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sur 390 notes
Dès la fin juillet, un roman était sur toutes les lèvres, un roman qui devait bouleverser le petit monde littéraire parisien : « La théorie de l'information ». Gallimard étant un éditeur sachant créer le désir chez les critiques littéraires et séduire encore et encore les inconstants jurés du Goncourt (« Les Bienveillantes » ou « l'Art français de la Guerre » sont des exemples récents de séduction aboutie), j'ai encore une fois fait confiance à la légendaire couverture et au marketing intense.

Sur environ 500 pages qui se lisent sans risque de méningite, « La théorie de l'information » narre le destin de Pascal Ertanger, petit génie et grand visionnaire qui, d' abord créateur de sites roses pour le minitel (si vous avez autour de la trentaine et au-dessus, 3615 Ulla devrait vous dire quelque chose… Non ? Mensonge !), va se lancer dans l'aventure Internet et révolutionner les moyens d'y accéder. Nombreux sont ceux qui y reconnaîtront Xavier Niel, fondateur de Free – personnellement, j'ai beau avoir choisi ce fournisseur d'accès à Internet, je ne connaissais pas ce bonhomme ; d'ailleurs, incidemment, le culte qui est rendu à un créateur de smartphone récemment disparu me dépasse un peu même si j'utilise ses appareils – et le roman a largement été présenté sous cet angle.

Toutefois, Aurélien Bellanger n'a pas souhaité faire de « La théorie de l'information » la simple évocation d'une success story à la française. Son texte à l'allure houellebecqienne – style neutre, presque clinique, recours aux théories scientifiques, vision sociétale – ne manque pas de dérouter.
Tout d'abord, les dialogues sont presque totalement absents du roman : ça vit, mais ça parle très peu. Or, en ne montrant que des êtres qui agissent, en occultant l'expression directe de leurs émotions, Aurélien Bellanger fait de ses personnages, non plus des êtres qui se pensent en tant qu'êtres et qui ont donc connaissance de leur existence propre, mais les illustrations d'une théorie.
Il n'est plus question de s'interroger sur leur psychologie mais de les observer.

Le texte est donc un vaste laboratoire, la littérature comme expérience scientifique, qui semble tenir beaucoup par les intermèdes théoriques dont il abonde, intermèdes dont les intitulés successifs interpelleront les fans de science-fiction.
En effet, steampunk pour la science du XIXè siècle, cyberpunk pour celle du XXè, et biopunk pour celle du XXIè, ne peuvent qu'exciter les amateurs de littérature de genre ; ils y retrouveront de plus des références à la fantasy pour achever de les satisfaire.

Ces passages scientifiques, vingt-et-un, de une à deux pages, n'ont pas vocation prétentieuse ou décorative : ils portent littéralement le roman, et Aurélien Bellanger excelle à les rendre à peu près abordables et passionnants.
On sent rapidement que l'auteur sait avancer une théorie, la démontrer, la raconter aussi, ce qui constitue un véritable tour de force tant la langue scientifique et la langue littéraire ont fait chemins séparés de longue date.

D'ailleurs, le passage sur l'article de Xavier Mycenne, ami d'enfance du héros Pascal Ertanger, article qu'il nomme comme le roman « la théorie de l'information », m'a personnellement bluffé et je cherche presque vainement une oeuvre romanesque qui ait autant d'intelligence que ces quelques pages : peut-être « La théorie du chaos » de Gleick chez Champs-Flammarion, un ouvrage de vulgarisation scientifique, si brillant qu'il en devient romanesque (lisez ce chef-d'oeuvre, c'est un conseil).

Léger bémol cependant, le style est assez inégal dans la trame romanesque, chose frustrante qui provoque une sinusoïde dans le plaisir de lecture.
J'aurais aimé que l'ensemble se porte à la hauteur des passages scientifiques, très techniques, ardus, mais qui sont plus soignés, plus fulgurants que la description de l'ascension de Pascal Ertanger.
On en vient à espérer le retour des parties théoriques et leur multiplication, ce qui peut être gênant puisque se voulant roman, « La théorie de l'information » vaut plus pour ses parties dont l'aspect littéraire semblait a priori le moins évident.

