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4,08

sur 954 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De la poussière et du sang, de la peur et des larmes, le froid mortel de l'hiver avant la canicule suffocante de l'été, le choléra et la (présumée) sauvagerie des populations locales : voilà l'Algérie coloniale de Mathieu Belezi.
Voilà l'enfer qu'il réserve aux premiers colons français, fraichement débarqués en ce milieu du XIXème siècle.
Voilà la terre maudite que découvrent Séraphine et les siens, à la descente du bateau.
Voilà l'épouvantable théâtre des opérations menées par le capitaine Landron et ses hommes, des mercenaires sadiques et ivres de violence.

Un chapitre pour elle, Séraphine, en proie aux pires tourments dans le camp de misère que les pionniers tentent dans la douleur de bâtir et de sécuriser ; puis un chapitre pour lui, le soudard à la solde du terrible Landron, pillant, violant, trucidant et incendiant tout ce qui fait obstacle à la troupe.
Deux voix hurlantes qui se répondent et se percutent, deux êtres projetés en terrain hostile, et page après page un même souffle épique et dévastateur, une même abomination, un même relent de mort et de désolation.

L'écriture de Mathieu Belezi est "sensationnelle", au sens premier du terme puisqu'elle n'est en effet que sensations, tensions et pulsions.
Ses mots nous saisissent, ses descriptions nous glacent, sa cadence effrénée nous consume.
Si elle peut surprendre au début, l'absence totale du moindre point confère finalement au texte un rythme débridé qui ne nous laisse aucun répit, pas plus que n'en ont les deux personnages noyés dans un environnement qu'ils ne comprennent pas - tellement loin du paradis que la République leur avait promis ! - et qui les terrifie (elle) ou qui excite au contraire leur folie sanguinaire (lui).
Dans un cas comme dans l'autre, le déracinement semble insurmontable, et quel que soit le narrateur qui prend la parole nous voilà scotchés, médusés, comme pris sous la mitraille d'un style à la fois plein d'oralité et presque saturé d'images fortes. Les descriptions des exactions perpétrées par l'armée française, comme celles des conditions de vie abominables au sein du campement de fortune sont de fait insupportablement évocatrices.

Voilà (entre autres !), ce qui fait la force de ce récit de conquête terrible et sanglant, un roman aussi bref qu'intense sous-tendu par un propos anticolonialiste évident.
Magistral !
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C'est un livre puissant que nous offre Mathieu Belezi. L'absurdité de la colonisation. le discours propagandiste du pouvoir. Utiliser la naïveté des plus pauvres pour les envoyer en Algérie travailler des terres jusqu'alors vierges, les confronter aux maladies, aux exactions des autochtones qui veulent chasser ces colonisateurs. La violence des soldats français poussée à son paroxysme sous les traits d'un commandant sanguinaire, ogre assoiffé de sang et de chair fraîche, monstre sans foi si loi. Et puis, ses petits soldats qui lui obéissent aveuglément et se gorgent eux-aussi de sang et de la chair tendre des femmes. A lire pour ne pas oublier les ravages de la violence humaine particulièrement en ces temps modernes et terriblement réactionnaires.
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Une période de l'histoire soigneusement évitée...en tout cas dans le passé de mes cours d'histoire.... On revient donc sur cette période où, par la sauvagerie, on prétend civiliser : la colonisation de l'Algerie. Décrite avec toute la violence que requierent ces événements. Belle écriture, on en sort épuisée, éreintée, effarée...j'étais réservée aux premières pages : trop de violence. Et pourtant, pas possible d'ignorer cette page d'histoire avec toute sa crudité !
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Dans ce roman, écrit en courts chapitres, Mathieu Belezi nous plonge dans l'Algérie du XIXe siècle, en pleine colonisation française. Il donne la parole, de manière alternée, à deux narrateurs, acteurs malgré eux de cette sombre période de l'Histoire. D'un coté, Séraphine, qui quitte Marseille avec sa famille, raconte comment la promesse d'une vie meilleure de colons, se transforme en succession de désillusions terribles faites de conditions climatiques extrêmes, de peur de l'Arabe et de choléra… de l'autre, on assiste à travers les yeux d'un soldat anonyme à la naissance d'un monstre sous la houlette d'un chef sanguinaire et tout-puissant.

