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sur 424 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
«Il est au printemps, elle est à l'automne
Son coeur se prend, le sien se donne
Et sa route est déjà tracée…»

Louise, la quarantaine, écrivaine en mal d'inspiration, part s'isoler en Toscane. de là, on voit la mer. Elle a besoin de cet exil, de la solitude de la plage, du silence de Livourne pour retrouver une plume féconde et poursuivre l'écriture de son roman. Elle est une femme de caractère, qui assume pleinement ses actes, ses pensées et c'est avec un esprit libre et sans scrupule qu'elle se jette corps et âme dans les bras du jeune Luca. Elle succombe sans retenue à la fougue, l'insolence et l'impétuosité de ce jeune étudiant militaire qui pourrait être son fils. Peu importe la différence d'âge, elle vit pleinement cette amour, cette frénésie du commencement. Mais où est le problème me direz vous ?

Louise est mariée, voilà les trois pièces maitresse de cet échiquier, la Reine et deux pions!

Tandis que Luca vit très bien son rang d'amant, Louise manipule et pourtant on la suit dans cette clandestinité interdite. L'infidélité entraine un mensonge et puis un autre. Plus rien ne compte, elle s'enivre de ce jeune corps qui réveille en elle ses démons endormis. Elle n'obéit plus qu'au désir et à l'animalité. Cette passion l'entraine dans son roman et l'écriture jaillit. La sensualité, son corps repu collant de sueur et de suc, toutes ses scènes échouent dans son roman. Rien n'est perdu, tout lui sert.

Mais François, ce mari irréprochable, attentif mais effacé se doute et s'inquiète de ce silence. Alors il est prêt à tout, même l'irraisonnable pour comprendre et récupérer sa femme tant qu'il en est encore temps. Mais Louise est une pièce maitresse dans ce damier. Dénuée de toute culpabilité, elle mène le jeu et se fiche pas mal de la fidélité, pour elle la question du sexe n'entre pas en concurrence avec celle de l'amour. Alors vient inexorablement le moment de vérité, avec violence et fracas. Un face à face triangulaire entre une femme puissante et égoïste et deux hommes que tout oppose, empreints à de forts sentiments.

Un trio de choc vertigineux comme je les aime. Je ne me lasse pas de la plume de Besson, sa façon de toujours me surprendre et de me heurter. Il jongle avec les sentiments et les émotions. Son écriture nous laisse en apnée jusqu'à la dernière page en appuyant là où ça fait mal, là où ça dérange. Il a ce don de mélanger la violence de l'amour dans un acte interdit et de nous impliquer dans son histoire tout en laissant place à une seule question : Et moi qu'aurai-je fais dans cette situation ?

De là, on voit la mer, une vaste étendue d'amour à en perdre l'horizon !

Lien : http://marque-pages-buvard-p..
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Que de justesse dans l'écriture de Philippe Besson. Ici il met en exergue la criante cruauté de Louise qui en aime un autre, Luca, jeune Italien. La dureté des mots, des réflexions est d'un réalisme effrayant. François quant à lui, le mari resté en France souffre et accepte tout plutôt que de perdre Louise.
Le fait que Philippe Besson ait fait le choix de faire rencontrer un jeune homme d'une vingtaine d'années de moins que Louise renforce le fait que la naissance d'un amour n'est pas rationnelle et que même si le danger est visible, la force de l'amour est telle que l'on se laisse emmener, transporter par cet élan d'amour.
La sensibilité de Philippe Besson mais aussi la finesse de l'analyse psychologique de ses personnages m'émerveillent toujours autant. J'essaie de ne pas lire tout ses livres à la suite pour avoir le plaisir de le lire tout au long de l'année ! oui je sais j'ai de la chance il m'en reste encore quelques uns :-)
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Pépite !
Louise, jeune femme de quarante ans, mariée , écrivain, éprise de solitude et de liberté, a un besoin viscéral de "s'échapper" des mondanités et du genre humain pour trouver l'inspiration et la sérénité dans sa maison au bord de la mer en Italie, en Toscane ...tiraillée entre son amant Lucas, le fils de sa femme de ménage, une rencontre fortuite, avec qui elle vibre avec fougue et vit toute sa passion , et son mari François assez effacé, attendrissant car toujours si amoureux et dévoué envers sa femme.
Un terrible accident va obliger Louise à rentrer en France près de son mari ....et à choisir. Louise arrrivera-t-elle vraiment à faire vivre ce trio amoureux improbable et fragile, avec habileté et atteindre cet" idéal de bonheur" tant désiré?