S'il n'est donc pas au niveau d'un Maurice G. Dantec, dont le « Sattelite sisters » (éditions du Ring) sorti cette rentrée pousse l'ambition tant théorique que littéraire à son paroxysme et réussit à l'atteindre, il demeure indéniable qu'Aurélien Bellanger livre avec « La théorie de l'information » un roman qui, même s'il n'aura pas le Goncourt, le place parmi les auteurs à suivre avec attention lors des prochaines rentrées littéraires.
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Au début, je me sentais élue, j'y croyais : c'était écrit pour moi. Ça parlait de mon époque.
Ça parlait d'entreprises, de lieux, d'institutions, de projets, de programmes, d'événements, de faits divers qui avaient constitué un temps mon environnement professionnel dans les années 80 et 90 : les technologies de l'information, la netéconomie. Ça parlait de personnalités que j'avais croisées (enfin : plutôt moins que plus, et plutôt de loin que de près).
J'étais touchée, émue, et reconnaissante envers ce jeune homme né en 1980 de souffler sur la poussière télématique qui avait enseveli le minitel de mes trente ans.

Pour un peu je croyais savoir ce que j'allais lire au chapitre suivant.
Je regrettais déjà — on ne se refait pas — l'absence d'index à la fin du livre, de bibliographie, de notes à consulter en bas de page, de tableau chronologique.

Et puis au bout d'une centaine de pages, j'ai lâché prise et enfin compris que c'était un roman, un vrai, un bon. Plaisant, intrigant, et dérangeant à la fois. Qui décolle. Je me suis laissée embarquer loin dans le temps, l'espace, voire plus.

Le héros de la Théorie est un pirate, mais un pirate de haut vol... un seigneur du phishing ! Pascal Ertanger a bâti sa fabuleuse réussite entrepreneuriale sur des coups d'envergure croissante avec les années et l'évolution des technologies de communication. C'est tout d'abord, alors qu'il est encore adolescent, la captation artisanale et laborieuse d'usagers du 3614 (service minitel gratuit) pour les attirer vers les messageries dites roses, services payants du kiosque 3615. Puis, un peu plus tard, c'est le piratage automatisé de l'annuaire 3611 de France Télécom pour permettre la recherche inverse d'un abonné connaissant seulement son numéro (si je ne me trompe pas, c'est effectivement Xavier Niel, le modèle vivant de Pascal Ertanger qui en fut l'auteur véritable !). le dernier coup, le plus fort, n'a peut-être pas encore été réalisé dans la vraie vie, mais on peut penser que les tentatives ont été nombreuses et qu'il existe déjà des réussites partielles : le phishing des profils facebook pour recréer une humanité virtuelle et servir de base à un ultime projet démiurgique - ou démoniaque, selon !

-- Alors, c'est de la science fiction ?
-- Non. Enfin, si. Un peu, quand même. Mais n'étant pas calée en SF j'ai juste repéré les références à différents courants : entropique (steampunk), cybernétique (cyberpunk), bionique (biopunk). Ils structurent La Théorie de l'information par le biais de notules courtes qui précèdent chaque chapitre de la biographie de Pascal Ertanger. D'abord informatives et très intéressantes, je les ai trouvées de plus en plus fumeuses et délirantes au fur et à mesure de la progression du roman, ce qui me fait penser que le personnage d'Ertanger en est l'auteur supposé, et que l'effet sur le lecteur est voulu et maîtrisé par Aurélien Bellanger.