Le texte dénonce de manière magistrale l'ampleur de la violence colonisatrice, à la fois pathétique et absurde. Si Séraphine ne cesse d'implorer la « sainte mère de Dieu », comme pour mieux exorciser le tragique d'une condition misérable qu'elle a choisie mais dont les conséquences la dépassent complètement, de son côté, le soldat scande à plusieurs reprises : « On est pas des anges » : serait-ce un moyen pour lui de mieux se dédouaner des exactions commises par les siens au nom de la « civilisation » et se laisser aller pleinement à ses instincts animal et meurtrier ? D'ailleurs, il n'hésite pas à prendre à partie l'auteur dès que celui-ci évoque les conséquences de leurs actes barbares sur les populations locales : « suffit, suffit ! Qu'on nous foute la paix avec ces commentaires ! »

On lit ainsi comment le doux rêve de la colonisation se mue progressivement en un cauchemar éveillé dans lequel l'Algérie, telle un monstre mythologique engloutit ses proies innocentes et coupables à la fois : «  Ne vois-tu pas ce que nous sommes en train de devenir ? Des guenilleux, des loqueteux, des épaves, et plus que des épaves, des ombres d'épaves, cette terre d'Algérie nous mange le corps, malheur de malheur ! Les poumons, le foie, les boyaux du ventre… »

Le livre est enfin un bel objet littéraire où se côtoient des descriptions magistrales dignes de Giono ou Camus, une langue crue et familière aux accents céliniens et une narration d'une violence inouïe qui n'est pas sans rappeler La Chanson de Roland.
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Bonsoir,
Un livre sur la colonisation, sur l'Algérie, sur les massacres au 19 ème siècle avec "Attaquer la terre et le soleil", de @Mathieu Belizi chez le Tripode. Un livre dur sur un épisode de colonisation dont j'ignorai tout, un livre violent à deux voix, celle d'un soldat de l'armée française, venu pour évangéliser et massacrer les rebelles et celle d'une agricultrice du Nord de la France venue là avec sa famille sur les promesses d'un gouvernement français, promettant des surfaces de terre à cultiver et qui espère une vie meilleure pour sa famille.
Un livre relatant la violence de la guerre et la violence pour ces nouveaux colons arrivant dans un monde qu'ils ne connaissent pas et dans une misère encore plus grande que celle qu'ils connaissaient en métropole.
J'ai aimé découvrir cette plume brute incisive dans cet ouvrage.
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L'Algérie
Je percevais juste quelques brides de cette guerre dans laquelle mon père a combattu lors de ses 20 ans . Il ne nous en a jamais parlé. A priori il a vu, peut être subit.... peut être même fait subir des horreurs .
Mais jamais je ne m'étais interrogée sur les premiers colons, sur leur arrivée, leur implantation sur cette terre si différente de notre si orgueilleuse France .
Combuen d'horreurs l'être humain est il capable de faire .... en justifiant qu'il est le sauveur, le défenseur, qu'il est dans son droit !

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Ce fut un beau rêve cette colonisation de l'Algérie. Certains se sont imaginés faire fortune dans un pays où tout était à construire, d'autres ont cru venir pacifier « une terre de barbarie ». Chaque français s'y sentait une mission et pensait offrir à « ce pays inculte, les ors d'une culture millénaire ».

Ce roman retrace, en parallèle, quelques mois du parcours d'un soldat de l'Armée de colonisation sous les ordres d'un capitaine exalté et de celui d'une femme venue s'installer dans une colonie agricole avec sa famille.

Les chapitres qui s'intercalent, portent tous les titres bien appropriés de « bain de sang » pour les militaires et « rude besogne » pour les colons.

On comprend, au bout d'un certain temps, que l'histoire se situe 15 ans après le début de la colonisation, soit en 1845. Mais ça ne coule pas de source et c'est un reproche que je peux faire à ce roman qui traite d'un sujet historique, sans s'ancrer clairement dans l'époque.

Mais si l'on parvient à s'éloigner du contexte, on est atterré par les mentalités de ces colons qui, dans un mélange d'inconscience et de conviction, ont réussi à asservir un pays tout entier, sans jamais douter du bien-fondé de leur démarche.

Touchés par la misère et la maladie, les premiers colons ont surmonté de difficiles épreuves mais entièrement préoccupés par leur propre survie, ils n'ont jamais éprouvé une once d'humanité pour les populations locales victimes de massacres et d'exactions.

Avec ce roman très réaliste, Mathieu Belezi témoigne de la violence morale et physique qui a, de tout temps, été reproduite lors de chaque colonisation à travers le monde. S'il se positionne au coeur du terrain, au niveau des petites gens, il nous apporte sur le fond une vision beaucoup plus globale que ce qu'il semble décrire.

Attaquer la terre et le soleil est un roman passionnant à l'écriture limpide que j'ai lu sans pouvoir le quitter. Si l'imprécision du contexte m'a gênée, l'imprégnation dans la mentalité des premiers colons d'Algérie est néanmoins totale.

