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sur 1440 notes
Tels les trois mousquetaires, ils sont quatre à se retrouver dans un bureau minable : Louis, dont la carrière de scénariste en Italie est derrière lui, Mathilde, auteur sous le pseudonyme de Paddy Pendelton de romans intitulés A coeur perdu, le manoir sans amour, Celle qui attend, et qui vient de se faire virer par son associé, Jérôme qui voit triompher à l'écran un film dont on lui a volé le scénario, Marco qui démarre dans le métier.
Leur mission?
Faire n'importe quoi!
Plus précisément, pour respecter des quotas de création française à la télé, écrire le scénario d'un feuilleton que personne ne regardera puisqu'il sera diffusé entre 4 et 5 heures du matin; Saga bénéficiera d'un budget minimal, mais en contrepartie, liberté totale pour l'histoire.

Autant dire que c'est du bien frappé qui va paraître sur l'écran noir de nos nuits blanches...
Et voilà qu'arrivent des lettres de spectateurs enthousiastes, le feuilleton devient culte!

Franchement, ce feuilleton, ce devait être grandiose! Ce roman "sur le thème de l'humour et de la légèreté" selon le thème du Blogoclub remplit parfaitement le cahier des charges en ce qui concerne l'humour car certains passages sont jubilatoires. Mais l'émotion est souvent au rendez-vous et la dernière partie (surtout la tout dernière) ouvre des horizons vers du plus sérieux.
Un hommage au cinéma, aux feuilletonnistes du 19ème siècle, à l'imagination.

Nous avons tous vibré avec des feuilletons, qu'ils aient été lus ou vus, cherchez dans vos mémoires!

"Personne ne peut soupçonner l'impact que peuvent avoir des personnages de fiction dans l'esprit des gens. Vous qui avez tant d'imagination, vous ne pouvez même pas supposer l'attachement qu'on peut leur porter. Ils font partie de la famille, ce sont des amis indéfectibles, ils sont même parfois plus proches encore. On a de la peine pour eux, on éprouve les mêmes joies, et on justifie leurs moindres faits et gestes. On les attend, on les espère."
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Prenez quatre personnes qui a priori n'ont rien à voir. Mathilde, spécialisée dans le roman à l'eau de rose, Louis, qui a longtemps travaillé à Cinecittà auprès de grands cinéastes, Jérôme scénariste qui se fait plagier ses meilleures créations, et Marco qui veut absolument le devenir – scénariste. Ces quatre-là sont un jour réuni par le boss d'une grande chaine de télé. L'heure est grave, il faut absolument remplir les quotas de production française, sinon ça va gueuler au-dessus, on ne plaisante pas avec ça, surtout quand la hiérarchie doit lâcher des sous. Donc la bande des quatre se retrouve avec un crédit illimité au kiosque à pizzas à côté du local d'écriture et ont pour mission d'écrire les scenarios et dialogues d'une série télé. Une série télé qui ne doit pas coûter un rond à tourner et à produire et que de toutes façons, on diffusera entre quatre et cinq heures du matin. On l'intitule Saga parce que c'est commode et vite identifiable. Mathilde, Louis et Jérôme et Marco se mettent au travail. Contre toute attente, ils sont ravis de cette opportunité : la seule restriction qui leur est imposée est financière, pour le reste ils ont le droit de faire ce qu'ils veulent !

Ce qui ne devait être une série perdue dans la masse d'heures de programmes télés trouve un public. Des petits vieux insomniaques qui dans leur maison de retraite se délectent de Saga et écrivent des courriers enthousiastes aux scénaristes. Et qui font du bouche-à-oreille. Et les jeunes s'y mettent aussi. Et soudain la série se met à passer en matinée. Puis entre midi et deux. Jusqu'à envisager le sacro-saint prime. Les audiences explosent. Les personnages de Saga deviennent des stars. Les scénaristes des demi-dieux. Conséquence, le boss qui les avait convoqué veut reprendre la main sur la série qu'il a contribué à engendrer bien malgré lui. Or Mathilde, Louis, Jérôme et Marco tiennent à leur création. Et en tant que scénaristes, ils ont un pouvoir gigantesque : écrire LA série dont toute la France parle, jusqu'à la décision finale sur le déroulement des épisodes…