-- Et le style ?
-- Clairement : pas lyrique. Très efficace, car parfaitement en ligne avec la structure et le sujet du roman : une biographie, supposément écrite ou pensée par un métaphysicien (le personnage de Xavier Mycenne, sorte de double de l'écrivain). Mycenne/Bellanger est aussi "l'auteur" d'une publication scientifique intégralement reproduite dans la troisième partie de la bio d'Ertanger (2.0). Comme par hasard, le ton et le style de l'article (La singularité française 1960-1970) est étonnamment ressemblant à celui de la bio du magnat français de l'Age de l'information, à ceci près qu'il est totalement dénué d'humour, d'ironie, et de poésie, ce dont ne manque pas le reste (la plus grande partie) de l'ouvrage.
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Sous des allures de roman, cet ouvrage est avant tout un Objet Littéraire Non Identifié… Voici ce qui vaut sans doute à l'auteur tant d'articles dithyrambiques dans la presse !
A travers cet essai romancé (je ne vois pas comment le qualifier autrement), c'est toute l'histoire de la révolution informatique qui nous ait contée à travers trois grandes époques : l'invention du minitel, le développement d'internet, l'émergence du Web 2.0 (Web participatif).

La première période est passionnante : Chapitres techniques et chapitres romancés alternent pour notre bonheur. Malgré des aspects parfois un peu trop scientifiques qui pourront rebuter quelques lecteurs, on se laisse prendre au jeu de l'histoire du héros, jeune geek avant l'heure, qui va devenir un acteur important dans le développement du minitel. Un personnage qui a de l'épaisseur et auquel on s'attache…
Cependant, on déchante rapidement dans la seconde partie : l'histoire s'englue dans des considérations financières qui relatent sans nulle doute la vérité historique de l'émergence d'internet mais se révèlent bien peu palpitantes… Par ailleurs, le héros perd singulièrement en personnalité et… J'avoue en être arrivée à me moquer totalement de ce qui pouvait lui arriver dans la suite de l'ouvrage ! Un comble pour un roman !
Le troisième partie est d'avantage une réflexion sur le Web 2.0, l'aventure Facebook, etc. du concret, de l'actuel et… une digression vers la Science Fiction qui aurait pu être intéressante. Mais… Elle se résume à quelques pages seulement. Et le héros devient tellement antipathique qu'on peine à finir la lecture de ces quelques 500 pages...

A mélanger tous les genres, on obtient au final un espèce de gloubi-boulga bien froid… Un livre à lire pour l'aspect scientifique, technique et historique d'une technologie qui a bouleversé notre époque. Pour ce qui est du roman… Un ouvrage à oublier sur le champ !
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Pascal Ertanger est né à la fin des années 1960, dans un pavillon de la banlieue parisienne. Marqué très jeune par l'avènement des premiers calculateurs puis ordinateurs, il s'enthousiasme à l'adolescence pour le Minitel. Génie de l'informatique de la première heure, il comprend rapidement les enjeux économiques de ce nouveau média et se construit une fortune en pianotant dans sa cave sur les différents forums de messagerie rose qu'il a créé. Les idées vont et viennent à toute vitesse, toujours portées par l'envie de casser le système établi, qui sera longtemps le monopole de France Telecom sur les télécommunications. Pascal grandit trop vite et croise le chemin d'Emilie, danseuse dans un peep-show. Il en tombe amoureux et tente de la faire sortir de son milieu. Puis internet vient remplacer le Minitel et Pascal se lance dans une nouvelle ruée vers l'or en inventant successivement les cd-roms de connexion, la box et les offres triple-play… Et après internet, qu'y a-t-il ?

