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sur 967 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Livre coup de poing sur les débuts de la colonisations en Algérie. Vu d'un coté par un femme effarée par la distance entre les discours d'Etat sur la terre promise à la colonie et l'horreur de la réalité (climat, habitat, maladies, faune sauvage, barbares...) qui aboutit bien souvent à la mort et d'un escadron de soldats mené par un capitaine assoiffé de sang, de massacre, de viols... au nom de la civilisation. La langue vous entraine dans son tourbillon.
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Une description saisissante de la colonisation de l'Algérie au 19 ème siècle qui ne nous rend pas fiers de l'avoir accomplie. le roman met en scène alternativement l'installation et la vie d'une famille de colons dans des chapitres intitulés « rude besogne » et la pacification par l'épée des populations indigènes dans des chapitres intitulés « Bain de sang ». La souffrance des colons et la cruauté des soldats sont racontés avec une grande force évocatrice, on retient son souffle devant ce chaos et la folie ambiante restituant l'absurdité et la bêtise humaine sur un rythme effréné.
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Il y eut une période où la France, et son armée, s'est comportée comme aujourd'hui le fait l'armée russe en Ukraine, où l'armée française a commis son Oradour sur Glane, où les colons français, manipulés par la propagande du pouvoir, ont cru accéder, sans doute de bonne foi, au paradis sur terre en traversant la Méditerranée en s'appropriant des territoires millénairement occupés par les autochtones.
Ce livre est un rappel nécessaire, indispensable, à la vigilance. La folie des hommes est hélas éternelle et l'Histoire un perpétuel recommencement.
On se s'invite pas chez les autres comme ça, on n'entre pas chez son voisin sans frapper à la porte et on n'est pas nécessairement le bienvenu en s'arrogeant un droit de propriété illégitime chez nos cousins.
Merci à Mathieu Belezi pour cet ouvrage, vif, incisif, écrit au scalpel et d'une justesse remarquable.
A lire absolument !
RD
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Séraphine prend la parole la première pour nous expliquer le départ de la famille pour l'Algérie. Les promesses du gouvernement français pour des terres agricoles, des maisons solides et accueillantes, la richesse. Elle avait émis ses doutes et craintes à son mari mais il ne voulait pas entendre et écouter à ce moment-là. Les voilà partis pour un voyage éprouvant et interminable . Séraphine et son mari Henri, leurs trois enfants, deux garçons et une fille, sa soeur Rosette et son mari Louis.

Ils sont parqués dans des tentes militaires dans un camp, encadrés par des soldats français, accueillis par une terre aride et pourtant des trombes d'eau, les maladies, les morts, dont deux des enfants, et les attaques des algériens.

Puis Séraphine laisse la parole à un soldat français désabusé et un brin cynique qui nous raconte les pillages, les viols, les massacres et la débauche.

À tour de rôle, ils nous entraînent dans cette descente en enfer. le texte n'a qu'un point, le final, car dans une agonie il n'y a pas de pause ni d'arrêt. L'écriture est puissante, voire violente pour décrire les débuts de la colonisation algérienne mais avec la sensibilité d'une femme colon qui va chercher au fond de ses entrailles la force de s'en sortir.

Un roman sublime.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Dans un court texte au style magistral, semblable à un conte cruel, Mathieu Belezi revient sur le destin d'une poignée de colons lors de la conquête française de l'Algérie, entre 1830 et 1847. En faisant alterner deux récits - deux cris -, celui de Séraphine, jeune mère de famille pauvre venue s'installer dans une concession agricole, et celui d'un soldat embarqué dans une escalade de violence, c'est tout le tragique et l'horreur de cette campagne coloniale que l'auteur nous dépeint.
La rudesse de la vie des colons et leur épuisement, la barbarie de la colonisation, la perte d'humanité, les destins brisés sont donnés à entendre par une écriture féroce et visuelle, à la rythmique puissante. Un récit édifiant, qui prend aux tripes et rend compte avec précision de la folie conquérante et des mensonges originels de la colonisation.
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J'ai été fortement impressionné, au double sens de l'admiration et de l'impression d'une image, par ce texte qui va me laisser des traces. le style d'écriture très particulier m'a littéralement immergé dans la bestialité des conquérants du territoire algérien au 19ème siècle et dans la vie âpre, sordide et pleine d'embûches des colons. Les uns comme les autres sont portés par les mensonges d'un état qui promet de répandre la civilisation et d'apporter la richesse en manipulant de pauvres personnes peu cultivées et mal informées.
Certaines scènes sont très violentes, d'autres désespérantes, à éviter de lire le soir avant de s'endormir.
Ce texte a réussi le tour de force de me donner envie de m'intéresser à l'histoire de la colonisation (Pascal Blanchard, me voilà !)
Bravo Mathieu Belezi.
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Effroi et enfer oublié.
Roman percutant et éclairant.

« J'ai pleuré »… Ainsi commence Mathieu Belezi, et donne le ton, d'entrée, à ce roman en terre d'Algérie au XIXème siècle.

