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3,57

sur 812 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un très bon roman qui explique l'engrenage du féminicide.

On suit deux temporalités. La première narre les jours décisifs qui conduiront au drame. La seconde relate l'interrogatoire de police où Étienne s'enferme dans le déni et la mauvaise foi. Il prétend qu'il n'a pas tué sa femme et qu'il n'était même pas sur les lieux au moment des faits. Les policiers vont longuement le questionner, lui laissant le loisir de raconter avec ses propres mots le déroulement de sa semaine avec son épouse.

Étienne est éditeur, plus précisément correcteur pour une maison d'édition. Selon lui, il contribue à rendre les manuscrits nettement meilleurs qu'ils ne le sont en réalité. Il a un grand projet, mais on ne sait pas lequel. Toutefois, ce projet lui prend l'essentiel de son temps, quand il n'est pas occupé à redouter une refonte structurelle de la maison d'édition qui l'emploie.

Sa femme, Viviane, le soutient, et ensemble, ils mènent une vie de couple rangée et stable au coeur de Paris. du moins, c'est ce qu'il croit. Un soir, Viviane, ou Vive pour les intimes, lui annonce qu'elle en a marre de leurs vacances annuelles en Italie. Elle a coupé ses cheveux, et chose plus étonnante encore, elle annule en dernière minute leur concert du mardi soir. Pas n'importe quel concert: une représentation de Gustave Mahler. Un comble pour Étienne qui lui a fait sa demande en mariage précisément sur du Mahler.

Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez Viviane ? Pourquoi le tourmente-t-elle ainsi ? Et qu'a-t-elle donc fait ce fameux mardi soir après avoir annulé le concert de leur compositeur fétiche ?
Viviane ment, il en est persuadé. Étienne se sent trahi. Peu à peu, ses certitudes s'effondrent, et sa frustration n'aura de cesse de grandir. Il va épier Viviane, lui demander des comptes, jusqu'à l'issue fatale.

J'ai été happée dès les premières pages. le style soigné et incisif nous permet de pénétrer les pensées torturées et alambiquées d'Étienne. Les personnages sont crédibles, tout particulièrement Étienne, qu'on sent bouillir au fil des pages et devenir de plus en plus incontrôlable. le moment du pétage de plombs est saisissant. Les scènes au commissariat sont d'une grande justesse, que ce soit dans les dialogues, ciselés et réalistes, ou dans l'égrènement millimétré des informations au sujet des circonstances du décès.

Ce qui aurait pu rester de l'ordre d'un différend de couple, une broutille, un mensonge sans conséquence, va virer au tragique. Comme le dit si bien Daniel Zagury, cité en avant-propos, et qui donne le titre à ce livre : « La bascule dans le passage à l'acte criminel tient souvent à l'épaisseur d'un cheveu ». Un texte à lire.




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ive et Etienne forment un couple qui semble solide. Elle est photographe, lui correcteur dans une maison d'édition.
Pourtant, dès la première page, on sait que dans trois jours, Etienne va tuer sa femme. Et ce sont ces trois jours que l'on va suivre pour essayer de comprendre comment cet instant de folie a pu avoir lieu.

Car ce couple sans histoire est en fait un couple qui ne communique plus. Chacun a son projet de son côté et une certaine aigreur prend place. Il y a de l'incompréhension, de la colère rentrée et une agressivité larvée qui ne cherche qu'à sortir.
Etienne est jaloux et souffre d'un complexe de supériorité qui tourne petit à petit à la paranoïa et qui va l'entraîner vers la folie.
On suit une spirale de douleur, de fêlure et de menace, et j'ai trouvé que l'autrice montrait très bien la tension qui monte.

La structure du livre est intéressante. le fait de savoir la fin fait que l'on se concentre plus sur la psychologie des personnages.