L'histoire de Pascal Ertanger, volontairement calquée sur celle de Xavier Niel, fondateur de Free, n'est qu'un prétexte pour Aurélien Bellanger. Ce personnage est plus froid qu'un glaçon, n'inspire aucune sympathie et même sa relation avec Emilie sonne faux, ou plutôt garde la trace indélébile d'un béguin d'adolescent. Dans certains chapitres, il apparaît à peine. Une fois la déception de cette vacuité acceptée par le lecteur, que reste-t-il ? L'histoire des réseaux, des luttes entre France Telecom et les entrepreneurs, le récit de coups commerciaux et de déploiement d'infrastructures de plus en plus complexes, entrecoupés de longues explications ardues sur les règles de la thermodynamique d'abord, puis sur la théorie de l'information de Shannon. Passages que j'ai fini par passer tant je me sentais dépassée par des explications scientifiques parfois embrouillées (imitant selon l'auteur les notices Wikipedia). Tout ce qui se conçoit bien ne s'énonce-t-il pas clairement ? Je ne nierai pas qu'il ressort au final de ces longues digressions mathématiques, de ces vastes data center où clignotent les diodes des serveurs, une certaine poésie, comme si ces enchaînements de mots donnaient naissance à une autre langue, la langue des machines et des réseaux. Mais très vite, l'aridité du style vous ramène à la terre ferme et à l'ennui. Les cent dernières pages, dans lesquelles l'auteur nous conduit doucement vers la vision quasi mystique d'un monde désincarné, n'ont pas rattrapé ce sentiment profond de déception. Parce que j'attends autre chose d'un roman.
Lien : http://passionlectures.wordp..
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Drole de livre que celui-ci . A l'opposé de la narration classique ce texte se situe entre le roman d'anticipation , l'essai , et le roman lamba. le tout peut déplaire si l'on est pas préparé a un excercice littéraire de ce style . La langue est soutenue , il y a peu de dialogues , nombre de termes informatiques resteront abscons au plus grand nombre . Et pourtant il y a un plaisir certain à lire cette histoire inclassable , ce livre quii en l'état à tout de l'Ovni littéraire . A découvrir si l' on est curieux de nature .
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"Les patrons de l'ancien monde étaient de vieux messieurs en costume gris et très ennuyeux, restez vous-même pour réussir. Mon ami Jacques-Antoine Granjon (Vente-Privée.com) a les cheveux longs et roule en Bentley framboise. Saurez-vous être aussi cool que lui ? "Xavier Niel"

On se marre maintenant ou on attend un peu ?

Pouce.

Avant je vais aller prendre un Advil doublé d'un Lexomil . Désolée je viens tout juste de refermer ce bouquin . J'ai le crâne fracassé. Je ne fais absolument pas l'apologie de médocs. D'ailleurs je n'en prends que rarement. Je vais tout de même regarder la notice , effets indésirables. Pour ceux qui seraient inquiets , pas de panique , lâchez vos smartphones ou autres technologies pour tenter de me géolocaliser , ma cuisine n'est qu'à quelques mètres.

Effets indésirables :

-Troubles de la mémoire...
Hum , Jusqu'ici si je me souviens bien c'est l'histoire de Pascal Ertanger alias Xavier Niel , Ca parle de l'histoire des télécommunications , de l'invention du minitel , d'internet et du web 2.0. Ca tombe bien , je n'y connais rien. Je me suis dit que ca pourrait être intéressant de combler des lacunes , de me cultiver un peu en somme dans ce domaine obscur et tortueux qu'est l'univers geek. C'était sans compter sur des cours d'aéronautique , d'aéromodélisme , d'électronique et d'arithmétique . J'ai lu combien de pages ? Que 55 ! Y'a un dico d' Aurélien Bellanger pour les nuls quelque part ? Je n'ai réussi à obtenir la moyenne en maths et en physique qu'au bac. Je suis une littéraire!
Je continue , voilà le temps du Steampunk , l'ère de la machine à vapeur et de la thermodynamique et là... ou ca ne m'intéresse absolument pas ou l'auteur m'a déjà plombée , je suis dans le doute , quoiqu'il en soit , je n'ai rien entravé . Arrivent les parties de morpions et de jeux de rôle de Pascal et des ados versaillais asociaux , uniques distractions quand ils ne programment pas ... , putain de guedins ! Y'a pas à dire y'en a qui savent vivre. Tout ca un univers de science fiction ? Pour moi totalement...