Toujours cette éternelle élégance dans l'écriture, de là...on voit le talent de l'auteur qui nous berce en bord de mer , avec une subtile intrigue et tourbillon de sentiments : l'égoïsme de Louise, les turpitudes de l'amour...décortiqués sans ombrage, c'est une balade magnifique, ce roman nous propose également un regard sur ce grand "dédale de mystère" qu'incarne l'Écriture, l'écrivain....et sa muse! Roman magique !
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La Feuille Volante n° 1136
De là, on voit la merPhilippe Besson – Jullard.

Louise est écrivain, très célèbre , très parisienne, la quarantaine, mais un écrivain qui connaît l'angoisse de la page blanche et une période de sécheresse et qui, pour exorciser cela se dépayse à Livourne, seule, dans la maison d'Anna. Graziella, la gouvernante italienne discrète assure l'intendance pour que Louise puisse écrire. François, son mari très effacé, s'accommode de cette solitude et de cette indépendance depuis des années et cette fois-ci il est resté à Paris. Louise adore le bord de mer, l'effervescente du port, ce sera peut-être le décor de son prochain livre ? Elle doit manquer d'imagination ou bien alors l'écriture est-elle un extraordinaire moyen de se tisser une autre vie, mais dans son intrigue elle s'imagine veuve et prétend écrire des romans prémonitoires, un effet de la solitude sans doute ? Ce détail du veuvage a son importance dans l'univers créatif de Louise, l'écriture ayant, à mon sens une fonction compensatrice. Voila que Graziella a un petit accident et ne pourra venir assurer son service et c'est son fils, Luca, un jeune élève-officier de marine qui vient le lui annoncer et quand plus tard il reviendra en tenue militaire, elle en tombera évidemment amoureuse, le prestige de l'uniforme sans doute à moins que ce ne soit le fameux démon de midi ? Je l'imagine personnellement assez directive pour séduire ce garçon qu'elle rêve de mettre dans son lit.

Au début, j'ai cru un moment que Besson, dans une sorte de mise en abyme, allait nous parler de la genèse de l'écriture, de l'inspiration si capricieuse, de ses exigences au regard de l'écrivain, ravalé au rang de simple scribe, des servitudes que ce dernier se doit de respecter pour pouvoir, peut-être enfanter un beau texte qu'il signera, de ses moments bénis où quelque chose comme une vibration se passe dans la tête de l'auteur et qu'il faut, toutes affaires cessantes, écrire dans l'instant faute de quoi toutes ces belles phrases, toutes ces images uniques seront perdues à jamais. Après tout pourquoi pas et cela me semblait aller dans le sens de ce roman que Louise peinait à écrire. Puis, la fiction va passer au second plan pour céder la place à sa propre histoire, cette passade avec ce jeune homme qui a l'âge du fils qu'elle n'a pas. Après tout pourquoi pas ? Je note que de cet ouvrage qui a pourtant motivé son absence, nous ne saurons rien, il en est seulement question comme du « livre », sans plus, un peu comme si cela n'était qu'un prétexte qu'accepte François parce qu''il y trouve sans doute son intérêt, notamment financier, et de lui nous n'apprendrons que peu de choses, il est une véritable ombre.

Puis,  petit à petit, Besson nous dévoile la personnalité de Louise. Elle est certes libre et tient beaucoup à cette liberté dont elle jouit grâce à la compréhension de son mari, mais elle est complètement déculpabilisée, de moque de la fidélité, se convainc que sexe et amour sont deux choses bien différentes. Avec une pareille psychologie le lecteur n'est pas dupe et se dit que, contrairement à ce qu'elle affirme, ça ne doit pas être la première fois qu'elle prend ainsi ses distances avec l'institution du mariage et ses engagements, surtout face à un époux aussi passif qui, sûrement lui, n'a jamais failli. C'est sans doute pour elle une posture ordinaire. Nous allons donc assister à une banale histoire d'amour entre une femme mature et un jeune homme. On y trouve toutes les ficelles ordinaires d'un roman de ce genre, l'été italien en Toscane maritime, la voiture décapotable rouge, le vent dans les cheveux, la maison isolée qui donne aux amants l'impression d'être seuls au monde et cette soudaine réminiscence pour Louise de quelque chose qu'elle croyait avoir définitivement oublié, dont on pense que ce sera éphémère mais qu'elle voudrait quand même retenir. Peut-être pas une banale passade ?

