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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Naissance d'une oeuvre

L'énarque Michel Bernard utilise souvent la figure de grands artistes comme matière pour ses romans. En 2003, il publiait Comme un enfant, qui était présenté comme une biographie romancée de Charles Trenet. Dans La tranchée de Calonne, l'auteur faisait apparaître, plus ou moins furtivement, Jeanne d'Arc, Maurice Genevoix, Maurice Ravel ou Alain-Fournier. La maison du docteur Laheurte faisait intervenir l'amiral Jean Cras comme un des personnages, non référencé. Dans le corps de la France, ce sont les romanciers Léon Werth et Henri Calet qui font partie de l'intrigue. le titre de Pour Genevoix est explicite, tout comme Les forêts de Ravel ou Deux remords de Claude Monet. Puis c'est Jeanne d'Arc qu'il invoque de nouveau dans le Bon Coeur, et, en 2021, il proposait avec Les bourgeois de Calais, de revenir sur un épisode de la vie d'Auguste Rodin. Plus précisément, le livre raconte comment le sculpteur a été amené à livrer une de ses oeuvres phares au maire de la ville.

Le début

En se promenant dans Paris, Auguste Rodin admire une nouvelle fois la statue en bronze du Maréchal Ney, produite par François Rude et qui se trouve sur l'avenue de l'Observatoire. Il se souvient du moment où l'oeuvre avait été livrée, quand, à 13 ans il habitait rue Mouffetard. Il était venu la voir avec sa mère mosellane, et donc toute aussi lorraine que le maréchal, son père fonctionnaire et tout autant patriote, et sa soeur. C'est avec Jean-Baptiste Carpeaux, un élève de Rude, qu'il a appris son métier, et il a savamment étudié les conditions dans lesquelles le célèbre sculpteur avait gravé dans le marbre le non moins célèbre militaire. Il comprenait, en contemplant l'oeuvre, quelles étaient les intentions de l'artiste, et il salue à chaque fois l'audace dont il a fait preuve pour imposer sa vision aux membres du comité de sélection, par nature plus conservateurs. En cet automne, il cherche un lieu parisien où pourrait s'exposer son Âge d'airain, enfin prêt après bien des aventures.

Analyse

Le projet de Michel Bernard est à la fois simple et ambitieux quand il écrit Les Bourgeois de Calais. D'une part, il s'agit de croquer la figure d'Auguste Rodin, non pas dans l'ensemble de son existence, mais sur une période de temps bien délimitée, celle de la production d'une de ses oeuvres phares. Ainsi, il évite les poncifs de la biographie, ou de l'hagiographie, qui part de la naissance de l'artiste pour se conclure sur sa mort. On se concentre sur un peu plus d'une dizaine d'années, entre le moment où le sculpteur rencontre son commanditaire, le maire de Calais, et l'inauguration de son oeuvre sur la place de l'hôtel de ville. Ce qui est ambitieux dans ce travail est de vouloir explorer l'ensemble des tenants et des aboutissants de cette commande, tout en restant évasif dans la construction du roman. Nous sautons ainsi, avec des ellipses tout à fait légitimes, d'une période à l'autre, mais l'auteur est très, voire trop, minutieux dans sa description de chacune des étapes du processus.

C'est pourquoi la lecture des Bourgeois de Calais est un peu rébarbative. À n'en pas douter, Michel Bernard sait de quoi il parle, et il est très consciencieux dans son projet d'écriture. Cela se confirme à la fin du livre, où il retranscrit telles quelles, non pas l'ensemble, mais une partie de la correspondance qui lui a servi de modèle pour la rédaction de son roman. Est-ce dû à sa formation initiale, en tout cas il use de moult détails pour expliquer chaque entrevue, chaque voyage, chaque étape, et l'on s'ennuie quelque peu à certains endroits, bien que l'ouvrage ne soit pas si long. C'est peut-être aussi lié à sa prose, qui est trop ampoulée et manque singulièrement de rythme. Par contre le style est soutenu, et l'on ne peut lui reprocher d'user d'un langage châtié. Reste que la lecture d'une traite du roman peut s'avérer franchement difficile. En soi, ce n'est pas un problème insurmontable, et le lecteur peut y revenir petit à petit, prenant son temps, sans pour cela perdre le fil du récit.

Le plus intéressant dans Les Bourgeois de Calais est sans aucun doute le contexte, et les à-côtés qui ponctuent le récit principal de l'ouvrage. En cela, la retranscription de la correspondance entre Auguste Rodin, Omer Dewavrin et son épouse Léontine est tout à fait passionnante. Non seulement elle nous renseigne sur la façon dont un tel projet se construit au fil du temps, mais aussi sur la manière avec laquelle un donneur d'ordre peut parfois entretenir des relations plus ou moins cordiales avec son partenaire. Tout aussi pertinente est la façon dont Michel Bernard évoque, trop brièvement, les relations qu'entretient Rodin avec sa nouvelle assistante, qui n'est autre que Camille Claudel, et, de façon encore plus furtive, avec Octave Mirbeau, alors plus journaliste et critique d'art qu'auteur. Ces figures apparaissent toutefois de façon trop courte, et mériteraient sans doute un traitement plus fourni, même si ce n'est pas là le coeur de l'action qui nous est racontée.
Lien : https://panodyssey.com/fr/ar..
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