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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce livre est difficile a classer. Il s'agit d'une longue lettre que Robert Bober adresse à Pierre Dumayet, son ami et complice de longue date, décédé.
Cette suite de souvenirs est une succession de moments d'émotion. J'y ai découvert, car je dois admettre que je ne connaissais pas Robert Bober et très peu Pierre Dumayet, des hommes justes et bons, avec un passé lourd à porter mais qui les a aussi construit. Georges Perec est aussi très présent dans ce livre ainsi que de nombreux autres personnages, tous plus attachants les uns que les autres.
On y découvre aussi un Paris qui n'existe plus.
Un livre empli d'une nostalgie, qui fait du bien.
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Il était bien bon de finir 2020 et de commencer 2021 avec Robert Bober. Son dernier livre qui se présente sous la forme d'une longue lettre hommage à son ami disparu Pierre Dumayet est saisissant. Je connaissais à peine Bober et pas du tout Dumayet et j'ai été bouleversé par la simplicité, la profondeur et la sincérité du récit. Les souvenirs de Robert Bober s'y tiennent par la main, les anecdotes s'enchainent avec délicatesse et justesse, les citations accompagnent le récit sans jamais le noyer, les rencontres baignent dans un esprit amical et fraternel. Robert Bober écrit qu'un livre accomplit un miracle lorsqu'il permet « de penser à son auteur comme on pense à un ami. » C'est exactement ce que j'ai ressenti à propos de l'auteur de "Par instants, la vie n'est pas sûre". Sa façon si intime de s'adresser à son ami Pierre Dumayet ou de raconter ses souvenirs me l'a rendu immédiatement sympathique et proche au point de vouloir boire un verre avec lui comme on en boit un avec un copain. C'est un livre d'une infinie douceur, un récit d'amitié et de fraternité qui nous prouve si besoin est que le livre est un bien essentiel. le récit est accompagné de nombreuses photos qui éclairent intelligemment le texte. Même si ce recueil de souvenirs peut paraître parfois joliment désordonné avec de nombreuses parenthèses, digressions ou allers-retours, Robert Bober réussit à tisser un assemblage cohérent et passionnant. Les chapitres se succèdent qui avec une rencontre, qui avec un livre, qui avec une anecdote, mais toujours avec un respect des gens quels qu'ils soient célèbres ou parfaitement inconnus. C'est un livre à la gloire du livre dont la justesse et la simplicité en font toute la beauté, où l'on comprend l'importance d'être à l'écoute des autres, disponible aux rencontres et aux surprises, où l'on se rend compte que chaque mot même chuchoté par Bober sonne plus fort que n'importe quel hurlement stérile.
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Né en Allemagne le 17 novembre 1931, Robert Bober fut d'abord tailleur — il eut mention très bien en coupe — et il travailla dans un atelier de couture jusqu'à l'âge de 22 ans. Et c'est chez son employeur qu'il fit la rencontre de futurs écrivains comme André Schwarz-Bart et Jean-Claude Grumberg. Mais la rencontre qui décida de son avenir d'écrivain et d'homme de cinéma fut celle avec Pierre Dumayet (1923-2011), journaliste et écrivain, qui introduisit la littérature à la télévision avec Lectures pour tous puis Lire c'est vivre. Devenu réalisateur à la télévision, Robert Bober collabora avec lui et devint son ami.
Et c'est à Pierre Dumayet que s'adresse ce livre, Par instants, la vie n'est pas sûre, sorte de lettre-hommage-récit émaillée de souvenirs dont ceux des rencontres avec de nombreux écrivains dont l'oeuvre a marqué celle de Robert Bober.

