J'étais très intéressée par cette préquelle des Liaisons Dangereuses, il y a tant de possibilités intéressantes ! Mais j'ai finalement été déçue.
Il y a pourtant de bonnes choses dans cette bande dessinée : un beau dessin, classique, mais très adapté pour ce genre d'histoires, une métaphore continue sur les masques et les instincts animaux qui fait un bon centre au livre, un scénario pas mauvais après tout... je l'aurais apprécié si cela n'était pas censé être l'histoire
De Valmont.
Parce que le personnage n'est en rien reconnaissable.
Valmont est un personnage qui est privilégié par son sexe, par sa naissance, de tous les moyens. Ici, les auteurs lui inventent une maladie chronique (qui, de façon très pratique, disparait quand il a des relations sexuelles), une faille qui l'écrase (quand tout ce que nous connaissons de la famille
De Valmont est Mme de Rosemonde, qui est à la fois bonne, intelligente et aimante - j'étais très déçue de ne pas la voir).
J'était toute prête à lui accepter un passé romantique tragique, mais avec le reste ça fait beaucoup. Et le fait de blâmer Mme de Senanges pour toutes les séductions
De Valmont lui fait perdre de ses motivations, et donc de son intérêt par rapport au livre.
Mais en même temps, il ne s'agit pas seulement de l'excuser, puisque les traits positifs
De Valmont, que ce soit sa culture littéraire ou sa façon de considérer que les domestiques sont des êtres humains avec des motivations, sont aussi absents.
C'est globalement très dommage quand on a l'impression qu'une BD récente est plus cliché, moins lucide et moins progressiste qu'un roman du 18e siècle.