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Pour avoir lu – et beaucoup aimé – "Comment Baptiste est mort", j'ai choisi le nouveau roman d'Alain Blottière, "Azur noir" dans le cadre de la dernière Masse Critique initiée par le site Babelio. Je les remercie infiniment d'avoir accédé à ma demande, ainsi que les Editions Gallimard. Cette lecture – plus encore que la précédente – fut magique et à plus d'un titre.

Cet ouvrage raconte l'histoire de Léo, dix-sept ans. Il a refusé de suivre sa mère en Laponie et passe ses vacances, seul à Montmartre, dans leur appartement de la rue Nicolet. Ce même lieu abrita autrefois les amours de Verlaine et Rimbaud. L'été est caniculaire et :
"La nuit s'illuminait d'éclairs sans pluie ni tonnerre, comme si toutes les catastrophes se consumaient d'un coup dans des éruptions de gaz étouffées par leur propre souffle."
"Des voiles légers tombaient en tournoyant du ciel ensoleillé… Soudain, après la petite cour, le vieil immeuble blanc de l'autre côté de la rue en pente s'effaçait derrière un nuage d'encre noire… Léo devait se rendre à l'évidence : il devenait aveugle".

Certes, régulièrement, des nuages noirs s'amoncellent et empêchent Léo de voir sa vie. Mais, ils lui permettent de suivre celle de Verlaine et Rimbaud. Il les voit parfaitement déambuler dans les rues de la capitale, les entend parler, les regarde siroter leur absinthe. Léo, Rimbaud, c'est à un ballet, un véritable pas de deux, auquel nous convie l'auteur, un voyage dans le temps. Léo est Rimbaud, se met à écrire frénétiquement, envoie ses vers pour avis, rencontre l'amour d'une femme, puis de son professeur, Benatti "…une belle gueule avec ses longs cheveux noirs et sa barbe de trois jours savamment rasée, …"

L'écriture d'Alain Blottière est chatoyante, hallucinante, subtilement parsemée de morceaux de poèmes. Elle est peinte aux couleurs rimbaldienne… "A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu". Elle est travaillée, ciselée, poétique, enchanteresse. Elle traduit à merveille l'emballement de Léo, son voyage à travers les années, sa tendance à toujours basculer dans un autre monde.

J'ai beaucoup aimé la manière audacieuse qu'utilise l'auteur pour nous faire revivre ces poètes maudits et la réincarnation de ce petit diable de Rimbaud. Verlaine, Rimbaud, une biographie, mais tellement différente, tellement renouvelée, tellement envoûtante .

"Azur Noir" : un roman aussi magnétique que le regard du poète, aussi fantastique que les yeux de Léo. Noir, bleu, Azur noir