Un roman coup de poing.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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En effet comme on le lit à plusieurs reprises dans le livre, « ça ne tient qu'à un cheveu » que notre vie sombre, dégringole. Claire Berest nous offre ici un remarquable roman, très bien écrit ; une plume subtile, raffinée et vivante à la fois. L'auteure nous décrit avec beaucoup de méticulosité ce que l'on pourrait nommer : l'anatomie d'un couple. Celui d'Etienne et Vive Lechevalier, marié depuis 10ans, sans enfants, ils vivent dans un appartement parisien hérité de sa mère à lui. Etienne est correcteur dans une maison d'édition ; elle exerce le métier de photographe. Etienne est introverti. Il souffre d'être invisible aux yeux des autres. Il n'apprécie qu'être en compagnie de sa femme, à laquelle il voue un amour obsessionnel et possessif. Il apprécie la petite vie bien rangée et tranquille qu'il s'est fabriquée. Une vie réglée comme une partition de musique, à laquelle on ne doit pas déroger. Etienne est psychorigide, il se pense plus intelligent que autrui. Il vénère et défend la langue française, les mots, les phrases doivent être utilisés à bon escient, s'imbriquer parfaitement les uns aux autres. Il pinaille à propos de tout ce qui est dit ou fait; d'ailleurs il ne supporte pas la manière dont sa femme s'exprime , ne s'intéresse pas non plus à l'univers artistique de cette dernière qu'il trouve médiocre. Vive, son épouse est tout l'opposé de lui; cultivée également., elle s'est créée une vie artistique épanouissante. Elle est très sociable, extravertie, elle aime profiter de la vie avec ses amis. Contrairement à lui elle pratique le lâcher prise. Elle est fantaisiste, originale. Malheureusement, ce couple que l'on disait solide, va petit à petit se disloquer. Vive ne supportant plus l'atmosphère suffoquant du couple et Etienne de plus en plus paranoïaque, ne tolère plus la manière d'être de sa femme. Claire Berest va disséquer, analyser ce couple à la dérive et plus particulièrement mettre en évidence la personnalité d'Etienne. Elle va scruter à la loupe les mécanismes qui vont le faire sombrer dans la folie. Coup de génie de l'auteure à nous retranscrire avec la précision d'un médecin légiste la nature profonde d'un psychopathe.
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Avant même d'ouvrir le livre nous savons qu'Etienne va tuer sa femme.
Le tour de force de l'auteure réside donc dans la construction du récit.
Un récit qui ressemble bougrement à la vraie vie.
Au début les deux moitiés d'un couple font des concessions, encore dans le déni qui va de paire avec l'exaltation de la découverte ou plutôt la construction d'un personnage qui est l'autre,mais l'autre à travers votre regard oh combien subjectif puisque passionné.
Donc Étienne aime passionnément Vive qui est tout feu tout flamme, toujours dans la découverte et Vive aime Étienne, sérieux, fiable, organisé.
Étape deux: Etienne est un peu énervé par Vive qui aime bien le ver le coude et fumer en public, qui se maquille à la truelle,empeste le Shalimar et manie aussi bien le langage très bobo que le vocabulaire d'un charretier.
Étape 3 : les mots connasse et salope semblent résumer qui Vive est aux yeux de son mari.
Nous noterons d'ici et de là qu'Etienne se la pète un peu et juge que sa femme lui est globalement inférieure.
Étape 4: vous la connaissez depuis que vous avez retourné le livre et lu la 4 ème de couv'.
Au fur et à mesure que sa femme semble ne plus adhérer à ses choix à lui, Étienne se sent absolument abandonné,donc trahi,son estime de soi au 36 ème dessous, lui qui a besoin de repères inamovibles n'en a plus aucun et c'est la chute psychique.
Terrible et violente.
Pendant 10 ans il a vécu avec elle comme si elle lui appartenait,était son double fusionnel,une sorte de marionnette acquiesçant à tous ses choix. Pour lui l'amour chosifie l'autre,qui devient une extension de soi .
Malheur à Vive quand elle prendra conscience de son enfermement et voudra faire entendre ses choix et sa façon de voir.
Et Claire Berest nous montre, à travers une écriture linéaire, comment un homme passe de l'amour fou au meurtre violent,parce que la réalité ne colle plus à l'univers lisse qu'il s'etait forgé.
Un livre,oui,encore un,sur l'histoire d'un feminicide,mais rédigé de main de maître.

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Un roman très prenant qui nous plonge dans une histoire d'"amour" entre une jeune femme et un pervers narcissique. A travers cette histoire, nous pourrions observer ce qu'il se passe dans la tête d'une personne atteinte d'une maladie psychologique. Entre peur, drame et joie nous nous laissons porter.
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Ils ont tout pour être heureux mais un grain de sable dans leur vie de couple va tout faire éclater.
Pourtant, Vive et Gabriel ont beaucoup en commun, les vernissages, leurs mardis concert. Ils n'ont pas d'enfant mais ils ont organisé leur vie d'une manière très calculée: chaque chose en sont temps et à sa place. Une petite vie de bobos parisien.
Enfin... Gabriel s'y retrouve mais Vive de moins en moins. Et puis elle un ami que lui ne supporte plus, il n'entre pas dans leurs délires.

L'auteur nous fait remonter le fil de leur vie ces derniers temps, au moment où Gabriel pense que tout a chaviré avant l'impensable. Une plongée dans les méandre du cerveau de cet homme dont la psychorigidité va déborder sans s'en rendre compte.

Magnifique roman captivant, à la fois on s'attache à Gabriel et on le déteste pour ce qu'il commence à mettre en place. On sent bien que cela va capoter, mais quand et comment?
Et puis quoi, Vive n'avait pas à vouloir changer non plus, hein!! Cette pointe d'humour qui perce dans le macabre des idées de Gabriel tient le lecteur en haleine!

