AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 171 notes
5
18 avis
4
12 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis
Cela m'est de plus en plus difficile d'écrire quelques mots sur une oeuvre de Bobin car il y aurait tellement de positif à exprimer que cela pourrait revenir à le plagier, même sans avoir la capacité du choix des mots avec lesquels il exprime toute une symphonie de sentiments et d'émotions.

Alors, de ce dernier livre, je retiens les fleurs, les herbes coupées et leur senteur suave et toutes ces saveurs poétiques que Christian Bobin semble exprimer sans forcer. On a l'impression que son écriture est celle d'un premier jet, il est le magicien des mots et des sentiments, incontestablement.

Par moments, ses phrases courtes me font penser à celles de Sylvain Tesson qui est aussi capable de jouer avec les mots, même si le contexte est radicalement différent.

Bobin voit une nourriture pour la terre dans les poèmes, il l'exprime avec délicatesse, abordant une grande variété de thèmes qui se fondent en un seul, l'écriture, celle des poètes comme Nerval, des philosophes comme Descartes, la sienne, pénétrante, envoûtante et, quand il évoque la mort et cet au-delà mystérieux, on ne peut que vivre pleinement cette "écriture qui est résurrection"
Commenter  J’apprécie          903
« Mon père mort me montre deux brins de muguet rouge ». Ça commence comme un conte pour se poursuivre dans une prose poétique humble, quotidienne et si vivante, même quand elle frôle la mort.
« La poésie est don de lire la vie »
Christian Bobin est un conteur à la poésie ample et généreuse. Grâce à son écriture concise et évocatrice, il nous emmène très loin.
Comme dans une promenade champêtre, il faut savoir faire des pauses, regarder en arrière et savourer les mots, les images. C'est tout cela, Bobin, ça se déguste avec lenteur. Faire durer le plaisir car le recueil est très court et on n'est pas pressé d'arriver la dernière page.
On s'étonne, on s'émerveille, on sourit aussi à ses évocations : « Les vaches ruminent un poème…les hommes sont des sangliers qui cherchent une pensée enfouie. Les femmes, un morceau de ciel. »
Des personnages traversent ces pages, parfois furtivement. Il y a le père mort qui raconte encore, et puis des écrivains, des poètes comme Blaise Pascal, Gérard de Nerval ou encore la poétesse Anna Akhmatova. On lit de belles pages sur Dora, aimée de Kafka
« Dora soupèse l'âme de son amant, l'engendre autant qu'elle l'aime. »
On entend aussi la musique d'artistes que Bobin aime écouter : le violoniste David Oïstrakh, ou encore « Samson François, pianiste du noir et blanc. »
Et tous ces morts que le poète raconte sur une page pour le plaisir de leur redonner vie.
« Recevoir sur la main une goutte de pluie, une seule, et par ce contact converser avec tous les morts des siècles passés. »
Bobin est un découvrir, sans cesse il cherche, tend vers une écriture qui soit éclairante sans rien oublier du malheur des hommes. Et son humilité est présente à chaque page
« Tu n'as pas écrit tes livres. Tu as laissé la vie même pas « tienne » les écrire, assembler soleils et lunes dans la corbeille de tes bras ».

Christian Bobin me touche au plus profond de mon âme et c'est pour cela que je le lis et le relis sans cesse.
Laissez-vous porter par la prose si poétique de Christian Bobin et délectez-vous !


Commenter  J’apprécie          721
Choisi le 6 octobre 2022- librairie Chantelivre- Issy

Comme une somptueuse promenade dans les chatoyances et flamboyances de la nature automnale !

Un titre nous entraînant d'emblée dans un rêve éveillé, une jolie et fort symbolique fleur, à la couleur bien improbable !...

Une pause, une immense respiration, un hommage à la Vie magnifiée par la Poésie, la Musique...aux petits bonheurs des jours !

Comme toujours, Christian Bobin nous offre ses déambulations buissonnière, ses hommages à la Nature, aux êtres aimés morts ,mais toujours activement présents, comme ce père adoré et vénéré...parcourant ce court texte!...
J'insère l'extrait le plus poignant(* pour ma part), parlant de cet " Absent omniprésent ":

" Père, je garde en héritage ton visage baigné par les ondes d'un sourire jusque dans cette apothéose du mal, le pillage de ton cerveau, toi seul face à l'éternel dans cette maison des morts, et derrière le méchant verre brouillé de tes lunettes, les auréoles boréales de tes yeux.Je n'ai jamais connu plus grande énigme que ton sourire à l'heure où ton nom n'était plus qu'une étiquette cousue sur tes vêtements que les gens du nettoyage mélangeaient à d'autres, perdaient. Ce sourire est dans la poche.Je peux le donner sans le perdre."

Un opuscule très bref, toutefois toujours aussi "serré ", aussi "dense" qui honore aussi bien créateurs et littérateurs : de Stéphane Grapelli à Kafka, en passant par Akhmatova, Novalis, Gérard de Nerval...jusqu'à un génie des mathématiques, "en rupture de tout milieu": Alexandre Krothendieck...