Je me demande si d'où vous êtes vous ressentez ma détresse psychologique.


-Etat confusionnel ...
Wake me up inside !
call my name and save me from the dark !
Bring me to life !



-Irritabilité ...
Affirmatif ! J'ai eu tout le temps durant cette dure labeur de m'agacer de la comparaison. Laquelle ? Celle avec Houellebecq ! Non mais sérieux les gens ! Qui a répété cette énormité provenant de toute évidence d'un média enflammé à tel point que tout le monde le ressort ( ou presque) ! J'ai la preuve que non , Bellanger ne s'en rapproche ni de près ni de loin même s'il parle de faits sociétaux et qu'il cherche , admiratif comme il est , à adopter son style. C'est raté , Bellanger n'est que dans la démonstration et coupe les poils de cul en 4 ! Son écriture a autant de soubresauts qu'une ligne horizontale sur un électrocardiogramme " Quasi aucun dialogue , c'est un cours magistral pour les futurs libéralistes , un guide pour geeks affamés , le Wikipédia du petit rat scientifique.

Dernière preuve ? Elle est physiologique. Jamais à la lecture d'un Houellebecq j'ai autant eu un calvaire sous la voûte !


-Emotivité ...
Ah !Pascal Ertanger un Lexomil ? Bellanger t'en veux ? Non parce que niveau incarnation de l'humain il y a des lacunes les gars.
je cite :
"Pascal préféra très vite le langage explicite réel de la programmation aux ambiguïtés poétiques du minitel. le magazine "Sciences et vies" avait inauguré en mai 1983 sa rubrique "informatique amusante" qui proposait chaque mois des programmes en BASIC à destination du ZX81 , l'ordinateur le moins cher du marché . le BASIC ne donnait accès ni au sexe ni au monde mais lui proposait des émotions esthétiques très fortes ! "
Ah oué quand même ... Je tente un "youpi" enflammé ( en réalité je suis dépitée ! Je croyais qu'on était plus à l'âge de glace mais de toute évidence au niveau du social on y retourne.
libéralisme de masse et humain = hum ? Individualisme !


-Dépendance physique ...
Aucun risque !
Je suis en train de dépérir , une fois n'est pas coutume , je ne peux pas continuer ce bouquin imbitable. La seule et unique chose que j'ai compris c'est que je ne serai jamais une geek et à vrai dire , ce n'est pas pour me déplaire.
Retour à la vie
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Journal de la naissance d'un monde nouveau. Rajeunissez lecteurs, voici d'un trait racontée l'arrivée fantastique de l'ère de l'information.

Du Minitel à l'Internet, de l'informatique à l'information, Aurélien Bellanger partage, par l'intermédiaire de son héros Pascal Ertanger, avec talent et sous une forme romancée et vivante, nos années 80, notre présent et trace les lignes d'un futur.

Les étapes excitent notre mémoire, les dates si rapprochées l'affole. L'on note au détour que si la pornographie en ligne, de Free à Wikipedia, fit des fortunes, c'est d'abord parce que ce marché est libre. Addictif, récurrent et de grand volume mais surtout libre. Les richesses produites furent réinvesties le plus souvent dans les évolutions des modèles business de marchés moins ouverts et entraînées par la digitalisation.

Souvenirs, souvenirs…Le Minitel, les ZX81, les jeux de rôle Zelda ou Donjons et dragons (83), l'Apple II, la carte à puce de Moreno, le RadioCom 2000, HTML l'hypertexte (1991), Mosaic le premier navigateur web (1993), l‘accord mondial de l'ouverture à la concurrence du marché des télécommunication sous l'égide de l'OMC (1998), le Palm Pilot (2000) ancêtre des smartphones, l'ADSL (2000) apporte internet dans les foyers sans France Telecom, youtube, microsoft, web 2.0, google, applestore, les consoles de jeu …Arrgllll, trop plein de nouveautés technologiques et de nouveaux business modèles.

