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EAN : 9782226318152
304 pages
Albin Michel (19/08/2015)
3.64/5   76 notes
Résumé :

Dans la banlieue de Shenyang, ancienne ville industrielle, la famille Zhang vit pauvrement au milieu d’usines désaffectées et d’entrepôts à l’abandon. Pourtant, Wei et les siens détiennent un trésor : le dernier arbre à laque. Leur rêve : devenir propriétaires de leur petite maison, afin d’honorer un serment fait aux parents de Wei, enterrés sous le fameux arbre. Ce rêve est sur le point de se réaliser lorsqu’un grand projet minier menace soudain la famille ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Acquis et débuté en août 2015.... Repris ma lecture en mai 2019 !!!


Un très beau titre autour ce très symbolique "Arbre qui pleure"...
comme les hommes !!

"L'arbre portait un nom savant : Rhus Verniciflua. Et d'autres, communs : arbre à laque, sumac au vernis, sumac d'Extrême-Orient. Mais les gens du quartier l'appelaient familièrement "l'arbre qui pleure", la coutume fixée depuis des millénaires d'inciser son bois pour épancher la sève-une sève qui, au terme de mélanges et de patientes cuissons, pouvait s'étaler sur des meubles et recueillir à leur surface le reflet arrondi de la lune" (p. 12)


Comme le souligne le 4e de couverture, ce roman est une "Re-visite" de la fable du pot de terre contre le pot de fer; des petites gens contre les puissants... et cela dans la Chine de l'après-Mao....

Olivier Bleys a le don , à chaque roman, de nous transporter dans des univers très différents, entre le commerce délirant des tulipes au XVIIIe, à Jules Verne, à la construction de la Tour Eiffel, à la fabrication du café , en Italie ("Le maître du café"),etc

Dans celui-ci, nous voilà dans la Chine,après l'ère de Mao Zedong, dans une ancienne ville industrielle désaffectée, où chacun tente de survivre !!..Où la famille Zang vit pauvrement, et se débrouille au quotidien: pour se chauffer, pour se nourrir...pour économiser afin de racheter leur "bicoque" pour honorer une promesse faite à leurs parents...
Mais la corruption plus les méfaits du capitalisme dévaste les classes plus modestes...devenant les victimes de ces transformations économiques brutales !

Après moult privations... Wei parvient après de multiples mésaventures, humiliations, à réunir la somme pour racheter sa maison...il revient euphorique et exalté, tenant en main enfin, son acte de propriété...ce qui n'eût pas l'air d'époustoufler sa famille, qui l'avait intégrée comme "la leur" depuis les temps qu'ils l'habitaient, de génération en génération...

La déception est grande; "posséder", "être propriétaire" n'améliore en
rien le quotidien de cette famille... bien au contraire !!
surtout que d'autres projets ont été fixés par "les puissants", et que le
quartier va être rasé !

"Ces coupures chiffonnées n'avaient jamais circulé qu'entre mains comme les siennes; elles n'avaient jamais servi qu'à payer du mauvais charbon, du riz graveleux, des pommes à vers. Rien de commun avec les billets neufs et crissants dont les machines automatiques pourvoyaient les maîtres, du bel argent assorti aux beaux costumes qu'il servait à acheter.En somme, la monnaie circulait sous deux espèces:
l'argent souillé des pauvres et celui purifié des riches, qui ne se mêlaient
pas mais s'étageaient dans la société comme, dans l'océan, se recouvrent
l'eau tiède en surface et l'eau fraîche des profondeurs. Tant cette idée soudain le perça, Wei sentit vaciller ses jambes. Son pécule maintenant le dégoûtait, malgré tout ce qu'il représentait d'efforts et de travail." (p. 169)

Un récit riche en anecdotes sur la vie traditionnelle, et la modernisation
du pays qui induit de nombreux laissés pour compte...

Une constante dans ce récit et dans les usages chinois : l'omniprésence
des morts, des ancêtres et le dialogue permanent avec eux...

On souffre, on s'exaspère devant le trop de souffrances enduré par notre "anti-héros", Wei...

Un texte, admirable à de nombreux points de vues... mais j'avoue avoir été exaspérée par la "surabondance" de peines et de malheurs qui s'acharnent sur Wei... Trop c'est trop !!!

D'autres qualités: un style élégant, poétique et de nombreux éléments passionnants sur les coutumes & traditions chinoises...

Un intéressant moment de lecture... avec des sentiments mitigés,
cependant !!







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Un conte moderne comme il en existe plein: une famille pauvre tente de survivre, de résister au froid mordant de l'hiver. Tout ce qui compte pour eux est de sauvegarder la maison de leurs ancêtres et cet arbre, un sumac, qui abrite entre ses racines les corps des parents trop tôt disparus. C'est sans compter les promoteurs et industriels prêts à chambouler le paysage afin de faire fructifier davantage d'argent au détriment des habitants du quartier.

