AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Gabriel Kevlec (Autre)
EAN : 978B099PT1MTP
539 pages
(24/10/2021)
4.57/5   7 notes
Résumé :
Florent et Calliste arpentent le même chemin vers la lumière crue de la célébrité. Devenir un homme n'est pas chose aisée, encore moins sous le regard impitoyable des médias. De petit monstre à monstre sacré, il y a tout un monde, des tombereaux d'épreuves, de houleuses et douloureuses traversées, mille-et-un chemins. Florent se souvient, écrit pour ne pas oublier les étapes qui ont jalonné son parcours jusqu'à l'atteinte du succès, pour le meilleur et pour le pire.... >Voir plus
Que lire après ContrepointVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Exercice difficile que de parler d'un livre aussi dense, qui s'étend sur une immense fraction d'une vie. Mais si l'auteur s'est tant usé à nous livrer une oeuvre aussi complexe, qu'il s'agisse des thèmes abordés ou de la profondeur de l'excavation qui permet justement à ces thèmes d'être exposés d'une manière totale, telle une chair à vif, alors il me semble qu'il est du devoir du lecteur de tenter à son tour de faire comprendre aux autres ce qu'ils s'apprêtent à lire, l'arène dans laquelle ils sont sur le point de pénétrer.
Et selon moi, on est bel et bien face à un travail colossal.
Ce que j'ai envie de mettre en avant de prime abord, c'est cette franchise, cette honnêteté sans faille, qui fait presque mal, que le protagoniste de l'histoire, Flo, porte sur lui dans tout ce qu'il fait, dans tout ce qu'il dit. Et puisque ce roman est écrit à la première personne, et qu'on a le sentiment que c'est l'écrivain qui parle derrière, avec sa vérité à lui, cette brutale et intransigeante vision de soi, qui s'avance, sans masque, sans faux-semblants, est d'autant plus fracassante quand, au fil de la lecture, on se met à l'appréhender dans toute son ampleur.
Il est loin d'être évident d'incorporer les failles et les doutes d'un être humain dans une histoire. Je suppose que beaucoup de romanciers ont du mal à jongler avec les lacunes de leur personnage principal s'ils veulent faire avancer l'intrigue selon leur plan, dans la direction qu'ils ont élue depuis le commencement. Ce n'est pas le cas de Frédéric Bleumalt. A vrai dire, il semble même que ce soient les difficultés que rencontre Flo qui soit le véritable moteur de ce roman, et qui le rendent si humain, si vivant.
D'autre part, puisqu'on sent qu'une grande part de ce qui est évoqué ici a été, sinon vécu précisément à la lettre, du moins éprouvé en tant qu'événements émotionnels ou sensitifs, des fractures donc, que l'auteur a connues intimement, dans sa chair, l'impact des mots est d'autant plus bouleversant, d'autant plus dur. Et ça, cette chose qui donne un goût très prononcé de réalité, est selon moi une qualité majeure pour un livre.
Ensuite, j'aimerais aborder les réflexions qui jalonnent l'ensemble de l'ouvrage, mêlant des questionnements autour de la finitude, de la métamorphose, de la renaissance, de l'acceptation, du lâcher-prise. L'évolution constante, et souvent source de douleur, de renoncements et d'amères désillusions qui en définitive, constituent la vie entière d'un Homme à la recherche de sa propre vérité, peu importe les sacrifices et les pertes qui lui seront infligés.
Flo est un guerrier. Et sous ses airs d'homme effacé, toujours un peu hors du coup, qui semble contempler le monde d'un oeil vaguement éteint sans tout à fait vouloir y participer, se révèle en fait un être dont la force dépasse de loin celle de ceux qu'il rencontre sur sa route, et qui préfèrent souvent conserver le masque et les oeillères pour faire semblant de savoir où ils vont, et qui ils sont.
Flo n'a pas besoin de ça. Il est en mesure de remettre toute son existence en question, quitte à perdre ce qu'il a si difficilement acquis ou désiré, ce pour quoi il a lutté.
