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sur 327 notes
Delphine BERTHOLON, j'ai découvert son écriture avec "L'effet Larsen" en novembre dernier et ce roman est gravé à jamais dans ma mémoire pour m'avoir accompagnée les jours suivant les terribles attentats de Paris, il résonne encore aujourd'hui !

J'étais particulièrement tentée de poursuivre la découverte des oeuvres de cette écrivaine et "Grâce" m'a tendu les bras...

Tout commence avec une lettre dactylographiée, dont on ne comprend pas bien son contexte, qui est son destinataire, et ce qu'elle pourra bien induire dans ce roman, mais ce que l'on mesure dans les premières lignes, c'est le manque incommensurable liée à l'absence d'un être cher.

Et puis, il y a aussi un chapitre qui commence ainsi : "Dès que je passai le seuil de la maison, je sus que quelque chose n'allait pas. "

Et enfin, il y a ce que l'on peut appréhender comme un journal intime signé de GrâceMarie Bataille, 7 mars 1981... : "Ce matin, j'ai eu trente quatre ans. Trente quatre ans, et deux gosses."

Vous l'aurez compris, le talent de Delphine BERTHOLON est de tracer l'itinéraire de 3 personnages et de faire en sorte que leurs parcours se croisent très naturellement. Depuis la fille au pair venue de Roumanie, en passant par Nathan, père de 2 jeunes enfants, des faux jumeaux dont la mère est décédée lors de leur naissance, jusqu'à Grâce, la mère de Nathan, cette vieille femme dont les fragilités s'accroissent. Aujourd'hui, nous sommes le 24 décembre, il neige, et les festivités vont bientôt commencer !

Mais ce n'est pas tout, elle va le faire en vous prenant à la gorge dès les premières pages sans jamais pouvoir vous lâcher d'ici la page 356. Thriller psychologique, ce roman se lit en apnée totale. Si vous avez envie de quitter un temps votre environnement familial, professionnel... évasion cérébrale assurée ! Avec du recul, je me dis que la couverture est en totale adéquation avec l'histoire, c'est suffisamment rare pour le signaler. Toute noire, une maison en perspective vue à travers le pare brise d'une voiture... Je vous livre ces quelques détails comme autant d'énigmes à résoudre !

Delphine BERTHOLON a cette capacité à se fondre dans l'intimité de personnages meurtris, des hommes et des femmes anti-héros oppressés par des souffrances terrifiantes, des souffrances liées à des secrets de famille, des non-dits... à des décisions prises à un instant T mais avec des effets dévastateurs susceptibles de se transmettre de génération en génération :

"La vie est une suite de choix plus ou moins réfléchis, de hasards heureux ou malheureux, rencontres, bifurcations, prendre à droite, prendre à gauche, mille destins différents à chaque carrefour, et puis des évidences." P. 170

Elle conclut ce très beau roman avec cette dernière ligne

"[...] je réintègre, enfin, l'humanité." P. 356

Tout est dit dans la démarche d'écriture de Delphine BERTHOLON !

Lire un roman de cette auteure, c'est être sûr.e d'en garder l'empreinte !
Lien : https://lc.cx/J5bk
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En choisissant ce livre, je ne savais nullement où je mettais les pieds. Aucun regret, car j'ai marché au fil des pages dans une histoire allant crescendo. Deux chemins à suivre, le journal intime de la mère contant à petites doses, la fin de son couple en 1981, et l'autre par la voie de Nathan le petit dernier, venu fêter Noël chez leur mère, avec ses jumeaux, sa soeur Lise. Ce Noël un peu particulier, puisqu'au bout de 30 ans d'absence, le père décide de réapparaître. Ce voyage à deux voies, nous permet de faire le lien entre les événements présents et un passé chargé de mystère qui finissent par se rejoindre. L'atmosphère est quelque peu lourde, frissonnante vu les événements qui s'annoncent.
Comme tout thriller, on ne peut guère dire sans dévoiler la clé du mystère, bien qu'on le devine sans vraiment être certain, car l'auteure avec son talent, a su nous égarer, entre les deux chemins à suivre, parfois on hésite. Est-ce le passé qui ressurgit, ou est-ce simplement un présent qui s'achève par le coup de grâce du passé ?
Grâce, c'est aussi le prénom de la mère. Femme blessée, femme abandonnée, et voilà comment un agneau peut se muer en loup.
Premier livre de cette auteure, je suis agréablement surprise, c'est plaisant, prenant, les pages tournent, tournent et déjà la fin se dessine sous nos doigts.
Au passage, je remercie Audrey des dévoileuses pour avoir mis en avant cette auteure. Et voilà comment on fait des découvertes, on élargir notre registre avec plaisir.
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1981 Grâce vit au rythme des retours de son mari représentant.
2010 Nathan,le fils de Grâce,vient fêter Noël en famille.
Son père,pari trois décennies plus tôt,refait surface.
D'inquiétants phénomènes surviennent dans la maison...

