La plus que vive

« Tu m'as donné le plus précieux de tout: le manque. Il m'était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore. », Christian Bobin.

Le 12 août 1995, Christian Bobin a perdu subitement sa compagne, Ghislaine, elle n'avait que 44 ans.
Un peu moins de deux ans plus tard, il lui offre ce texte qui, au delà de l'hommage, est une véritable déclaration d'amour à celle qu'il aime toujours aussi ardemment, de manière aussi « vivante » malgré l'absence. Ce manque, il le comble par ce rire, cette joie qui la caractérisaient et qu'il a intériorisés comme une part d'elle qui demeure.
Il est difficile de trouver les mots justes pour définir précisément cet ouvrage et la beauté de son écriture. Il y a, bien sûr, la tristesse inhérente à la perte de l'être aimé, mais il y a aussi le bonheur de cette vie qui demeure dans un mot, un paysage, un regard.
Bien que beaucoup plus court et sans doute parce qu'il aborde le sujet de la disparition ce texte m'a rappelé la douce nostalgie que j'avais découverte dans le livre, superbe, de Jean-Marie Laclavetine, « La vie des morts ». Tous deux recèlent cet espoir et cette force de continuer, malgré tout, grâce à cette lumière et cette tendresse que nos disparus nous ont laissés en héritage.
Christian Bobin vient de nous quitter et lui aussi nous laisse un sublime cadeau: la beauté et la poésie de ses mots.

Je suis sûre que vous l'avez tous rencontré un jour , cette personne là..

La plus que vive , la solaire, l'étang de miel qui adoucit et illumine le coeur.

Cette personne qui dessine secrètement vos premières formes de vie.

Elle vous baigne de splendeur dans les intimes cascades abruptes et sauvages de son for intérieur.

Une roseraie pour les âmes , une collaboratrice du soleil!

La vive clarté où tout renaît, l'euphorie vive , l'eu vive et précieuse qui fortifie les esprits éprouvés.

Une impression sûre comme l'aube, le matin..

Par et au delà du temps, du néant , de l'existence et de l'absence.

Elle, c'est Ghislaine, la chère et tendre compagne de Christian Bobin.

Elle s'en est allé brutalement , un douze août 1995, au doux âge de quarante quatre ans.

"L' évènement de ta mort a tout pulvérisé en moi. 

Tout sauf le coeur.

Le coeur que tu m'as fait et que tu continues de me faire , de pétrir avec tes mains de disparue , d'apaiser avec t voix disparue , d'éclairer avec ton rire de disparue.

Je t'aime : je ne sais plus écrire , je ne vois plus que cette phrase à écrire."

Un puissant et élégiaque hommage à sa bien aimée, à sa plus que vive..

Un hymne à l'amour, à la mort , à l'éternité et à tout ce qui continue de vivre dans l' absence.

Une lumière d'amour sur les pourtours d'une vie sur sa fin.

L'auteur nous parle d'elle..

Il nous éclabousse de ses souvenirs, de cette vie avec Ghislaine..

A cette complicité parfois muette, aux sursauts de solitude dont chacun a besoin , comme une réalisation de soi..

A cet amour qui inonde chaque jour écoulé, aux joies simples qui abondent leur quotidien pas toujours facile.

Ghislaine est libre, aimante, débordante de générosité.

A elle seule, elle est l'oeuvre accomplie d'une vie, un rythme éternel, une élévation..

Lui, il ne veut plus écrire depuis elle..

Mais à travers les ondes profondes et vibrantes de Ghislaine , lentement il rassemble les paillettes d'or des heures, avec elle, égrénées.

Dans ce ciel où s'épure sa douleur, elle est la douce énergie qui s'infiltre comme un miracle.

"Il y a mille façons de parler aux morts . Il fallait la folie d'une petite de quatre ans et demi pour comprendre que nous avions peut-être moins à leur parler qu'à les entendre et qu'ils n'avaient qu'une seule chose à nous dire : vivez encore , toujours, vivez de plus en plus , surtout ne vous faites pas de mal et ne perdez pas le rire."