Par son style emprunt de poésie, Olivier Bleys sait nous charmer et nous attirer au-delà des phrases, dans un récit qu'on ne peut plus laisser. La lecture devient addictive et fascinante. Rien n'est pourtant à envier dans le quotidien de cette famille, cependant leur façon de penser leur permet d'aborder les choses avec une certaine philosophie. L'humour n'est jamais très loin. Ils s'attachent à tous les signes perceptibles pour définir s'il s'agit d'un bon ou mauvais présage. Bien d'autres avant lui auraient rendu les armes face à l'adversité, mais Wei s'entête et fonce tête baissée pour réaliser ses idées.
Un récit qui nous plonge en plein coeur de la Chine actuelle, tiraillée entre les traditions à préserver et la modernité à venir, mais un récit à la portée universelle avant tout: quel est notre lien avec la nature qui nous entoure? Que lui devons-nous? Quel sens prend notre vie au sein d'une famille?

Je découvre une belle plume et un écrivain que j'ai envie de continuer à lire!
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Une famille pauvre mais soudée de la banlieue d'une ville chinoise il y a peu industrielle doit se battre pour conserver sa vieille bicoque enfin acquise, péniblement, après des années de labeur.
Le titre s'explique par la présence d'un arbre au milieu de leur cour, le dernier arbre à laque, riche d'histoires et préservé envers et contre tout.
C'est une histoire émouvante, parfois dure, aux personnages attachants dans leur humanité, écrite par un grand écrivain-voyageur français (lyonnais précisément me dicte mon chauvinisme !), et non chinois, c'est peut-être pour cela que je n'ai mis qu'une demi cinquième étoile : ce livre montre bien la Chine actuelle, mélange de capitalisme et de pseudo-communisme, avec ses nouvelles inégalités. Mais, qu'aurait écrit un Chinois ?
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Dans la province de Liaoning, au nord-est de la Chine, se trouve le misérable quartier de Shenyang dans lequel vivent encore ici et là quelques familles, entourées de ruines d'usines et autres hangars désaffectés. Alentour, tout est gris, triste et froid. La désolation. La plupart des habitants ont fui en quête d'une vie meilleure mais la famille Zhang, elle, est restée. Des irréductibles, des indomptables. Des amoureux de leur terre et surtout de leur arbre à laque. Ils sont cinq : Wei le père, Yun la mère, leur fille et les grands-parents maternels. Ils vivent dans une petite maison d'une seule pièce, serrés les uns contre les autres. Wei, ancien ouvrier est au chômage. Il descend parfois au fond de la mine pour ramener du charbon, à ses risques et périls. Au fil des années, lui et sa femme ont économisé de l'argent sur leur maigre revenu, dans l'espoir un jour de devenir propriétaires. Cette maison familiale est d'autant plus importante aux yeux de Wei qu'au pied de l'arbre centenaire gît la sépulture de ses parents. Ses racines, comme ceux de son arbre sont ici et nulle part ailleurs. Malgré sa vieillesse, ses branches mortes, sa fragilité, l'arbre est toujours là. À sa place. Il est loin le temps où ses feuilles resplendissaient, où s'écoulait de son écorce la sève si précieuse. Aujourd'hui, on veut l'abattre, le réduire à néant. Lui qui a amené tant de prospérité et de bonheur. Seul contre tous, Wei a toujours refusé que quiconque touche de sa hache son arbre.
Un jour qu'il ouvre sa boîte contenant leur épargne pour y glisser quelque argent, Wei se rend compte, ébahi, qu'il peut enfin acheter son logis. La joie sera malheureusement de courte durée puisque le gisement d'un minerai précieux vient d'être découvert juste à côté de chez eux.
Désormais propriétaire d'une « maison-clou », Wei et les siens vivent retranchés chez eux, abrités par leur arbre qui semble veiller sur eux. Les monstrueux engins ouvrent leur gueule et creusent toute la journée dans un bruit d'enfer. Les ouvriers s'affairent comme des fourmis dans la terre qu'ils ne cesse de malmener.
Wei livre un combat inégal mais profondément sincère avec les représentants de cette Chine capitaliste où tout n'est que profit. Ses armes à lui sont l'amour qu'il porte à sa famille et à ses disparus, ses valeurs ancestrales, son osmose avec la nature qui subit mais ne flanche pas.
Un roman en forme de conte où la poésie affleure à chaque phrase, où passé présent futur se battent pour exister, où l'homme mesure la puissance de la nature et le lien profond qui l'unit à elle.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Le sumac c'est l'arbre à laque. Même vieux et improductif, il trône devant la maison des Zhang à Shenyan au nord-est de la Chine. Zhang Wei a enterré ses parents à son pied, et les vieilles racines font probablement corps avec les fondations de l'humble bâtisse qui tient lieu de maison familiale.

