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Un jour de janvier 2003, une carte postale représentant l'Opéra Garnier arrive dans la boîte aux lettres, au milieu des cartes de voeux. Elle est anonyme, quatre prénoms sont inscrits : Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques, d'une écriture très maladroite. Elle semble avoir mis 10 ans avant d'être postée. Personne ne veut approfondir, jusqu'au jour où Anne est sur le point d'accoucher de sa fille, et elle veut savoir, au grand dam de Lélia…Mais il est temps d'ouvrir la porte aux souvenirs…

Dans la première partie du livre, on fait la connaissance des membres de la famille Rabinovitch, Nachman et son épouse, les enfants Ephraïm, Boris, Emmanuel puis les trois enfants d'Ephraïm et son épouse : Myriam, Noémie et Jacques, leur vie en Russie puis les différents exodes : Riga, puis la Palestine où Nachman va résider entretenant son orangeraie, très lucide, car il a toujours dû fuir pogroms et persécutions. Il conseille à tous de partir aux USA, mais personne ne l'écoute. Boris choisit la Pologne d'où est originaire son épouse et, les deux autres Paris. Que pourrait-il bien leur arriver, ils se sont intégrés. L'auteure nous raconte comment elle a réussi à tout reconstituer.

L'auteure nous fait vivre la rafle du Vél' d'Hiv, son organisation méthodique, toute la maltraitance, le zèle de la police e, avec des termes bien choisis, sans concession, mais sans pathos non plus. Il en est de même avec les arrivées aux camps, les cheveux rasés qui vont servir à confectionner des pantoufles, les cendres recyclées en engrais ou les dents en or coulées en lingots… quant au traitement des êtres humains on le connaît donc je n'y reviendrai pas.

« Il faut que vous compreniez une chose : un jour ils voudront tous nous faire disparaître. » Nachman quand il parle de quitter la Russie.

Myriam rencontre à Paris, à la Sorbonne Vicente :

« Il a vingt et un ans, son père est le peintre Francis Picabia, sa mère Gabriële Buffet est une figure de l'intelligentsia parisienne. Ce ne sont pas des parents ce sont des génies. »

Dans la deuxième partie, on se situe dans la période actuelle, la fille d'Anne a entendu dans la cour de récréation un copain marocain qui n'aime pas les Juifs. Plus jamais cela disait-on à une époque… et comment réagir, surtout quand on n'est pas pratiquant. Toujours est-il que la grand-mère Lélia n'entend pas rester les bras croisés. En tout cas cela va relancer les recherches sur la personne qui a envoyé la fameuse carte.

Les difficultés à retrouver les archives, les traces de la famille est sidérante, car la France ne veut pas reconnaître la déportation, il faut tout enfouir sous une chape de plomb, c'est bien connu, les Français étaient tous des Résistants, pas des collabos…

Anne Berest évoque aussi Daniel Mendelsohn dont « Les disparus » qui me narguent dans ma bibliothèque mais que je n'ai encore eu le courage d'attaquer) Primo Levi, Hélène Némirovski… ainsi que l'interdiction de faire concourir « Nuit et Brouillard » à Cannes au nom de la réconciliation franco-allemande…

Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce livre, notamment le parcours de la famille à travers l'Europe pour tenter de fuir les persécutions, du caviar de Riga, à l'orangeraie de Palestine, sous fond de musique Emma joue et enseigne le piano, et l'impossibilité à imaginer l'inimaginable, quand on s'est intégré, en ayant demandé une naturalisation qui n'arrivera jamais…

Tout est bien équilibré, dans ce récit, la période avant la guerre, comme la période actuelle et Myriam m'a beaucoup plus, sa fin de vie est aussi bouleversante que tout son parcours.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver son auteure dont j'ai bien aimé « Sagan 1954 » il y a quelques années. Maintenant il ne me reste plus qu'à sortir « Gabriële » qui m'attend sagement dans ma PAL …

Je voulais faire une pause dans les récits sur la seconde guerre mondiale, la Shoah, mais je n'ai pas résisté à « Enfant de salaud » de Sorj Chalandon… on ne se refait pas…

