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4,08

sur 931 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Des débuts de la colonisation française de l'Algérie, je ne savais pas grand-chose. J'ai eu envie de lire ce roman, qui vient d'obtenir le prix du livre Inter, pour tenter de réparer cette lacune.

Ce roman puissant déploie deux fils narratifs. Dans le premier nous suivrons un groupe de colons. Ils ont traversé la Méditerranée alléchés par la promesse de disposer de terres. Mais la réalité est d'abord âpre puis franchement infernale. Une épidémie de choléra les décimera. Ils sont protégés par l'armée, mais malgré cela les morts vont se multiplier (maladies, attaques).

La seconde narration nous place dans un escadron mené par un capitaine assoiffé de sang et de massacres.

Ce sont donc des pages très noires qui se déroulent, dans un style presque oral, souvent éblouissant. Mais je l'ai trouvé parfois un peu trop emphatique, notamment dans les discours des capitaines. Ils représentent la République, c'est un fait, mais dans le contexte de toute cette violence cette propagande devrait tomber totalement à plat...

On sait seulement que ces épisodes épouvantables se sont passés au XIX ème. Mathieu Belezi ne date pas vraiment son roman. Pour avoir un aperçu vraiment historique de cette période, il me faudra lire autre chose pour compléter mes lacunes.
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Nous sommes en Algérie entre 1845 et 1850. La République Française colonise l'Algérie. Nous suivons une famille de colons et une compagnie de militaires.
Les colons en bavent : le climat est hostile, la terre encore ingrate est difficile à cultiver, le choléra fait des ravages, les autochtones défendent leur pays, la mort rôde.
Les militaires « pacifient ». Les exactions de la soldatesque abondent, tant contre ceux qui ont pris les armes que contre les femmes, les vieillards et les enfants.
Tout cela est décrit sans ménagement, crûment, brutalement.
Et ce n'est pas une caricature, les faits sont avérés, la conquête de l'Algérie s'est faite avec une extrême violence. La « mission divine » de la colonisation n'a été que le masque de la cupidité de beaucoup, de la volonté de puissance et de la folie brutale de quelques uns.
Je dédie ce livre au maréchal Bugeaud. Et que le diable l'emporte, scrogneugneu !
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De cette lecture je retiens deux choses: L'écriture tellement soignée et parfois très poétique de Mathieu Belezi, qui joue avec les mots et les met en images, avec des répétitions fortes scandant le récit et La violence inouïe de cette page d'histoire.
Il s'agit de la colonisation en Algérie au XIXème siècle. D'une part un groupe de français émigrés sur une terre inconnue, hostile, dans un climat d'insécurité, de manque d'hygiène, sous des températures extrêmes et bien entendu très mal accueillis par les autochtones et d'autre part une armée conduite par un capitaine totalement dément et sanguinaire, qui pousse ses soldats au crime, au viol, à la destruction et au pillage.
C'est un livre fort, dérangeant, dont j'ai eu du mal à sortir sans malaise.
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Roman qui alterne deux récits, tous les deux aussi effrayants. Une famille française qui est venue coloniser l'Algérie. La narration est portée par une femme dans cette partie. La deuxième voix est celle d'un soldat, français là aussi.
Dans le premier cas, l'horreur vient surtout des éléments, la maladie, le choléra, mais aussi des Algériens combattants qui commettent des horreurs. Dans le deuxième cas, la violence est intrinsèque au narrateur, à son groupe.

Des atrocités sont décrites, dans les deux camps, mais le point de vue étant celui d'un soldat français qui s'en prend au peuple algérien, j'ai eu la sensation dérangeante que la violence était attribuée à sa qualité de soldat, à celui qui commet des exactions côté français, alors qu'elle semble être présente chez tous les algériens de façon naturelle.
De même, le point de vue sur les femmes algériennes plutôt contentes de coucher avec les soldats qui venaient de tuer leurs maris, est-ce la vision des soldats français qui nous est donnée à lire ? Je me suis peut-être perdue avec ces deux narrateurs aux voix assez différentes.

C'est un livre sombre, violent, dérangeant.
Parce que je n'ai pas su y lire l'intention de l'auteur, il ne me laisse pas une bonne impression.

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Deux récits entrecroisés. Plutôt une mélopée qu'un roman, un poème épique en forme de stances : pas de majuscule au commencement des phrases, pas de points à la fin des paragraphes.

Mais le témoignage poignant de deux acteurs de cette aventure absurde : la colonisation d'un pays aride par des paysans dénués de tout, la pacification d'une contrée sauvage et les combats sanglants contre des autochtones auxquels on prétend sincèrement apporter les bienfaits de la civilisation, quitte à devoir les étriper.