Ce page-turner se paie le luxe d'éviter les clichés, la pauvreté de la langue, pour offrir un grand roman populaire. Saga mélange les scénarios et dialogues de la série au récit des quatre scénaristes, qui voient progressivement leur créature prendre une ampleur inespérée pour ces quatre parias de la création artistique. On éprouve une joie intense à la lecture de ce roman à une époque où les showrunners sont devenus des personnes aussi, voire plus importantes que les comédiens qu'ils mettent en scène. Bien que la question de la programmation apparaissent un peu datées, dans une époque où la guerre de la fiction a plus lieu sur les plateformes de streaming que sur les grilles de télévision, Saga reste un roman tout à fait délectable sur le pouvoir de la fiction, qu'il soit romanesque, cinématographique ou sériel.
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e vous fais le pitch : c'est l'histoire de quatre auteurs embauchés pour écrire le scénario d'un feuilleton télévisé. Rien de bien glorieux puisque cette commande n'existe que pour satisfaire aux quotas de production française et sera diffusée pendant les heures creuses de la nuit. le cahier des charges est d'ailleurs des plus simples : coûter le moins cher possible.

Mais laissez-moi vous présenter nos 4 protagonistes :
- Marco, jeune scénariste, prêt à travailler gratuitement est notre narrateur
- Jérôme rêve de cinéma américain
- Mathilde écrit, sous divers pseudos, des romans roses à la chaine
- Louis a connu son heure de gloire à Cinecittà … mais dans l'ombre du maestro

Vous voyez que tout, ou presque, les sépare. Leur seul point commun étant de ne pouvoir se permettre d'être exigeants. Et, à défaut d'être exigeants, ils vont décider de se faire plaisir et cela va provoquer une alchimie étonnante… et un succès autant phénoménal qu'inattendu.

Vous aurez compris que, une fois encore, j'ai adoré ce livre… et j'ai aussi adoré la Saga car, oui, c'est elle le passager clandestin du livre : elle s'intègre à l'histoire comme un livre dans le livre, ou, devrais-je dire, comme une série dans le livre.

Saga est à la fois un hymne à la créativité (débridée car sans contraintes) et au travail d'équipe (efficace grâce à ces synergies improbables que rendent possibles sa diversité) et un hommage à la variété des formes de fiction.