J'ai adoré!

Enjoy!
Lien : https://saginlibrio.over-blo..
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Obsessionnel, voilà l'adjectif que l'on pourrait allouer à ce curieux individu Etienne.
Etienne, le monsieur propret, classique et sage de sa silhouette.
Etienne, correcteur dans une maison d'édition, l'un des derniers à avoir ce poste maintenu, dans cette tourmente où divers métiers de ces lieux sont voués à disparaître.
Disparaître, oui, mais pas Etienne, lui il efface petit à petit l'ennui de ses tocs, de sa vie bien rangée, bien calibrée. Il est exigeant dans tout ce qu'il entreprend. Ne laisse aucune coquille ou texte mal rédigé. Soirée désastreuse au Musée des arts Forains, l'événement annuel de la maison d'édition, alcool et vertige des attractions.
Etienne qui adore aller au concert classique tous les mardis soirs, mange sans appétence, parcourir diverses expositions branchées de Paris, des invitations que reçoit sa femme « Vive » (abréviation de Violette), artiste photographe.
Vive, étonnamment, nous avons peu d'informations sur ces ressentis, normales dès le début du roman, nous savons qu'elle ne fait plus partie de ce monde. Assassinée, oui.

C'est en doublon, dans les chapitres, par le questionnement des enquêteurs de police et les sentiments presque avoués d'Etienne. le dégoût de cet homme qu'à de sa femme ou pourtant aux apparences trompeuses, la vie ensemble leur collait si bien.
L'art ne sera pas de côté, les couleurs, les musiques, les divers artistes peintres mentionnés feront corps au rythme étonnant de ce livre.
Comme il est bon de se laisser happer par cette écriture pointue, méticuleuse. Claire Berest reste maître de cette tragédie suffocante aux relents de vengeance. Jusqu'à la dernière page, on reste pantois par les descriptions et les déboires de son personnage Etienne.
Vive, qui pourtant, a changé de coiffure, a refusé un concert, a continué de danser, à se laisser bercer par le trop plein de l'alcool mondain.

«  Il paraît que même si on ne peut pas les entendre, quand on les coupe ou les arrache, les fleurs aussi crient, vous le saviez ? 
-  C'est le moment, maintenant, de nous raconter, Étienne. »
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Nous connaissons le dénouement dès les premières pages, ce qui n'empêche pas d'être happée par cette violence presque ordinaire. J'ai compris pourquoi cette femme n'a pu s'échapper des griffes du bourreau, je pense que j'aurais pu agir comme elle. Il y a aussi bien des non-dits que des phrases cinglantes. Un roman poignant.
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J'ai vraiment adoré ce roman. Ce livre m'a tenu en haleine du début à la fin. Ce livre m'a fait sentir les émotions des personnages à un haut niveau ! L'idée de mettre la fin dès le début est très intéressante. Mais j'ai cependant été un peu déçu de la fin.
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Bonjour aujourd'hui je vous parle de l'épaisseur d'un cheveu de Claire Berest.
D'après la quatrième de couverture de cette histoire, on peut déjà anticiper une fin dramatique.
Etienne et Vive forment un couple assez différent car lui est plutôt amer tandis qu'elle brille de mille feux dans sa galerie d'artistes avec tous ses tableaux.
Ce livre a réussi à me transporter dans l'esprit d'Étienne, qui se retrouve complètement paranoïaque à cause de sa peur de perdre la femme de sa vie.
Lorsqu'un couple traverse une crise qui peut mener à la rupture, certaines personnes se retrouvent bouleversées car elles ne peuvent pas posséder un être humain.
L'éditrice le recadre car ses corrections ne sont plus des corrections de manuscrits mais des réécritures, cela le met très en colère car on ne peut rien lui dire.
Dans ce roman psychologique et dramatique, l'auteur décrit comment un individu peut rapidement perdre le contrôle et commettre des actes dramatiques.
"Il n'y a qu'un pas de l'amour à la haine."
Étienne est un personnage plutôt agaçant car il est égocentrique et dissimulateur.
Il va tout détruire dans sa vie professionnelle et personnelle, mais il refuse de reconnaître que ce sont ses pensées sombres qui le rendent complètement fou.
J'ai énormément souffert pour cette vie qui ne valait vraiment pas d'être achevée de cette façon, Vive était un personnage attachant.
Un acte d'une cruauté inouïe qui ne peut être exécuté que par un individu monstrueux.
"Landru a dit: J'ai un mot a dire: le tribunal s'est trompé. Je n'ai jamais été un assassin."
C'est avec satisfaction que j'ai terminé ma lecture le jour où Claire Berset est venue nous en parler à la librairie Hisler.
C'était une rencontre littéraire très enrichissante et passionnante.
Lien : https://sabineremy.blogspot...
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