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sur 160 notes
Conques, la magie de cette abbatiale : “L'abbatiale de Conques est une femme de miséricorde qui ouvre au premier venu son sexe, son ventre, qui l'engloutit et lui donne à manger sa chair la plus délicate, la lumière rosée, bleutée, parfois gris neige, des vitraux.”
Conques, la magie de ses vitraux qui m'ont d'abord surpris puis enchanté :” A Conques les vivants du onzième siècle ont construit un grand campement de pierre avec un vide au milieu. Au vingtième siècle, un vivant a eu l'idée d'améliorer le campement, de construire des vitraux si simples qu'ils ne raconteraient aucune histoire et serviraient de bain-douche de lumière pour les âmes épuisées.”

Même si on est un parpaillou comme moi, on ne peut qu'être sensible à ce lieu “au plus perdu de la France” qui met son “aimant puissant” et ses “104 attaques de la lumière” en écrin.

Christian Bobin nous emmène en pèlerinage littéraire, flirtant avec l'essence du religieux.
Je n'arrive pourtant pas à suivre les pas de l'auteur sur le chemin de Compostelle, j'ai l'impression de ne le lire que partiellement.
Je lui trouve un certain charme, avec ses évocations de quelques sels de la vie à la manière de Françoise Héritier : “mettre la main sur un oeuf crotté dans la paille chaude.”
Et si la comparaison est un grand écart, ce fut un peu comme quand je lisais quelques pages de Jacques Lacan ( je n'ai jamais fini ses séminaires !), je n'en comprenais pas tout le sens mais en soupçonnais une puissance réelle.

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De temps en temps, je me replonge dans l'oeuvre de Christin Bobin, avant la rentrée !
Ici "La nuit du coeur ».
C'est une invitation à goûter la beauté et la simplicité du monde composée de courts textes poétiques et méditatifs.
A Conques où démarre le récit, dans une chambre d'hôtel dont la fenêtre donne sur une vieille abbatiale ; vide, silencieuse.
Une halte spirituelle pour se détacher du tumulte de notre époque.
A travers des fragments de lettres adressées à la femme, défunte, qu'il aime.
Un regard empreint de sensibilité pour l'être humain et sa nature profonde, et parfois, on a besoin de ce regard pour se réconcilier avec nous-même.
Un langage dépouillée, poétique, d'une grande simplicité qui touche le coeur et incite à se replonger au fond de soi.
Une réflexion profonde sur l'essence de la vie à découvrir.
A découvrir ou relire en ces temps …animés…avec de la lumière au bout de ce chemin de lecture….
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Un livre empreint de poésie et de spiritualité, marqué par la présence de la foi qui me semble ici authentique, tant on perçoit que le poète communie à chaque instant avec le vivant pour célébrer la beauté, où qu'elle surgisse. Comme Pascal, Christian Bobin a vécu une révélation, une épiphanie : un soir d'été où il dormait dans un petit hôtel face à l'abbatiale de Conques, il est soudain transporté par cette vision. Sitôt rentré chez lui dans le Creusot, il n'a de cesse de restituer cette émotion, cet élan infini dans témoigne La Nuit du coeur. Parfois un peu difficile - les fragments poétiques se succèdent - mais souvent très beau, des mots qui portent et éclairent la foi.
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« La nuit du coeur » de Christian Bobin
Juste poétique 💛

« Un pèlerin, c'est quelqu'un qui tire son diable sur les chemins pour le faire maigrir. »

« La plus sûre justification des livres, ce pour quoi ils sont aussi nécessaires que le pain ou l'eau, est cette lumière qu'ils ouvrent dans un visage. Une fin de jour au Creusot, j'ai vu la vitrine illuminée d'un lavomatique, et une jeune femme, seule sous les néons, lisant un livre pendant qu'une machine tournait. le génie des gens invente des chapelles là où on n'en veut plus. »

« A Conques les vivants du onzième siècle ont construit un grand campement de pierre avec du vide au milieu. Au vingtième siècle, un vivant a eu l'idée d'améliorer le campement, de construire des vitraux si simples qu'ils ne raconteraient aucune histoire et serviraient de bain-douche de lumière pour les âmes épuisées. »
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Je fonds sur ce train qui me glisse entre les doigts. Que défile les horaires de ma vie. le silence d'une gare déserte où l'horloge suspendue n'affiche plus rien. Seul le ciel dévoile l'heure bleue dans ma fenêtre rétro-éclairée. 17h23, je suis au rendez-vous. À quai.

