Ce livre, la Chambre 128, a une énergie débordante, son enthousiasme est ravageur, le manuscrit comme le cœur ouvre des brèches, les mots les comblent, Cathy Bonidan les traduit en devenir.
Cathy Bonidan, laisse dériver sur les premières pages de "la Chambre 128", une brise légère, le ciel est dégagé à la pointe de la Bretagne, autour de l’hôtel le Beau Rivage, les surfeurs ont déserté la plage, il n'y avait pas de houle ce matin là. Ce matin là, quand elle trouva un manuscrit abandonné, Anne-Lise goûtait à quiétude des instants volés à sa famille, et sur les mots trouvés et agencés par des inconnus, elle rêva à son auteur, allant de ci de là, pour imaginer son portrait.
Bientôt les nuages viendront entacher le ciel, et l'ombre de Béatrice planera pour ceux qui auront respiré le parfum de l'Hellébore. Cette jeune fille à qui l' on a retiré le plaisir de la lecture. Lui ôter ses livres, était bien lui ôter ses vivres.
Le manuscrit retrouvé, est la trame que dessine l'auteure pour magnifier la vie qui s'écoule des mots échangés, retrouvés, confiés de mains en mains, en une longue chaîne commencée avec la découverte du nom de l'écrivain distrait, qui néanmoins avait par réflexe laissé une adresse.
Anne-Lise s'empressant de retrouver le rédacteur de ces pages avec Maggy sa complice, tombera de haut en apprenant que l'écrivain est double, il n'est pas seul, ils sont deux. C'est une énigme de plus qui s'ouvre, comme si un texte pouvait vivre par lui même, grandir, s'enrichir semant au passage des fruits, prêt à bondir ou s'enraciner dans un lieu, "ce manuscrit a dans mon cœur une place toute particulière et je pourrais, 30 ans plus tard vous en réciter des passages de mémoire avouait Claire à Anne-Lise, page p 253 .
Est-ce l'émission des papous dans la tête qui a fait éclore l'idée de cette chaîne ? Sur France Culture, Jean Bernard Pouy, finissait un texte en laissant 3 hypothèses, puis Eva Almassy reprenait l'histoire en laissant à Serge Joncour le soin de choisir entre 3 suites possibles ou loufoques proposées, et ainsi de suite...
Maggy, Sylvestre, et au fil des pages, Denise et David, vont puiser à cette eau de vie. La gravité du livre m'a saisie en lisant ces mots page 184, rapportés par Anne-Lise à David : "elle est sortie de sa léthargie, lorsqu'elle a aperçu le manuscrit posé sur la table, elle a prononcé votre prénom. Il existe donc des attachements si forts qu'ils survivent à la mémoire comme s'ils s'étaient imprimés physiquement dans chaque cellule de notre corps."
Le langage passe par les yeux ou se disperse par nos mains vers les doigts des autres. le langage est une activité charnelle, en déplaise à Sartre, les mots ne passent pas bien quand ils se limitent à un échange entre un cerveau et un autre cerveau.
La suite des échanges épistolaires, forment un cadre narratif, qui n'est plus artificiel lorsque l'expéditeur transcrit un dialogue ou répond à une demande, il offre au contraire un peu comme chez son analyste, le questionnement qui permet de comprendre des êtres qui nous sont chers.
Cet écart permet d'approfondir, de disperser les malentendus, bref de construire un vraie fiction avec de personnages bien campés.
Je repense à Béatrice, lectrice, elle découvre avec bonheur la littérature, mais devant son corps, devant la nourriture son esprit dévisse, pourquoi Béatrice s'est laissé glisser vers une détresse insondable. Avec ce livre Cathy Bonidan gomme le sentiment toxique de solitude, évite que germe cette gangrène inhérente à ceux qui sont touchés par un cancer, et nous montre comment les mots écrits prononcés , affirmés délivrent.
"Je l'ai lu..Lorsque je suis sorti du bureau, j'ai pris ma première douche depuis des jours. le lendemain je prenais l'avion pour Montpellier, se rappelle Elvire, p 218."
Servi par un style fluide, d'une belle élégance, les rencontres se succèdent pour créer un livre sur le langage, celui de l'échange vrai, charnel, de ces mots que l'on attend et que l'on scrute. J'imaginais que Gilles habitait Sylvestre ( Gilles du roman le parfum de l'Hellébore) , car rien n'est dit du manuscrit.
Ce manuscrit saura t-il le moment venu remplir la case N°3.
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Une charmante lecture qui donne le sourire ! Roman épistolaire qui remonte la trace d'un manuscrit déposé dans une chambre d'hôtel et trouvé par Anne-Lise lors d'un séjour en Bretagne. Elle l'envoie à l'adresse qui y figure et décide de chercher les toutes les personnes que le manuscrit a croisées. Toutes ces personnes vont se raconter dans l'échange de ces lettres et une nouvelle histoire va naître !
Surtout pas de bons sentiments mais des sentiments, de la gentillesse, de l'humanité sans exclure les aléas de la vie. Aucune de ces personnes n'auraient pu imaginer rencontrer les autres et leur vie en sera modifiée !
Le ton est juste, sans être larmoyant ou issu d'un conte de fées et j'ai été captivée par ces personnes entraperçues ou suivies jusqu'au dénouement. Un livre que je relirais avec plaisir.
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Un manuscrit inachevé se perd et devient l'occasion de rencontres avec ses détenteurs, car l'auteur y découvre une fin ajoutée en le retrouvant. J'ai eu du mal à croire à l'engouement des lecteurs - nous ne connaissons rien du livre -, en revanche, j'ai suivi avec plaisir les incompréhensions, les entraides et les colères de ces enquêteurs improvisés qui choisissent leurs mots dans des lettres échangées dans un but commun : celui de remonter le fil des pérégrinations du manuscrit.
Anne-Lise, initiatrice de ce mouvement, a un franc parler réjouissant ; Sylvestre, l'écrivain bourru qui se dévoile peu à peu, offre en réponse une réserve qui donne un équilibre à ce roman épistolaire. Les échanges avec Maggy, une amie proche d'Anne-Lise, viennent étoffer avec bonheur ce roman qui aboutit à un retournement clôturant avec douceur et subtilité des moments d'amitié et de sentiments intimes.
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