Un pur régal à lire.
Lien : https://www.6x8.org/2021/12/..
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Imaginez que votre vie soit écrite, scénarisée par un de ces talents qui a tout prévu, dans les moindres petits détails, avec les rebondissements incontrôlables et les coups d'accélérateurs dont la vie regorge, jusqu'à la conclusion, toujours désarmante. Bon, force est de reconnaitre qu'à part quelques privilégiés ou défavorisés selon ce qu'il peut arriver de bien ou de mal, la grande majorité d'entre nous allons vivre une vie sans histoire, faites d'anodins malheurs et d'insignifiants bonheurs que les plus chanceux ou les plus clairvoyants sauront reconnaitre. C'est vrai, les histoires inventées sont toujours plus passionnantes que la vraie vie et c'est pour ça qu'on en raffole depuis notre petite enfance; contes lus par papa au moment de s'endormir, séries policières ou médicales américaines à l'adolescence, grandes et belles histoires plus tard. Des histoires et encore des histoires, plus ou moins grandioses, plus ou moins inspirées, histoire de nous consoler de n'être que des animaux suffisamment intelligents pour nous rendre compte de notre incapacité à être heureux durablement.
Et ça dure depuis qu'un conteur plus inspiré que les autres a surement dû palabrer autour du feu préhistorique, pour conjurer le sort, apaiser les peurs ancestrales, tout simplement enjoliver la vie et réécrire l'Histoire. Depuis, ça n'a pas arrêté. Et ça dépasse même ceux dont le métier est de nous faire rêver. le pouvoir de la fiction décuplé par la force des images depuis l'avènement du cinéma, puis de la télévision, autorise les histoires inventées à vivre leur propre vie, portées par leurs spectateurs. L'auteur est la mère porteuse qui façonne l'embryon mais c'est le public qui fait grandir l'histoire. Sans parler des personnages qui échappent souvent à leurs créateurs, comme l'homme échappe à Dieu au point de se demander si il y a bien un créateur quelque part, caché dans l'ombre. Peut-on alors TOUT mettre en scène?
Toutes ces réflexions proviennent de la « Saga » de Tonino Benacquista. Quatre travailleurs de mots doivent écrire une série pour combler un manque de quotas de création française. le feuilleton sera diffusé à quatre heures du matin. le cahier des charges est ridicule : dix personnages, pas un de plus, un seul décor, bref l'économie absolue et une liberté totale. Seulement, même au milieu de la nuit, des téléspectateurs veillent. La Saga va connaitre le succès et ses auteurs les problèmes qui vont avec. Lorsque la série est diffusée en prime time, la liberté de ton se réduit, jusqu'aux téléspectateurs même qui réagissent.
Ce qui surprend c'est qu'à aucun moment lors de l'écriture de ce soap, on ne voit les quatre scénaristes débattre d'une intrigue, discuter une situation, argumenter un personnage, défendre leur point de vue. Comme si ces has-been et ces losers n'avaient plus d'égo. Tout coule comme une rivière tranquille. En fait le propos n'est pas là. Pas encore. La vraie réflexion sur le pouvoir de la fiction est à venir.
Tonino Benacquista sait de quoi il parle puisqu'il a été lui-même scénariste pour Jacques Audiard et auteur de polars. Il connait toutes les ficelles d'un roman haletant qui se lit vite. Mais, est-ce cette parution en fin de siècle (1997) qui donne au roman son côté inéluctable, fataliste, désabusé, résigné? On sent bien que quelque chose s'évapore dans la société, difficile de dire quoi exactement. L'auteur prédit la fin des séries alors qu'elles n'ont jamais été autant présentes sur le petit écran depuis le XXIème siècle. Cependant, quatre ans avant le Onze Septembre, Benacquista décrit la catastrophe (scène 27. Intérieur nuit); ce qui pourrait laisser à penser qu'Oussama avait lu Saga et ajouter au trouble du pouvoir/influence des histoires. Au passage il nous accorde cette définition du terrorisme : une connerie individuelle seule capable de plastiquer la connerie collective. Autre détail croustillant, Tonino orthographie cacahuète cacahouète. Et, dans quel bouquin évoque-t-on Ponson du Terrail, le pionnier des scénaristes de séries, maitre du roman feuilleton à sa grande époque (première moitié du XIXème), auteur de deux cents romans et feuilletons, dont le cycle Rocambole.
En guise de conclusion à cette singulière réflexion sur nos désirs et nos envies au travers de la fiction, voici la différence fondamentale entre le roman et le scénario: « le scénario ce n'est pas du verbe, c'est avant tout de l'image. Aucun dialogue n'est meilleur que le silence ».
Dont acte. Noir.
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Très bel éloge au métier de scénariste, Saga est une histoire plaisante et rafraîchissante à lire. Excellente démonstration de la vacuité d' un certain monde, elle nous touche par le coté humain de l' ensemble des personnages souligné par une écriture simple, directe et qui n' en rajoute pas.
La fin de ce roman est assez surprenante et originale ce qui représentait une gageure par rapport à l' ensemble du contexte de l' histoire.
L' histoire " patine " un peu vers le milieu et a une tendance à s' éterniser mais l' ensemble reste quand même d' excellente tenue. Benacquista sait tenir son lecteur en haleine à l' image de son autre roman " quelqu'un d' autre ".
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Un livre très drôle, où Tonino Benaquista invente une fiction brodée sur une réalité, celle de la politique des quotas de fiction française, qui amena la diffusion d'une série aujourd'hui culte, « Voisins voisines ». Il parvient avec humour à construire un récit autour de pas grand chose, et ce de façon assez malicieuse.
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Nous voici plongés dans l'univers de la télévision française des années 90 où les quotas ont suffisamment d'importance pour inciter une production aux abois à "lever" quatre braves écrivaillons et les faire plancher sur un projet de série bouche-trou. Et comme ils sont braves, ces quatre mousquetaires, et qu'ils n'ont (vraiment) rien à perdre, ils relèvent le défi, bien contents d'avoir un local pour se tenir au chaud pendant ces temps difficiles. Et bien sûr, on s'en doute, leurs élucubrations vont finir par accrocher un auditoire, tout d'abord un peu paumé comme eux, vu l'heure d'écoute, puis de plus en plus accro à cette série TV pas (du tout) comme les autres. Cette histoire, tournée comme un conte, va bien sûr trouver à rebondir contre les murs de notre société moderne pour petit à petit s'essouffler un peu, mais on aura tout de même pris du bon temps à lire ce roman bien troussé, et puis c'est nettement moins nocif que de regarder la télé, n'est-ce pas ?!
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J'ai terminé Saga de Tonino Benacquista et je dois dire que je n'avais jamais autant ri en lisant un livre :-)