Christian Bobin nous transmet le plus beau de sa douleur, dans ce  récit philosophique et poétique , plus philosophique, je dois avouer.

Des jours entiers reliés à ce lien indéfectible, indicible..

La mort rassemble ceux qui y voient le même trésor.

La plume de Christian Bobin est sans doute une des plus belles et bouleversantse de la littérature française.

Simplement le plus beau livre d'amour qu'il m'ait été donné de lire. Merci Monsieur Bobin.

Très beau roman d'amour tres poétique d'un homme vis-à-vis de sa compagne décédée. La mort, l'absence y est vécue autrement qu'une tragédie insurmontable. L'amour perdu à qui l'amoureux s'adresse est décrite au présent... Belle oeuvre à recommander à ceux qui n'ont pas en eux le tabou de la mort.

Christian Bobin a disparu le 23 novembre 2022. Lire aujourd'hui « La plus que vive » (paru en 1999) est assez bouleversant car la mort (et la vie) est le sujet principal de ce livre. En un peu plus de 100 pages, l'auteur nous parle, avec une grande sensibilité, de Ghislaine, une amie très proche décédée brutalement en 1995 à seulement 44 ans. L'hommage rendu est absolument magnifique. Il est destiné aux trois enfants de Ghislaine, Hélène, Clémence et Gaël, que l'auteur connaît bien. En s'adressant à eux, en posant sur le papier des mots d'une beauté folle, Christian Bobin soigne aussi, semble t-il, la terrible blessure que représente la perte d'une amie chère. C'est passionnant de voir, pages après pages l'auteur tenter de décrire avec le plus d'honnêteté possible le lien qui les unissait. Les leçons de vie qu'il a apprises à son contact sont toujours ancrées en lui, vivantes, indestructibles. L'auteur ne parle d'ailleurs pas de Ghislaine au passé…

Difficile de parler de ce livre poignant que je vais lire et relire sans aucun doute. J'ai envie de découvrir toute l'oeuvre de Bobin qui a consacré sa vie aux mots, à la recherche de la justesse et de la beauté.
Lien : https://inthemoodfor.home.bl..

Un hommage à l'amour et à la vie magnifique, vibrant et tellement rempli de poésie! J'ai adoré ce livre, qui n'est pas un roman mais plutôt une sorte de témoignage, de récit d'anecdotes ou de tranches de vies. Je le recommande.

Christian Bobin rend hommage à la femme qu'il a tant aimé, qui est décédée à l'âge de 44ans.
Ce texte est d'une grande tendresse. le livre est court, mais d'une telle puissance ! L'écriture philoso-poetique transporte et pénètre le lecteur. Une grande prouesse, car sa plume n'est en rien larmoyante. C'est tellement beau, touchant et doux .
Un livre que je prendrai plaisir à relire tant il a touché ma sensibilité.
Un magnifique moment !!! Et un auteur, que je vais continuer à lire incontestablement.

Lire les mots de cet auteur est toujours une envolée au coeur du coeur, de l'émotion, du sensible, de l'impalpable si présent partout en nous et autour de nous. Ces quelques mots, quelques morceaux de pensées, sont un hommage tellement vibrant et poignant d'amour. C'est Beau. La pureté du Beau. Des mots comme des papillons à destination de celle qui était si chère à son coeur. Peut-être est-ce un peu impudique de les lire et de nous en imprégner. On est dans l'intime. Un intime partagé. En douceur et en Beauté. En Amour.

Encore un court texte sur le deuil, l'amour, le lien, la perte, le sens de la vie,...la langue poétique et profonde de cet auteur qui dit tout en nommant le rien. Pour ceux qui découvriraient Bobin c'est une bonne approche, pour les autres on le retrouve sans envolées mystiques.Juste, pudique, positif. Parfait

Un texte qui me fut difficile à lire car il est centré autour de ma plus grande peur :la disparition de l'aimée et la survie de l'aimant . Mais cette difficulté porte en elle sa récompense tant la prose de Bobin sait sublimer modestement la douleur de la perte.