Il attend sans doute que le remercie, mais il en reste pour ses frais. D'abord parce que dire merci m'a toujours écorché la bouche-chacun ses petits défauts-, ensuite parce que j'ai de la patate plein les dents.
Le guerrier n’appelle jamais à l’aide. En dernier recours, ses alliés s’appellent Patience, Ruse, Masque. S’il sait en user, les forces tourneront toujours en sa faveur.
Le guerrier qui accorde sa confiance est comme un soldat qui relève la visière de son casque. Il en est soulagé, il respire, il croit voir le monde sous un meilleur jour. Mais, quand une flèche lui transperce l'oeil, il comprend trop tard que la confiance est un mensonge.
— Ils sont encore assez loin d’ici.
— C’est plutôt une bonne chose, non ?
— Sauf qu’ils sont venus en force, cette fois-ci. Le code était : un coup pour « peu nombreux » et deux coups pour « nombreux ».
— Il a fait deux coups ?
— Non : il en a fait trois.
- Paol ! répète doucement sa grande sœur en le serrant contre elle.
Parfois, un frère, une sœur, c'est tout ce que la vie nous a laissé. C'est le dernier lien avec tous les souvenirs, les lieux disparus, les morts, les époques du passé. Pour Nola, Paol est tout cela à la fois.
Pour moi, un frère, c'est juste un traitre qui m'a livré à l'ennemi.
A chacun sa famille.
- Ecoutez ! dis-je sans élever la voix. Moi, la parlotte, ce n'est pas mon fort, alors je vais vous expliquer les choses autrement. Approchez, approchez. Je vais vous dire une bonne chose : le roi de Skavie se fout pas mal de votre petite vie, c'est clair ? Dieu a bien trop de boulot pour s'occuper de vous, et les sept saints sont tous morts depuis belle lurette. Alors votre vallée, si vous ne vous battez pas pour elle, personne d'autre ne le fera. Si vous attendez que d'autres le fassent à votre place, c'est que vous n'avez rien compris à la façon dont tourne le monde.
Un hurlement de douleur lointain me coupe la parole.
- Vous les entendez, vos maris et vos fils ? Vous croyez qu'ils ont besoin de gentilles mamans pour porter les enfants et s'occuper de la ferme, en ce moment ? Non, pas aujourd'hui ! Ils ont besoin de furies, de harpies, ouais, de femmes prêtes à bouffer de la chair humaine et qui n'ont peur de rien !
Chaque homme ne devrait avoir à obéir qu'à sa propre conscience, c'est déjà un poids assez lourd à porter.
L'homme qui combat son adversaire sans le connaître est comme le soldat qui part en guerre sans son arme.
Le secret est comme une arme pointée contre toi. Si on te le vole, alors efface-le dans le sang.
Il n'y a pas de combat sans souffrance.