Lien : https://memo-emoi.fr
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Je n'ai pas été emporté par ce roman comme je l'avais été par "Tommy" du même auteur.
L'entremêlement des époques passé-présent garde toujours son intérêt. Les émois amoureux et sexuels de l'adolescent également dans son rapport aux adultes, faisant de toute transgression (surtout aujourd'hui !)
La cécité progressive du héros, Léo, ne me semble pas avoir été entièrement explorée dans son rapport au monde présent, mais aussi (surtout) au passé (les images ressuscitées du passé peuvent-elles être solubles dans le noir aveuglant ?)
Le dernier chapitre faisant référence à une sorte d'apocalypse écologique m'a semblé ici tout à fait hors sujet (ce thème étant à peine abordé précédemment).
Le problème qui me semblait posé par ce roman me semblait plutôt porter sur la question de la cécité ; que faire de ce noir qui vient, à quoi mène-t-il, sur quel rapport au monde poétique (langage, musique...) ouvre-t-il ?
Un roman inachevé ?
nb : une fois encore (voir "L'autre Rimbaud" de David le Bailly), le personnage d'Arthur Rimbaud apparaît détestable dans ses outrances, son comportement, son égocentrisme et son mépris des autres.
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Paris sous la canicule d'un été étouffant. Léo, adolescent de 17 ans, exalté, fou de poésie, se laisse envahir par Rimbaud alors qu'il vient d'emménager à l'adresse où celui-ci a été hébergé quelques mois par Verlaine en 1871 alors qu'il avait également 17 ans et arrivait à la conquête de Paris.
Léo a l'impression de devenir aveugle ce qui développe chez lui une hyper-sensibilité, une exacerbation de tous ses autres sens; il est comme Tirésias, évoqué dans le roman, aveugle mais qui voyait ce que les autres ne voyaient pas. Il rentre en lui-même, écoute et s'abandonne à ses sensations.
La mémoire des murs, des lieux fait revivre Rimbaud et Verlaine, le Paris de cette époque avec ses bruits, ses odeurs.
Grâce au talent d'Alain Blottière, le/la lecteur/trice oscille en permanence entre le passé et le présent, le réel et l'imaginaire jusqu'à ce que Léo et Rimbaud se superposent, comme si Léo était Rimbaud, comme si Rimbaud venait habiter Léo.
Même si l'écriture est magnifiquement poétique et même si j'ai aimé découvrir des facettes personnelles et intimes de Verlaine et Rimbaud, je n'ai pas pu goûter comme il se devait aux nombreuses références aux oeuvres de Rimbaud, je n'ai pas pu me laisser séduire par les balades des deux poètes dans Paris qui m'est une ville étrangère, ni me laisser transporter par la sensibilité et la beauté du texte. Je suis néanmoins heureuse d'avoir découvert Alain Blottière et son style.
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Il m'a donné du fil à retordre ce livre plutôt mince qui me promettait une énième digression sur les amours sulfureuses du jeune Rimbaud et du monstre Verlaine.
Assommé par la chaleur d'un été qui n'en finit pas, Léo semble perdre la vue, il vient d'emménager à Montmartre, dans l'appartement que louait Verlaine et sa famille il y a plus d'un siècle de cela. C'est dans ce même endroit que Verlaine introduisit Rimbaud et qui abrita leur romance.
L'histoire de Léo s'entremêle à celle des poètes maudits, tandis que la vue de Léo s'amenuise, disparait, lui joue des tours, son acuité sensorielle se décuple, ses facultés de perception et d'imagination s'envolent. Rimbaud et Verlaine dansent dans ses yeux éteints, Léo s'identifie à Rimbaud entre admiration et vénération, on a l'impression que se joue l'histoire de la folie douce devant nos yeux « on est pas sérieux quand on a dix-sept ans ».
Je dois bien avouer que je me suis un peu perdue dans les élucubrations de Léo qui auraient pu être traitées de façon un peu moins éludées puisqu'il est question de cécité histérique et que c'est bien de le savoir…ça peut aider !
Néanmoins, les apparitions des poètes m'ont fascinée et surtout l'originalité dans la façon de traiter leur caractère, leur relation, on rencontre ici un Rimbaud-gueule d'ange mais sacrément fourbe, un Verlaine certes hideux mais attendrissant, un peu à contre-emploi… On rencontrent les Vilains-Bonhommes, le célèbre tableau de Fantin-Latour et Jean Louis forain qui jouera un rôle important dans la vie de l'homme au semelle de vent, même si l'avouer plus tard lui sera difficile !
Un livre complexe, trop onirique ou alors tombé au mauvais moment !
Si vous le lisez je serai ravie de lire vos retours, le mien est mitigé mais je dois reconnaitre que l'envie d'aller au bout ne m'a pas lâchée et que mon imaginaire a été gâté !
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Le titre fait référence à un poème de Rimbaud intitulé « Ce qu'on dit aux Poètes à propos de fleurs ». Dans ce roman, il est question de l'obsession de Léo, 17 ans, pour le poète maudit cent cinquante ans après que celui-ci entame une relation amoureuse avec Verlaine.
Seul dans un appartement de la rue Nicolet qui a abrité la passion des deux hommes, le garçon est atteint de « cécité hystérique » intermittente. Comme pour mieux voir ce qui se passait en 1871 à Montmartre, un quartier campagnard de Paris où l'immonde Sacré-Coeur n'avait pas encore été érigé, alors qu'au début du 21ème siècle, Léo est épuisé par une canicule apocalyptique qui l'entraîne à la rêverie et à l'abandon.
Progressivement, en écrivant des poèmes et en découvrant la sexualité, il se glisse dans la peau du génial « diable des Ardennes ».
Avec « Azur noir », récit lyrique aux accents fantastiques, Alain Blottière, comme il l'a fait avec « Le tombeau de Tommy » ou encore « Comment Baptiste est mort », décrit joliment le processus d'identification d'un adolescent comme moyen de libération... ou d'asservissement. Une lecture troublante. Merci à Babelio et aux Editions Gallimard.

