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sur 532 notes
Ce n'est pas une crise de conviction qui torture l'abbé Donissan, sa foi lui reste chevillée au corps, mais bien une crise de conscience. Il se sait comme tout un chacun la cible de Satan, lequel est aux aguets du moindre défaut de la cuirasse du croyant, laissant les athées et autres agnostiques au désespoir de la sainte église.

Alors que Dieu reste définitivement muet et inaccessible, faisant dire à Saint-Exupéry qu'un dieu qui se laisse toucher n'est plus un dieu, Satan quant à lui sait prendre figure humaine pour séduire celui dont la foi vacille. Ce sont les traits de Mouchette la jeune dévergondée qui séduit Pierre et Paul et les détourne du droit chemin tracé par les évangiles, ou encore les traits du maquignon qui se propose de remettre l'abbé sur le bon chemin alors qu'il est perdu dans la nuit. L'abbé Donissan doit compter sur la voix intérieure silencieuse que fait vibrer sa foi pour contrecarrer ces tentatives de séduction, elles bien audibles, du mal incarné.

Cette lecture est à l'image de l'abbé perdu dans la nuit. Elle tourne en rond et revient inexorablement à son point central d'obsession. Faisant de cet ouvrage un sempiternel combat spirituel du croyant dans toute la candeur de sa conviction. Un combat intérieur qui rend les événements, car il y en a quand même, marginaux au regard de cette claustrophobie spirituelle obsédante.

Une torture de l'abbé que Bernanos a bien communiqué au lecteur baptisé que je suis, me faisant de la lecture de cet ouvrage un véritable supplice chinois. Mais Satan ne m'a pas convaincu à l'autodafé auquel il m'exhortait dans le tuyau de l'oreille, je me suis fait le devoir d'aller au bout de ce chemin de croix. J'ai fait ma BA de l'année en matière de respect du travail de l'écrivain.

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Il y a des années que je suis devenu incapable de parler à toute personne, même bien intentionnée, même intelligente et cultivée, qui n'a pas pris au sérieux la littérature catholique. Je ne peux que souhaiter, avec la dernière énergie, que ces personnes lisent de tels livres, en laïc peut-être, mais cela est certain : avec l'aile au soleil.
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C'est l'histoire d'un personnage fortement inspiré du curé d'Ars, un prêtre totalement inculte, mais d'une grande humilité, qui n'est pas considéré, voire méprisé, par ses supérieurs, et qui est envoyé dans une nouvelle paroisse. Il y découvre la pourriture morale qui y règne, tente de sauver ses ouailles et fait preuve d'une grande sainteté, mais est soumis à la tentation du Diable. le livre commence par une mention de Paul-Jean Toulet (un poète/romancier peu connu de la fin du XIXème siècle), ce qui a fait couler beaucoup d'encre quant aux inspirations de Bernanos pour rédiger ce roman, qui est particulièrement original, puisqu'il mêle le surnaturel au dégoût de l'existence et du péché.
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Encore un livre que j'ai apprécié, tout en réalisant être passé à côté d'une partie, la dernière. Cela m'arrive régulièrement avec les livres audio !
Il faudrait donc le relire mais avec le nombre de livres qui m'attend déjà, arriverais-je un jour à relire ceux qui le mérite ?
Par contre j'ai bien ressenti toute la puissance de ce livre et peut-être grâce à la voix de "Ricou" donneur de voix sur littératureaudio.org
Merci à lui et à ce site gratuit.

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Sous le soleil de Satan est le premier roman de Georges Bernanos, un auteur qu'on oublie parfois parmi les grands novateurs de la première moitié du XXeme, et dont je suis surpris de n'en avoir eu connaissance que si tard dans ma vie. Il a fallu l'immense film de Maurice Pialat pour me donner l'envie de lire le texte original de cet ogre réactionnaire de la littérature. J'en sors bouleversé, ce livre vous remue les profondeurs, même si Dieu n'habite que fugacement votre existence, au détour d'un questionnement occasionnel. Pour ma part, la mystique chrétienne me fascine et elle me fascine d'autant plus à la sortie de ce livre dont je n'étais pas préparé à l'effet qu'il aurait sur moi. J'attendais ce livre depuis longtemps.