Un regard sur le phénomène de la colonisation édifiant qui éclaire bien des situations actuelles.
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Depuis quelques années, je suis moins à l'affut des nouveautés qui n'ont plus le temps de faire leur trou, victimes d'un trop plein sans cesse en mouvement ; nouveautés de plus en plus décevantes, également….

Ce court et d'autant plus percutant roman m'a donc échappé à sa sortie ; Heureusement qu'il y a des libraires consciencieux qui se moquent des nouveautés et qui laissent toujours quelques vieilleries sur leurs tables et les défendent avec conviction. Merci Christiane ! je devrais venir plus souvent à l'Asnée pour y dénicher davantage de pépites de libraires !

Nous sommes en Algérie, peu de temps après l'arrivée des français sur ce bout de terre encore inexploitée.

Il y un besoin de bras pour défricher, cultiver, développer. Tout est à faire. Une poignée de colons de la même famille tente l'aventure ; ils quittent ainsi la métropole, traversent la méditerranée, pour se retrouver au milieu de nulle-part, cernés par des militaires dans un campement de fortune. Ils connaitront tout : les nuits glaciales, les journées torrides, le choléra, la défiance des autochtones, les malchances.

Deux voix, deux points de vue se relaient au cours de cette histoire ; Séraphine au nom de ses compagnons de voyage et surtout de galère, et celui d'un soldat flanqué de son capitaine et agissant sans état d'âme. Deux visions de la colonisation s'affrontent dans ce roman écrit dans une langue âpre, et un style d'une épure sans appel.

Aucun parti pris, mais une vision brute et cruelle d'un système !

Un roman, à la fois plein de grâce, d'horreur, d'espoir et de résignation.

Un roman qui assurément m'aura marqué !
Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Lorsqu'ils arrivent sur cette terre inconnue, cette terre africaine, le moins que l'on puisse dire est que le choc est rude. Rien, il n'y a rien de ce qu'on leur avait fait miroiter. Tout est à faire, à construire, contre la pluie, le vent, le froid, la chaleur, le choléra et les Algériens qui ne veulent pas d'eux — eux les colonisateurs qui se croient tout permis, avec leurs soldats, ces sauvages qui violent, pillent et tuent femmes enfants vieillards hommes dans un même élan de barbarie gratuite. À qui bien sûr il faut rendre la pareille, en étant plus cruel encore, si tant est que cela soit possible.

C'est parce que Mathieu Belezi a décidé de ne rien nous épargner de la violence insoutenable déployée de part et d'autre de la colonisation algérienne, tout comme de la vie misérable des colons auxquels on a menti pour qu'ils viennent s'installer sur cette terre d'enfer, qu'Attaquer la terre et le soleil est une lecture coup de poing, un plaidoyer contre toute colonisation, qui ne peut être que barbarie, sang et larmes, comme l'est toute guerre.
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L'auteur nous plonge dans une histoire dramatique, celui de la colonisation, Un pays l'Algérie, que les français ont décidé de s'approprier.
Le récit se déroule au 19 éme siècle, Séraphine fait partie de ce voyage, entraînant avec elle famille, mari ,enfants et sa soeur, , dans l'optique de créer un nouveau monde , exploiter de nouvelles terres, un monde merveilleux, Tout est beau, tout va bien, Un rêve qui se transforme en cauchemar, Ils doivent vivre dans des baraquements de fortune , ils sont confrontés à la misère, la saleté des conditions d'hygiène ,impensable, la famine et la maladie, principalement la malaria. Ils n'étaient pas préparer à cela . Ces premiers colons , partagent ce triste voyage, avec des soldats , Une véritable barbarie, qui fait froid dans le dos, ils tuent sans aucun état d'âme, l'auteur ne tergiverse pas dans ses descriptions, il nous dépeint, ses assassinats d'une violence extrême, une haine , n'hésite, pas à choisir des femmes pour se libérer de leurs pulsions sexuelles, Un monde immonde, le titre "Attaquer la terre et le soleil" donne de la véracité au récit. Nous sommes en face dans l'horreur de la vie .Certains passages m'ont mises mal à l'aise, elle sont brutes de pomme, il faut avoir le coeur accroché, un ressenti personnel, Un roman remarquable, un témoignage où la réalité prend le dessus sur la fiction Une histoire racontée par Séraphine et celle d'un soldat, deux visions différentes pour une même histoire. Un roman, L'auteur dénonce , la colonisation de tous les pays, d'arrêter de respecter tout le monde, mais malheureusement le sujet est , toujours d'actualité, Un roman très documenté que je vous conseille à découvrir.
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