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En 1981, dans la campagne bordelaise, Grâce BATAILLE, âgée de 33 ans, vit avec ses deux enfants au rythme des déplacements professionnels de son mari, lorsqu'une jeune fille au pair polonaise vient perturber leur quotidien.
Noël 2010, Nathan, son fils de 33 ans, veuf, vient passer les fêtes en famille. Mais rien ne se passera comme d'habitude. Il apprend que son père, parti sans plus donner de nouvelles depuis une trentaine d'années, a refait surface.
J'ai aimé l'histoire tout d'abord, les retours dans le passé, les événements familiaux mêlés aux événements historiques.
J'ai apprécié la narration à double voix puisque la mère, Grâce, nous raconte sa vie d'épouse délaissée dans les années 80 et dans le chapitre suivant , la voix de son fils, Nathan au présent.
Ensuite, les personnages sont très attachants, tous écorchés par la vie, par des secrets, des non-dits familiaux qui vont se révéler au fil du livre.
Le style est envoûtant, le suspense bien mené.
Un livre émouvant.
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Un jour, à cause de la différence entre le froid extérieur et la chaleur de la maison, le carreau de la fenêtre s'est fendu : symbole d'une famille qui, de fendillement en lézarde va connaître les soubresauts d'une histoire intime douloureuse, jusqu'à l'éclatement.
« Grâce » est une sorte de roman épistolaire à deux voix, celle de GrâceMarie Bataille qui en 1981 note pour elle-même la vie quotidienne, entre Thomas, mari souvent absent qu'elle adore et les enfants, Lisa, l'aînée, d'une forte personnalité, et le petit Nathan, qu'elle fait garder par une jeune fille polonaise, belle et séduisante à en crever de jalousie.

L'autre voix, c'est celle de Nathan, en 2010, qui raconte à sa femme disparue, Claire, comment se passe cet étrange Noël dans la maison de famille dans le Beaujolais. Lettre à une morte pour raconter le chagrin d'une enfance amputée, car il a toujours su qu'il lui « manquait » l'essentiel ; lettre pour raconter les événements quasi-surnaturels qui se déroulent lors de cette veillée : l'annonce du retour du Père, disparu trente ans plus tôt, enfui sans explication, laissant Grâce, la mère, exsangue et morte à l'intérieur. Des boulets de charbon claquent sur les vitres, dans la chambre des enfants, une couleuvre est retrouvée dans la chambre de Grâce, y a-t-il un esprit inquiet qui se manifeste ? Et si c'était celui de Christina, la jeune Polonaise, disparue peu avant le Père ? Rousse, donc sorcière, sans doute, dans cette maison à la sinistre réputation...
De quel sombre secret la maison manifeste-t-elle l'existence ?

C'est un thriller, un roman qui mêle suspens, fantastique, plongée dans les sentiments de chacun, qui ménage des surprises, des secrets de famille aux conséquences douloureuses. Une construction savante, notamment quand une troisième voix, timide et sage, celle de Christina, vient se joindre aux deux autres. Certains passages ouvrent une réflexion sur la beauté de la jeunesse, la peur du vieillissement et de l'amour qui finit.

Un très bon moment de lecture.
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Noël 2010. Nathan, 34 ans, vient passer les fêtes de Noël dans la maison familiale située dans le Beaujolais. Accompagné de ses enfants, les jumeaux Colin et Soline, il y retrouve sa mère Grâce et sa soeur Lise qu'il ne voit plus beaucoup. Architecte à Paris, Nathan survit comme il peut à la mort de sa femme Cora, décédée à la naissance des jumeaux. Ces retrouvailles s'annoncent d'autant plus chamboulées que Thomas, le père disparu depuis de nombreuses années, a décidé de réapparaître.
Retour en arrière, en 1981. A travers le journal intime de Grâce, 33 ans à l'époque, nous découvrons la vie de cette femme délaissée peu à peu par un mari trop souvent absent par son travail de représentant de commerce. Pour aider sa femme qui a décidé de reprendre le travail, Thomas décide donc d'engager une jeune fille au pair. Christina, 19 ans, polonaise, possède tous les attraits pour séduire un homme en mal de conquête : jeune, blonde, plantureuse, libre… La jeune fille ne tarde pas à semer la discorde dans le couple. le doute et la jalousie s'insinuent dans l'esprit de Grâce, prête à tout pour garder son mari.

