AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,39

sur 4648 notes
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent

Nuit et brouillard – Jean Ferrat


Où l'on découvre peu à peu l'histoire de la famille juive d'Anne Berest dans les tourments de la seconde guerre mondiale.
Où l'on assiste impuissants à la montée du nazisme et de l'antisémitisme.
Où l'on voyage avec la famille Rabinovitch de la Russie à la Lettonie, passant par la Pologne, la Palestine puis la France.
Où l'on comprend comment le régime de Vichy a pactisé avec le diable.
Où l'on croise au détour d'une page Adélaïde Hautval, René Char, Irène Némirovski, Francis Picabia, André Gide et le général De Gaulle. puis plus tard Klarsfeld et Lanzmann.
Où l'on en vient à avoir peur des gares, des trains, de la foule, des uniformes, des contrôles d'identité, des gens qui obéissent aux ordres aboyés et des conséquences pour ceux qui n'obéissent pas.
Où l'on tente de comprendre ce que c'est qu'être juif, goy, résistant ou collabo.
Où l'on prend conscience des années de silence, du tabou dans les familles, de la difficulté de parler de ce que l'on a vu ou vécu.
Où l'on suit Anne Berest et sa mère Lélia dans la reconstitution de ce puzzle familial à partir de la réception d'une carte postale avec seulement quatre prénoms dessus et une adresse.

512 pages que l'on ne voit pas passer tant c'est fluide et passionnant.

Challenge Multi-Défis 2024.
Challenge Pavés 2024.


Commenter  J’apprécie          248
Un livre superbe en quelques mots :

- un début accrocheur avec la réception d'une carte postale intrigante, dont on ne connait pas l'expéditeur,

- une enquête intime que l'on suit avec curiosité et une envie folle de tourner les pages,

- une plongée passionnante dans l'histoire d'une famille sur plusieurs générations, avec la Shoa en toile de fond, et la 2ème guerre mondiale vue de l'intérieur,

- un récit personnel touchant, faisant la part belle aux relations humaines et aux questions identitaires,

- tout cela porté par une écriture sobre et précise, qui fait de ce pavé un livre à mettre entre toutes les mains.

A lire sans faute !





Commenter  J’apprécie          160
La carte postale est à la fois une enquête, le roman de des ancêtres d'Anne Berest qui leur rend ici un bel hommage et une quête initiatique sur la signification du mot « Juif » dans une vie laïque.

Au fil des pages, l'autrice retrace le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre jusqu'à leur déportation, fatale, à Auschwitz.

Ce livre est en partie romanesque mais aussi et surtout biographique, car l'auteure va s'acharner à rassembler un maximum de documents et de preuves de ce qu'elle écrit sur les vies de sa mère Leila, de sa grand-mère Myriam (la seule qui échappera à Auschwitz), de sa grand-tante Noémie qui voulait devenir romancière, de son grand-oncle Isaac (Jacques) – tous deux soeur et frère de sa grand-mère Myriam – et de ses arrière-grands-parents Ephraïm Rabinovitch et son épouse et Emma Wolf.

Malgré la dureté du sujet, c'est un livre passionnant et édifiant, qui ne tombe jamais dans le pathos. A la fois, enquête, roman, témoignage mais aussi réflexions sur la judéité, malheureusement d'actualité avec la guerre au Proche-Orient, le récit est très bien mené par Anne Berest et se révèle réellement intéressant.

Entre allers & retours dans le passé de sa famille et de la shoah, le quotidien d'Anne Berest et sa quête, aidée par sa mère Lelia, c'est un récit émouvant mais aussi éclairant sur certains points de la solution finale et des camps de prisonniers français que j'ignorais malgré les nombreuses lectures sur la seconde guerre mondiale.

C'est aussi un bel hommage à sa famille maternelle mais aussi paternelle avec la participation active de sa grande-tante Jeannine Picabia et son arrière-grand-mère Gabriële Buffet, toutes deux décorées de la médaille de la résistance sur demande du général De Gaulle en personne.

Une enquête passionnante et passionnée mais attention aux âmes sensibles, rien ne nous est épargné.