Le courage de celui qui renonce à se mentir à lui-même. Et qui décide d'être honnête, surtout si ça fait mal, même si c'est le plus dur. Voilà la plus grande leçon de ce livre. Et elle rayonne d'une force vive bien après l'avoir terminé.
Bravo à l'auteur donc, qui termine cette saga des Garçons Dérangés d'une façon magistrale, flamboyante, malgré la dureté du propos.
Commenter  J’apprécie          10
Florent et Calliste s'aiment. Ils s'aiment au point de se laisser libres, au point de ne jamais se sentir vraiment seuls dans l'obscurité. Amour élastique, amour de caoutchouc qui arrache la fin des mots, et « je t'aime » devient « je t'ai », parce que l'essentiel est là finalement : ils ont l'autre dans leur vie. le tome 2 de cette série a fait de ces garçons des étoiles ; il aurait pu être une fin comme on n'en voit qu'au cinéma.
Mais Frédéric Bleumalt écrit après le générique, après le baiser parfait qui arrache des soupirs à ceux qui en sont témoins, parce que la Vie continue après ça, et que l'adultat est loin d'être une ligne tracée. Il y a la maladie qui ronge, les autres qui érodent, l'amour qui se fissure, et la jolie maison où l'on croyait passer le reste de sa vie tremble sur ses fondations.
Dans ce dernier opus, l'auteur se fait tisserand d'obscurité ; plus mûre, plus dure aussi, sans doute, son écriture trace pour Florent et Calliste le chemin le plus difficile à arpenter : celui qui nous mène à nous même, la personne que l'on est quand personne ne regarde. Les mots s'aiguisent, les phrases s'affûtent, les fioritures tombent, et sur les arêtes acérées d'un style qui atteint ici sa pleine maturité, ces personnages avancent en funambule, alourdis des questions qui nous hantent tous : Que vais-je devenir quand elle ne sera plus là ? C'est mal si je l'aime aussi ? Jusqu'à quel point vais-je me commettre pour eux ? Pourquoi est-ce que je ne me reconnais plus le miroir ? C'est ça, c'est vraiment ça que je voulais ?
… Et si je lâchais tout ?
Omniprésente depuis la toute première page de cette trilogie, la musique accompagnant le lecteur se débarrasse des astragales, elle redevient ce battement chamanique, ce rythme primordial, battant la mesure d'une course à l'issue inéluctable. Elle se fait bruits d'insectes et froissements de feuilles, chant intime du monde que nul instrument ne parvient plus à transcrire, et comme on s'allège de ses espoirs et de ses angoisses avec le temps qui passe, la musique suit Florent et Calliste : elle retourne à l'essentiel.

La plume de l'auteur a gagné en profondeur, elle creuse en nous-mêmes, et ce dernier tome est une mise en abîme époustouflante qui une fois encore nous questionne. Nous bouscule. Nous arrache les larmes en même temps que le sourire. Nous avons vu Calliste et Florent grandir, s'adorer, se perdre, se retrouver, s'affronter ; nous avons suivi leurs pas, espéré, souffert, aimé avec eux, et partagé cette quête commune : l'unité chérie.
Nul besoin de dire à quel point, moi qui dois tant à cet auteur, à cet homme, j'ai tourné chaque page avec l'appréhension de la fin à venir. Mais il n'y a pas de fin. Florent et Calliste continuent de vivre en moi, et c'est à ça que l'on reconnaît les grands livres : ils bâtissent un monde en vous, un monde qui survit à l'épilogue. Un monde qui me fait dire à l'auteur : tu vois, moi aussi, je t'ai…

Alors tournez la page, et plongez dans la lumière du monde, celle des petits matins face à la mer et celle de la scène, la lumière bleue d'une chambre parisienne baignée de musique et la rouge lueur des alcôves à la fragrance des peaux ardentes, plongez, dérivez sans crainte de vous perdre, et laissez les mots de Frédéric Bleumalt vous guider jusqu'au ciel.