Le lecteur aborde ce roman à travers le journal intime de Grâce, en alternance avec la narration de Nathan qui s'adresse à sa femme Cora. Nous passons donc du passé au présent et découvrons peu à peu le drame qui s'est joué il y a presque trente ans et son dénouement dans le présent. Delphine Bertholon renoue ici avec un thème classique, le secret de famille, mais pas seulement. Elle mêle à l'énigme du départ un aspect fantastique par la manifestation d'événements insolites, ainsi qu'une ambiance étrange et mystérieuse avec l'évocation des mondes gémellaires et la légende d'une jeune femme autrefois assassinée dans la maison.
Avec de tels ingrédients, je m'attendais à un récit beaucoup plus haletant et angoissant. Mais les effets tombent à plat et je n'ai pas franchement accroché à toute la mascarade mise en place.

Malgré cette entrée dans le fantastique loupée, « Grâce » se lit très bien et n'enlève rien au talent de Delphine Bertholon. Il reste juste pour moi un niveau en dessous de « L'effet Larsen » et surtout du très bon « Twist ».


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C'est le premier roman que j'ai lu d'elle et il m'a tellement plu que j'ai ensuite voulu en découvrir d'autres, son univers m'a enchantée !


L'étrangeté et l'angoisse distillées par ce roman vous happent dès le début.De même que l'originalité de la construction, subtile et riche: il y a , d'abord, la lettre surprenante et intrigante qui ouvre le livre, dont on devine qu'il s'agit d'une femme amoureuse, polonaise d'origine ( d'ailleurs son française hésitant est bien rendu et crée même de jolies images) .Puis, on découvre une alternance entre deux époques et deux points de vue: le journal intime de Grâce, écrit en 1981 et le récit de Nathan, son fils, en 2010.


Peu à peu, au rythme de cet entrecroisement des temps, se devinent des non-dits, le surgissement ou l'explication de drames nous semblent proches .Les faits bizarres se déroulant dans cette maison, où la famille se retrouve pour Noël(en 2010), exacerbant encore plus l'atmosphère oppressante dégagée par le livre.Et surtout, il y a ce retour du père, Thomas, après tant d'années d'absence inexplicable, détonateur de tout, parallèlement à la folie progressive de Grâce, et au remords pesant de Nathan, concernant sa femme disparue...

L'art de l'auteur est de nous maintenir dans l'attente et le doute, c'est à la fois un thriller et une étude psychologique, une radiographie d'une famille en souffrance qui se lézarde jusqu'à l'éclatement final.La belle écriture de Delphine Bertholon, à la fois simple, dépouillée et pleine d'inventivité , de poésie aussi, s'accorde parfaitement à l'atmosphère envoûtante de ce roman.
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Delphine Bertholon nous enferme dès les premières pages dans l'atmosphère sombre d'une maison retirée du Beaujolais, où tous les membres d'une famille se retrouvent chaque année pour Noël, plus par habitude que par véritable envie. Tous ces personnages interagissent machinalement et il règne tout au long de ces échanges comme un malaise inexplicable.
Le récit navigue alors entre le présent, marqué par le deuil du fils Nathan et le passé de la mère Grâce, qui semble chargé d'un très lourd secret. le retour du père, jusque là absent et l'apparition de phénomènes étranges, vont faire ressortir les vieux démons et les souvenirs d'un drame enfoui entre les murs de cette bâtisse familiale.
L'auteur utilise une belle écriture pleine de finesse pour nous cerner et nous lier malgré nous, aux dissimulations et au destin de cette triste lignée. J'ai été séduit par ce conte de Noël plutôt noir et dérangeant, d'autant plus que l'action se déroule dans ma région d'origine. La lecture d'un autre "Delphine Bertholon" est donc fortement envisagée, voire programmée.
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Rien n'est plus dangereux qu'une femme blessée. Si il y a une morale à retenir de ce livre, c'est celle-là ...

