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3,32

sur 389 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Dès la fin juillet, un roman était sur toutes les lèvres, un roman qui devait bouleverser le petit monde littéraire parisien : « La théorie de l'information ». Gallimard étant un éditeur sachant créer le désir chez les critiques littéraires et séduire encore et encore les inconstants jurés du Goncourt (« Les Bienveillantes » ou « l'Art français de la Guerre » sont des exemples récents de séduction aboutie), j'ai encore une fois fait confiance à la légendaire couverture et au marketing intense.

Sur environ 500 pages qui se lisent sans risque de méningite, « La théorie de l'information » narre le destin de Pascal Ertanger, petit génie et grand visionnaire qui, d' abord créateur de sites roses pour le minitel (si vous avez autour de la trentaine et au-dessus, 3615 Ulla devrait vous dire quelque chose… Non ? Mensonge !), va se lancer dans l'aventure Internet et révolutionner les moyens d'y accéder. Nombreux sont ceux qui y reconnaîtront Xavier Niel, fondateur de Free – personnellement, j'ai beau avoir choisi ce fournisseur d'accès à Internet, je ne connaissais pas ce bonhomme ; d'ailleurs, incidemment, le culte qui est rendu à un créateur de smartphone récemment disparu me dépasse un peu même si j'utilise ses appareils – et le roman a largement été présenté sous cet angle.

Toutefois, Aurélien Bellanger n'a pas souhaité faire de « La théorie de l'information » la simple évocation d'une success story à la française. Son texte à l'allure houellebecqienne – style neutre, presque clinique, recours aux théories scientifiques, vision sociétale – ne manque pas de dérouter.
Tout d'abord, les dialogues sont presque totalement absents du roman : ça vit, mais ça parle très peu. Or, en ne montrant que des êtres qui agissent, en occultant l'expression directe de leurs émotions, Aurélien Bellanger fait de ses personnages, non plus des êtres qui se pensent en tant qu'êtres et qui ont donc connaissance de leur existence propre, mais les illustrations d'une théorie.
Il n'est plus question de s'interroger sur leur psychologie mais de les observer.

Le texte est donc un vaste laboratoire, la littérature comme expérience scientifique, qui semble tenir beaucoup par les intermèdes théoriques dont il abonde, intermèdes dont les intitulés successifs interpelleront les fans de science-fiction.
En effet, steampunk pour la science du XIXè siècle, cyberpunk pour celle du XXè, et biopunk pour celle du XXIè, ne peuvent qu'exciter les amateurs de littérature de genre ; ils y retrouveront de plus des références à la fantasy pour achever de les satisfaire.

Ces passages scientifiques, vingt-et-un, de une à deux pages, n'ont pas vocation prétentieuse ou décorative : ils portent littéralement le roman, et Aurélien Bellanger excelle à les rendre à peu près abordables et passionnants.
On sent rapidement que l'auteur sait avancer une théorie, la démontrer, la raconter aussi, ce qui constitue un véritable tour de force tant la langue scientifique et la langue littéraire ont fait chemins séparés de longue date.

D'ailleurs, le passage sur l'article de Xavier Mycenne, ami d'enfance du héros Pascal Ertanger, article qu'il nomme comme le roman « la théorie de l'information », m'a personnellement bluffé et je cherche presque vainement une oeuvre romanesque qui ait autant d'intelligence que ces quelques pages : peut-être « La théorie du chaos » de Gleick chez Champs-Flammarion, un ouvrage de vulgarisation scientifique, si brillant qu'il en devient romanesque (lisez ce chef-d'oeuvre, c'est un conseil).

Léger bémol cependant, le style est assez inégal dans la trame romanesque, chose frustrante qui provoque une sinusoïde dans le plaisir de lecture.
J'aurais aimé que l'ensemble se porte à la hauteur des passages scientifiques, très techniques, ardus, mais qui sont plus soignés, plus fulgurants que la description de l'ascension de Pascal Ertanger.
On en vient à espérer le retour des parties théoriques et leur multiplication, ce qui peut être gênant puisque se voulant roman, « La théorie de l'information » vaut plus pour ses parties dont l'aspect littéraire semblait a priori le moins évident.

