que raconte Emma m'a touchée et révoltée parce que faisant écho à mon histoire, un bon 60 % m'a non seulement laissée de marbre, mais encore indignée, voire dégoûtée (certains détails sordides de parties de jambes en l'air, loin de m'émoustiller, m'ont donné envie de vomir). En réalité, je ne comprends pas qu'on puisse publier sur sa propre vie sexuelle. Cela demande sans doute une certaine dose de courage et d'effronterie que je ne possède pas.
Le dernier tiers du roman laisse cependant la part belle aux réflexions sur la dépendance émotionnelle, aux rapports de force entre hommes et femmes, et je referme ce livre sans aigreur.
Merci aux éditions J'ai lu pour ce service de presse, qui m'a sorti de ma zone de confort et m'a apporté des réflexions intéressantes.
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