La grande force du livre c'est avant tout la puissance de l'écriture de Bernanos dont on est persuadé qu'elle peut aisément déplacer des montagnes. C'est cette rage énorme subtilement mariée à une profonde sensibilité tragique qui nous porte pendant toute notre lecture. Bernanos nous en fout plein la figure, il nous jette dans la boue de notre ignorance et de notre condition misérable, mais il nous tend également la main pour en sortir, là où Céline nous y laisserait crassement pourrir. Bernanos c'est un peu notre Virgile du monde moderne, celui qui nous propose de descendre avec lui dans les ténèbres démoniaques qui habitent chacun de nous. Et il n'a pas besoin d'aller bien loin, le Diable se cache dans les détails : dans le coeur d'une jeunesse trop sûre d'elle, sous le chapeau d'un brave homme rencontré en chemin et devant qui on baisse la garde. Satan habite les gens simples comme les plus éminents, les pauvres fermiers comme les marquis, les médecins, et les pauvres abbés qui ne savent comment livrer ce combat sous les yeux de leur Seigneur trop souvent muet. Et dans le néant jaillit la lumière, l'étincelle fuyante qui depuis le Fiat Lux jusqu'à la discrète résurrection d'un pauvre petit enfant nous relie à la grande question du Salut, au message du Christ que Dieu n'a pas hésité à sacrifier pour nos fautes.

Sous le soleil de Satan se révèle petit à petit à son lecteur. Il prend d'abord l'allure d'un drame social derrière lequel couve la transcendance et les forces surnaturelles tapies au fond de la vie intérieure, inaccessible à l'entourage. Mais Dieu voit tout et rien non plus n'échappe à son ange déchu. Alors éclate l'enjeu du roman : dénoncer les travers et l'arrogance de l'homme moderne qui s'est permis d'oublier Dieu, pensant prendre sa place. Il faudra des figures fragiles et sincères pétries par le doute pour montrer à cette humanité que derrière son impression de liberté, c'est la volonté de Satan qui s'exprime, que dans nos décisions où s'absente la pensée, c'est son plan qui s'exécute.

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C'est bien simple... Je n'ai pas fini le livre. Je me suis arrêté à la fin du deuxième chapitre.
J'ai essayé pourtant, mais j'avais du mal.

Livre trouvé dans la bibliothèque des grands-parents je l'ai pris, car j'étais intrigué par le titre qui m'a fais pensé au film avec Depardieu, que je n'ai pas vu.
Et en effet, le film est tiré du livre.

Mais le livre... que du mal... ce n'est vraiment pas fait pour moi les livres sur la foi et la religion.
Je regrette car l'histoire est plutôt intéressante, mais bien longue, et la manière dont c'est écrit, n'aide pas vraiment !
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Un écrivain francais un peu oublie injustement car ce n'est pas le talent qui manque a sa plume,ce livre le confirmera a tous les lecteurs qui seront,je l'espere comme moi ravi de l'elegance du style et de la fluidité du recit qui voys fait passer de page en page sans presque vous en rendre compte.
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En résumé, j'aime assez les adjectifs de la quatrième de couverture, “chaotique et ténébreuse” (je vais quand même en dire un peu plus…)

.

Donc, cette première publication de l'écrivain français est une sombre et ténébreuse histoire, bien que Georges Bernanos s'amuse aussi de façon discrète mais franche de ses personnages : ils sont à certains égards risibles, dans leur lâcheté par exemple, “l'habile et le prudent ne ménagent au fond qu'eux-mêmes” écrit-il.