S'il n'est donc pas au niveau d'un Maurice G. Dantec, dont le « Sattelite sisters » (éditions du Ring) sorti cette rentrée pousse l'ambition tant théorique que littéraire à son paroxysme et réussit à l'atteindre, il demeure indéniable qu'Aurélien Bellanger livre avec « La théorie de l'information » un roman qui, même s'il n'aura pas le Goncourt, le place parmi les auteurs à suivre avec attention lors des prochaines rentrées littéraires.
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Sous des allures de roman, cet ouvrage est avant tout un Objet Littéraire Non Identifié… Voici ce qui vaut sans doute à l'auteur tant d'articles dithyrambiques dans la presse !
A travers cet essai romancé (je ne vois pas comment le qualifier autrement), c'est toute l'histoire de la révolution informatique qui nous ait contée à travers trois grandes époques : l'invention du minitel, le développement d'internet, l'émergence du Web 2.0 (Web participatif).

La première période est passionnante : Chapitres techniques et chapitres romancés alternent pour notre bonheur. Malgré des aspects parfois un peu trop scientifiques qui pourront rebuter quelques lecteurs, on se laisse prendre au jeu de l'histoire du héros, jeune geek avant l'heure, qui va devenir un acteur important dans le développement du minitel. Un personnage qui a de l'épaisseur et auquel on s'attache…
Cependant, on déchante rapidement dans la seconde partie : l'histoire s'englue dans des considérations financières qui relatent sans nulle doute la vérité historique de l'émergence d'internet mais se révèlent bien peu palpitantes… Par ailleurs, le héros perd singulièrement en personnalité et… J'avoue en être arrivée à me moquer totalement de ce qui pouvait lui arriver dans la suite de l'ouvrage ! Un comble pour un roman !
Le troisième partie est d'avantage une réflexion sur le Web 2.0, l'aventure Facebook, etc. du concret, de l'actuel et… une digression vers la Science Fiction qui aurait pu être intéressante. Mais… Elle se résume à quelques pages seulement. Et le héros devient tellement antipathique qu'on peine à finir la lecture de ces quelques 500 pages...

A mélanger tous les genres, on obtient au final un espèce de gloubi-boulga bien froid… Un livre à lire pour l'aspect scientifique, technique et historique d'une technologie qui a bouleversé notre époque. Pour ce qui est du roman… Un ouvrage à oublier sur le champ !
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Roman, mi-fiction mi-historique des techniques de l'information, qui se compose de trois parties : Minitel, Internet, 2.0.
Nous suivons durant ces 487 pages Pascal Ertanger, jeune génie de l'informatique, pour redécouvrir avec un certain plaisir les appareils de communication qui ont ponctués les années de notre jeunesse ( le minitel, le ZX80, la programmation BASIC etc...) puis nos galères avec les premiers ordinateurs, la connexion fastidieuse et enfin nos mobiles d'aujourd'hui.
Chaque chapitre est séparé d'un petit cours de science des techniques qui j'avoue, me sont passés, comme on dit, "au dessus de la tête". La dernière partie plus "science-fiction" m'a paru longue et ennuyeuse.
L'écriture est froide, pas de sentiment, de chaleur. L'histoire linéaire de Pascal nous est contée comme la description d'une autopsie médicale.
Un bon moment toutefois pour les nostalgiques d'une époque révolue.
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Tout d'abord, je remercie Babelio et Masse critique pour la lecture de ce livre.