EXTRAIT
- Sa magnifique laideur plut immédiatement à Rimbaud.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Un joli roman court qui se lit comme un poème.
D'un côté du miroir, la vie de Léo, qui entre dans la vie d'adulte lors d'un été caniculaire. de l'autre, celle d'Arthur Rimbaud, lors de sa rencontre avec Verlaine.
Léo se construit sur la base de l'histoire de celui qui va devenir son modèle, en imaginant ses faits, ses réactions.
J'ai aimé cette construction d'histoire en parallèle, et découvrir au fil des pages des allusions aux poèmes de Rimbaud.
Le personnage de Léo, un peu perdu, qui s'essaye à diverses expériences, est très attachant. le style d'écriture, descriptif, est agréable. On a le sentiment de passer d'une époque à l'autre, sans véritable transition, comme si Arthur et Léo ne formaient qu'un.
J'ai donc trouvé ce roman très plaisant. Il séduira sans aucun doute les amateurs de ce grand poète.
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En cet été caniculaire Léo, dix-sept ans, a décidé de passer ses vacances au 14 de la rue Nicolet à Paris, dans le nouvel appartement où il vient d'aménager avec sa mère. Celle-ci est partie en Finlande sans lui.

Resté seul, il a de plus en plus de crises pendant lesquelles il perd la vue par intermittence, pour des durées plus ou moins longues. Pourtant il « voit » vivre près de lui Verlaine et Rimbaud, les poètes qui se sont rencontrés dans cet appartement de Montmartre 150 ans plus tôt. Adolescent fragile au regard aussi clair qu'Arthur Rimbaud, Léo nous fait revivre par ses visions les heures intenses de la rencontre des deux poètes.

L'Absinthe coule à flot dans les cafés où les poètes déclament leurs vers et se retrouvent. Rimbaud y fait la connaissance des écrivains et poètes de son époque, mais il faut bien reconnaître que les seuls noms parvenus jusqu'à nous sont bien ceux de Verlaine et Rimbaud, que Léo voit évoluer dans le Paris de 1871. A chaque coin de rue autant que dans sa chambre, Léo vit avec eux les moments forts de leur rencontre, de leur amour, de leur passion pour la poésie et de leur créativité inégalement reconnue.

Paul Verlaine, le plus âgé, est déjà marié. Il comprend immédiatement que ce jeune poète d'à peine dix-sept ans qui arrive tout juste de Charleville est pétri de talent. Malgré leur écart d'âge et leur différence sociale, la fusion des deux hommes est aussi immédiate que leur difficulté à vivre ensemble. Mais cette vie hors de toutes convenances ne plait pas à tous, en particulier à Mathilde, la femme de Verlaine et à sa belle-famille.

Alain Blottière sait se couler dans la vie de Léo, adolescent fragile d'aujourd'hui aussi bien que dans celles des poètes maudits. La fragilité de l'adolescence, cette période de la vie si compliquée est ici très bien appréhendée à travers le mal de vivre d'Arthur et de Léo, chacun à son époque. L'alternance entre la réalité de cet été caniculaire hors du temps, et ces rencontres aussi réelles que fantasmées avec les hommes du passé se fait de façon tout à fait fluide, comme une évidence qui à aucun moment ne perd le lecteur.

Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/06/28/azur-noir-alain-blottiere/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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