Brisant intelligemment le rythme romanesque pour mieux le relancer, Aurélien Bellanger place à la fin de chaque chapitre une ou deux pages relatant l'évolution de nos connaissances théoriques sur l'émergence et l'épanouissement de la théorie de l'information.

La jeunesse t'appelle. Que te faut-il pour décider ? Méphistophélès n'a point de clavier, ni Faust de PC, et déjà la promesse de la vie éternelle faisait danser les puissants.
La disparition de la frontière entre l'homme et la machine marque l'aube d'une nouvelle ère. Sommes-nous pour autant à la fin des temps de révolutions historiques ? Les révolutions scientifiques et techniques seront-elles les seuls moteurs du changement sur notre petite planète ? Des Post-Humains aux Trans-Humains, l'humanité immortelle et augmentée rêvée par les NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) tâtonne à la recherche du mode de fonctionnement du cerveau tout en projetant un futur bâti sur la technologie et oubliant que l'homme augmenté dans sa réalité restera aveugle aux mystères révélés par tant d'éveillés.

Lectori salutem, Pikkendorff

Lien : http://quidhodieagisti.over-..
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Une biographie inspirée de la vie du fondateur de Free, qui retrace les grandes étapes des progrès en matière de numérisation et d'échanges d'information, du Minitel aux réseaux sociaux. Un pari ambitieux, mais un livre finalement plat, qui n'apporte pas grand chose au lecteur. je n'ai pas compris l'engouement, ni pour le héros, ni pour l'auteur.
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On suit le destin d'un homme, Pascal, depuis les années 70 jusqu'à nos jours, il va être un précurseur dans le domaine des nouvelles technologies de l'information. le livre est divisé en trois parties : Minitel, Internet, 2.0. On peut lire en interlude, entre chaque chapitres, le texte qui donne son titre au roman, il est écrit par Pascal, et se divise en parties steampunk, cyberpunk et biopunk. L'auteur y fait appel à des théories scientifiques : la thermodynamique, le mouvement perpétuel, l'entropie, la démonologie, la cybernétique, parlant des scientifiques spécialisés dans ces domaines, Maxwell, Brown, Shannon, Boltzmann, Szilard ou Wiener, de philosophes comme Leibniz ou Deleuze ou d'auteurs de SF comme Gibson et son Neuromancien ou Dave Egan. L'information devient une nouvelle quantité de la physique, ce statut opère un renversement conceptuel, la thermodynamique devenant une branche de l'informatique, et le personnage principal de l'histoire va chercher à pirater le temps en trouvant un bio-réceptacle à l'information humaine, trouvant ainsi une solution à l'inexorable dégradation de l'énergie. Avec ce roman l'éditeur Gallimard a trouvé son Michel
Houellbecq, le côté visqueux en moins, un ouvrage qui rebutera peut-être tous ceux qui sont allergiques à l'informatique, néanmoins tout l'arrière plan historique est très bien documenté, les « presque » vieux qui ont vécu la naissance du minitel, et l'apparition des premiers ordinateurs visant le grand public, vont pouvoir découvrir dans les moindres détails les coulisses de cet genèse révolutionnaire qui présida au passage du XXe au XXIe siècle. Et même si on a parfois l'impression d'avoir un essai, un peu ardu pour certains passages, entre les mains, le style d'écriture
correspond parfaitement à l'esprit du personnage principal, qui porte à la fois le nom d'un philosophe et mathématicien célèbre mais aussi celui d'un langage de programmation, ce qui explique parfaitement les passages purement analytique, son côté de plus en plus misanthrope, cette manière qu'il a de toujours calculer en imaginant ses nouveaux projets, et de se rapprocher ainsi de manière asymptotique d'un dieu.
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Tout paraît vrai, à un détail près : Pascal Ertanger n'existe pas. Son parcours, son ambition, son environnement tant économique que social ou technologique, pourtant, existent bien. C'est que, pour écrire une histoire économique française de la fin du 20ème siècle, Aurélien Bellanger a eu le besoin d'élargir son propos : la fiction vient au secours de l'histoire. Premier de ses romans qui inscrivent la modernité technologique dans le genre romanesque, La théorie de l'information est tout à la fois la narration d'une ascension individuelle, l'histoire d'une épopée industrielle française et la genèse d'un mouvement au potentiel bouleversant pour l'avenir, le transhumanisme. Si la critique se focalise aisément sur l'aspect fictionnel du roman, il n'en demeure pas moins que cette façon de narrativiser la modernité - dans ce qu'elle a aujourd'hui de plus banal en même temps que déroutant - place l'auteur dans une position tout à fait originale dans la littérature française actuelle.