#Lacartepostale #NetGalleyFrance
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″Je suis fille et petite -fille de survivants. ‶
Il y a trois ans, Anne Berest et sa soeur Claire avait retracé dans un époustouflant roman la vie épique de leur arrière-grand-mère Gabriëlle, mariée au Peintre Francis Picabia.
Cette fois, c'est seule, qu'elle poursuit de défricher l'histoire familiale. En 2003, arrive chez Lélia, sa mère, une carte postale avec pour seule inscription, 4 prénoms : Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques. Tous sont morts en déportation. Si la mère d'Anne sait cela, elle ignore en revanche de qui provient la carte, dont personne ne s'occupera pendant des années. Il faudra une réflexion pour le moins désobligeante à propos des juifs faite à la fille d'Anne pour que le souvenir de cette carte postale refasse surface.
Anne s'attache d'abord à recueillir auprès de sa mère une multitude de renseignements à propos de ses arrière-grands-parents Emma et Ephraïm. Ainsi suit elle le parcours de ce couple russe et lithuanien, fuyant dès leur prime jeunesse l'antisémitisme, et qui de la Lituanie, via la Palestine arriveront finalement en France pensant y trouver la paix pour y élever leurs 3 enfants. Seule Myriam échappera à la déportation. Sa destinée, et son épopée fera l'objet de la part d'Anne, d'une enquête minutieuse dont la finalité est de retrouver l'origine de la carte reçue quelques années plus tôt.
J'ai pris infiniment de plaisir à me plonger dans cette histoire familiale passionnante, et tragique. Anne Berest nous la présentée de manière vivante, en prenant la liberté d'intervenir personnellement sans que cela soit lourd et prenne le pas sur l'objet de ce livre. Il s'agit bien de redonner vie à des personnages ballotés et assassinés par l'histoire. Il est également question de rendre justice à la grand-mère de l'auteur, Myriam qui a pris sa part dans le combat contre l'ennemi.
C'est aussi l'occasion pour Anne de se repositionner dans sa judéité, alors qu'elle a reçu une éducation laïque, n'a jamais pratiqué. Qu'est-ce être juif de nos jours, alors que l'on assène à sa fille qu'on n'aime pas les juifs dans sa famille ?
Ce roman parfaitement construit, est d'une certaine façon, une suite logique à Gabriëlle (l'autre arrière-grand-mère de l'auteur), à ceci près qu'il raconte l'histoire d'une famille juive, de ses silences, de ses souffrances, et de ses femmes fortes et dignes. Il raconte également l'histoire de toutes ces familles marquées par la Shoah ; des histoires à la fois uniques, et semblables.

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Merci à NetGalley et aux éditions Grasset pour cette lecture. Un coup de coeur.
Quatre prénoms sur une carte postale, quatre prénoms tracés d'une écriture maladroite, inconnue, quatre prénoms, arrière-grands-parents, grand-tante et grand-oncle maternels de la narratrice, quatre personnes disparues à Auschwitz en 1942.
La carte postale ne livre d'abord qu'un seul de ses secrets. C'est une photographie courante de l'Opera Garnier, elle porte le cachet de la poste du Louvre, le plus grand bureau de poste de Paris. Elle a été achetée dix ans avant l'envoi.
Enceinte, la narratrice questionne sa mère, Leila, qui lui raconte, la vie d'Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques.
La narratrice fait appel à un détective privé et à un graphologue. Elle veut retrouver l'expéditeur et après quelques échecs le retrouvera effectivement. Encore une histoire d'une tristesse infinie.
Dans cette deuxième partie, l'auteur nous fait partager sa vie et ses interrogations. Ce n'est pas neutre d'être la descente d'Ephraïm et d'Emma. Qu'y-a-t-il en elle de Myriam, de Noémie ?
La carte postale génère de l'émotion, mais sans pathos, est suffisamment documentée pour qu'on s'attache aux personnages. Sa narration happe le lecteur. Un livre encore et toujours indispensable.

