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sur 564 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sonetchka porte sa bâtardise comme un fardeau, comme une malédiction. « Je compris que maman était ma honte, de même que j'étais la sienne. Et que toute notre vie était une irréparable honte. » (p. 13) Au début du vingtième siècle, les deux femmes vivent chichement dans un petit appartement, donnant quelques leçons de piano qui ne leur rapportent que de maigres émoluments. Tout change pour Sonetchka quand Maria Nikolaevna Travina, cantatrice au succès grandissant, l'engage pour être son accompagnatrice. « Je sentais que c'était la vie qui s'élançait vers moi, et que je me précipitais vers elle, en cet inconnu velouté. » (p. 47)

La terne Sonetchka entre alors dans l'intimité de la lumineuse Maria Nikolaevna, à tel point qu'elle partage le quotidien du couple Travine et qu'elle soupçonne rapidement que la belle chanteuse a un amant. Entre fascination et jalousie, la jeune pianiste s'attache inexorablement à Maria Nikolaevna et la suit quand elle décide de fuir Pétersbourg avec son mari, au début de la révolution d'octobre. de Moscou à Paris, la pauvre bâtarde se heurte aux fastes d'une bourgeoisie où elle n'a pas sa place et dont elle veut se venger. « J'avais découvert le point faible de Maria Nikolaevna, je savais de quel côté j'allais la frapper. Et pourquoi ? Mais parce qu'elle était unique, et des pareilles à moi il y en avait des milliers, parce que les robes qui l'avaient tellement embellie et qu'on retaillait pour moi ne m'allaient pas, parce qu'elle ne savait pas ce que sont la misère et la honte, parce qu'elle aime et que moi, je ne comprends même pas ce que c'est. » (p. 74) La fin de la collaboration entre Sonetchka et Maria Nikolaevna sera tragique, comme dans les meilleurs romans russes, mais la victime n'est peut-être pas celle que l'on attend.

Ce roman est presque une nouvelle tant sa concision et sa précision frappent au coeur. Dans ce journal de femme, on découvre des scènes qui, entre esquisses et ellipses, dessinent une géographie intime tourmentée. le plus important dans cette confession réside dans tout ce qui n'est pas dit, mais deviné. Voici le premier roman de Nina Berberova que je lis. Désormais, il me faut continuer pour retrouver cette plume exceptionnelle.
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Sonetchka, fille illégitime, vit avec sa mère professeur de piano. Leur vie exempte de richesses et placée sous le signe de la pauvreté laisse place à une lueur d'espoir le jour où la jeune fille est embauchée en qualité d'accompagnatrice aux côtés de Maria Nikolaevna. Dans l'ombre de cette femme riche et de son époux, Sonetchka va s'éloigner de sa vie miséreuse.
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La difficulté d'un bref roman de cent pages est de réussir à accrocher le lecteur, à installer les personnages et l'histoire, à trouver une intrigue, la développer et la mener à son terme de façon efficace. Ceci est parfaitement réussi par Nina Berberova.
L'accompagnatrice est un écrin russe qui renferme la misère, la richesse, le dévouement, l'intrigue, l'amour, l'abnégation, le désespoir. Ce roman quoique bref recèle beaucoup de douceur, d'espoir et d'émotion. Les toutes dernières lignes du roman sont magnifiques et réussissent à terminer cette brève histoire de façon magistrale.
Une magnifique réussite.
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Le thème de ce roman est un sujet courant : la jalousie.

Cette accompagnatrice est très envieuse de sa patronne, ça la rend détestable.
Elle veut vraiment sa place, sa gloire, sa vie et même son mari.

J'ai aimé ce roman, il se lit rapidement. Mais le film de Claude Miller avec Roman Bohringer ne me tente pas.