Un récit à deux voix : la mère de famille qui a entraîné son mari et ses enfants ainsi que sa soeur dans cette aventure périlleuse, croyant aux belles promesses – le don de terres à cultiver – d'un gouvernement espérant faire diversion à ses problèmes internes, et le soldat qui obéit aux ordres et étripe du bédoin à la fois méprisé et redouté.

Cette famille de colons faisait-elle partie du même premier convoi que l'héroïne du roman de Michèle Perret ? Leur destin se recoupent ...

C'est la face de la colonisation qu'on n'a jamais décrite dans les manuels d'histoire. La cruauté, le bain de sang, les maladies dévastatrices – le coléra, le paludisme - les exactions d'une armée ivre de violence - ils ne sont pas des anges ! - et traquée par des ennemis invisibles fondu dans le paysage inhospitalier, ces occupants qui sont nés et vivent selon leurs traditions immémoriales et surtout leur foi inébranlable.

Une traversée de l'enfer de la colonisation algérienne qui nous rappelle qu'aucun peuple ne réussit à en subjuguer un autre sur le temps long, que la résistance à l'agression étrangère finit toujours par l'emporter, que les dommages mémoriels subsistent dans les esprits au-delà des siècles. Nous le ressentons encore aujourd'hui vis-à-vis des Algériens et eux des Français, et d'autres dirigeants devraient s'en inspirer qui continuent à user de la force brutale pour asservir leur voisin.

Un beau et âpre texte, une dénonciation sans nuance de toute forme de colonisation.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Ce roman vient d'obtenir le Prix de l'Escale du Livre. Il le mérite sans doute. le lecteur est tout de suite emporté par ce récit à deux voix, écrit dans un style sobre, intense, épuré, dans une langue où il déverse sa colère, sans points ni majuscules et avec un formidable sens du rythme. Ces vers de Boileau semblent avoir été écrits pour l'illustrer :
C'est un torrent débordé qui, d'un cours orageux,
Roule plein de gravier sur un terrain fangeux.
On n'avait rien lu de tel depuis Chalandon et Mauvignier, il y a quelques 10 ans de cela. Et pourtant je ferai deux réserves. Voici lesquelles.

La première parce que, du début à la fin, nous lisons un récit insoutenable. M. Belizi privilégie le sordide. Il est constamment dans l'hubris (pardon ! Je me prends pour BHL!), je veux dire dans l'excès et la démesure. Ou pour le dire en langage pop : « il en fait des caisses ». En effet, rien ne nous est épargné, et tout au superlatif. Cruauté, bains de sang, actes de barbarie, exactions de l'armée, soleil de plomb, pluies diluviennes, froid polaire, coupeurs de têtes, viols, saccages, champs infertiles, lions du désert, serpents venimeux, paludisme, typhus, choléra...il n'y manque que la peste ! « Sainte et sainte mère de Dieu ! ». Et au moment ou l'on croit souffler voilà Séraphine qui nous dit : «  Dois-je raconter ce qui ne devrait pas l'être ? ». Et bien sûr, elle en remet une couche, et quelle couche !, jusqu'à l'écoeurement. Trop c'est trop. Cet excès en tout, sans la moindre nuance est un défaut et il a fini par me lasser et puis m'insupporter.

La seconde car, à mon avis, il rate sa cible. Son livre veut, à la fois, dénoncer les horreurs de la colonisation et la folie des hommes mais aussi la mission pacificatrice de la France. Et là, je trouve qu'il n'atteint pas son but. Il raconte la colonisation de l'intérieur, à travers la voix d'un colon et celle d'un soldat, français tous deux. Mais où sont donc les futurs colonisés ? J'aurais aimé qu'il leur donne la parole, en introduisant une troisième voix , et qu'il en fasse ainsi des êtres humains. Mais non, les Arabes n'ont pas droit à la parole, ils sont comme effacés, des fantômes cachés dans l'obscurité, déshumanisés, réduits à leur yatagan, toujours prêts à égorger un blanc. Belizi nous les présente, non comme des hommes, mais comme des sauvages, des barbares, des « gueunillards sanguinaires » selon l'image qu'ont d'eux les colonisateurs. Cette vision fait perdre beaucoup de force à son propos. Dès lors, il justifie en quelque sorte « la mission divine » de la France dont l'objectif est d'en finir avec ces « chiens de barbares tombés du ciel d'Allah  », les civiliser, « tirer l'Afrique de ses ténèbres » et ne pas les laisser longtemps encore dans « l'effroyable barbarie africaine » . Etait-ce là son but ? Mais ce n'est que ma façon de voir, rien d'autre.

Et c'est ainsi qu'Allah est grand comme disait, avec humour et dérision, A. Vialatte à la fin de ses chroniques. Qu'il me pardonne pour cet emprunt.
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Ce livre relate le destin de colons et de soldats lors de la colonisation algérienne, au XIXème siècle.
Moment oublié de l'histoire documenté par mathieu belezi à travers deux voix : celle d'une colone venant De Marseille et celle d'un soldat.