On leur avait promis du rêve… Une terre à travailler, un endroit où s'installer. Une colonie agricole en devenir.
On leur avait assuré que le gouvernement de la République veillerait sur eux, qu'il ferait « absolument tout »…

Prémices de la nuit qui s'abattrait bientôt. Nuit, qui dès le premier soir, tombe d'un coup. Enveloppante et effrayante. « J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps… »

Récit d'une mission, celle pour ces soldats de France de « pacifier des terres trop longtemps abandonnées à la barbarie… » obéissant sans limite à leur capitaine… « non, nous ne sommes pas des anges » résonnant tel un leitmotiv lugubre ;
Récit de la vie qu'ont eue ces familles de colons partis à l'aventure, haut les coeurs, l'âme pionnière…
*
Sombre présage, de rage en ravages
Plus rien ne sera sage,
Lions du désert, baïonnettes, yatagans,
Barbarie et bains de sang…

Douleurs, pleurs et rude labeur,
Peur et terreur, mornes lueurs,
Pauvres coeurs et corps en sueur,
Funestes senteurs écoeurent, malheur…
*
Court roman, je dirai fort heureusement bref, car d'une violence inouïe ; une lecture bouleversante ; alternant deux narrations, civile et militaire.
Histoire racontée d'un seul souffle, on est plongé en apnée intensifiant ainsi l'horreur des terribles actes perpétrés et des souffrances vécues. D'une extrême cruauté, une lecture difficile en cela.

Des épisodes très noirs d'un pan de l'Histoire que j'avais peu lu, exhalant la folie des hommes.

Découverte conseillée par ma librairie, une lecture uppercut. Je recommande vivement.
Prix littéraire le Monde 2022.
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Matthieu Belezi , un écrivain que je découvre avec ce livre coup de poing sur la colonisation en Algérie
Pour une vraie surprise car j'ai lu beaucoup de livres sur la guerre d'Algérie ( pays où j'ai travaillé et où ce sujet reste omniprésent)
Dès les premières pages, j'ai senti que j'allais lire autre chose sur le sujet et que j'étais en présence d'un grand écrivain
Une sensation que je n'avais pas connu depuis de nombreuses années
Dans ce court livre, Matthieu Belezi entre tout de suite dans le vif du sujet:le début de la colonisation en Algérie
Avec deux points de vue
Celui des braves colons volontaires à qui on a promis un avenir radieux, des terres à défricher certes mais la certitude de devenir un propriétaire terrien prospère sous le doux soleil de l'Afrique
La réalité est tout autre: un logement misérable, une chaleur insupportable, le choléra, le paludisme et toutes les maladies du monde dans un contexte hostile , bien caché par les autorités avant leur départ pour une contrée décrite comme idyllique.Dur retour au réel
L'autre point de vue est celui des militaires. Pour eux, pas de rêve.Ils savent très bien où ils vont et pourquoi : apporter à un peuple archaïque les vertus de la civilisation. Ils sont là pour leur apporter le bonheur version française
Ils savent que la population , ignare à leur yeux, sera hostile et que tous les moyens sont autorisés pour leur faire comprendre qu'il leur faut obtempérer puisque c'est pour leur bien que les troupes sont là.
Dès le départ, l'armée n'hésite pas à utiliser tous des méthodes brutales y compris les plus atroces
La force du livre réside dans cette double vision
D'un côté ceux qui ont été bernés naïvement
De l'autre , des soldats qui savent très bien que tout est permis pour obliger ce peuple à obéir.Les ordres viennent d'en haut
C'est cette violence programmée dès le début de la colonisation qui m'a surpris
Avec la manipulation de braves paysans français qui partent à l'aventure avec enthousiasme
Le style de Matthieu Belezi est ciselé
La lecture est passionnante
Un livre que je vous conseille vivement
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Roman d'une grande violence sur la période de colonisation de l'Algérie. Deux voix s'entremêlent : celle de colons débarqués sur ces nouvelles terres et celle de soldats que la guerre semble avoir rendu fous. Entre rude besogne et bain de sang, Mathieu Belezi nous jète au visage toute l'horreur de cette période de l'histoire française. le style saccadé et la ponctuation quasiment absente de ce texte donnent une impression d'urgence, de souffle court – la lecture est aussi brutale que le destin des personnages. Encore un roman à part qu'il faut découvrir d'urgence, édité chez le Tripode.
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Les deux récits se déroulent dans l'arrière-pays De Bône en Algérie pendant les premières années de la colonisation.

Nous suivons une famille de migrants fraichement arrivée et un groupe de soldats chargés de « pacifier » la région.

J'ai appris du vocabulaire : le yatagan (sabre turc utilisé par les algériens) – le fondouk (hôtellerie et lieu où sont entreposées les marchandises) – le douar (groupement d'habitations).

J'ai découvert que les soldats n'étaient pas des anges, et cette formule est répétée à l'envie.

Comme les migrants, j'ai découvert avec horreur que les colonisés coupaient les têtes des colonisateurs qui étaient sans protection.

Mais j'ai souffert avec la colonie de migrants qui passe son premier hiver dans le froid, puis est victime du choléra, puis des attaques des villageois.

Un roman qui ouvre les yeux sur la brutalité de la colonisation et le nombre de morts des deux côtés pour la possession aléatoire d'un bout de terre.

L'image que je retiendrai :

Celle des deux capitaines (celui du groupe de migrants et celui des soldats) qui prononcent des discours enflammés pour motiver les troupes.
Lien : https://alexmotamots.fr/atta..
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