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Une carte postale glissée entre les enveloppes, l'air de rien, comme si elle s'était cachée pour passer inaperçue. Quatre prénoms inscrits Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques. Ses grands-parents maternels, sa tante et son oncle tous morts à Auschwitz. Lélia va raconter à sa fille Anne la narratrice l'histoire de sa famille originaire de Russie, confrontée à la montée de l'antisémitisme et aux ravages de la guerre.
L'accession au pouvoir du parti national-socialiste d'Hitler. L'Allemagne n'est pas la France, la Pologne envahie, mais la Pologne n'est pas la France, le tocsin, la déclaration de guerre, Paris occupée, pourquoi on n'a pas réagi avant, quand on avait le temps de fuir, comment a-t-on pu être si confiant, maintenant il est trop tard. Anne va essayer de retrouver coûte que coûte l'auteur de cette carte postale anonyme et reconstituer le destin tragique de sa famille.

J'ai été très sensible à la description très réaliste de la vie dans le camp de Pithiviers, au soin apporté à faire revivre toutes ces femmes et tous ces hommes, courageux qui au périple de leur vie ont lutté contre l'envahisseur allemand. Les pages consacrées au retour des déportés sont particulièrement émouvantes. Un récit intimiste porté par une plume sensible et vivante.

Merci infiniment aux éditions Grasset pour leur confiance.
#Lacartepostale #NetGalleyFrance


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Le point de départ du roman est une carte postale arrivée dans la boîte aux lettres des parents de l'auteure,
le 6 janvier 2003,anonymement, portant l'inscription de quatre prénoms : Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques, les
grands-parents maternels, la tante et l'oncle de la mère de l'auteure déportés et morts à Auschwitz en 1942.
Et cette carte postale sera le début d'une enquête sur l'histoire de la famille.
L'histoire est d'abord racontée par la mère de l'auteure puis l'auteure la reconstitue par une enquête. La narration est très fluide et nous nous laissons emporter sur 500 pages qu'on a du mal à lâcher.
Nous faisons la connaissance de cette famille juive originaire de Russie qu'elle a quitté pour la Lettonie, la Pologne, la Palestine, pour finir par s'installer à Paris. Leur histoire tout comme celle du siècle traversé est passionnante, violente et dramatique.
Le roman évoque les origines, la transmission, les mécanismes de l'Histoire...
"Je suis juive mais je ne connais rien de cette culture (...) mes parents ne nous ont pas élevées, mes soeurs et moi, dans le judaïsme. Les mythes fondamentaux de mon enfance, ma culture, mes modèles familiaux, appartiennent essentiellement au socialisme laïc et républicain, tel qu'il fut rêvé par une génération de jeunes adultes de la fin du XXe siècle".
Tout au long de leur histoire, pourtant, on rappellera à cette lignée de femmes qu'elles sont juives : Myriam à Lodz, en 1925, avec un jet de pierre ; Lélia à Cérest, en 1950, avec un jet de pierre ; Clara, en 2009, dans la cour de son école (en 1985, c'est le mur de la maison d'Anne qui est tagué d'une croix gammée).
Ce roman nous rappelle qu'il faut sans cesse se souvenir pour que l'histoire ne se répète pas et qu'il faut sans cesse combattre l'obscurantisme par la connaissance, la culture et les livres.
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Ce roman est une émotion forte de la première à la dernière page. Impossible de le laisser de côté, il faut absolument dénouer les liens et comprendre. Comprendre l'absurde de la guerre et la bêtise de l'homme qui se veut justicier. C'est suivre une famille magnifique, décimée, et chercher au fil des ans ce qui reste d'eux dans une mémoire à la fois individuelle et collective. Indispensable aujourd'hui où la haine antisémite fait rage et nous rappelle que rien ne guérit jamais.

#Lacartepostale #NetGalleyFrance
https://www.netgalley.fr/book/225186/review/505709
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Lelia, la mère de l'autrice, reçoit un jour une carte postale avec quatre prénoms pour tout texte. Qui sont donc Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques ? Et qui a envoyé cette carte postale ?
C'est à partir de là qu'Anne Berest va partir sur les traces de sa famille méconnue. Sa mère a un temps mené l'enquête, puis a stoppé ses recherches. Anne va tout reprendre. Il s'agit de comprendre les non-dits, les silences, les zones d'ombres de cette famille amputée d'une partie de ses représentants, déportés vers les camps de la mort.

Ce roman est une enquête, mêlant les échanges avec sa mère, des faits historiques et ses propres réflexions. C'est un roman initiatique, lui permettant d'appréhender, d'accepter et d'assumer sa judéité, elle qui est laïque.