Les personnages sont d'ailleurs un des attraits principaux de “Sous le soleil de Satan”, roman psychologique s'il en est, ce confessionnal fait livre repose sur l'incarnation d'individus de chair et de sang aux tourments invraisemblables faisant l'objet de prolixes descriptions. L'élan pernicieux et vivace de la jeune “Mouchette” est fait pour marquer, c'est une de ces figures romanesques dont on se souviendra avoir croisé la route, emblématique et pathétique, servie par une première partie dynamique, haletante et inspirée.

“Il sait aussi ce qu'est l'homme : un grand enfant plein de vices et d'ennui.” Mais l'ouvrage n'en demeure pas moins chaotique sur la forme, car le reste du roman nous perd dans le fouillis des méandres de l'examen de conscience de l'abbé Donissan, dont la “timidité faisait un ridicule martyre”. Il est un instant palpable et ses contours bien arrêtés mais nous échappe l'instant d'après… laissant le lecteur surnager dans les eaux troubles et brumeuses de la narration et finalement échouer quelques pages plus loin. Pour ma part, c'est la dernière partie du livre, éclatée façon puzzle, qui m'as vu lâcher le rondin de bois auquel je m'accrochais fébrilement, par respect pour les premiers moments alléchants du livre.

Au-delà de la (dé)construction narrative, ce qui rend (en plus) le roman difficile, voire barbant pour être honnête, c'est que Bernanos s'est enfermé dans un thème dont la pauvreté n'a d'égal que la banalité : la lutte entre l'abbé et Lucifer, dont on nous rabat les oreilles depuis L'Enfer de Dante jusqu'à l'Exorciste de Friedkin.

Pour le lecteur du XXIème siècle, après le ras de marée des films d'horreurs qui ont usé le chapelet de l'imaginaire fictionnel catholique jusqu'au copeau de bois, c'est cette exiguïté binaire et austère de la mythologie chrétienne qui rend las… cela malgré l'injustice de mon jugement anachronique, m'enfin on s'adresse ici aux lecteurs d'aujourd'hui.

Cependant la langue est bonne, l'atmosphère de la campagne artoise, ses nuits, son froid, son vent, sa pluie, sa boue, sa mer du Nord et son embrun en font une lecture parfois immersive. En outre, l'aspect un peu touffu du style laisse le bénéfice du doute à Bernanos sur une possible profondeur sibylline, prétendument insondable pour le béotien, où les mots de grâce, de joie, d'espérance, de désespoir sont érigés au rang de concepts quasi-ésotériques.

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Sous un éclairage noir et visionnaire les raisons d'être, d'espérer ou au contraire de se ressentir sombrer Ici même analysées
Daniel Rops un auteur plébiscité en son temps sans doute injustement ignoré
Qui ne passe pas à côté des vérités essentielles
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Ce livre, c'est du lourd ! Et déposer une petite critique, vite faite mal faite, comme ça en passant, est un peu honteux. Je n'ai malheureusement pas la force ni le temps ni le talent d'écrire quelque chose qui soit à la hauteur de ce roman.
Je me limiterai donc à deux remarques.

L'écriture d'abord : d'un raffinement poussé, parfois trop d'ailleurs. Il faut lire en étant en forme car ce n'est pas toujours aisé. Toujours est-il que Bernanos démontre une virtuosité exceptionnelle dans la maîtrise de la langue. du grand art.

Le contenu ensuite : je ne suis pas sûr d'avoir saisi toutes les subtilités de la pensée de Bernanos mais je trouve qu'il y a dans ce roman consacré, somme toute, au Mal, une certaine résonance avec notre époque. Sous le soleil de Satan est le fruit de l'horreur de la Grande Guerre. A un moment où notre monde se retrouve confronté à sa finitude et à ses limites, la question du Mal n'est pas totalement dénuée d'actualité. Car la vision pessimiste de l'homme, qui, dans le roman de Bernanos, a perdu la transcendance, s'est égaré dans l'erreur et gère les affaires courantes sans espérance, n'est pas vraiment anachronique aujourd'hui.

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