L'histoire est intéressante cependant j'ai eu du mal avec la manière dont c'était écrit. Ce manque de ponctuation, majuscules etc. m'a interpellé, je n'ai pas aperçu ce que cela apportait à l'histoire. Autant pour une personne je peux comprendre que cela peut être lié à sa manière de penser, mais là le style narratif était appliqué aux deux ce qui m'a un peu dérouté.

De plus, j'ai eu énormément de mal à suivre le soldat et leur façon sanguinaire d'aborder les choses (ce qui est probablement réel mais trop violent pour moi) et du côté installation des colons c'est un enchaînement de désastres qui est dramatique à lire.

Ce livre reste tout de même rapide à lire et pour ceux qui veulent découvrir ce pan tragique de l'histoire de la colonisation française en Algérie, il apporte ainsi une vision oubliée.
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L'horreur de la colonisation de l'Algérie du point de vue des colons. Il y a au début un espoir et un élan, entretenus par les promesses de la République aux colons agricoles et le récit pacificateur servi aux soldats. Puis, la guerre. La "civilisation contre la barbarie" qui justifie toutes les violences et les atrocités. Et la lutte contre cette terre hostile, pour la rendre vivable et cultivable. Enfin, la mort. Les maladies qui emportent les corps. Les assassinats et les exécutions des Français par les autochtones qui alimentent un cycle de vengeance et de haine sans fin. Ce roman, à travers la voix des deux colons narrateurs, nous rappelle le degré de violence inouïe du processus de colonisation.
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Après « C'était notre terre » (2008), bouleversant roman sur les « événements » en Algérie, et « Les Vieux fous » (2011), envoûtante épopée des prémices de la colonisation de l'Algérie à son indépendance en 1962, le talentueux Mathieu Belezi revient avec un nouveau récit sur ce pays, plongée dans les premières années de l'occupation française.
Le livre offre deux visions de cet épisode méconnu, fracture indélébile des rapports entre nos deux pays.
La première décrit l'installation des premiers colons, attirés par les promesses de l'État français de faire fortune. La désillusion sera immense. Ce moment est racontée par Séraphine, épouse et mère de trois enfants.
« Sainte mère de Dieu » invoque-t-elle pour manifester son désarroi et les calamités qu'elle et les « autres naïfs migrants » doivent affronter : le froid, la pluie, le vent, la canicule, la dureté du travail, la saleté, les maladies, la mort et l'hostilité, transformée peu à peu en haine, de la population locale contre les envahisseurs.
La seconde est narrée par un soldat. Concentré de barbarie, elle conte par le menu les violences insensées commises par les militaires pour se débarrasser des indigènes afin de permettre aux bons Français de s'installer et d'exploiter des terres peu fertiles.
Le témoignage de la femme, victime, au même titre que les autochtones, des décisions du « gouvernement de la République » est poignant.
Car, victime, elle l'est des mensonges des politiques qui ont vanté un paradis qui se révèle être un enfer. Venue d'un petit bout de France où elle vivait en sécurité, elle est confrontée à l'inconnu, à la différence et à l'immensité d'une terre qui ne semble jamais finir. Ce sont ces sensations que Mathieu résume le mieux en faisant dire à sa narratrice : « c'est une terre qui me fait peur ».
Le récit du combattant, aux accents céliniens, est d'une telle violence qu'elle provoque de l'écoeurement. « Nous ne sommes pas des anges » répètent les soldats comme un mantra, tout en exterminant allègrement les barbares et, suprême affront pour les musulmans, en violant leurs femmes.
Civiliser les sauvages est l'argument avancé par les colonisateurs. In fine, c'est la folie meurtrière qui s'empare des hommes, la guerre et ses atrocités en étant l'expression la plus manifeste, qui est au coeur du roman.
Malheureusement, l'exagération dessert la force du propos.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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Un roman difficile mais qui n'a pas été un coup de coeur.
Le sujet pourtant m'intéressait beaucoup mais je n'ai lu que violence, violence et violence. C'est ce qui transpire uniquement, cet acharnement de violence qu'on subit les Algériens lors de l'arrivée des premiers colons français sur leurs terres.
L'auteur dépeint deux histoires, celle d'un militaire et son groupe qui pillent, qui saccagent, qui torturent et qui violent, et celle d'une française débarquée dans une colonie pour faire de cette nouvelle terre son eldorado mais qui subira les affres de la maladie et du climat.
Je n'ai ressenti que de l'amertume et de la tristesse pour le peuple algérien mais c'est sans doute ce que recherchait l'auteur.
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