Lire la suite...
Lien : https://deslivresdeslivres.w..
Commenter  J’apprécie          110
J'ai eu l'impression de lire deux romans juxtaposés.
Le premier est un voyage dans le temps et l'histoire de la persécution des Juifs, car en 1919, l'antisémitisme était d'Etat en Russie.
“Nachman était un jeune homme quand tout leur fut désormais interdit. Interdit d'aller à l'université, interdit de se déplacer d'une région à l'autre, interdit de donner des prénoms chrétiens aux enfants, interdit de faire du théâtre.”
Nous suivrons Emma et Ephraïm et deux de leurs enfants, Noémie et Jacques, en Russie, en Lettonie, en Palestine, à Paris, en Normandie jusqu'à Auschwitz.
Nous croiserons Breton, Picabia, André Gide, Jean Hans Arp, Irène Némirovsky.
La mère de la narratrice a reconstitué leurs vies à partir d'archives, de livres, de brouillons de sa mère Myriam.
Anne Berest parle de leurs choix, de la relative confiance en la situation alors que les signes forts sont pourtant clairs à postériori : la loi du 03 octobre 1940 “interdit aux Juifs les métiers de la fonction publique. Les enseignants, le personnel des armées, les agents de l'Etat, les employés des collectivités publiques - tous doivent quitter leurs fonctions. Elle leur interdit aussi de publier des articles de presse dans les journaux ou d'exercer les métiers qui concernent les spectacles : théâtre, cinéma, radio.”

Puis l'inimaginable déroule son engrenage et cette partie est éprouvante de précision ; au vél d'hiv, dans le camp de Pithiviers, dans les baraquements Adrian (tiens, il n'avait pas que conçu les casques salutaires pour les soldats de la première guerre !) C'est un itinéraire de vie ou plutôt de mort jusqu'au 07 novembre 1942.

Revenant à notre époque, la narratrice nous emmène à la recherche des expéditeurs de la carte anonyme.
C'est un peu comme un deuxième livre qui débute !
Anne Berest nous fait partager la culpabilité des Juifs qui ont survécu, le retour des déportés à l'hôtel “Le Lutetia” avec des péripéties surprenantes (voir citation).
Sa culture est marquée par le film de Claude Lanzmann “La Shoah” et la bande dessinée “Maus”.

Cette quête va ressasser des souvenirs pour retisser son passé, écrire l'histoire des siens, l'inscrire dans sa mémoire familiale.
Un livre fort captivant de bout en bout.

Commenter  J’apprécie          420
Qu'est-ce que cela vous évoque une carte postale ?
Personnellement, cette mention me propulse directement en vacances.
Je me vois déambuler parmi les différentes boutiques de bord de mer où une multitude de ces petites cartes aux paysages dépaysants ornent leurs façades telles des promesses d'un périple inoubliable.
C'est d'ailleurs à cela qu'elles servent. Un petit mot de circonstance, une image censée représenter le lieu depuis lequel celle-ci est envoyée et le tour est joué.
Ma mère est adepte de ces papiers cartonnés. Elle en collectionnait étant petite. J'en ai quelques uns en ma possession. Certains représentent des lieux, d'autres de petits animaux et d'autres encore des images de couples accompagnés de petites phrases où la mièvrerie et la niaiserie occupent une place importante. Questions de goût... et d'époque !

Cependant, la carte postale dont il est question ici, n'éveille aucun sentiment de légèreté. Aucune brise iodée ne vient perturber sa destinataire.
Seuls quatre prénoms noircissent le morceau de papier. Lélia les reconnaît. Ils surgissent tels des fantômes du passé.
Oui, les émotions sont là. Fortes, imprévisibles, inespérées. Avec elles, un sentiment d'incompréhension, de méfiance, de désespoir. La curiosité est piquée, mais la vigilance reste de mise.
Qui en est l'expéditeur ? La carte n'est pas signée.
Est-ce une menace ? Un avertissement ? Une mauvaise blague ?
Lélia refuse d'éclaircir ces questionnements. La douleur est encore là. Omniprésente et éternelle.