Dans cette Chine post-industrielle, à l'heure de la finance reine, du capitalisme roi, que reste t-il des anciennes familles ouvrières ? Comment ces pauvres gens que la Révolution avait portés aux nues s'adaptent-ils à la Chine nouvelle, celle du XXIème siècle ?

Wei est un chômeur qui lutte chaque jour pour chaparder un peu de charbon pour chauffer sa famille, en revendre une partie pour économiser afin de réaliser le souhait de ses parents : posséder enfin la maison qu'ils habitent. Yuan après yuan, la famille (le mari, l'épouse, la fille et les beaux-parents) vit de sacrifices quotidiens.

Mais que représente le rêve d'un individu face à la machine impitoyable du profit, du progrès, de la transformation radicale de la société ? Que pourra la volonté d'une famille unie face au projet de creusement d'une gigantesque mine de terbium ?

Olivier Bleys nous fait pénétrer dans l'intimité chinoise, sublimant parfois le quotidien à la manière d'un Mo Yan. Sans manichéisme il montre les travers d'une société poussée vers le progrès technologique et qui n'a que faire des individus trop faibles, trop pauvres, ou sans ambitions. Mais ce roman est aussi le roman d'une résistance. Une résistance sourde, loin des médias, loin des fracas. Une résistance humble de ceux que la nouvelle révolution chinoise a oublié.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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critiques presse (1)
LaPresse
27 octobre 2015
La poésie et le style unique de Bleys confèrent une force incroyable à ce magnifique roman qui emprunte la structure des contes chinois.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
L'arbre portait un nom savant : Rhus Verniciflua. Et d'autres, communs : arbre à laque, sumac au vernis, sumac d'Extrême-Orient. Mais les gens du quartier l'appelaient familièrement "l'arbre qui pleure", la coutume fixée depuis des millénaires d'inciser son bois pour épancher la sève-une sève qui, au terme de mélanges et de patientes cuissons, pouvait s'étaler sur des meubles et recueillir à leur surface le reflet arrondi de la lune" (p. 12)
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« Il fallait escalader un mur pour voir l'arbre en entier. Alors, s'exposait la créature la plus misérable du règne végétal, grise et avachie, comparable aux buissons qui rampent le long des autoroutes. Les branches hautes avaient perdu leurs feuillages, et rappelaient les phalanges d'un squelette. Les branches basses sortaient du tronc comme s'exprime le jus d'un fruit blet, dans un épanchement de mousse et de bois noir. Seul, ici, un lampion en carton, vestige d'un lointain nouvel an ; là, un disque laser pendu dans la ramure contre les oiseaux, insufflaient un peu d'âme à cette nature morte. L'arbre portait un nom savant : Rhus Verniciflua. Et d'autres, communs : arbre à laque, sumac au vernis, sumac d'Extrême-Orient. Mais les gens du quartier l'appelaient familièrement « l'arbre qui pleure », la coutume étant fixée depuis des millénaires d'inciser son bois pour épancher la sève (…). »
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Hou-Chi fut convoqué à l'antenne locale du parti. On lui fit grief d'aimer les arbres, ces créatures sans intérêt tout juste bonnes à chauffer les maisons.Il s'en défendit avec fougue. Les arbres étaient laids, archaïques et mauvais, cingla-t-il. Ils méritaient d'être ajoutés aux quatre vieilleries combattues par la Révolution: les vieilles idées, la vieille culture, les vieilles coutumes, les vieilles habitudes.
Et les vieux arbres, donc. (p.25)
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En bref, ce livre est une très bonne surprise. L’histoire se révèle tout aussi plaisante qu’elle nous désoriente. Voir d’aussi près ce que l’on veut le plus souvent ne pas à avoir à contempler, comprendre à quel point le monde peut tourner à deux vitesses est une piqûre de rappel délicieuse. La famille Zhang n’est pas tellement exceptionnelle, c’est une famille comme les autres après tout, avec ses problèmes et ses espoirs, mais pour nous occidentaux, elle devient intrigante. Que cet intérêt ne s’apparente pas à celui du badaud qui s’égare dans la contemplation d’un zoo et l’aventure n’en sera que plus enrichissante. Olivier Bleys touche notre cœur, nos émotions et peut-être même plus : notre esprit.
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A cette vue, son coeur se serra. L'encens était fait pour brûler, comme l'homme naissait pour respirer. On ne pouvait qu'avoir du chagrin d'un encens perdu sans avoir donné sa flamme. (p. 225)
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Vidéo de Olivier Bleys
Marcher, près de chez soi ou au bout du monde, parcourir les rues de nos villes ou s'échapper dans des espaces aux horizons plus dégagés : quelle que soit la forme qu'elle prend, la marche est parée de mille vertus pour le corps et l'esprit.
Aurélie Luneau en parle avec deux écrivains randonneurs, Noëlle Bréham et Olivier Bleys, dans "De cause à effets, le magazine de l'environnement".
Visuel de la vignette : Jordan Siemens / Getty
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