Tout cela serait pour le mieux si François n'avait un accident grave, d'ailleurs provoqué par lui délibérément pour attirer l'attention de sa femme et la faire revenir ou peut-être pour se tuer lui-même, n'ayant pas le courage de faire cesser les errements amoureux de son épouse. A ce stade de l'histoire, Louise doit se dire que que le destin sert ses intérêts, en faisant d'elle une possible veuve,enfin! Comment s'est-il rendu compte de cette toquade ? Nous ne le saurons pas mais nous pouvons imaginer que les années de vie commune lui ont permis de lire en elle comme dans un livre, à moins que, attentif à l'art de sa femme, il ait choisi de respecter cette règle édictée par elle. Quand il sort du coma, les explications commencent comme une partie d'échecs et avec elles reviennent les vieilles rancoeurs, les doutes intimes, les interrogations recuites...Elle tergiverse, se dérobe, esquive entre non-dits et mensonges et finalement la question de l'adultères est posée. Elle pourrait nier mais elle avoue, facilement d'ailleurs. Avec des réponses convenues elle rappelle son besoin de liberté, officiellement pour écrire, invoque l'usure des choses, le temps qui a passé, l'envie de retrouver sa jeunesse perdue... de son côté François qu'on imagine fidèle et amoureux de sa femme est peut-être tout simplement lassé du manège de son épouse et décide d'y mettre fin, à moins qu'au contraire, longtemps naïf, il s'en aperçoive pour la première fois. Il vit cela comme une trahison qu'il ne méritait pas et se rappelle à l'occasion qu'on n'est jamais aussi bien trahi que par les siens. Pour lui aussi les amours passent comme dans le poème d'Apollinaire. C'est un homme qui aime sa femme et qui, tout d'un coup, comme une révélation ou une fulgurance prend conscience qu'elle le trompe et ce sûrement depuis des années alors qu'il lui faisait confiance. Trop amoureux ou trop benêt, il n'a rien vu venir, n'a peut-être jamais rien su des trahisons de celle qu'il a épousée et qu'il croyait connaître. Il prend conscience que l'amour, la compréhension qu'il lui a donnés n'étaient pas réciproques, qu'il ne rime pas avec « toujours », que le cocuage n'arrive pas qu'aux autres, que cette femme, loin de toute culpabilisation, n'entendait rien chaner à sa vie et à ses amours de contrebande. Alors, volonté de se moquer de lui, de l'humilier, de se considérer comme supérieure à lui parce qu'elle écrit et qu'elle est célèbre, de profiteur de sa candeur avec la certitude que tout lui est permis, qu'elle a le droit à l'arrogance, à l'égoïsme parce qu'elle est une femme et qu'à ce titre aussi elle peut le garder comme simple pis-aller. Il n'empêche, c'est l'après qui est intéressant, même si les apparences du couple sont sauves, elle a insinué le doute dans leurs relations et a unilatéralement brisé le contrat qui les liait. François n'en sortira pas indemne. Elle a beau voir eu du plaisir avec Luca, avoir aimé transgresser les tabous et les interdits, elle ne trouvera jamais ces années enfuies. Elle peut donner toutes les raison qu'elle veut à sa fantaisie italienne dont on imagine que ce n'est pas la première, faire des plans sur la comète et laisser libre court à son imagination d'écrivain, la décision qu'elle prend est déconcertante, à la mesure sans doute de sa personnalité. Ce roman est une sorte de pièce de théâtre en trois actes mais qui n'a rien d'un vaudeville dont on rit et ressemble plutôt à une tragédie. Les choses y sont inversées puisque c'est l'épouse qui trompe son mari et non l'inverse, c'est François qui est la victime effacée…

Je ne suis pas spécialiste mais, avec l'amour, on n'est jamais à l'abri d'une surprise, bonne ou mauvaise, mais quand même, je ne donne pas cher de la décision de Louise.

Je l'ai déjà abondamment dit dans cette chronique J'aime bien les romans de Philippe Besson parce qu'ils sont écrits dans un style fluide et agréable à lire, parce qu'ils se prêtent à mon commentaire qui n'est peut-être que le résultat de mon imagination. Avec elle il m'arrive parfois de poursuivre la fiction.

© Hervé GAUTIER – Mai 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Philippe Besson de là, on voit la mer – Julliard ( roman) ( 204 pages-19€)

Philippe Besson renoue avec les paysages qui lui sont familiers en campant ses deux protagonistes en Italie, en Toscane, à Livourne. Sa plume se fait caméra et la contre plongée sur le port nous offre un vue panoramique du ballet lent des ferries.
Il troque la plume pour le pinceau quand il sillonne cette campagne toscane «  aux collines verdoyantes, ponctuées d'oliviers sous la pesanteur zénithale du soleil ».
On se croirait dans Sagan, quand un bolide dévale les routes en lacets « des montagnes du Chianti », traverse des « paysages vertigineux », avec à bord deux êtres grisés par la vitesse et l'amour, croquant l'instant présent de la dolce vita.
Même fidélité au prénom de son héroïne. On se souvient de Louise dans Se résoudre aux adieux. L'auteur se glisse cette fois dans la peau d'une romancière française.

