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3,66

sur 522 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En résumé, j'aime assez les adjectifs de la quatrième de couverture, “chaotique et ténébreuse” (je vais quand même en dire un peu plus…)

.

Donc, cette première publication de l'écrivain français est une sombre et ténébreuse histoire, bien que Georges Bernanos s'amuse aussi de façon discrète mais franche de ses personnages : ils sont à certains égards risibles, dans leur lâcheté par exemple, “l'habile et le prudent ne ménagent au fond qu'eux-mêmes” écrit-il.

Les personnages sont d'ailleurs un des attraits principaux de “Sous le soleil de Satan”, roman psychologique s'il en est, ce confessionnal fait livre repose sur l'incarnation d'individus de chair et de sang aux tourments invraisemblables faisant l'objet de prolixes descriptions. L'élan pernicieux et vivace de la jeune “Mouchette” est fait pour marquer, c'est une de ces figures romanesques dont on se souviendra avoir croisé la route, emblématique et pathétique, servie par une première partie dynamique, haletante et inspirée.

“Il sait aussi ce qu'est l'homme : un grand enfant plein de vices et d'ennui.” Mais l'ouvrage n'en demeure pas moins chaotique sur la forme, car le reste du roman nous perd dans le fouillis des méandres de l'examen de conscience de l'abbé Donissan, dont la “timidité faisait un ridicule martyre”. Il est un instant palpable et ses contours bien arrêtés mais nous échappe l'instant d'après… laissant le lecteur surnager dans les eaux troubles et brumeuses de la narration et finalement échouer quelques pages plus loin. Pour ma part, c'est la dernière partie du livre, éclatée façon puzzle, qui m'as vu lâcher le rondin de bois auquel je m'accrochais fébrilement, par respect pour les premiers moments alléchants du livre.

Au-delà de la (dé)construction narrative, ce qui rend (en plus) le roman difficile, voire barbant pour être honnête, c'est que Bernanos s'est enfermé dans un thème dont la pauvreté n'a d'égal que la banalité : la lutte entre l'abbé et Lucifer, dont on nous rabat les oreilles depuis L'Enfer de Dante jusqu'à l'Exorciste de Friedkin.

Pour le lecteur du XXIème siècle, après le ras de marée des films d'horreurs qui ont usé le chapelet de l'imaginaire fictionnel catholique jusqu'au copeau de bois, c'est cette exiguïté binaire et austère de la mythologie chrétienne qui rend las… cela malgré l'injustice de mon jugement anachronique, m'enfin on s'adresse ici aux lecteurs d'aujourd'hui.

Cependant la langue est bonne, l'atmosphère de la campagne artoise, ses nuits, son froid, son vent, sa pluie, sa boue, sa mer du Nord et son embrun en font une lecture parfois immersive. En outre, l'aspect un peu touffu du style laisse le bénéfice du doute à Bernanos sur une possible profondeur sibylline, prétendument insondable pour le béotien, où les mots de grâce, de joie, d'espérance, de désespoir sont érigés au rang de concepts quasi-ésotériques.

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Sous le soleil de Satan et le Journal d'un curé de campagne se confondent sous l'insigne d'un même élan catholique qui anime Georges Bernanos dans les tréfonds de ses propres emportements spirituels. Les deux histoires se confondent en se construisant autour des interrogations spirituelles de personnages. Leurs controverses intérieures nous font comprendre que Bernanos se projette en envisageant des modes d'existence éloignés des conceptions traditionnelles. le roman devient alors un lieu d'expérimentation et de conversation personnelle. Tant mieux si le dialogue de Georges Bernanos parvient ensuite à rejoindre celui que le lecteur tient avec ses propres contradictions. Les risques que cette connivence ne se produise pas sont faibles car le Soleil de Satan propage des controverses intérieures qui ne sont pas si hermétiques qu'elles ne le semblent de prime abord, une fois que l'on aura ôté aux occultismes de Georges Bernanos tous les mystères essentiellement littéraires qui se chargent d'éloigner le lecteur du sens premier du texte.