"La théorie de l'information" est un livre inclassable. Essai ? Roman ? Biographie ? Je parlerai d'essai romancé.
Aurélien Bellanger dresse ici l'histoire de l'information des 30 dernières années avec l'apparition du Minitel, d'internet, de la téléphonie mobile...
Un livre pointu mais qui apporte une clarté sur le fonctionnement et le développement de ces outils qui nous sont devenus indispensables tout en nous en montrant le danger futur.
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Beaucoup de choses ont déjà été dites sur cet excellent roman. Pour ma part j'ai trouvé passionnant de lire un livre qui revient sur l'évolution numérique enclenchée dans les 80's. le plus dur pour analyser le présent est de prendre du recul, Bellanger nous aide à comprendre tout ce qui nous tombe dessus avec cette 3 ème révolution industrielle et en cela son livre est plus qu'un roman.
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Choisi à l'occasion de Masse Critique pour son titre me rappelant mes années Master en info-com, je ne savais strictement rien ni du livre, de son histoire ou de son personnage principal.

500 pages plus tard, impression très mitigée. La théorie de l'information sonne comme un documentaire romancé, un essai étrange et un roman abâtardi.

J'ai pris du plaisir à suivre le développement du Minitel, l'apparition et le développement d'Internet,... tout en trouvant parfaitement fade, lisse et sans intérêt son personnage principal. le dit Xavier Niel... pardon Pascal Estranger fait certes plus que traverser la société de l'information, il contribue à la façonner. Sans éveiller ne serait qu'un soupçon d'intérêt de ma part pour ce qu'il est ou fait.

Mêler documentaire et fiction ne me dérange pas du tout, j'ai encore en tête l'excellent le Monde de Sophie mais ici le mariage entre les deux est... bizarre. L'apparition entre les chapitres de contenus très techniques et particulièrement imbuvables m'a gêné (d'autant que les apports techniques rédigés par l'auteur sont plutôt pas mal vulgarisés). En apprendre plus sur la société de l'information, Internet et tout le reste m'a intéressé et j'étais presque gêné d'avoir à côtoyer son personnage principal. Des aspects économiques parfois trop poussés, des personnes réelles trop "connues" ou connotées m'a aussi gêné. Bref, je n'ai pas su sur quel pied danser.

Sans rejeter la faute sur l'auteur, tout au long de la lecture, je n'ai pas su comment aborder ce livre. Il m'est arrivé d'y prendre plaisir mais aussi beaucoup d'ennui et de hâte d'atteindre la fin. Et encore, beaucoup d'éléments vus durant ma formation m'ont soit aidé à tenir soit donné du plaisir à la lecture.

La 3e partie, le web 2.0, est surtout prétexte à explorer les délires mystico-technologiques du personnage principal. Et là, Aurélien Bellanger m'a totalement perdu. Plus aucun plaisir et seulement le soulagement d'avoir atteint la dernière page.


Bref, quitte à en apprendre plus sur le Minitel, Internet, la société de l'information, autant lire un bon livre documentaire. Parce que l'aspect fiction, "intrigue" et personnages n'a eu, pour moi, aucun intérêt. Et puis honnêtement, il y a quand même un sacré paquet de longueurs...
Lien : http://blogameni.wordpress.c..
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A la fois épopée économique doublée d'une ascension balzacienne, mais également biographie déguisée de Xavier Niel, le tycoon de l'informatique français, ce roman traverse les décennies 1980-2010 pour conter l'histoire de l'arrivée du traitement puis de la monétarisation de l'information en France et dans le monde par le prisme de Pascal Erlanger, jeune homme sans qualité d'une banlieue un peu chic de Paris. Des balbutiements du minitel à l'explosion du Web 2.0, quel parcours parcouru entre les sites aujourd'hui et l'antique minitel rose, les piratages pour l'amusement et le défi de systèmes d'informations dits inviolables, la conception de langages et les systèmes d'information complexes. Cette alors nouvelle technologique s'apparente ici à la découverte et la conquête d'un nouvel Eldorado. Là, comme jadis, la face solaire se double d'une face sombre où l'argent qui coule à flots sert surtout à acheter les hommes corruptibles tandis que les femmes sont réduites à des trophées qu'on exhibe, qu'on baise et qu'on jette sans l'ombre d'un remord.
L'histoire est passionnante, tant l'auteur arrive à la raconter sur le vif ou presque. J'avoue avoir totalement mis de côté les pages de steampunk, complétement illisible pour mon cerveau bien trop rationnel. Dommage également, qu'Aurélien Bellanger gâche son talent par un besoin irrésistible de briller, de montrer combien il est intelligent, combien il maîtrise des notions et des technologies complexes. Défaut de jeunesse certainement mais au détriment de certains lecteurs, pris un peu pour des cons, et de la qualité romanesque malmenée par une inflation d'incises technos autosatisfaites. A ces détails près, le livre est passionnant et plein de panache.
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Aurélien Bellanger avant entre les mains un sujet en or et, selon moi, il n'arrive qu'à moitié à en faire ce « grand-roman-à-la-Balzac » qu'on nous annonce un peu partout (ou cet improbable mix litteraire entre Citizen Kane et Social network).