Après tout, nous sommes tous des poussières d'étoiles…
Commenter  J’apprécie          10
💙❤️🧡💙💜❤️🧡💛💜💙💚
Décrire le roman de Frédéric Bleumalt est en soi un vrai défi. Un défi, oui, car je suis époustouflée par la grâce de sa plume, cette profusion de détails, toutes ces descriptions pointilleuses et poétiques. Ces éclats de couleurs bleues, rouges, argentées, voire grises ou noires saupoudrant son récit de façon continue, hypnotique, nous enveloppant d'un cocon hors du temps, du monde. Nous avons là un tome selon moi, plus mature, plus sombre, et pourtant plus beau encore que les deux précédents.
Nous avions laissé Calliste et Florent avec ce fameux élastique symbolisant leur union unique, pied de nez aux conventions. Nous les retrouvons chacun avec une vie qui, de prime abord, se ressemble: l'apprentissage de la célébrité, couplé à celui de vivre sous les feux de la rampe. Tous deux l'appréhendant de façon différente.
Autant Calliste s'épanouit dans ses nouveaux habits de chroniqueur journaliste, trouvant là matière à se défouler avec ses propos incisifs, ses crocs de loup cachés sous son apparence lisse; autant Florent, lui, peine à se frayer un chemin digne de ses aspirations dans le monde musical. Il n'accepte qu'à son corps défendant cette gloire.
Est-il possible pour ces deux êtres si intrinsèquement liés, d'explorer la Vie, ses épreuves, ses chemins de traverse, sans toucher du bout des doigts ses failles et, possiblement, s'y laisser aspirer ?
L'amour est là, omniprésent, dans chaque mot, chaque éclat de couleur, et vous submerge. Cette sublime histoire entre Calliste et Florent reste en moi, plusieurs heures après l'avoir refermée, à contre💙
Je ne veux pas en dévoiler trop pour vous laisser le plaisir de découvrir par vous-même ce petit bijou de finesse, de sensibilité extrême qui m'a infiniment bouleversée.
Frédéric Bleumalt a ce petit quelque chose en plus qui le distingue de tous les autres auteurs qui foisonnent : sa sensibilité poétique alliée à un plume unique. En cela, il rejoint son frère d'âme et de couleur bleue Gabriel Kevlec.

Commenter  J’apprécie          00
En recherche de Lumière...

Rarement un livre ne m'a laissée submergée par autant d'émotion..
Ce dernier opus de la trilogie "Les garçons dérangés" est un pur bijou... Une ascenseur émotionnel poignant.
Nous retrouvons Calliste et Flo un an après leur échange "élastique" symbolique et un je t'ai... fort en promesse ....
Chacun suit sa route, tout en sachant que l'autre fait parti de lui même à jamais.
Calliste a trouvé sa voie, en tant que chroniqueur TV, où ses interviews acérés et caustiques ont fait sa réputation... Des gens plus ou moins influents gravitent autour de lui, Il semble heureux et dans son élément. Mais l'est il autant qu'il le pense? n'est il pas aveuglé par cette lumière" faîtes de poudre aux yeux"?
Quant à Flo, il vient de créer avec son ami Théo, un groupe, qui commence à appréhender le succès. Mais Flo reste ce garçon timide et fragile, hésitant entre "ravissement et angoisse" en éternel questionnement. Est il attiré par la lumière faîtes de paillettes et de servitudes risquant d'y perdre son âme? ( plus tard , il consignera dans un carnet, tout ce trop plein d'émotions et ses incertitudes qui l'assaillent.) Ce dernier opus est dominé par des couleurs plus sombres. Entre incertitudes, perdition, maladie, dépression, le chemin sera parsemé de nombreuses embûches. Malgré l'amour inconditionnel qui les lie, Calliste et Flo, ne risquent- ils pas de se perdre en route? Trouveront ils cette lumière à dominance bleue doublée d'une paix intérieur? rien n'est moins sûr ! Une sensibilité à fleur de peau les habite, et n'est pas le plus fragile celui qu'on pense!
Nous souffrons, pleurons et espérons en même temps qu'eux.
Je referme ce livre à regret, le coeur envahi par l'émotion😥
Calliste et Flo font parti des héros qu'on oubli pas.( une petite pensée pour Mad aussi qui a toujours été le soutien de Flo)
Découvrez cette histoire poignante et sublime et que dire de cette plume unique,( je me répète) toute en sensibilité et pleine de pudeur de Frédéric Bleumalt .