Évacuons tout de suite l'identification de Pascal Ertanger à Xavier Niel. L'inspiration, si elle est évidente, n'est pas si pertinente pour analyser le roman qui, par nature, n'est pas une autobiographie. Pascal Ertanger naît et grandit dans la petite bourgeoisie francilienne. A huit ans, un grave épisode d'asthme lui fait entrevoir la mort. le monde physique ne veut plus de lui : il se réfugie dans le monde virtuel. Adolescent geek avant l'heure, entrepreneur à succès dans le domaine du Minitel, investisseur avisé dans les sex-shops de la rue Saint-Denis, pionnier enfin d'internet, Ertanger vit une success-story sans obstacles. Un à un, il gravit les échelons d'une pyramide consumériste inspirée par Maslow. Ses premiers gains lui paient un ordinateur. Puis viennent la chambre de bonne parisienne - synonyme d'indépendance -, la voiture avec téléphone cellulaire intégré, l'appartement sur les Champs-Elysées, le manoir à Garches, le golf privé ... Homme à la fortune incommensurable - d'abord parce que celle-ci repose sur des valeurs virtuelles, et que l'argent que lui rapportent ses affaires du Minitel et d'internet n'est jamais aussi matériel que les billets que lui reverse Houillard, son associé du sex-shop -, Ertanger satisfait chacun de ses besoins matériels et sociaux, gagnant l'estime de ses clients et contributeurs, mais aussi l'animosité de ses concurrents économiques, avant de se tourner vers des besoins d'ordre spirituel. L'homme, déchargé de ses servitudes matérielles, se tourne vers Dieu. Plus prosaïquement, Ertanger apparaît comme le modèle français du self-made-man. Il vient de Velizy, c'est-à-dire de nulle part, et le seul titre de gloire de sa famille provient d'un aïeul, inventeur et éponyme d'un système de commutateurs. Ertanger construit ses succès sur son seul sens des opportunités et bataille même contre l'Etat, ou contre les entreprises supportées par l'Etat, comme France Télécom. de là lui vient une image idéale de libertaire qui n'hésite pas à s'aventurer aux confins de la légalité pour mener à bien ses projets : ainsi l'annuaire inversé qu'il met en oeuvre en aspirant toutes les données en libre accès de l'annuaire de France Télécom. À l'image de Bill Gates ou de Sergeï Brin, Pascal Ertanger tire une partie de son pouvoir de son image de génie de l'informatique qui est au bon endroit au bon moment, avec les bonnes idées. Pour autant, on s'interroge sur les motivations profondes de l'homme. L'argent n'est jamais vraiment évoqué, sauf pour attester de la réussite. Millionnaire et milliardaire deviennent des accomplissements qui valent presque pour eux-mêmes : on en doute. Ne pas le faire relèverait d'un angélisme béat.

