Choisi le 6 octobre 2022- librairie Chantelivre- Issy
Comme une somptueuse promenade dans les chatoyances et flamboyances de la nature automnale !
Un titre nous entraînant d'emblée dans un rêve éveillé, une jolie et fort symbolique fleur, à la couleur bien improbable !...
Une pause, une immense respiration, un hommage à la Vie magnifiée par la Poésie, la Musique...aux petits bonheurs des jours !
Comme toujours,
Christian Bobin nous offre ses déambulations buissonnière, ses hommages à la Nature, aux êtres aimés morts ,mais toujours activement présents, comme ce père adoré et vénéré...parcourant ce court texte!...
J'insère l'extrait le plus poignant(* pour ma part), parlant de cet " Absent omniprésent ":
" Père, je garde en héritage ton visage baigné par les ondes d'un sourire jusque dans cette apothéose du mal, le pillage de ton cerveau, toi seul face à l'éternel dans cette maison des morts, et derrière le méchant verre brouillé de tes lunettes, les auréoles boréales de tes yeux.Je n'ai jamais connu plus grande énigme que ton sourire à l'heure où ton nom n'était plus qu'une étiquette cousue sur tes vêtements que les gens du nettoyage mélangeaient à d'autres, perdaient. Ce sourire est dans la poche.Je peux le donner sans le perdre."
Un opuscule très bref, toutefois toujours aussi "serré ", aussi "dense" qui honore aussi bien créateurs et littérateurs : de Stéphane Grapelli à Kafka, en passant par
Akhmatova,
Novalis,
Gérard de Nerval...jusqu'à un génie des mathématiques, "en rupture de tout milieu": Alexandre Krothendieck...
Entre les lignes, grondent ses diverses colères envers ce monde du faux progrès qui déshumanise, exclut, isole, fait régresser les Hommes...Ce qui permet avant tout de sauvegarder une humanité, une espérance, c'est la
Poésie !
"J'ouvre le livre d'
Akhmatova.Quatre vers.Quatre poutres métalliques transportées par des bagnards en Sibérie, abandonnées depuis des siècles dans la neige de la page.Leur éclat raye mes yeux.Il faudra des milliers d'années pour que les déchets d'uranium ne soient plus mortels.Il faudra beaucoup plus, avant qu'un poème cesse d'irradier par son silence un lecteur de hasard."
Une lecture à faire très doucement, à petit pas...pour apprécier chaque mot...ainsi que cette musique si personnelle à
Christian Bobin..