Quand à la musique, prenez le temps de l'écouter...
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
— J’ai cru que j’allais mourir. Me répandre complètement. Devenir tellement liquide que j’allais me vider par tous mes orifices. Les yeux, le nez, la bouche, tous les pores de ma peau… J’étais à poil. Complètement à poil.
— Et c’était comment ?
— Gênant… et excitant. Comme… Baiser devant tout le monde. C’était… C’était une belle mort. J’avais envie que ça dure toujours alors que dix minutes avant j’aurais tout donné pour que ça passe vite voire que ça n’ait pas lieu du tout… J’ai aimé leurs regards sur moi, et la lumière aussi. La lumière surtout… Celle qui console tout. Les couleurs qui jouaient avec moi. Les couleurs qui s’accordaient avec la musique. C’était caressant et fulgurant. J’oublierai jamais ce que ça m’a fait, d’être là, perché, au milieu de tout, au centre. Être le soleil… Je crois même que je pourrais m’y habituer. C’est bizarre… Contradictoire. J’étais à la merci de tous les jugements, soumis à tous les yeux… Mais, quand la musique a commencé, j’ai oublié qui j’étais. C’était grand. Je me sentais… En paix. Comme à ma place. Je sais que ça m’a déjà fait cette sensation, mais jamais de manière aussi intense que ce soir. Je me suis senti chez moi. Juste la musique et moi. Moi dans la musique, la musique en moi. Tout ça s’interpénétrait. Ça faisait plus qu’un. Et avec les autres aussi, je faisais plus qu’un. Tu sais, même si ça se reproduit jamais de ma vie, je serai heureux. D’avoir pu vivre ça… D’avoir senti que la réalité pouvait plier. D’avoir senti la musique transformer mes composantes. Me transcender. J’en ai encore des étincelles dans le ventre. Je crois que j’arriverai pas à dormir.
Commenter  J’apprécie          12
Enveloppés dans la nuit, nous n’étions plus que deux souffles dans le noir. La lutte était finie. Nos corps terrassés ont retrouvé leur lourdeur naturelle. On est restés immobiles sur le matelas, piégés sous le voile. Nos cerveaux flottaient dans un bain de molécules magiques, les douces endorphines. Des paillettes en intraveineuse. Les points de lumière continuaient de glisser sur nos contours qui ruisselaient légèrement. On a flotté longtemps dans les lueurs opalines d’après l’amour. Le temps, lui, semblait encore suspendu pour un moment. Très vite, nos dards encore déployés retrouveraient leur forme originelle. La fête était finie pour un temps. Pour l’heure, nos membres revêtaient une allure marmoréenne. Sculpturale. Photographique.
J’avais la conviction que je m’endormirai dans la minute : l’amour sachant assurément mener les garçons vers des rivages plus tranquilles et veloutés. J’avais envie de me lever pour aller m’accouder à la fenêtre et voir le monde endormi mais on ne peut plus vivant, vibrant de toutes parts, pour m’imprégner de ce qui venait d’être accompli. Mon corps décida d’ignorer ma tête. Je suis resté planté dans le lit, pas plus grand qu’une barque il y a quelques minutes, désormais aussi large qu’un boulevard. Je me suis mis à repenser au monde qu’on avait été et à celui qui nous séparait à présent. Entre nos deux corps, un grand mur de silence.
Commenter  J’apprécie          10
On ne nous apprend jamais à mourir.
Pourtant, il me semble que c'est ce que j'ai toujours semblé apprendre depuis l'aube de ma vie. Mourir.
En collectant tous mes souvenirs, ce sentiment émergea : depuis un moment, j'allais de deuil en deuil, j'avais l'âme qui au fil du temps s’effeuillait. Et de tout temps, ma vie n'a été qu'une tentative de fuite.
Au contraire, on nous apprend à nous révolter, à nous ériger contre la mort. À l'oublier. À la traiter comme de la poussière qu'on glisse sous le tapis. C’est une erreur.
Maman m’apprenait une ultime leçon.