Entre les lignes, grondent ses diverses colères envers ce monde du faux progrès qui déshumanise, exclut, isole, fait régresser les Hommes...Ce qui permet avant tout de sauvegarder une humanité, une espérance, c'est la
Poésie !

"J'ouvre le livre d'Akhmatova.Quatre vers.Quatre poutres métalliques transportées par des bagnards en Sibérie, abandonnées depuis des siècles dans la neige de la page.Leur éclat raye mes yeux.Il faudra des milliers d'années pour que les déchets d'uranium ne soient plus mortels.Il faudra beaucoup plus, avant qu'un poème cesse d'irradier par son silence un lecteur de hasard."

Une lecture à faire très doucement, à petit pas...pour apprécier chaque mot...ainsi que cette musique si personnelle à Christian Bobin..

Commenter  J’apprécie          654
Je découvre Christian Bobin juste après son décès
Le muguet rouge n'est pas un livre très optimiste mais j'ai tout de suite adhéré au style poétique de l'auteur
Comment ai je pu passer à côté de cet auteur qui, il est vrai, était d'une discrétion absolue
Ma libraire a eu la bonne idée avant Noël de faire un présentoir spécial de son oeuvre ( à côté de celui de Annie Ernaux). Elle m'a discrètement avouer sa préférence pour Christian Bobin et un gros succès pour son initiative
Coup de coeur littéraire donc. J'ai acheté trois exemplaires du livre avec ses oeuvres choisies « les différentes régions du ciel » 1000 pages tout de même
Avec une petite remarque à mon fils de 30 ans: tu en as pour 50 ans de lecture et de relecture
Un cadeau à réserver aux lecteurs et lectrices aguerris
La plus belle découverte de là année 2022
Indispensable dans une bibliothèque Babelio
Commenter  J’apprécie          483
Je ne peux m'empêcher de sentir une prémonition dans cet ultime texte de Christian Bobin.
Une prémonition qu'il aurait eue de sa mort :
« Un petit manège tourne, allumé dans la nuit
Comme un chagrin merveilleux ».
Cette sorte de prémonition n'est pas forcément triste lorsqu'elle a pour sujet Christian Bobin – lui, comme nous tous, devait craindre ce moment. Mais lui, assurément, le considérait comme un passage.

Je ne devrais donc pas être triste et pourtant je le suis car, pour la première fois, j'ai l'impression de passer à côté de son texte.
Bien sûr j'ai senti les ondes habituelles de sa pensée, ses ondes qui à chaque fois me réchauffent l'âme. J'ai senti la beauté des images qu'il m'impose en douceur. J'ai senti ces sentiments que je partage si souvent avec lui à propos de certains humains, de leur inconsistance mais aussi d'autres qui éclairent nos vies, qui éclairent la vie. J'ai senti ce dieu qu'il ne nomme pas, sa transcendance, son immanence, sa communion encore avec le nouveau-né
Mais le muguet rouge qui semble lier tout cela, je n'en ai pas senti le parfum.

Ou alors – et je le comprends en rédigeant cette bafouille – ce muguet rouge est un oxymore, portant à la fois les valeurs opposées de la technologie et de la poésie de notre monde.
Tout dépend de ce que l'humain saura faire de cette fleur nouvelle dont la lumière peut « incendier » notre monde par le feu ou par la beauté.

Mais je reviendrai sur ce texte plus tard, lorsque mon esprit et mon coeur seront disposés.

Commenter  J’apprécie          418
Entre deux rêves où il est question de muguet rouge, Christian Bobin confie sa vision du monde au travers de réflexions pertinentes, souvent tranchantes, mais toujours sans jugement. Une vision du monde au-delà des apparences qui l'amène à un état des lieux où le progrès entraîne peu à peu l'homme à son effondrement. Les hommes avancent mais " il me semble que vous avez attaché les lacets l'un à l'autre". La technicité fait perdre l'âme et rend vide la vie. "Nous avons, dit Giambattista Vico, « préféré le certain au vrai ». le vrai est humain, impossible à incarcérer dans un chiffre". de plus avec la perte du face à face de la relation humaine, le langage devient mort.
Mais si le constat de la réalité afflige, il ne doit pas être désespéré. le "Titanic" sur lequel l'humanité s'est embarquée n'a pas encore coulé. Il est temps de partir à la recherche du muguet rouge dont la couleur est signe de vraie vitalité. Et Christian Bobin nous emmène à la rencontre de Novalis, Nerval, Pascal, Akhmatova, et bien d'autres, des musiciens aussi, Jacqueline du Pré ou Samson François.
Comme toujours, aborder un livre de Chritian Bobin peut dérouter par sa construction quelque peu décousue. Chaque phrase, chaque réflexion est un petit morceau de couleur qui vient se poser à côté d'un autre, différent et apparemment sans lien, mais une deuxième lecture permet de découvrir la composition de la mosaïque, ici celle d'un champ de muguets rouges, et de contempler toute sa beauté et sa profondeur.
Christian Bobin a l'art de nous faire entrer dans son monde de doux rêveur. Doux rêveur, certes, mais éveillé. Lire Christian Bobin, c'est par-dessus tout se délecter de la poésie présente à chaque page, être émerveillé par chaque image, chaque pensée, dont l'auteur a su trouver le mot juste afin de nous les rendre plus tangibles.
Christian Bobin est un auteur rare et d'une grande humilité, ses livres sont des trésors, qui brillent d'intelligence et d'élévation. Merci Monsieur Bobin d'exister, éternellement. Avec vous, nous apprécions la beauté du monde et percevons l'essentiel.
Commenter  J’apprécie          350
Ce nouveau livre de Christian Bobin est une pépite !

