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3,66

sur 523 notes
Quelques années après avoir lu le fameux journal et quelques jours après la conférence de Notre-Dame consacrée à Bernanos, je me plonge dans ce roman où trois personnages se partagent la célébrité : Mouchette bien sûr, le curé des Lumbres et Satan. Ce dernier apparaît à plusieurs reprises et hante tout le roman. L'académicien qui apparaît à la fin du roman m'a beaucoup intrigué : serait-ce Anatole France que j'ai prévu de lire dans quelques temps ?
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C'est le premier roman de Bernanos, un jet flamboyant.

J'ai été profondément frappé par le style de l'auteur, très directe et qui mêle subtilement le réalisme et le fantastique. On ne ressort pas indemne de cette lecture. C'est une réflexion sur la vie des Saints, leur existence et leur reconnaissance dans la société.

Vous l'aurez compris par le titre, l'auteur met en exergue l'omniprésence du Mal et notre impuissance face à sa ruse. le mysticisme catholique et une folie vraisemblablement diabolique s'entremêlent et nous montre la (très) faible capacité de l'Homme à discerner l'un et l'autre. C'est un combat intérieur dont l'issue n'est que trop certaine..

Je conseille pour bien comprendre la perspective de l'auteur, d'être familier avec la vie des martyres (moi j'avais lu Alphonse de Liguori à ce sujet mais il y en a une infinité), peut-être aussi d'être bien imprégné de l'ancien testament (la Torah, quelques livres historiques, Isaïe Ezéchiel etc.) et les évangiles. C'est un roman eschatologique donc on passe complétement à côté du livre sans ça.

Voilà en tout cas je le recommande c'était pour moi la première lecture de cet auteur, elle m'a transformé et je vais certainement continuer dans cette lancée