Comme dans le Journal d'un curé de campagne, il faudra s'accommoder des fantaisies narratives qui semblent relever davantage du plaisir investi par Georges Bernanos au moment de l'écriture que de la véritable nécessité intellectuelle. On retrouve souvent un manichéisme caricatural entre les personnages ecclésiastiques et les autres, qui ne nous fait aimer ni les premiers, ni les seconds, et l'ensemble des faits est rapporté avec une complaisance dans les images stéréotypées qui contredit l'aspiration sur-morale de Georges Bernanos.


« Certes, il a contemplé la mort aussi souvent que le plus vieux soldat ; un tel spectacle est familier. Faire un pas, étendre la main, clore des doigts la paupière, recouvrir la prunelle qui le guette, que rien ne défend plus, quoi de plus simple ? »


Et Georges Bernanos brandit fièrement, à plusieurs reprises, un personnage qu'il imagine exceptionnel parce qu'identique à lui dans ses quêtes spirituelles, semblant perdre ainsi de vue l'objectif initial de sa démarche. Satan ne cesse jamais d'agir. Chez Georges Bernanos, il prend la forme de la tentation esthétique et se perd dans une déferlante de stéréotypes qui voilent malheureusement quelques-unes de ses puissantes intuitions.

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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« J'ai pas compris » me suis-je piteusement dit une fois tournée la dernière page de ce roman. Ni le message de l'auteur, ni le fil conducteur de l'histoire, ni la psychologie des personnages. Pas terrible comme bilan.

L'expérience avait pourtant bien démarré avec l'histoire de Mouchette. Âgée de dix-sept, elle est séduite par le marquis du coin qui lui fait un enfant. Alors qu'elle s'attendait à vivre une aventure qui scandaliserait tout le village, elle trouve son marquis vite soumis au qu'en-dira-t-on et qui redevient soudainement raisonnable, attitude qui ne plaira pas du tout à Mouchette.

Les choses se compliquent quand entre en scène le personnage principal, l'abbé Donissan. Ayant péniblement terminé sa formation, il est bien plus à l'aise dans les travaux manuels que dans les sermons, véritable calvaire pour lui et pour l'assistance, malgré toute sa bonne volonté. Son supérieur voit en ce personnage lourdaud et un peu simplet un saint, déclaration qui impressionnera l'abbé et le plongera dans une spirale de mortification corporelle et mentale. Donissan entamera un combat avec Satan tout au long de sa vie, qui le feront passer de l'exaltation au désespoir à n'en plus finir.

Je suis passé totalement à côté de la psychologie des personnages, qui m'a semblé tortueuse au possible. Elle colle vraisemblablement à la vision catholique du bien, du mal, de la grâce, … N'étant pas du tout instruit dans ce domaine, mon incompréhension doit venir de là. J'ai par contre apprécié l'écriture, qui seule m'a donné le courage d'aller au bout de cette histoire.
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Au départ, c'est Maurice Pialat qui m'a donné envie de lire le roman de Georges Bernanos "Sous le soleil de Satan". C'est un très beau titre et il faut dire que j'ai retrouvé dans le film l'univers de l'écrivain français. Pourtant, j'ai eu beaucoup de mal à lire et à aimer ce roman. Est-ce que c'est parce qu'il s'agit d'un premier roman et que Bernanos en fait trop ? Je ne sais pas.
Il commence pourtant bien avec l'histoire de Mouchette, une petite provinciale de seize ans qui tombe enceinte d'un marquis. Comme celui-ci ne veut pas reconnaître son enfant, elle le tue. Par la suite, elle va faire une fausse couche ou bien avorte. Bref, elle perd l'enfant.
De son côté l'abbé Donissan croit devoir se châtier en se mortifiant sans doute pour éviter le diable. Il va pourtant rencontrer Satan sous les traits d'un marchand de chevaux et le curé de campagne se sacrifiera pour sauver les âmes damnées comme celle de Mouchette.
S'il se dégage une atmosphère et une ambiance particulière dans ce roman mais j'ai quand même eu du mal à comprendre cette histoire qui m'a semblée assez confuse et hallucinée. Je suis restée hermétique aux délires du curé.
C'est un livre beaucoup trop mystique pour moi.