C'est un voyage dans le temps et dans l'espace, relatant les exils de ces juifs d'Europe de l'Est, chassés de partout, obligés de fuir plus à l'ouest jusqu'à la déclaration de la guerre et ses tragiques conséquences.

C'est aussi un roman sur la mémoire, celle qui faillit avec l'âge, celle que l'on recherche dans les archives et aussi celle des âmes, ancrée inconsciemment au plus profond des corps, le pouvoir des prénoms, des dates de certains événements « J'ai inscrit dans mes cellules, le souvenir d'une expérience de danger si violente, qu'il me semble l'avoir vraiment vécue ou devoir le revivre ».
En l'espace de deux lectures assez rapprochées, il est encore question d'épigénétique.

Le silence des rescapés, la culpabilité de ceux qui avaient échappé à ce génocide, tout est bien là avec Myriam, la mère de Lelia, la grand-mère d'Anne. Elle « vivait la vie qu'une autre n'avait pas pu vivre », le regard parfois absent, perdue dans ses pensées.

J'ai aimé l'alternance des procédés narratifs pour relater cette histoire familiale, marquée par la Shoah.
Il ressort de ce roman une émotion incroyable, une grande sincérité à la quête de cette identité juive, à transmettre et à partager cette histoire qui fut celle de tant de familles. C'est un très bel hommage à ses aïeux, une véritable réhabilitation de ce que furent ces êtres disparus trop tôt. Et c'est désormais un socle sur lequel cette famille peut s'appuyer pour avancer.

Magnifique !!
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Un énième roman sur la shoah et l'histoire des Juifs ? Certes on y parle d'exil, de coutumes, de religion, de déportation, sujets maintes fois traités. Mais le plus de celui-ci est qu'il nous emmène jusqu'à nos jours, ou plutôt il commence de nos jours et l'auteur remonte dans le temps pour comprendre qui ont été ses aïeux dont sa mère et sa grand-mère parlaient très peu.
Des chapitres courts, un style vif, des anecdotes qui expliquent comment les enfants juifs eux-mêmes se sont posé des questions que tout le monde a pu se poser, comment ils y ont répondu, parfois devenus adultes.
Un roman autobiographique très bien fait pour cette rentrée littéraire d'août 2021.
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Mon premier livre de cette rentree litteraire pourvu que mes choix aussi bons continue.
Une histoire du peuple juif pendant la guerre , une histoire de résistance de plus pensez vous
Bien que j ai préféré le livre 1 oui ce livre est divisé en livre
Ce livre m a beaucoup intéressé
La construction est originale
Pour information j aime Berest normalement et là je n ai pas ete déçue
Un livre à lire à tous âges la collaboratrice de mon libraire 30 ans de différence avec moi l a beaucoup apprecie
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Enceinte, Anne Berest pense "à la lignée des femmes qui avaient accouché avant [elle]" et sollicite sa mère, Lélia,  pour "entendre le récit des ancêtres". Les archives accumulées par cette dernière et, en particulier, une carte postale anonyme, arrivée 10 ans plus tôt et portant les quatre prénoms des ascendants maternels assassinés dans des camps d'extermination, vont jouer un rôle essentiel dans cette quête difficile, tant du point de vue psychologique que matériel.
Ce sera aussi pour l'autrice l'occasion d'analyser ce que signifie pour elle le mot "Juif" , élevée dans une famille où la religion n'avait pas vraiment sa place, ce que signifie aussi le fait d'être identifié comme Juif en France de nos jours.
Retraçant à la fois le parcours de ses ascendants maternels, originaires de Russie , avant, pendant et après la Seconde guerre mondiale, cette quête passionnante, digne d'un polar, et réflexions plus intimes, Anne Berest réussit à ne jamais perdre notre intérêt.
Mieux encore, elle jette un éclairage sur certains points peu évoqués. J'ai ainsi pu découvrir le fonctionnement inhumain du camp de Pithiviers ou bien encore la manière peu glorieuse dont l'administration française a traité les différents aspects de l'indemnisation des survivants spoliés de leurs biens durant la guerre.
Un texte à découvrir absolument.





 
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