Le récit se déroule en trois actes correspondants à trois lieux majeurs, trois huis clos.
Les lieux ne racontent-ils pas les gens? Pour Louise, «Les lieux sont de passage ». Pour Philippe Besson , « ils sont aussi des liens et notre mémoire ».

Le premier tableau brosse le portrait de Louise , dans son appartement d'Alésia, rivée à son bureau, quelque peu en panne d'inspiration. Elle a renoncé à sa maison atlantique, étant trop sollicitée. La proposition alléchante d'une amie : changer de décor pour nourrir ce roman commence à faire son chemin. Exil incontournable.
Mais comment son mari accueillera -t-il sa décision, ce modus vivendi imposé?

Le tableau suivant nous transporte dans une villa idyllique,surplombant Livourne,qui «  s'offre comme un trophée, une récompense ».A ses pieds, l'agitation du port, les flots miroitants. Cadre idéal pour Louise, assurée d'un silence claustral, et des services d'une gouvernante. En reine du mensonge, essence même de l'écriture, la narratrice va mêler imaginaire et vécu pour le terreau de son roman et orienter le destin de ses personnages. La venue fortuite d'un bel éphèbe va faire basculer l'avenir de cette « auguste invitée » et nous faire vivre leur « amour clandestin », leurs émois partagés,leur parenthèse enchantée, au plus intime. Louise, en disciple de Simone de Beauvoir, « une femme sans hésitation », revendique sa liberté et son choix de vie. Dans un éclair de lucidité, elle passe au scanner de la déraison son embrasement des sens, se livre à une introspection. Serait-elle « un monstre » à aimer ailleurs?

L'acte trois n'est autre qu'une chambre d'hôpital où Louise, dépourvue de compassion, vient constater les dégâts corporels sur cet homme qu'elle a aimé. La situation est tendue, la politique de l'autruche ne peut plus durer. Comment peut-on sortir d'une telle trahison, accepter de n'être qu' «une roue de secours »? Quelle sera la décision de François qui se promet de réfléchir ? Suspense quant à sa réponse. Sont évoqués l'usure du couple, la déliquescence sentimentale, le rapport dominant/dominé.

Dans ce roman, Philippe Besson nous embarque vers les rivages de l'écriture, de la création, avec comme pierre d'achoppement: la page blanche. Il nous dévoile les coulisses, la genèse d'un roman ( la source de l'inspiration), « in the making ».
Il décrit avec justesse l' inéluctable solitude de l'écrivain, « presqu'une sauvagerie », son besoin de s'isoler dans sa bulle, dans un monde hors de la vie. Il met en exergue la relation ambigüe entre la vie privée ( sacrifices , compromis à consentir) et l'exaltation de l'écriture, d'où la difficulté de concilier les deux. Louise n'a-t-elle pas privilégié son travail au détriment de la maternité? Comme Amélie Nothomb, être enceinte d'un roman, suffit à la combler. Faut-il y voir le côté égoïste de tout auteur ?

Philippe Besson s'impose en sondeur des âmes, disséquant les tumultes intérieurs et tréfonds émotionnels. Il poursuit l' exploration de l'attractivité des corps fougueux. Il autopsie le trio amoureux ( mari, femme et amant), ainsi que « le cercle restreint des liens noués entre deux amants ». Une passion sublime, incandescente, hors des convenances. Ne vont-ils pas se brûler les ailes? L'auteur sait enregistrer les soubresauts du coeur De Luca et François ( qu'on devine assommé par les révélations couperets de Louise).Tout est-il perdu pour François? Louise vit-elle une aventure ponctuelle? Luca, disparu, reviendra-t-il? le romancier ne juge pas, mais pilonne le lecteur d'un faisceau d'interrogations et laisse une pointe d'espoir pour chacun.

Parmi les sujets récurrents, on retrouve la douleur de l'absence,l'apprentissage de l'éloignement, du manque ( preuve de l'état amoureux, situation de dépendance), la relation mère-fils. Ici , l'auteur souligne l'adulation De Luca pour la mère italienne.
Ses aficionados reconnaîtront le style bessonien. Courts chapitres. Phrases nominales. Salves d'hypothèses échafaudées pour cerner le comportement des protagonistes. Intensité d'un verbe :« quantifier, mesurer, jauger, calibrer. » ou d'un adjectif, d'un adverbe rehaussée par une série de synonymes: des façades « patinées, ébréchées, assombries... ». Ils débusqueront des clins d'oeil aux romans précédents: L'arrière -saison, Un instant d'abandon et devineront en Louise, un double de l'auteur. Car, lui
aussi a pris ses quartiers dans une résidence toscane pour commettre un manuscrit.
Le romancier aborde ici la finalité de l'écriture: « ne plus se reconnaître soi-même ».