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Ce roman illustre à mon sens toute la pusillanimité de la religion. Lu avec quelque distance, il peut réjouir le coeur d'être loin de tout cela.
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Ce premier roman de Bernanos est d'une complexité intéressante que je n'avais pas vu aux premiers abords. C'est en discutant du texte avec quelqu'un qui était entrain de le lire que je me suis rendu compte que j'étais passée au travers de certaines choses sans les comprendre (et inversement pour mon interlocuteur) et qui m'a amené à penser que ce livre mériterait peut être plusieurs lectures pour en comprendre toutes les subtilités. Une chose est sure, la confusion des personnages et l'étrangeté dans laquelle ils sont plongés sont des sentiments persistants qui accompagnent le lecteur même après avoir refermé le livre. Entre autres réflexions, il est légitime selon moi, de se questionner sur la place et la valeur de chacun des personnages, ainsi que sur le caractère saint du protagoniste. Est-il réellement proche du divin ? Tous les miracles qu'on lui prête ne seraient-ils pas simplement le reflet de Satan agissant à ses côtés ? Bien qu'il y ait une relative fascination pour les faits, je dois reconnaitre que le style, bien que contribuant à l'ambiance du roman, n'a pas toujours facilité la compréhension.
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[Roman audio, lu par Ricou pour le site litteratureaudio.com]
Je suis mitigée à cette lecture. L'écriture relevée et puissante me laisse consternée de n'avoir pas découvert cet auteur plus tôt. Vingt fois au cours de cette lecture, je me suis dit qu'une phrase ou qu'un paragraphe était à retenir tant il était beau ou bien dit.

Les personnages secondaires y sont décrits de manière remarquable, d'une justesse magnifique. Je déplore malheureusement que les deux personnages principaux y sont, contrairement au reste, d'une dichotomie affligeante. Entre Mouchette et l'abbé Donissan, pas un pour rattraper l'autre. L'un dans sa sainteté absurde, l'autre dans son vice ridicule, ils ne m'ont semblé avoir aucun sens ni aucune résonance. Il s'agit de l'histoire de deux personnes folles, en somme, qui se rencontrent dans leur délire.

Bref, j'ai bien aimé, en général, mais je n'y ai pas trouvé le chef-d'oeuvre qu'on m'avait vanté. Dommage.
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Première tentative : abandonné p100 pour cause d'ennui profond et de désintérêt massif. Livre débordant de curés aux curieuses préoccupations, qui semble fort démodée à notre époque profane. Je ne suis pas non plus éblouie par le style.

Deuxième tentative : terminé dans la souffrance, ce livre étrange, difficile, exigeant, dont certaines pages sont à mourir d'ennui et d'autres sont magnifiques, qui se lit comme une ascension de haute montagne mais dont la récompense ne se savoure pas autant qu'un sommet, qui laisse cependant comme un goût de nécessité …
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J'ai survolé le dernier tiers du livre ( ce que je ne fais jamais !). Une belle écriture plutôt baroque, quelques passages franchement interessants ( rencontre avec le diable, Mouchette ) mais une structure de livre à mon avis décompensée , avec l'entrée en scène du personnage principal seulement autour de la page 100. La lutte du prêtre contre Satan m'a ennuyé... Je devrais aller à confession, mais surtout pas avec l'abbé Donissan. Je suis ravi de passer à un autre livre... pourquoi pas un bon polar noir des années 50, plein de péchés, mais rempli de bons moments truculents...
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Le talent est indéniable, mais ce premier roman souffre de nombreux problèmes, tant sur le fond que sur la forme. de nombreuses longueurs viennent alourdir sa lecture, l'intensité des révélations manque cruellement d'un sens de progression et de nuance, certains monologues perdent pied bien trop tôt, et de nombreux personnages secondaires ne s'imposent jamais et s'effacent. C'est dommage, car par plusieurs moments on ressent quelque chose de vraiment profond, une remise en question autant de la spiritualité que de l'humanité même de certains de ses protagonistes.
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