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Patrick Légeron (Autre)Boris Cyrulnik (Autre)
EAN : 9782807333017
176 pages
De Boeck Supérieur (19/05/2021)
4.5/5   4 notes
Résumé :
« Si votre travail est fou et qu'il vous met en souffrance... bonne nouvelle, vous êtes saine ! » Voilà ce qu'a répliqué un jour Maxime Bellego à une patiente épuisée et culpabilisée de ne plus pouvoir suivre le rythme de son emploi, devenu complètement désorganisé. Car il se trouve que lorsque le travail est malade, il contamine et fait souffrir le travailleur. Comment le travail est-il devenu aussi tendu ? Le rythme, la connexion continue, les turnover désorganisa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cela fait quelques jours que j'ai terminé ma lecture et j'attendais patiemment de remettre en ordre mes pensées et mon ressenti. Mais rien à faire. J'ai gardé quelques séquelles de ma mésaventure professionnelle dont un manque de concentration et ce livre touche un point sensible, il vient percuter mon vécu et mon rendu est brouillon.

L'auteur est docteur en psychologie et psychologue clinicien. Il était consultant et doctorant chez France Télécom à l'époque des suicides des employés et je pense qu' il a acquis une solide expérience.

Il nous explique, nous rappelle l'histoire de l'industrie de l'époque de Zola à nos jours et son évolution et déjà j'accroche bien, son style est limpide, ses propos intéressants.

Il attaque le noyau dur, d'un coup comme ça sans prévenir et nous apprend à reconnaître une situation de harcèlement moral et tu as juste envie de serrer l'auteur dans tes bras car dans cette situation tu as l'impression d'être pendue dans le vide accrochée à un wagon du grand huit avec tes collègues qui essaient de te faire lâcher prise pour te faire tomber. Il raconte ses consultations avec des employés malmenés, leur ressenti, leur vécu, comment ils s'en sortent, toujours avec son expérience de France Télécom.

Il nous relate les signes du burnout et la façon de s'en sortir ou de le prévenir (plus difficile), le déni, la culpabilité, les crises d'angoisse, et l'attitude des collègues et de la hiérarchie face à cette situation.

Il nous explique le rôle des soignants qui constatent souvent bien avant nous les dégâts de la maltraitance. Il se confie sur ses patients qui sans le vouloir l'ont fait craquer et c'est rassurant (j'ai vu ma psy se fracasser de l'intérieur à l'écoute de mon vécu).

Il fait le constat du monde du travail avec ce bonheur à tout prix que tout travailleur doit afficher, ces moments de convivialité obligatoires, ces méthodes reprises de l'industrie, même dans la fonction publique, de sorte que le travail est parfaitement découpé en petites tâches n'ayant aucun sens et aucune visibilité sur l'objectif global. Les statistiques, les réunions nombreuses et interminables qui ne servent à rien et qui justifient la présence du manager.

L'auteur dédie un chapitre pour ces soignants malmenés face à la crise Covid depuis plus d'un an.

J'ai lu cet ouvrage avec avidité. Je ne peux pas revenir en arrière mais je sais comment continuer. C'est tellement satisfaisant de pouvoir travailler le coeur léger.

Un grand merci à Masse critique de Babelio et aux Éditions de Boeck Sup pour cette révélation.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Maxime Bellego – L'humain est-il malade de son travail? Et si c'était plutôt le monde du travail qui était devenu malade? Dans un essai court et accessible intitulé "Le travail est malade, il nous fait souffrir", Maxime Bellego, psychologue clinicien, interroge les réactions de l'humain face à des situations de travail pathogènes parce que pathologiques.

L'auteur s'appuie largement sur ses propres observations pour étayer son propos. Ainsi, nombreux sont les exemples qu'il tire de son passage chez Orange, concomitant à une vague de suicides sans précédent. Certains exemples sont plus récents, tirés entre autres – on pense à la notion de conflit de valeurs – du vécu du personnel soignant en temps de pandémie de coronavirus.

Mais c'est bien avec l'humain que tout commence dans "Le travail est malade, il nous fait souffrir". En une ample première partie, l'auteur explique ainsi de façon imagée le mécanisme du harcèlement, dans ce qu'il peut avoir d'insidieux. Cela, en utilisant l'image d'une lionne qui s'attaque à un troupeau de buffles, prenant son temps pour repérer les éléments les plus vulnérables plutôt que d'attaquer frontalement.

Transposant ce mode de fonctionnement chez les humains, l'auteur déconstruit en détail les phrases à double sens et le jeu du secret qui peuvent présider à une relation interpersonnelle toxique au travail.

Ce harcèlement, et l'auteur le démontre, peut aussi provenir des circonstances, ou d'un environnement favorable à des comportements déviants. Cela, sur la base des expériences de Milgram (celle qu'on voit dans "I comme Icare" d'Henri Verneuil) et de Zimbardo, consistant à recréer une (fausse) prison sur le campus, avec prisonniers et gardiens: ces deux expériences démontrent le mal insoupçonné que l'humain peut faire à ses semblables s'il est placé dans certaines conditions. Celles-ci peuvent être celles d'une entreprise...

L'auteur fait la synthèse des facteurs à risque de l'entreprise dans un tableau important synthétisant six aspects: intensité et temps de travail, exigences émotionnelles, autonomie, rapports sociaux au travail, conflits de valeurs et insécurité de la situation de travail. Ces aspects sont ensuite illustrés – et le lecteur, pour peu qu'il soit employé, ne manquera pas de s'interroger sur son propre rapport à son environnement professionnel.

