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Citations sur L'art de la marche (17)

Ainsi la marche offre-t-elle, mieux qu'aucune autre activité, un condensé de l'existence humaine, une illustration conforme, quoique d'intensité supérieure, de nos œuvres et de nos songes, de ces moments où nous nous sentons misérables, de ces instants pleins d'élans où nous embrassons le monde entier. Marcher, c'est vivre plus, c'est vivre au cube.
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Les 400 mètres qui restent à gravir jusqu'au col me demanderont cinq heures d'efforts, contre une quarantaine de minutes, si j'avais pu suivre le sentier. A plusieurs reprises, voyant le jour décliner - mais pas le soleil, qui suffoque dans le brouillard - , je songe à rebrousser chemin. Il serait simple-et prudent-de descendre jusqu'au refuge aperçu un peu plus bas, pour tenter une nouvelle ascension demain matin. Mais cette solution serait un recul, et je ne peux m'y résoudre . J'étudie plutôt la possibilité de planter ma tente ici, dans la neige, si la nuit devait me surprendre.
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Partout où l’automobile est répandue, le marcheur devient gênant, sinon suspect, objet au mieux de tolérance. En dehors des villes aux larges trottoirs, pas de voie piétonne, ou d’une vingtaine de centimètres seulement. Combien de fois, contraint d’avancer sur une route, n’ai-je pas risqué ma vie, parce que l’ingénieur qui l’avait tracé avait oublié l’existence du bipède, et négligé la simple éventualité que s’y aventurât un homme ou une femme allant à pied ?
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C'est en cheminant ainsi, dans cette condition d'innocence et presque d'ignorance, que l'homme en mouvement peut échapper aux conditionnements du tourisme et s'ouvrir à une expérience plus juste.
Cela est vrai de tout voyage, mais l'est plus encore du voyage à pied, sac au dos, qui place le marcheur dans un état de vulnérabilité mais aussi d'éveil maximum, de réceptivité extrême à son environnement.
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En commençant cette marche, je n'imaginais pas quel profit physique et moral j'allais en retirer. Après deux semaines, je me sentais en pleine forme ; après quatre, j'étais un surhomme qui arpentait la campagne à grandes foulées, dans un état d'exaltation difficile à rendre, chantant à tue-tête, possédé d'un amour inouï pour la nature, pour le vivant, dont m'entouraient des manifestations si généreuses.
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Ainsi la marche offre-t-elle, mieux qu’aucune autre activité, un condensé de l’activité humaine, une illustration conforme, quoique d’intensité supérieure, de nos œuvres et de nos songes, de ces moments où nous nous sentons misérables, de ces instants pleins d’élans où nous embrassons le monde entier. Marcher, c’est vivre plus, c’est vivre au cube.
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La marche autonome soulève des questions essentielles, oubliées de la plupart des Occidentaux : « Où dormir ce soir ? Que manger ? A qui demander mon chemin ? ». Confronté de la sorte aux besoins les plus simples, à la vie élémentaire, le marcheur développe une attention neuve à ce qui l’entoure. Les rencontres ont plus de relief ; la moindre pensée, la moindre émotion se détache avec netteté, tel un son pur dans un parfait silence. Enfin, le temps paraît ralentir ; une journée en mouvement fait l’effet d’une semaine chez soi. Une meilleure écoute, une plus grande vigilance : telles sont les qualités cultivées par le voyage aventureux chez qui l’entreprend.
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Les conditions parfois tendues de ma longue marche m'ont rendu sensible au sort des réfugiés. Dormant dehors deux nuits sur trois, endurant l'extrême chaleur ou l'humidité, inquiet toujours de ne pas trouver d'eau, contraint de porter les mêmes vêtements des jours durant, en butte à la méfiance des riverains et à l'hostilité braillarde des chiens de garde, j'ai eu un aperçu de ce qu'un migrant pouvait vivre, quand il traverse comme moi - à pied - de vastes territoires.
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Je garde un souvenir amer de la quatrième nuit de mon périple. Arrivé vers vingt heures dans une bourgade des environs de Rodez, je me mets en quête d'un hébergement. J'erre longtemps dans les rues, sage alignement de maisons assez cossues avec jardin, barbecue maçonné, double garage ; les grilles sont cadenassées, les chiens aboient. Habitat moderne ; juxtaposition de cellules autonomes, chacun vit chez soi. Des regards méfiants me suivent d'un bout à l'autre de la propriété. Effet de l'heure tardive, je sens que j'ai déchu du statut de randonneur à celui de vagabond.
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Difficile, en France, de suivre les grandes voies de circulation sans songer à la laideur, à l'irréparable laideur du monde que nous avons bâti. Les entrées et les sorties des agglomérations ont longtemps concentré les nuisances. Puis, au gré de l'étalement urbain, les hangars commerciaux en tôle ondulée ont traîné jusqu'au milieu des champs leur chapelet de pancartes et d'enseignes publicitaires. C'est la grimace familière des « zones de chalandise ».
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