Vingt années vont s'écouler jusqu'au jour où Anne Berest, sa fille, décide d'entreprendre le grand voyage des souvenirs. C'est une nécessité. Un besoin de comprendre et de s'imprégner de ses origines. Elle, qui va devenir maman à son tour.
Qui a écrit et envoyé cette carte postale ? Dans quel but ? Pourquoi arrive-t-elle maintenant, une décennie après avoir été rédigée ?
Cette quête de la vérité, le lecteur la vit comme la narratrice, émettant des hypothèses, voyageant dans les mémoires de ceux et de celles qui savent.

L'autrice nous embarque dans un périple qui commence en Russie, passe par la Lettonie et la Palestine pour finir à Paris puis... à Auschwitz.
Commenter  J’apprécie          60
Une histoire vraie : celle de l'autrice qui va essayer de reconstituer l'histoire de sa famille à partir d'une mystérieuse carte postale. L'histoire d'une famille juive sur cinq générations, depuis la première génération en Russie en 1919, jusqu'à l'autrice, contemporaine. Nous partageons la vie heureuse de cette famille avec ses traditions, son quotidien, vie bientôt troublée par l'inquiétude due à la montée du nazisme. Chacun des membres réagit différemment : la certitude que rien ne peut arriver, une inquiétude un peu diffuse, une peur qui conduit à émigrer, à passer de pays en pays ; pendant quelques années, ils s'installent en Palestine, puis choisissent la France comme point de chute . Là famille Robinovitch pense trouver une certaine sécurité ; les enfants étudient, se passionnent pour la musique, la littérature. Et puis la guerre, la déportation. J'ai été passionnée par ce récit qui mêle différents points de vue - celui des déportés, celui des survivants, celui des descendants. Jamais de mélo inutile, un style sobre. Un réalisme qui nous prend aux tripes et que nous mettons inévitablement en parallèle avec les événements contemporains. Les personnages sont bien présentés dans leur complexité. Bref ! Un véritable coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          100
Lu en 2022. Ayant reçu le Prix Renaudot des lycéens 2021, cet ouvrage a attiré mon attention car il s'agit de l'avis d'un public qui m'importe.
J'ai été touchée par la quête de l'auteure-narratrice, malgré une plume que je ne qualifierai pas de littéraire, mais dont la fluidité a conféré une sobriété bienvenue à ce récit tragique. C'est la petite histoire dans la grande, un héritage funeste parmi tant d'autres, marquant chaque génération...
Commenter  J’apprécie          50
Un beau roman où deux histoires, au présent et au passé, se mêlent intelligemment, avec beaucoup d'émotions, de délicatesse et de simplicité. Pourtant, cette quête est loin d'être simple et fait remonter à la surface des souvenirs douloureux mais qui permettront de crever un abcès familial, un secret vieux de plusieurs dizaines d'années mais encore ancré dans le présent. C'est un roman puissant pour la mémoire.
Commenter  J’apprécie          50
Je me suis laissée emportée par cette histoire de famille, même si je trouve que ce livre ne soit pas particulièrement bien écrit.
J'ai été happée tout particulièrement la première partie sur la déportation depuis la Russie. C'est bouleversant de lire que leurs choix les emmènent irrémédiablement vers les camps de la mort - on a envie de crier, en lisant, de les inviter à s'exiler le plus vite possible.
La grande partie sur la résistance de sa grand-mère, et finalement les actions simples qu'elle faisait voire l'ennui qu'elle ressentait, est vraiment éclairante. On dépeint souvent les résistants comme des supers héros dans les romans, c'est rare de les présenter comme de simples citoyens qui avaient peu de missions et souffraient au quotidien.
Le vrai point négatif selon moi (qui brouille un peu la lecture) est « l'enquête » de la mère et la fille, qui souffre de beaucoup de longueurs et d'incises personnelles un peu fleuve.
Commenter  J’apprécie          00
J'ai été prise tout de suite dans cette histoire à double intrigue. le récit de la 2nd guerre mondiale vu et vécu par une famille a été vraiment prenant pour moi. Une nouvelle façon d'écrire l'histoire. L'explication de l'héritage de la guère dans les familles juives d'aujourd'hui est aussi qql chose de très intéressant à découvrir.
Le style littéraire ne m'a pas particulièrement touché mais au moins c'est très facile à lire.
Commenter  J’apprécie          00





Lecteurs (9068) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3189 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}