L'idée est originale : le directeur de l'unité de production d'une grande chaine nationale, Séguret, recrute quatre scénaristes fauchés et leur demande d'écrire un sitcom de 80 épisodes, car le CSA menace la chaine d'une amende si la chaîne ne propose pas un programme de créativité française.

La chaine, désintéressée par ce sitcom, décide de le programmer à 4h du matin en lui accordant des ressources minimum, c'est ainsi que Séguret leur demande de faire "nimporte quoi". Cependant, peu à peu, la Saga devient populaire ...


Extrait ...

- Ca fait déjà quatre épisodes qu'on se trimballe cette morue !
- Nous en avons enocre 76 à écrire et tu veux déjà en buter une ? On a tout le temps, non ?
(...)
- le suicide offre tous les avantages : c'est raffiné, c'est chargé de sens, c'est fin de siècle.
- Je trouve ça un peu cruel pour les étudiants en philo (...). On ne sait jamais, au moment de la diffusion, il y en aura peut-être une qui finira sa thèse en laissant la télé allumée pour avoir une petite présence dans sa chambre de bonne.


J'ai aussi adoré la scène entre Marie et Walter à New-York (épisode 27) !!
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Louis, Jérôme, Mathilde et Marco sont scénariste en quête d'un travail. Scénariste à succès lointain ou sans le moindre succès, scénariste cherchant une première chance qui le mettra sur le marché ou auteur de roman d'amour ayant autrefois un public, nos quatre héros sont professionnellement frustrés. Une grosse boîte de production de la télé française les met alors au défi, ils doivent combler un vide entre 4h et 5h du matin et augmenter le quota de séries françaises. Ils ont carte blanche avec pour seul restriction un budget presque inexistant. Après plusieurs épisodes diffusés ils doivent faire face à quelque chose qu'il n'avait pas prévu, le succès. Cette petite saga qui va prendre des ampleurs de gros mastodontes hollywoodiens va considérablement changer leur vie.

Je poursuis ma découverte de Tonino Benacquista et avec grand plaisir. J'y ai retrouvé ce fourni et efficace, cette belle critique de notre société et surtout l'humour grinçant. L'auteur nous prouve que l'imagination est primordiale dans la vie, même dans les petits moments du quotidien. Ça dégouline d'histoires incongrues mais tout à fait plausibles. J'ai eu l'impression qu'il livrait bataille pour prouver à ses propres personnages que lui aussi regorgeait d'une imagination débordante et affriolante.

J'ai accroché sur certaines parties plus que d'autres. La présentation des personnages est superbe, dès les premières pages la machine s'emballe, autant être jeter dans le grand bain dès le départ ! Autre partie que j'ai aimé : la rédaction de la saga. Les idées sont toutes plus folles les unes que les autres. Tonino Benacquista m'a fait monter en haut d'une montagne russe sans jamais me relâcher pour la descente !

J'ai adoré retrouvé les personnages individuellement les quatre scénaristes dans le chapitre Vengeance, j'ai adoré voir de quoi ils étaient capables et surtout ce que la Saga et leurs acolytes les ont poussé à faire.

Pour moi les chapitres suivant sont moins nécessaires, je n'ai pas adhéré à la descente aux enfers de Marco. D'après moi les personnages sont efficaces ensemble.
A lire donc !!
Lien : https://lesmotschocolat.word..
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l'aventure palpitante de 4 scénaristes engagés pour écrire un feuilleton. Un dénouement surprenant
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