Je recommande ce roman qui m'a plu.
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Nina Berberova, née en 1901 à Saint Petersbourg, n'a publié ce roman qu'en 1985 ! Il a vite connu en France un succès mérité. L'action se passe au début du XXème siècle, en Russie, puis à Paris (après le révolution bolchevique). Sonetchka Antonovskaya, une jeune fille terne et marquée par sa bâtardise, devient l'accompagnatrice au piano d'une brillante cantatrice Maria Nikolaevna Travina. Sonetchka est fascinée par Maria, mais elle développe aussi une jalousie à son encontre. Elle cherche la faille chez Maria et la trouve. Mais rien ne se passera comme elle l'avait pensé. Elle se retrouvera finalement toute seule et encore plus frustrée.
La confrontation entre ces deux femmes si dissemblables m'a fait penser à un film d'Ingmar Bergman, qui illustre magistralement la relation d'amour / haine entre une femme et sa fille. Le roman "L'accompagnatrice" est une petite merveille littéraire, qui allie justesse et concision. Sa sombre atmosphère est faite de tendresse et de froideur, de jalousie et d'amour frustré. C'est sans aucun doute le chef d'oeuvre de M. Berberova.
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Tres beau roman, d une femme de lettres russe que je ne connaissais pas. Elle m a fait penser à Irene Nemirovsky.

Ce roman est court mais extrêmement bien ecrit. Pas une ligne de trop, tout est dit en quelques mots, ce en quoi l ecriture est brillante.

Il m est difficile d en faire une critique, d autres sur internet le font beaucoup mieux que moi sur ce roman.

Il decrit la frontiere invisible et à jamais infranchissable entre les pauvres, nés dans la honte, et ceux qui sont nés du bon côté, dotés en plus d une beauté et d un aura naturels...

Il raconte l amour d une jeune fille pour celle qui la prendra sous son aile, mais egalement sa haine et son desir de vengeance envers sa bienfaitrice, qui lui rappelle sans cesse sa transparence, et le fait qu elle n est rien.

Ce roman, comme lu ailleurs sur le net, decrit la deliquescence de l ame russe.

C est beau. Poetique. Romanesque.

Nina Berberova a ecrit également son autobiographie, je l ajoute à mes livres à lire.
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Je viens de relire "L'Accompagnatrice", suite à l'écoute d'un podcast de France Culture consacré à Nina Berberova, très intéressant.
Je l'avais lu lors de l'édition d'Actes Sud d'un petit coffret rassemblant plusieurs "petits" livres, très bien présentés. A l'époque c'était une découverte et j'en ai gardé une impression d'avoir lu un roman exceptionnel en même temps que d'avoir découvert une auteure majeure et à l'époque inconnue. La suite a montré un immense succès en France.
Mes souvenirs étaient très imprécis et je n'avais plus en mémoire les détails de l'aventure. Donc j'ai relu ce roman comme si c'était la première fois mais avec en arrière plan un ressenti de bonnes résonances.
J'ai retrouvé les mêmes sentiments et j'en conclus que relire les oeuvres qui nous ont séduit est une très bonne initiative que je n'ai pas coutume de pratiquer.
A la lumière de notre monde d'aujourd'hui, cette oeuvre met en évidence le drame de ceux/celles (et cela fait beaucoup de monde) qui sont "transparents" dans le monde, inexistants, si ce n'est en tant qu'objet ou numéro, invisibles aux autres. Un roman très actuel!
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Dans une Russie postrévolutionnaire où se côtoient luxe et misère, la jalousie et la perversité sont au coeur du récit.

Jusqu'au pourra conduire la rumination malsaine de l'accompagnatrice vis-à-vis de sa bienfaitrice ?

Une tension qui ne faiblit pas jusqu'au dénouement.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Pauvre jeune fille ! D'un autre temps, d'une autre époque, d'autres moeurs et pourtant on s'y attache et on la suit dans sa vie " à côté". le titre est parfait et le style impeccable. On rend grâce à Nina Berberova d'avoir mis le projecteur sur toutes celles qui ainsi, accompagnent. On admire celle qui ne se montre pas, ne se voit pas, ne vit presque pas. Très belle lecture, le mot "pathétique" revêt une couleur plus douce.
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Un très beau livre, une fine analyse psychologique, une grande sensibilité et une complexité des sentiments en font un grand moment de lecture
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