Qu'on se rassure: si le travail est malade, la souffrance engendrée chez l'employé constitue un signal normal. Chacun réagit à sa manière, et l'auteur rappelle le parcours des personnes qu'il a côtoyées et qui sont sorties d'un environnement professionnel toxique. Cela, tout en soulignant que si le collaborateur prend soin de lui, l'entreprise elle aussi doit soigner sa propre maladie le cas échéant, avec les bons traitements.

Ce qu'il faut, en effet, ce n'est pas forcément un Chief Happiness Officer (une fonction sur laquelle l'auteur exprime quelques réserves), une machine à café toute neuve ou des moments de convivialité froidement programmés. Et si l'on commençait par donner des conditions de travail réalistes et acceptables au personnel? Processus, objectifs, proximité du management: les leviers d'action ne manquent pas! Et l'auteur, au-delà du seul diagnostic, ne manque pas de donner quelques pistes pour que le travail aille progressivement mieux.
Lien : http://fattorius.blogspot.co..
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Le sujet : le travail, la façon dont ses changements structurels depuis l'époque industrielle sont de plus en plus délétères, et pourquoi.



Mon avis : dans la mesure où Maxime Bellego est intervenu à France Télécom dans les années noires où beaucoup de salariés se sont suicidés, on peut dire qu'il a sur le sujet une expérience vraiment intense et pertinente. Et cela apparaît bien dans son livre, que j'ai trouvé intéressant. Il commence par nous expliquer les mécanismes de harcèlement qui sous-tendent certains types de violences au travail, puis élargit à une notion plus large, car tout ne peut pas être rapporté à des individus précis, on le voit bien justement dans les exemples comme celui de France Télécom, où c'est un mode de management tout entier qu'il faut remettre en cause. Et donc, ça serait le travail, dans sa globalité, qui pourrait être malade, et pas seulement une somme d'individus. Thèse extrêmement intéressante, qui déplace le point de vue et ouvre d'autres perspectives. Ettayant son propos par des exemples tirés de son expérience personnelle et des résultats de diverses études comportementales, il nous démontre qu'il faut certainement bel et bien considérer la santé du travail en soi, et non seulement la santé au travail. Même si, à l'arrivée, c'est quand même le salarié qui morfle et qui, pour le coup, est (rendu) malade.

Malgré ces très nombreux exemples (pas toujours d'une pertinence évidente à mes yeux), j'ai trouvé l'ensemble assez théorique, distancié. L'auteur se perd souvent en digressions diverses et variées, en métaphores pas toujours limpides. L'envie la plus manifeste qui m'a sauté au yeux pendant cette lecture a été l'envie de l'auteur de partager son expérience en tant que professionnel, les rouages de son métier, ce qu'il a vécu personnellement, et de nous en dire beaucoup, le plus possible. Cette envie de partager, de nous dire, de faire savoir pour aider est touchante et un peu contagieuse. Mais l'ensemble a une structure un peu brouillonne malgré son style assez universitaire, et, pour moi, confuse à se vouloir trop exhaustive et à force de partir dans tous les sens comme un feu d'artifice trop enthousiaste. Dans chaque chapitre, un peu de ci, un peu de ça, je finissais souvent par perdre le fil et décrocher. Ce qui est dommage car son propos de fond est vraiment bien, humain, altruiste, l'ensemble est très très dense, et j'y ai aussi trouvé de la compréhension, du réconfort, une forme d'aide.
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Pour ma part, je trouve le moment inutile particulièrement beau, car il nous appartient avec une force presque impossible à décrire, il n’y a pas de mot suffisamment précis pour qualifier l’inutilité du moment. Généralement cela se résume à “rien”, ce qui est une injustice crasse pour ce moment puisque cela ne rend pas compte de la quintessence de l’instant.
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Le harcèlement moral qui cause le plus de dégâts, c’est celui qui est de l’ordre de la prédation, celui qui est de l’ordre de la chasse, celui qui n’est pas de la maladresse verbale, qui n’est pas de l'impolitesse, celui où tout est calculé. Celui-ci, par ailleurs, ne récoltera aucun témoignage en cas de litige. Celui-ci ne laisse pas de trace, pas d’email, pas de SMS, pas de message vocal, pas de courrier écrit, pas de dossier, rien du tout.
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La violence dans le monde du travail, ce sont avant tout des choses qui sont à la limite de l’acceptable et que l’on se voit difficilement refuser. C’est une remarque, un soupçon, c’est une blague de mauvais goût que l’on n’aurait pas acceptée dans son milieu privé, mais que l’on accepte par la politesse que l’on suppose être celle du monde du travail dans lequel on est en train d’évoluer. Ce sont de petites choses qui s’accumulent, qui, au fur et à mesure, prennent de plus en plus de place.
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La résilience, c’est celà : ne pas mourir, physiquement ou psychiquement. S’effondrer et se relever, être meurtri et revenir. Toucher le fond, dans le noir et soudain voir un côté moins sombre, à défaut d’être plus lumineux, puis de la lumière, et accepter une main tendue.
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Je souhaite rendre ici un hommage à toutes ces personnes qui se relèvent, sous les feux des projecteurs ou dans l’ombre de leur intimité. Toutes celles qui ont trouvé le moyen de survivre, puis de vivre. De s’extirper de leur chaos, d’aller chercher de la lumière à la force de leur vie ou de la laisser entrer en ouvrant les yeux.
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