Devenir célèbre, mourir, c'était du pareil au même : c'est changer d'échelle.
Passer du microscopique à l'astronomique. Élargir ses cercles. Accroître son orbite. Entamer une révolution de plus en plus lente. Plus lointaine aussi. On oublie souvent que la lumière céleste est intrinsèquement liée à la mort. Sa source n'existe déjà plus quand son signal nous parvient. Pour cause : les distances sidérales qui nous séparent. Il devait en être pareil pour Maman, pour moi : les autres pouvaient nous voir mais nous n'étions déjà plus là.
On est tant et tant à être dans la vie dépouillés de notre incandescence.
Les morts-vivants sont plus nombreux qu'on le croit.
Commenter  J’apprécie          10
Qu’on le veuille ou non, les autres ont ce pouvoir de vous faire basculer dans de nouvelles ères de votre existence. Je crois que ma vie a commencé à changer dès l’instant où mes amis les plus proches, les âmes qui comptaient pour moi, ont émis le souhait de devenir parents ou le sont devenus. Calliste, malgré lui, Madrissa, pour qui cet objectif tenait plus de l’obsession que du rêve. Si je devais être honnête, il me fallait dire qu’une partie de moi les avait détestés pour ça. Je haïssais l’idée que mes amis nous propulsent, eux et moi avec, vers une autre génération. Quelque part, dans mon esprit, Calliste et Madrissa reconnaissaient ainsi leur statut d’êtres mortels. Cette pensée me glaçait, me laissait entre sidération et effroi. Inconsciemment, je m’étais toujours figuré que je mourrais avant eux. Que les circonstances de l’existence nous séparent ou non, je ne concevais pas un monde sans eux. Égoïstement, je me disais que ces êtres autour desquels j’avais tant cristallisé étaient des preuves de ma propre existence et portaient en eux des morceaux de moi ; tous deux constituant des reflets, des éclats de mon âme. Peut-être aussi parce que cet état de fait me faisait choir définitivement de mon statut d’enfant. Pourquoi avais-je tant de mal à grandir ? Et puis, cette injonction à se reproduire me dépassait : je n’avais pas assez de foi en ce monde pour commettre un tel sacrifice. Offrir une âme pure à la fange me paraissait en plus d’une indécence, une vraie folie. Déjà, un acte égoïste au possible, doublé de malveillance. J’avais l’intime conviction que le seul enfant que je n’aurai jamais était celui que j’avais, logé dans le cœur et qui, de temps à autre, tentait de me parler ; je reconnaissais sa voix comme un vieil écho émanant de mes tréfonds, lointaine et un peu déformée, que le vide alentour habillait de beauté. Peut-être était-ce finalement cette voix que je tentais d’extirper de moi et que je convoquais à travers la musique, entre les notes, sur l’onde pulsatile du son. La seule voix qui comptait vraiment.
Commenter  J’apprécie          00
Dans un angle, je me lovais et regardais avec bonheur et émerveillement tous ces autres « moi » qui étaient à ma suite et auxquels j’avais donné naissance par le truchement du miroir, parce que je prenais le temps de les faire exister. Cette infinité que je devenais, ce reflet de moi, au carré, multiplié, démultiplié, m’extasiais au plus haut. Je restais dans mon triangle réflecteur, prisme adoré et inspirateur de confiance qui me disait : souviens-toi, tu es toi et bien plus que toi.
Cette multiplication du moi, je l’avais retrouvée dans la musique et dans l’amour.
C’est vrai : lorsqu’on est aimé, on devient autre que soi.
Quand on crée, on prend le temps de visiter tous ses visages intérieurs, comme des villes endormies qu’on viendrait allumer au passage.
On se décompose, on devient multifaces.
Kaléidoscopique.
Ce soir-là, le miroir brisé m'offrit le spectacle de ma déconfiture. Une décomposition annoncée.
Ce soir-là, face à la terreur et à la trahison, à l’absence et à la mort, je devins mosaïque.
Morcelé.
Une somme de bris de moi éparpillés.
Maman, il y a que je meurs avec toi.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : musiqueVoir plus


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1086 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}