Au-delà de la destinée d'un homme, La théorie de l'information propose aussi une véritable épopée industrielle française de la fin du vingtième siècle. La spécificité française du Minitel est remarquablement présentée, comme tous les aspects documentaires du livre. Apparaissent, page après page, les débuts du Minitel, l'essor du minitel rose puis, évidemment, internet et son aspect, son réseau, ses parts de marché. Avec le Minitel s'opère une révolution technologique, qui définit un nouveau rapport au monde. Si le Minitel est virtuel, il est cependant accessible avec de l'argent réel, donne du vrai plaisir physique, occasionne de vraies souffrances. Les années dorées du Minitel se terminent à la fin des années 1990 avec la montée en puissance de l'ordinateur. Deux systèmes s'opposent : le réseau sécuritaire mais limité du Minitel contre le réseau libre et plus fragile d'internet, le modem contre le microprocesseur, les Etats-Unis contre la France. La montée en puissance d'internet donne à l'ordinateur un avantage décisif en l'ouvrant au réseau. de technologique, l'épopée devient ensuite commerciale. Aurélien Bellanger retrace les rivalités entre les grands fournisseurs d'accès à internet où l'argent, naturellement, joue un rôle majeur. Avec son fournisseur nommé Démon, Ertanger pratique la guerre des prix et réussit à donner à sa marque low-cost une image de luxe.

Particulièrement présente dans la troisième et dernière partie, mais aussi sous-jacente tout au long du roman, notamment avec les développements sur la théorie de l'information de Claude Shannon, transparaît une genèse du transhumanisme. Ce courant philosophique est présenté, dans le roman, comme le nouvel espace de la religiosité contemporaine. Ertanger en est un prophète, omnipotent par sa puissance financière et adulé pour sa vision supposément libertaire du monde. Ertanger se veut démiurge, créateur d'un homme nouveau. En cela il est un symbole d'une société sans repères spirituels et en quête de sens. Dans le roman, c'est bel et bien la nouvelle puissance de l'information - on parle, dès les années 1980, des autoroutes de l'information - qui engendre le transhumanisme. La thèse du roman est peut-être là : nos sociétés, particulièrement occidentales, sont entrées dans un nouveau paradigme où le moteur de l'évolution n'est plus l'énergie mais l'information. le Minitel était une voie, avec ses annuaires et ses services payants, qui s'est révélée inefficace pour devenir le mass média par excellence, qualité dévolue à internet. Celui-ci mêle, avec une efficacité redoutable, l'immédiateté temporelle, l'interactivité totale entre ses utilisateurs et la puissance d'une diffusion potentiellement mondialisée. Ce nouveau paradigme aurait été annoncé par l'article de Claude Shannon de 1948 dont Aurélien Bellanger nous fait un résumé. C'est l'information qui, en permettant à la fois le mouvement perpétuel de la matière tout comme la réduction de l'entropie, ouvre la voie à une informatique et à une robotique capables de transformer la vie humaine sur Terre. Partant, dans un monde nouveau, maîtriser les codes - comme le fait Ertanger - donne une position éminemment supérieure. Ainsi le transhumanisme, par son aspect religieux, produit des démiurges, créateurs de lien social, de connexion au monde, de sens, de dépendances aussi (aux amours virtuelles avec le Minitel, à l'information économique ou politique ...), de besoins et de manques, d'une nouvelle façon de voir le monde.

Roman à la documentation impressionnante, le livre d'Aurélien Bellanger souffre d'une narration quelque peu poussive en ce qui concerne les passages de fiction pure. D'autre part, l'ultime partie sur le transhumanisme est assez absconse, ne serait-ce que par sa dimension langagière. Partant, une question se pose : cette philosophie est-elle la lubie d'un happy few ? Quoiqu'il en soit, comme pour les autres romans de Bellanger - auquel celui-ci est très lié -, la lucidité du personnage principal le pousse à rechercher la solitude et la coupure avec le monde moderne. Voilà, s'il le fallait, la preuve de l'échec de notre monde contemporain à réellement créer de l'humanité.
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