«
Les grands cimetières sous la lune » a été pour moi une énorme déception. Je m'y attendais à une analyse de la guerre civile de l'Espagne par un des plus grands auteurs français du 20e siècle. J'y ai trouvé une diatribe contre les intellectuels français qui appuyaient Franco de la main d'un écrivain totalement incapable de contrôler sa colère. le fait que
Bernanos avait raison sur toute la ligne n'était pas suffisamment pour moi pour lui pardonner l'état lamentable de son texte. Malgré tout ce livre mal organisé et incohérent m'a appris des choses.
Bernanos était très fier d'être connu comme un ultra-catholique et un royaliste qui détestait la démocratie. Ce qui ne pouvait accepter ce que les autres intellectuels de la droite française appuyaient Franco parce qu'il véhiculait les mêmes causes qu'eux. À l'avis de
Bernanos les intellectuels auraient dû condamner Franco pour des atrocités de guerre (telles que
Bernanos a vu de ses propres yeux pendant 18 mois à Majorque).
Les trois principales cibles de
Bernanos étaient :
Charles Maurras,
Paul Claudel et
Léon Daudet. Maurras était un des dirigeants de « L'Action Française » un journal qui parmi bien autres choses étaient anti-Dreyfusard, anti-communiste et pour le régime de Pétain.
Paul Claudel écrivait des poèmes à la gloire de Franco. Quant à
Léon Daudet (le fils du célèbre Alphonse), il qualifié le mouvement Nazi de « La Seconde Reforme Allemande ». Il faut reconnaitre
Bernanos avait des très bonnes raisons pour critiquer ce trio.
Bernanos était conscient du fait que son opposition au fascisme menait éventuellement à une alliance avec les communistes. « Je crois assurément peu désirable une collaboration des catholiques et des communistes » (p. 146). Néanmoins, il a persisté.
La suite des choses après la publication du «
Les grands cimetières sous la lune » a été assez prévisible. Maurras, Claudel et Daudet ont tous pour un plus ou moins long temps appuyé le régime Vichyssois. Pour sa part,
Bernanos s'est exilé après la chute de la France. Ses deux fils se sont enrôlés dans les Forces françaises libres.
«
Les grands cimetières sous la lune » offre la preuve que
Georges Bernanos était un homme de principe. Malheureuse il n'ajoute rien à sa gloire littéraire.