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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sammeler est un collectionneur qui ressent mieux que quiconque les émotions et désirs des autres, donc la souffrance des individus de plus en plus soumis à la frustration, maladie moderne. Les désirs des autres le fatiguent et le sens du déclin est aussi celui des États-Unis dont la vision est très pessimiste. Tout au long du roman il est aussi question des Juifs, ainsi que de l'expérience initiale de l'holocauste. Un roman riche, lu il y a longtemps, dont je garde un très bon souvenir.
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Un auteur juif face à un personnage échappé de l'holocauste qui dresse un portrait assez acerbe de la société américaine, avec ses enfants gâtés qui ne respectent plus leurs parents, ses voleurs surpris dans le bus qui le suivent jusque chez lui, tout ce monde qui explique tout sans rien comprendre. Une vision de la décadence, comment dire, picaresque, ou du moins avec des motifs picaresques sans véritable picaro. Nous suivons les divagations intellectuelles du principal personnage, souvent même assez drôles, malgré le pessimisme du propos.
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Mr. Artur Sammler, confident des excentriques new-yorkais ; vicaire de fous et géniteur d'une folle ; chef d'une clinique d'aliénés.

Après l'apprentissage de l'adolescent Augie March, après la perdition bavarde et conjuratrice des pensées dix-neuvièmistes de Moishe Herzog, Saul Bellow lâche un autre Bildungsroman à tendance picaresque. le Picaro en question est un vieux Juif de plus de soixante-dix ans, Artur Sammler.

Polonais rescapé de la Shoah (après avoir creusé sa propre tombe et s'être miraculeusement échappé du tas de cadavre incluant sa femme - son ex-femme, forcément), Mr Sammler est un intellectuel New-Yorkais qui se pose un certains nombre de questions à la fin des années 1960. Sur le programme Apollo 11, sur sa nièce qui s'habille comme une salope, sur un pickpocket noir aux allures de prince qui assoit sa domination en exhibant son schlong, sur sa fille mythomane, pas très maligne et kleptomane.
Il essaie régulièrement de visiter son neveu Elya, médecin, très légèrement plus jeune que lui, qui se meurt à l'hôpital. Ce dernier loge Mr Sammler, sa fille et la fille de Sammler, qui vivent ensemble dans un vieil appartement de Manhattan. Il semblerait que tout le monde en veuille à son argent caché dans sa maison de New Rochelle. Voilà pour le high-concept.

Seulement, si on s'en tient à la définition du juif selon Isaac Bashevis Singer, Mr Sammler est du genre à ne pas arriver à dormir et à empêcher tous le monde de dormir.
Or, tout le monde adore Mr Sammler. C'est un sage. Il a bien connu H.G. Wells, le Bloomsbury Club, a voyagé en Israël (tout en en gardant un goût amer)...

Pourquoi tout le monde l'aime, il ne le sait pas. Il se fait juge des temps modernes, de la peur panique du sublime qui a engendré une génération de dépravés, drogués, voleurs, étudiants irrespectueux qui se laissent pousser les pattes, exaltent une forme de néo-virilisme... Une forme de jeunisme décadent que ne cherche pas à comprendre Sammler. Il sait ce qu'il ne va pas. Il y pense beaucoup. Il digresse en permanence.

Moïshe Herzog (Herzog, publié en 1964, son magnum opus), en pleine déliquescence morale, se demandait pourquoi vivre, en interrogeant les grands de se monde dans des lettres qu'il n'envoyait pas (et pour cause, un grand nombre de destinataires étaient morts : Spinoza, JFK, Nieztsche), et finissait par ne plus rien avoir à dire, épuisé.
Pour Artur Sammler, la question est Comment mourir ? La situation de son neveu le préoccupe par procuration. Il est plus âgé que lui. Sammler, lui, a survécu à la machine de mort la plus impitoyable du XXe siècle. Peut-être est-ce pour ça que tout le monde le respecte, derrière sa dégaine de juif errant. Comment mourir ? ou comment finir sa vie, en fait. Accepter le monde tel qu'il est devenu ? Accepter d'être un excentrique, ne pas juger ses nièces, neveux, sa fille, les amis de son neveu, les étudiants qui le huent lors d'une conférence ; on n'en saura guère plus. Vous n'en saurez guère plus.

Moins prodigieux que Herzog, moins drôle aussi, malgré quelques formulations bien senties. Un peu un roman de vieux con très gentil, mais qui valait la peine d'être lu à l'époque de sa publication (1970). Aujourd'hui, après la remise en place du lecteur dans le contexte, ça reste un très bon roman, ce qui est déjà beaucoup, même pour Bellow
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Artur Sammler est un miraculé de l'histoire, cette machine à forger des empires et à broyer les cadavres. Polonais de naissance, anglophile, et américain d'adoption, c'est un septuagénaire quelque peu dépassé par les moeurs New-Yorkaises. Tout d'abord sa vie aurait dû connaître la même fin abrupte que celle de sa femme aux côtés de laquelle on l'a obligé à creuser la fosse qui devait se refermer sur son corps criblé de balle. le sort ou la chance en a décidé autrement. Toujours est-il que le survivant de l'apocalypse nazie, assiste circonspect à un phénomène, certes moins mortifère, mais qui relève tout de même de la dégénérescence : le spectacle fascinant d'une société où l'abondance des biens et le droit inaliénable à la quête du bonheur ne semblent guère contribuer au bien-être et à l'équilibre psychique de ses ressortissants. Pour preuve la famille américanisée du vieil homme qui présente un éventail assez édifiant de comportements déviants qui vont de l'innocente fouille compulsive des poubelles, à la sympathique nymphomanie en passant par la très courante mise en danger perpétuelle de soi-même.

La Planète de Mr. Sammler relève comme Herzog de la partie un peu plus pessimiste de la production de l'auteur, en contraste avec l'humeur humoristique et burlesque à l'oeuvre dans le Faiseur de pluie ou le Don de Humboldt. C'est aussi un roman avec un contenu sociologique et philosophique non négligeable. L'auteur dresse un constat acerbe sur la société américaine et son individualisme forcené, et, ce qui fait son actualité, illustre les affres et les dérives qui en résultent.
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