Delphine Bertholon m'avait enchantée avec "Le soleil à mes pieds", elle m'a conquise avec "Grâce". Une plume fine et aiguisée qui instaure une atmosphère étouffante, inquiétante, où les certitudes n'existent plus et où chacun n'est peut-être pas celui que l'on croit. Certains la comparent au King sous quelques aspects, et ils n'ont pas tord (ses héroïnes sont aussi frappées que certaines du maître).

Ce qui devait être un réveillon de Noël comme tant d'autres se transforme au fil des pages en une histoire familiale glaçante et étouffante où resurgissent souvenirs, angoisses, trahisons sous l'impulsions d'événements aussi inattendus que mystérieux.

Un climat se crée de façon innocente, l'air de rien, et enserre le lecteur petit à petit un peu comme le filet du diable (vous vous souvenez cette charmante plante dans le premier tome d'Harry Potter, celle qui vous étouffe si vous ne parvenez pas à vous détendre entre ses ramures?). Delphine Bertholon tisse sa toile, et fait de ce rendez-vous familial un moment inquiétant à souhait.

Le récit alterne passé et présent de façon bien ordonnée, un chapitre sur deux. Classique et sage ? Oui peut-être, mais réussi, diaboliquement réussi, le classique rejoint "l'horreur" et je ne suis même pas sûre que les personnages eux-mêmes comprennent ce qui leur arrive. Un scénario où presque tout est permis mais où tout reste crédible. Un scénario digne des films angoissants des maîtres du genre (sans exagérer, je pense que Hitchcock aurait pu s'y retrouver), un moment agréable et prenant qui n'est pas sans rappeler une certaine Laura Kasischke.

Vous l'aurez compris, je me suis régalée en découvrant cette facette sombre de la plume de l'auteure. Une atmosphère travaillée, des personnages taillés avec une précision chirurgicale, le tout servi par une fluidité à la limite du démoniaque. Un très bon roman (pour lequel je ne comprends pas le 3 étoiles sur le cite dont on ne peut citer le nom ... il vaut bien plus), une lecture pour laquelle je ne comprends pas pourquoi avoir mis un an à le sortir de la monstrueuse pile à lire.
Lien : http://desmotssurdespages.ov..
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Ce récit est particulier comme une ombre, un clair obscur qui raconte les histoires et les secrets d'une famille. Son titre est le prénom de la mère de famille Grâce.

Grâce Bataille née Boisson, fille d'un illustre résistant qui habite la maison de ses parents et s'est marié à un représentant d'électroménager toujours en voyage Thomas Bataille. Elle a 2 enfants une fille Lise devenue une jeune femme étrange qui a du mal à réussir sa vie et Nathan.

Nathan est architecte, il est veuf et à des jumeaux Colin et Soline de 6 ans, il a perdu son grand amour leur mère Cora le jour de l'accouchement. Il s'est toujours senti seul, à part dans la famille sans savoir pourquoi. le seul moment où il a eu l'impression de revivre c'est quand il a rencontré la mère de ses enfants puis au travers du regard de ses enfants.

Le récit a une construction particulière, on a d'un côte des lettres, des écrits de la mère Grâce qui nous replonge dans le passé des années 1980. Elle raconte son couple avec Thomas et la présence d'une intrus Christina, une jeune fille d'une vingtaine d'années polonaise qui s'occupe des enfants. Ces lettres montrent bien l'évolution du couple, de la famille et des tensions qui s'accumulent au fil des jours.

En parallèle à ce récit, on a la narration de Nathan le plus jeune enfant venu avec ses jumeaux pour les vacances de Noël, qui n'a pas le même rapport au passé, à son père que le reste de sa famille. Il ne vit que pour ses enfants et dans le présent, en essayant de gérer au mieux le quotidien depuis la mort de sa femme. Mais une série d'évènements au cours de son séjour va ranimer sa mémoire et faire ressurgir le passé comme des fantômes.

On alterne les points de vue féminin et masculin entre Grâce qui nous replonge en 1981, son rôle de femme au foyer et le point de vue actuel de Nathan lors de ce retour aux sources. L'auteur retranscrit les émotions d'une manière terriblement précise, tantôt délicate, tantôt brûlante. On retrouve sa « patte » dans le décorticage des émotions et de l'âme humaine, « le détricotage » de Grâce notamment pour reprendre une expression du livre est particulièrement réussie. Toute la gamme des sentiments, de l'intime, est dévoilée à travers les personnages cabossés, tordus, victimes de leurs passés, de leurs fêlures et de leurs non dits.