Le livre est divisé en trois grandes parties qui sont autant d'époques. La première sur les années minitels est la plus réussie. L'enfance et l'adolescence du héros y sont très bien racontées par un Bellanger qui arrive à créer une réelle poésie à partir d'une écriture assez sèche et factuelle ; l'époque des années 80 et du Minitel ne peut que vous plonger dans une certaine nostalgie si vous avez été enfant ou adolescent à cette époque ; et surtout, il y a de vrais personnages (cela parait étrange de dire ça, mais ça ne va parfois plus être le cas par la suite). Nous sommes véritablement dans un roman avec un héros visionnaire mais un peu autiste, pétri de contradiction, amoureux d'une prostituée…

Et alors qu'on a dévoré la première partie vraiment construite comme une saga, la seconde (sur Internet) est plus décevante : le personnage s'isole et n'interagie plus vraiment. On est face alors à une compilation de notices Wikipedia. Pas inintéressant mais on se surprend à penser qu'on préférerait peut-être lire la véritable histoire de Xavier Neil dans un bon magazine plutôt que dans un roman tourné de manière à ce que tout enjeu dramatique soit écarté.

Et en débutant la troisième partie, on bascule dans un autre monde. On n'est plus sur la « bio romancier » du patron de free, mais sur celle de Thierry Erhmann, fondateur d'Art Price, propriétaire de la demeure du chaos. Ici, le problème n'est par qu'Erhmann soit plutôt très original, c'est que Bellanger tente de fondre deux personnages radicalement différents en un seul et ce, de manière successive. le personnage pête donc un plomb au 2/3 du livre et ce lance dans un catalogue de dépenses liés à des projets scientifiques de sciences fictions. Il ne vous reste alors plus qu'à tourner les pages de manière un peu dubitative histoire d'arriver une fin étrange et lâche.

Le très bon côtoie donc le pire. On en ressort cependant avec l'impression légèrement désagréable que l'auteur, plutôt que de prendre le temps de se lancer dans le difficile et complexe travail d'écriture d'un « roman » (avec des personnages, des situations, des dilemmes, de l'émotion), à préférer livrer un mélange de notes wikipedia avec des bouts de sa thèse sur les mondes possibles de Leibnitz, histoire de faire intello et « houellbecquien ». Dommage.
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Ce roman est déroutant. Il y a toute une partie (1 et 2) très intéressante, où l'on apprend beaucoup de choses, lorsque l'on connaît l'informatique de façon superficielle, comme moi.
Par contre la troisième et dernière partie m'a assommée et je n'avais plus qu'une envie, passer à autre chose !
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Le livre est écrit comme l'évolution que décrit l'auteur.
La première partie est un peu longue et raconte minutieusement le déploiement jusqu'à son apogée du minitel et des services proposés.
la deuxième partie, qui aborde internet, est moins "poussée" dans ses descriptifs.
Enfin la troisième et dernière partie explore un délire du héros et nous entraîne parfois dans des descriptifs compliqués et ardus.
Ce livre nous apprend beaucoup de choses sur l'évolution des nouvelles technologies (surtout sur le démarrage). le vocabulaire parfois très technique semble obscur aux profanes. Heureusement l'histoire personnelle du personnage principal donne de l'humanité au récit.
En résumé un livre qui m'a plu pour son côté historique mais déplu par ses aspects parfois trop techniques
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