Ma bouche crache quelques flocons de neige. Des cristaux de pensées qui retombent sur les rails. Il suffirait simplement d'un câble sectionné pour mettre la pagaille sur un réseau ferroviaire, d'un micro dysfonctionnement dans la batterie de nos téléphones pour qu'ils ne s'allument plus, de se trébucher dans la prise d'internet pour que plus rien ne fonctionne. Drôle de modernité en plastique ! Elle s'absorbe elle-même de sa gueule béante. Autophagie de l'algorithme ! Je divague. 

Réveille-toi ! Dévale les pentes, monte sur les toits et regarde. le transsibérien arrive, il efface mes cogitations. Une poésie de l'instant émane des volutes charbonneuses de la locomotive. Plus rien d'autre n'existe quand la vie nous ravit par surprise et nous offre sa beauté à travers d'infimes détails. Cela réchauffe l'âme comme la poésie du livre La nuit du coeur de Christian Bobin que je viens de terminer. Analyse.

Certes on m'avait déjà rebattu les oreilles avec cet auteur mais je n'avais jamais pris le temps de le lire. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'une lecture de Christian Bobin change immédiatement notre rapport au temps. Les mots de l'auteur se dégustent dès les premières pages. Il s'agit ici de savourer un rythme singulier qui prend le parfait contrepied d'une époque expéditive qui a trop souvent l'unique horizon du roman page-turner. L'écrivain français est au dessus de cela, il distille sa poésie humaine, sa connaissance aiguisée de la langue française et son art de la métaphore dès les premières pages de la nuit du coeur:

« Comme tous les bébés, ces très antiques dieux, un jour j'ai fait mes premiers pas et j'ai couru vers l'infini. Cela se passait dans la cour de la rue du 4-Septembre. J'imaginais par ma précipitation rendre impossible la chute. Ce sont des erreurs d'apprenti qui durent toute la vie. Je sais bien vers quoi je me ruais: non pas vers les bras en forme de courbe de rivière de ma mère. Je me précipitais vers ma mort, si fort que je la traversais sans m'étonner. Les siècles et les étoiles étaient des moucherons que, bouche ouverte, je gobais. »

Ce livre difficilement classable n'a pas d'intrigue à proprement parler. Il se déroule en une seule nuit depuis la chambre numéro 14 d'un hôtel qui donne une vue imprenable sur l'abbatiale de Conques. L'auteur digresse de long en large à partir de cette base là et l'on se rend vite compte du talent d'écrivain de Bobin. Il crée du grandiose à partir de rien ! de plus, cet ouvrage m'a fait penser, de par le découpage des paragraphes, à l'essai de Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux. Certes le propos n'est pas le même, ni même le rythme, mais l'enchaînement de centaines d'éclats de pensée ont une similitude assez forte : La fragmentation du texte ! Chez Barthes, celui-ci était structuré par mots-clés tandis que chez Bobin, le discours est articulé autour de la poésie.

La nuit du coeur déroute. L'auteur vogue en permanence entre le récit, l'essai, le journal et le recueil d'aphorismes. On se laisse embarquer dans la saveur des mots sans trop savoir pourquoi. le style de Bobin frise parfois l'écoeurement des métaphores mais il n'y succombe jamais. Certes, un certain nombre de lecteurs pourraient être rapidement lassés devant ce subtil mélange de lenteur et d'images poétiques. Ce qui est sûr c'est que ce livre ne se lit pas comme un autre et je ne pense pas me tromper (de beaucoup) en avançant que les lecteurs adorent le style Bobin ou … le détestent ! Difficile d'avoir le juste milieu.

« Les heures savantes t'ennuient. L'école est une petite crucifixion qui se répétera dans la salle d'attente des urgences, dans l'approche d'un guichet vitré, partout où il te faudra décliner ton nom et la raison de ton être. Tu ouvres des livres afin que nul ne puisse jamais savoir où tu es. Et tu avances. Tu as rendez-vous avec l'illumination d'un visage mais tu ne sais où ni quand. »

Enfin, la lecture est une petite musique où l'écrivain chante son histoire. Elle peut être réaliste ou parfois à la limite de l'incompréhensible mais dès que l'on entre dans le rythme de l'auteur, alors la magie opère. Et c'est bien ce qui risque d'arriver à ceux qui lisent Christian Bobin, à condition de se laisser assez d'espace en soi-même pour que les mots puissent résonner.