Le roman est construit sur les contrastes. Tout s'oppose.
L'Italie et sa « chaleur accablante », « sa moiteur étouffante », Paris sous le crachin.
Louise: « la femme vieillissante » cédant à la « junévilité » De Luca, «  sa virginité ».
Un couple qui s'est délité, au bord du gouffre: Louise a fait tabula rasa de son fardeau de passé, alors que François convoque leurs souvenirs heureux.
Le désir exacerbé de Louise, « l'urgence charnelle » pour Luca dont « la peau frissonne sous les baisers », éteint pour le corps « entravé, mutilé », paralysé du mari.

Philippe besson signe une intrigue, intense et lumineuse, articulée autour des verbes écrire et aimer, pleine de sensualité et de rebondissements. Roman sur les mystères d'une rencontre, l'aimantation fulgurante (la voix , le regard, le sourire comme armes de séduction), le désir, le tout servi par une écriture très cinématographique.

A noter que Philippe Besson consacre un bel exercice d'admiration à l'icône Fanny Ardant en lui dédiant ce roman, après lui avoir écrit le rôle d' Elisabeth Lanzac pour le téléfilm « Le clan des Lanzac », programmé en 2013 sur France 3.
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Superbe style pour ce roman. L'histoire d'amour est belle. L'intimité des personnages est soumise au lecteur, la moindre réflexion personnelle est analysée, chaque dialogue est décortiqué. On est plongé dans l'histoire d'un adultère avec la Toscane en toile de fond. La froideur de Louise tranche avec l'été torride et la passion avec son jeune amant. Une femme en pleine introspection.
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Philippe Besson décrypte avec une plume incroyablement incisive la relation de couple.
C'est un enchaînement brutal auquel se prête Louise le principal personnage : écrivaine, elle se réfugie en Italie pour écrire, laissant son mari à Paris, puisqu'il accepte sans broncher cet éloignement.
À Livourne, dans la douceur du climat toscan, elle va trouver plus que des mots : il y a là le jeune Luca qui va faire oublier à la femme ses années et sans jamais rien lui demander en retour.
Finalement tout se passe si simplement, comme si tout cela était une évidence…
Les choses adviennent.
Mais bientôt il lui faudra retourner à Paris, peut-être pour répondre au dernier appel sourd de son mari : il vient d'avoir un accident.
On est sur le fil, que va-t-il se passer ?
L'égoïsme de l'un, le dépit de l'autre, la nonchalance de l'un, le désir de l'autre.
Il y a dans les non-dits de ces scènes une force incroyable, c'est une véritable joute mentale qui s'annonce.

C'est à la fois beau et glaçant.
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J'ai trouvé cette lecture passionnante, dommage que l'oeuvre soit brève. Un peu déboussolée par l'antipathie qu'on peut ressentir par rapport au personnage principal, mais l'histoire m'a vraiment emballée!
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Louise est écrivain. Elle loue une maison en Toscane pour écrire au calme.
Une femme de ménage s'occupe de tout dans la maison pour lui laisser tout le loisir de créer. Pendant que Louise crée, son marie l'attend désespérément à Paris...
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Une histoire d'amour, une histoire d'adultère.

@philippebessonauteur fait dans le chapitre court mais puissant, le style est percutant, les mots sont justes, il écrit la réalité des sentiments, de ce que l'on pourrait penser, ressentir... le livre se lit vite, on peut être énervé par l'égoïsme de Louise, décontenancé par l'amour inconditionnel que lui voue son mari François, mais le style didactique est tel que je me suis laissé porté par la description des paysages de l'Italie, et je voulais absolument savoir qui des 3 allaient céder, qui des 3 allaient réussir à prendre LA décision finale.

Et d'ailleurs quelle fin !!!! Ce livre m'a fait pensé à une citation du film l'étudiante avec Sophie Marceau : "Y'a t-il quelqu'un parmi vous qui aime assez l'Être qu'il dit aimer pour préférer son bonheur au sien ? Pour le laisser vivre à son rythme, pour pleurer de ses déceptions, rire de ses joies ?"
Car c'est bien de cela que parle l'auteur, s'oublier par amour, mais aussi être capable d'oublier.
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