En à peine 80 pages, ce petit bijou offre de courts chapitres et paragraphes qui proposent réflexions et émotions sur notre société, le progrès (que l'on nous vend et qui souvent provoque notre malheur), la nature, la vie (mais aussi la maladie et la mort).
Et enfin, comme dans beaucoup des livres de Christian Bobin, la poésie que l'on peut trouver dans les toutes petites choses du quotidien.

Car cet auteur possède ce talent rare et précieux d'insuffler une poésie
forte, marquante et touchante dans une prose limpide et épurée.

C'est un livre sensible, intelligent et pertinent, à la fois doux et fort qui, comme beaucoup de livre de Christian Bobin, est un grand bonheur de lecture.
Lecture au cours de laquelle on se surprend à relire et se répéter fréquemment certaines phrases de l'auteur admiratif de tant de beauté et de justesse qui parlent tant à notre coeur qu'à notre esprit.

A lire absolument.
Commenter  J’apprécie          253
Le Muguet Rouge est la dernière oeuvre de Christian Bobin.
Il est donc difficile de la critiquer sans arrière pensée.
C'est un texte court, limpide, composée de pensées aphoristiques. Pas d'histoire ni de personnages, un style vers lequel tendait Bobin depuis quelques livres et que j'appréciais moins que ses ouvrages antérieurs, lesquels pouvaient encore se comparer à des romans.
On tend vers l'épure, la petite phrase, la fulgurance intellectuelle avec toujours la douceur et la poésie en prose qui caractérisait le "style Bobin".
Quelques part il avait renoué la boucle avec ses premiers ouvrages, ceux parus chez Brandes et Fata Morgana où déjà la poésie prenait le pas sur la narration.
Mais là on se trouve avec quelque chose d'un peu différent. Mon coeur balance entre l'envie de ressembler aux classiques zen qu'il appréciait, avec des textes parfois sibyllins, décousus ; et peut être un brin de paresse, une pose ? J'opte pour la première, plus conforme à mon image de l'auteur.

Seul bémol, les piques anti-modernistes (chose qu'il était résolument, à l'instar d'un Sylvain Tesson) trop présentes et virulentes dans lesquelles je ne retrouve pas mon Bobin !

A part ça, à déguster, doucement, devant une fenêtre fleurie et en écoutant Bach.
Commenter  J’apprécie          230
On entre dans un livre de Christian Bobin sur la pointe des pieds, en légèreté, pour se laisser porter par les mots, ceux que tissent l'imaginaire de l'auteur, dans un long regard sur la vie traversée, avec les impressions qui en restent, gravées, comme les couleurs d'un peintre sur la toile.
le muguet rouge, dont l'image revient à plusieurs reprises dans le texte figure ainsi la transfiguration du réel, dans une dimension onirique qui rend la vie plus belle et plus vibrante encore.
C'est bien un hommage à la vie et au monde que nous livrent ces pages, un monde fragile et redoutable, qui peut se faire force destructrice, les poètes comme les abeilles en sont les victimes. Un monde de l'éternité aussi où les morts restent présents. Un monde auquel Bobin rend hommage à travers l'écriture et tous ceux qui l'ont portée. Les chapelles en bois d'Akhmatova témoignent alors de la force des mots écrits.
Bien sûr Bobin rend compte d'une vision du monde marquée par la foi, mais son humanisme et son talent poétique permettent malgré tout, à ceux qui ne croient pas au ciel, de se retrouver dans ses lignes, et dans ses mots.
Un message universel d'humanisme dans un très beau texte.
Commenter  J’apprécie          213
Difficile de résumer "le muguet rouge". Il s'agit de pensées, de rêveries, de réflexions sur notre monde. Un livre assez triste, qui parle de la mort de son père, de son frère, de littérature avec Nerval, de philosophie avec Pascal et de musique avec Brahms. . Un livre à déguster lentement, à méditer.
Commenter  J’apprécie          190




Lecteurs (423) Voir plus



Quiz Voir plus

Complétez les titres des oeuvres de Christian Bobin

Ce que disait l'homme qui n'aimait pas...

Les femmes
Les oiseaux
Les souvenirs
Ses semblables

20 questions
79 lecteurs ont répondu
Thème : Christian BobinCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..