À lire !
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Une énième visite à Conques, dans la lumière d'hiver et un ciel bleu de février, alors que peu de visiteurs arpentent les pavés, m'a donné l'envie de lire ce livre alors que je ne suis pas fan de Christian Bobin.

Après l'accroche des premières lignes, quel désert de la page 35 à la page 146! Rien..., le vide de Bobin, qu'il voit d'ailleurs lui-même à l'intérieur de l'abbatiale, alors que, pour ma part, je la perçois emplie de la lumière des siècles et des pierres qui parlent et que lui-même, pourtant, écoute. Et puis, de la page 147 jusqu'à la dernière, un festival de poésie, de sentiment mystique, de silence, de lumière, bref le texte devient excellent à mesure que s'enchaînent ses courts chapitres, pour se terminer en apothéose.

Tout ceci à mon goût, bien sûr, et je comprends que d'autres aiment l'intégralité des errements de Bobin dans lesquels il n'est pas parvenu à m'entraîner jusqu'à plus de la moitié de son texte. Preuve qu'il est important d'aller toujours au bout d'un livre commencé car, abandonner ce peut être passer à côté de ce que l'on n'attendait plus.

Ma critique est peut-être trop sévère, mais déjà je n'aime pas le titre qui évoque la nuit alors que le texte, dans ses passages les plus puissants, n'est que lumière.

Au final, je reste partagé et je devrai sans doute continuer de lire Bobin pour mieux le comprendre et l'apprécier dans la globalité de son écriture.
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Pour lire monsieur Bobin, j'aimerais pouvoir garder les yeux fermés, laisser les mots percoler jusqu'à l'intime, ricocher avec les émotions.

Je l'ai donc savouré avec modération, à petites pages, comme un divin nectar.
Monsieur Bobin regarde le monde comme un enfant le ferait, laissant résonner mille sensations.

Un paysage, le mur d'une abbaye, le jeu du soleil à travers un vitrail, tout est pour lui déclencheur d'enchantements.

Il nous invite à sa suite à un intense pèlerinage intérieur n'attendant rien et recevant beaucoup de manière inattendue.

Curieux de l'inespéré, de l'invisible, il nous emmène, à notre insu, à la découverte du poétique, de l'essentiel.

Il déroule ses mots comme l'on dresserait une échelle qui arracherait nos pieds de la glaise pour nous conduire à l'assaut des cieux.

Qu'il en soit remercié.
Lien : https://bafouilles.jimdofree..
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Toujours cette poésie indescriptible qui vous porte vers des instants magiques et authentiques, en suspension entre ici et maintenant, au-delà de soi et infiniment petit...
Une fois cette lettre d'amour lue, vous ne souhaitez qu'une chose : voir l'abbatiale et relire le livre.
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Dans la clarté lunaire, entourée d'anges, assise sur une étoile, j'ai lu La nuit du coeur.
C'est une nuit lumineuse, un passage vers un univers parallèle.
Une prose douce, légère, un brin fantaisiste.
Une promenade entre passé et présent
Un hommage aux bâtisseurs du XI ème siècle qui se laissaient guider, suivaient leur coeur.
C'est une approche de notre monde auquel il manque une dimension.
Lire Christian Bobin c'est être en apesanteur, s'élever, effleurer le merveilleux.
A lire absolument.
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♫Je veux m'échouer tendrement
Sur un paradis perdu
Je veux retrouver mon double
Je veux l'origine du trouble
Je veux caresser l'inconnu
Et je veux déranger les pierres
Changer le visage de mes nuits
Faire la peau à ton mystère
Et le temps j'en fais mon affaire♫
-Paroles: Carla Bruni /
Musique: Julien Clerc - 2008 -
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Primo la marche,
Second dos de l'escalier...
"Un poète gravit quatre à quatre les marches de mon cerveau pour me donner en main propre de mes nouvelles"
"Dans cette lenteur, des jambes de jeune homme me sont données avec de la lumière
plutôt qu'avec du sang dans les veines .[...]
on glisse au-dessus des eaux de pierre bien plus qu'on ne marche"
"Je suis entré dans l'abbatiale en tenant la main de mon père mort."
"Mon père en silence m'expliquait ce que je voyais..."
"J'ai atteint à Conques, le centre muet du vrai langage"

Sur le Chemin, il m'a fallu emmener ce livre avec moi...
Je ne voudrais pas déranger ses pierres
bonnes Nouvelles ou belles Prières...
Alors...Je vous retranscris ces mots sans voix🙏
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