L'écriture de Delphine Bertholon est une fois de plus subtile, elle arrive à nous faire rentrer dans la tête et la psychologie de ses personnages, principaux et secondaires. On est tour à tour la mère, la soeur, le frère, les enfants, le père et la jeune fille au pair du passé Christina. Ces passages comme des incarnations par moments de chaque personnage, sont accentués par le caractère étrange presque fantastique du récit. Elle bouleverse les codes de la logique, l'ordre du temps, les points de vues pour nous faire ressentir les mêmes angoisses, questionnements que Nathan au fil du récit. J'avoue j'ai été particulièrement fasciné par le personnage de Nathan, blessé par la vie, qui reconstitue par bribes l'histoire de sa famille et apprend à mieux comprendre sa mère, sa soeur. Il remet en cause ses choix, sa vision de la vie en restant à l'écoute des autres. le personnage de Grâce est aussi très intéressant dans son basculement, son oscillation entre fragilité, et dans ces moments là j'ai éprouvé de la compassion pour elle et par moments cette dureté, froideur, folie qui nous fait questionner sur nos actes, nos souhaits, nos désirs et notre responsabilité.

J'ai apprécié cette atmosphère étrange, ce rôle à part entière de la maison comme dans les films fantastiques ou d'horreur, cette idée qu'il y a une mémoire des murs, les cauchemars étranges de Nathan, les signes qu'il croit voir. Ce choix a facilité pour moi l'empathie et a libéré mon imaginaire autour du jardin, de la maison de poupée, il nous rappelle nos vieilles peurs d'enfance, les vieilles légendes.

Le récit de Grâce évoque aussi les grands évènements historiques avec l'arrivée de Mitterrand, les crises en Europe de l'Est, le bouleversement de la société avec l'électroménager et le début du culte du corps des années 1980. On retrouve aussi une réflexion plus sociétale, sur la place de la femme, son rapport au corps, sur la vieillesse, la place de la mort aujourd'hui. Les personnages recherchent à être en paix avec eux même, à faire le deuil de leur passé, notamment pour celui qui va évoluer le plus Nathan, mais Lise, Grâce aussi change et modifie leurs comportements dans la dernière partie du récit.

Le récit fait ressortir une impression de nostalgie, de solitude qui transpire dans les personnages, avec l'omniprésence aussi du deuil et de l'absence. le départ du mari pour Grâce qui se retrouve seule pour élever ses enfants, le départ d'abord de sa soeur adorée pour Nathan puis de la mort de son épouse. La solitude de Christina dans cette famille loin de son pays.On a aussi une ambiance particulière, angoissante qui se diffuse au fil du récit.

Mais ce récit n'est pas que cela comme toujours chez l'auteur il y a aussi des passages lumineux, des personnages qui aident et réconfortent. Les personnages des jumeaux et leurs relations avec leur père, la figure protectrice et tutélaire de Cora qui protège Nathan, la rencontre avec Claire qui met en route un bouleversement. La reconstruction du passé, de son histoire intime qui libère peu à peu cette famille dysfonctionnelle. La fin est particulièrement réussie et donne une autre dimension aux personnages

C'est donc un récit aussi sur la reconstruction, la vengeance, l'abandon, le non dit, les dysfonctionnements familiaux et dans le couple. La force de l'écriture de l'auteur est de faire de cette mosaïque de sensation, de personnages un récit cohérent et diablement bien construit. On assiste à la reconstruction et à l'acceptation de leur histoire commune et pourtant si personnelle.

Récit riche foisonnant, poétique, tortueux, triste et gai, nostalgique, angoissant. Et pourtant avec de l'espoir, un beau voyage dans l'âme humaine du plus sordide au sublime, de l'amour fou à la vengeance, de la famille à la solitude. Un récit une fois de plus qui interpelle, exigeant, dérangeant, intelligent et profondément vivant. Si vous n'avez pas découvert l'écriture magique de Delphine Bertholon il est largement temps, prenez ce livre et laissez vous porter par ces mots.
Lien : http://eirenamg.canalblog.com/
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