Voici ce qu'on peut lire en quatrième de couverture :
« J'appelle des visages, des souvenirs, et ce ne sont pas toujours ceux que j'appelle qui se présentent. Et comme s'ils n'attendaient que ça, ils affluent, en vrac, se donnant la main. Je les accueille sans savoir où ils vont me conduire ni ce qu'ils vont produire. Répartis dans des dossiers étiquetés, descendus de leurs étagères, sortis de leurs tiroirs, les souvenirs sont là, déposés sur mon bureau, attendant avec impatience ? espoir ? que je prenne le temps de m'y arrêter.
Il y a des choses dont on se souvient « comme si c'était hier » et d'autres — quel plaisir ! – qui surgissent, là, soudain, que j'avais oubliées au point qu'elles m'apparaissent nouvelles. D'autres encore, dont je ne mesurais pas l'importance, mais dans quoi, comme à mon insu, le temps a déposé ce que je vais m'acharner à comprendre et essayer de traduire. Oui, les souvenirs, il faudrait pouvoir leur parler. Ils doivent tout savoir de nos regrets, de nos remords.  »

La dédicace viendra à la page 337 :
«  Si j'ai choisi de t'écrire, Pierre, c'est que j'ai préféré te parler plutôt que parler de toi. Il m'a semblé ainsi réduire, effacer même par instants, la distance qui sépare la vie de la mort.
Longtemps, il m'a suffi que je te sente présent, lisant ou écoutant, pour qu'aussitôt affluent les souvenirs. Oui, c'est vrai, il me reste encore un peu de temps. Mais est-ce que j'aurai encore celui de tout dire ? Je ne crois pas. »

Et l'auteur offre à l'ami disparu avant lui un écrit qui transcende l'amitié, avec pudeur, avec sensibilité. Au fil des souvenirs, il raconte sa famille, ses origines, la guerre, la Shoah, la religion, mais surtout toutes ces belles rencontres dont il s'est nourri et qui l'ont enrichi et transformé aussi bien humainement qu'intellectuellement.

Car ce sont bien toutes ces rencontres qui l'ont transformé, lui qui ne se comptait pas parmi les intellectuels ! « Ayant quitté l'école dès le certificat d'études primaires obtenu, j'ai passé des années à ne pas lire. Pas par refus. Par ignorance. Je croyais que les livres étaient destinés à ceux qui poursuivaient leurs études. Et lorsque des amis qui étaient dans le secondaire parlaient entre eux de Racine, de Marivaux, De Balzac, De Stendhal ou de Flaubert, il me semblait que c'était uniquement à des fins scolaires. » écrit-il page 24.
Et son travail auprès de Pierre va l'amener à lire, à se cultiver, à faire de nouvelles découvertes. Il écrit page 110 « Pour quelqu'un qui allait travailler avec toi, j'avais peu lu. Toi, par générosité, tu as fait comme si j'avais lu les auteurs dont il allait être question. Les morts comme les vivants. Aussi je n'en menais pas large. Mais comme je n'imaginais pas qu'on puisse filmer un auteur sans l'avoir lu, je le lisais. »

Dans ce livre, les souvenirs apparaissent au fil des mots, des émotions et non pas dans l'ordre chronologique. On peut lire page 275 : « Aussi, ce désordre je ne vais pas y toucher. Il est là, lié à l'ordre des souvenirs qui, contrairement aux livres, ne sont pas rangés dans les rayonnages d'une bibliothèque. Ils ont leur propre classement et choisissent seuls leur ordre d'arrivée. Ce sont parfois les mêmes qui reviennent, avec insistance. C'est qu'ils ne racontent pas chaque fois la même chose. »

Je vous invite vraiment à lire ce très beau livre, sensible et bienveillant.
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Une longue lettre à un ami disparu et à une riche collaboration professionnelle (l'ami étant Pierre Dumayet).
Des souvenirs distillés au détour de promenades, de re- visionnage d'émissions, de documentaires, de films; en ressortant des photos, en se remémorant des échanges avec des rabbins, des écrivains, avec l'ami.
C'est très riche et très enrichissant.
Pas de démonstration mais un vrai désir de partage.
Des retranscriptions de dialogues, des arrêts sur image dans des documentaires, le tout illustré par des photos qui nous sont données à voir, entrecoupant le texte.
Déambulation sans chronologie liée à l'émergence du souvenir, d'une réflexion. Les souvenirs deviennent incarnés. Les disparus revivent le temps de la remémoration.
Pouvoir se souvenir de ce qu'on a partagé et dire ce qu'on aurait aimé partagé.
Découvrir des choses que l'on ne connaît pas et ne jamais oublier des moments dramatiques de l'histoire ( les rafles, les déportations, les rescapés, la quasi disparition d'une langue, les disparus de Charlie Hebdo...).
C'est beau une si longue et profonde amitié!


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