Bonne lecture à tous,

Clément
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J'ai eu du mal avec ce roman – le roman d'un écrivain catholique conservateur sur un prêtre qui atteint la sainteté, ce n'est pas ce que j'apprécie lire, je le savais. Il me manque de nombreux éléments sur la doctrine de la prédestination, la conception du Bien et du Mal selon Augustin, le jansénisme... J'ai cependant lu des aspects critiques sur l'oeuvre, j'ai écouté une émission de France Culture, les « Romans qui ont changé le monde » qui m'a apporté certains éclairages, mais je suis passée à côté. Je n'étais ainsi pas bien sûre d'avoir bien interprété la charge anticléricale contre certains prêtres vivant dans une forme de confortable mollesse, ou rapportant des ragots de séminaires, voire ne croyant pas à la sainteté. J'ai me suis plusieurs fois posé la question de la parodie ou du pastiche, ou, du moins, de l'excès dans l'écriture si mélodramatique qu'elle pouvait en devenir comique.
J'ai d'abord eu un problème avec la construction romanesque. Mouchette, seule personnage féminin si on excepte la bonne du curé qui n'a que quelques phrases, est une jeune fille révoltée contre les conventions, contre son milieu, contre certains hommes. C'est intéressant, c'est fort, oui. Elle pourrait se rapprocher des « diaboliques » de Barbey d'Aurevilly, autre écrivain catholique, sauf que sa force de vivre est très vite assimilée à de la folie, elle-même accepte de se voir comme une folle. Et, surtout, le prologue qui l'évoque n'est relié qu'indirectement aux parties suivantes.
J'ai eu du mal aussi avec l'irruption du fantastique dans le récit avec l'incarnation du diable. le curé est seul, de nuit, il se perd dans les chemins brumeux. Ce passage instaure une ambiance de malaise, on ne distingue plus trop le réel de la réalité, jusqu'à la représentation triviale du diable comme un vendeur de chevaux. Ce n'est plus la figure du diable inquiétant et tentateur de Milton ou de la Fin de Satan de Hugo, ce n'est qu'un maquignon sympathique et beau parleur, un homme du terroir. Je n'ai pas compris enfin l'intérêt du personnage de l'écrivain, un portrait en creux d'Anatole France semble-t-il, mais qui n'apporte que peu sur le plan purement romanesque.
J'apprécie l'excès, la folie, la destruction et la violence de Barbey d'Aurevilly, pas ce portrait hagiographique d'un homme si éloigné de moi.
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Texte délicieusement sombre comme une fausse aurore, marqué du sceau du péché à chaque page ou presque, du crime du dedans et du dehors, ce livre est une messe noire ... Explorant l'angoisse sans cesse (ce Satan trismégiste), la vie complexe des confins infinis du dedans des âmes, la mystique de "Sous le soleil de Satan" (l'anti soleil platonicien ...) étonne.
L'abbé Donissan, ce futur Saint de Lumbres, occupe un espace narratif et dramatique puissant, tragique, et qu'un style enlevé (phrases plutôt courtes, rythme dynamique, bascules fréquentes dans le présent de narration ...) tisse.
Une expérience de lecture singulière que je recommande donc, si on aime Huysmans par exemple (moins l'humour) et aussi, pour tout dire, étonnamment, Homère. Mais oui !
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Sous le soleil de Satan/Georges Bernanos
Ce roman publié en 1926 connut d'entrée un franc succès. Il est divisé en plusieurs parties.
Le prologue concerne l'histoire de Germaine Malorthy dite Mouchette, jeune fille de seize ans qui annonce à ses parents qu'elle est enceinte tout en refusant de dire de qui. le marquis de Cadignan est soupçonné de par sa réputation de séducteur des oies blanches. Mais Mouchette a deux amants, le second étant le député, le Dr Gallet, « son autre secret, son autre silencieux défit ».
Dans un style poétique magnifique de puissance et de lyrisme, Bernanos, grand écrivain catholique dont le thème favori est le combat du bien et du mal, évoque avec talent la ruse et le mensonge qui sont les armes de Mouchette, « cette petite âme obscure et petite fille au corps frêle », à quoi s'ajoutent le vice et une certaine folie.
« Voici l'horizon qui se défait, un grand nuage d'ivoire au couchant et, du zénith au sol, le ciel crépusculaire, la solitude immense, déjà glacée, plein d'un silence liquide…Voici l'heure du poète qui distillait la vie dans son coeur, pour en extraire l'essence secrète, embaumée, empoisonnée…. À seize ans, Germaine savait aimer (non point rêver d'amour, qui n'est qu'un jeu de société). Germaine savait aimer, c'est à dire qu'elle nourrissait en elle, comme un beau fruit mûrissant, la curiosité du plaisir et du risque, la confiance intrépide de celles qui jouent toute leur chance en un coup, affrontent un monde inconnu, recommencent à chaque génération l'histoire du vieil univers. »
Mouchette, fille nerveuse d'hérédité alcoolique, pubère à treize ans, va sombrer peu à peu dans une quasi démence.
Au prologue fait suite la première partie au cours de laquelle le chemin de Mouchette va croiser celui de l'abbé Donissan en quête de sainteté. L'ascension mystique dans l'ascèse de l'abbé dont l'âme tourmentée se trouve aux prises avec Satan sous la forme d'un maquignon rencontré au détour d'un chemin de l'Artois, va se poursuivre au fil des pages. On assiste au désespoir de l'abbé qui en vient à douter de sa foi.
On prête à l'abbé des pouvoirs particuliers : dans la seconde partie du roman, il devient le saint de Lumbres qui voit l'oeuvre de Satan se manifester de façon ubiquitaire, contre qui il n'aura de cesse de lutter.
Dans ce roman, il faut bien le dire, d'une lecture assez ardue, l'analyse de la vie intérieure des personnages est remarquablement menée. Cette lecture demande naturellement un effort de concentration pour saisir toutes les subtilités de la description de la psychologie des protagonistes.
En bref, un ouvrage pour lecteurs avertis.
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Le talent est indéniable, mais ce premier roman souffre de nombreux problèmes, tant sur le fond que sur la forme. de nombreuses longueurs viennent alourdir sa lecture, l'intensité des révélations manque cruellement d'un sens de progression et de nuance, certains monologues perdent pied bien trop tôt, et de nombreux personnages secondaires ne s'imposent jamais et s'effacent. C'est dommage, car par plusieurs moments on ressent quelque chose de vraiment profond, une remise en question autant de la spiritualité que de l'humanité même de certains de ses protagonistes.
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J'avoue ne pas avoir été séduit par l'écriture de Bernanos, ou peut-être ne me suis-je pas laissé séduire ? Les dialogues m'ont réellement captivé car ils possèdent une véritable force. Tout se noue dans les dialogues chez Bernanos. Mais toutes les considérations métaphysiques et spirituelles m'ont profondément ennuyé. Je me suis perdu dans leur densité et leur abstraction, ce qui fait que la dernière partie a été pour moi une véritable épreuve...
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Écriture complexe, singulière, irrégulière (avec des dissonances étranges en terme de conjugaison de temps, comme chez Mauriac). le thème, noir, crépusculaire, est dostoïevskien ; le récit, obscur, ambivalent. La prose est parfois belle, mais sans le raffinement, le lyrisme, l'aisance propres à Claudel. Tout est analysé (de manière théâtrale, excessive) à l'aune d'un conflit intérieur, d'un rapport de forces intime. Comme chez Huysmans (mais beaucoup plus encore), la foi est envisagée sous l'angle maléficieux et ténébreux. C'est déroutant et inquiétant. Certes, on peut (à la rigueur) y voir un récit de fin du monde stigmatisant l'effondrement des valeurs spirituelles en Occident (révélant par antithèse la face hideuse – sous ses aspects séduisants – de la société de consommation dans laquelle, depuis la seconde moitié du XX° siècle, le monde vit dans la seule préoccupation du pouvoir d'achat). Mais il n'empêche : fondamentalement, cet ouvrage apporte le témoignage accablant d'un esprit torturé, maladif, malsain.
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Chaque fois que je lis Bernanos je suis surpris par la richesse (et la tristesse) de son écriture. Combien d'auteurs sont capables, comme lui, de restituer la fine trame des sentiments qui nous animent ? Assez peu ; et c'est pour ça que Georges Bernanos mérite le statut de très grand auteur, et ce livre celui de classique de la littérature française. Comme le personnage principal, j'ai connu des instants de grâce et d'autres d'abattement. Avec Bernanos, même la sainteté devient terriblement humaine, attachante, et pour cause : il parle le langage universel de l'homme.
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J'ai survolé le dernier tiers du livre ( ce que je ne fais jamais !). Une belle écriture plutôt baroque, quelques passages franchement interessants ( rencontre avec le diable, Mouchette ) mais une structure de livre à mon avis décompensée , avec l'entrée en scène du personnage principal seulement autour de la page 100. La lutte du prêtre contre Satan m'a ennuyé... Je devrais aller à confession, mais surtout pas avec l'abbé Donissan. Je suis ravi de passer à un autre livre... pourquoi pas un bon polar noir des années 50, plein de péchés, mais rempli de bons moments truculents...
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