Il n'y a pas de hasard, mais des occasions.
S'il y a une leçon que je peux tirer de notre histoire, c'est celle-là : on ne maîtrise rien, on ne contrôle jamais l'autre. Nous ne sommes pas Dieu.
L’art peut transcender, sublimer, nos malheurs devenant notre matière première.
Plusieurs de vos questions sont restées en plan. Ma panne littéraire ? Je vais vous dire la vérité toute crue, et telle que je ne peux pas la dire en public. Vous êtes prête ? Je ne m'intéresse plus à ce que j'écris. Vlan ! Qu'ajouter à ça ? Je ne crois plus à mes personnages. Ils m'emmerdent à peine esquissés. Et je me déteste moi-même à leur courir après, et après leur pauvre histoire. Les gens ne peuvent pas imaginer le désarroi que cela représente pour un écrivain. Le seul évènement comparable pour un homme est peut-être le moment de sa vie où il se rend compte qu'il n'est plus capable de faire l'amour.
Faites comme moi : triez vos affaires, emballez les trucs auxquels vous tenez dans des cartons, balancez le reste, et déménagez !
Ce qui me touche et me séduit dans les livres, les films, le théâtre, plus que les histoires elles-mêmes, c’est ce qui les habille. La façon dont on me les raconte, leur texture, le tissu dont elles sont tissées, leur grain comme on dit en photographie. Et ce grain-là, je le trouve dans vos mots, Adeline. Vos histoires me plaisent, et votre manière de me les raconter aussi.
Pour tout vous dire, j’ai mis le Requiem de Mozart à fond dans mon cloître, et il règne chez moi une ambiance digne des meilleures boîtes de nuit parisiennes. Vous me verriez, Pierre-Marie, toute seule avec mon verre, devant mon écran, en train de mimer les gestes d’un chef d’orchestre imaginaire ! L’ampleur de cette musique me transporte au-delà de tout, je n’exclus pas un troisième schnaps. Voire un quatrième pour faire passer le précédent.
C’est moche de boire toute seule, Pierre-Marie. C’est décadent et obscène. Accompagnez-moi si vous êtes un homme !
Et dansez !
Et chantez !
Au fait, connaissez vous la définition d'un ami ? C'est quelqu'un que vous pouvez appeler à 3 heures du matin pour lui dire : je crois que j'ai fait une très grosse bêtise, peux-tu venir avec une bâche et une pelle ? Et il vient.
Alors oui : je chante ! [...] Et, figurez-vous que je danse aussi ! Et je me contrefiche d'avoir l'air d'un ours ou d'un hippopotame. Vous devriez essayer. Même si on ne rattrape jamais le temps perdu, on peut décider de ne plus en perdre : c'est la raison pour laquelle je prépare également mon déménagement.
Au fait, connaissez-vous la définition d'un ami ? C'est quelqu'un que vous pouvez appeler à 3 heures du matin pour lui dire : je crois que j'ai fait une grosse bêtise, peux-tu venir avec une bâche et une pelle ? Et il vient.