Peut-être serait-il idéal d'avoir lu l'oeuvre éponyme de
Marcel Aymé, dont est tirée l'adaptation en bande dessinée de
Cyril Bonin, pour parler de cette dernière en connaissance de cause ? Pour ma part, j'ai ouvert
la Belle Image du dessinateur sans avoir jamais lu celle de l'écrivain…
Force est de constater que
Cyril Bonin ne cause certainement aucun déshonneur à son inspirateur. L'album dont il est à l'origine est d'une grande cohérence, ne serait-ce qu'en ce qui concerne l'atmosphère et les ambiances visuelles. Les tons rappellent le sépia du papier ancien et nous font voyager dans la France du début du siècle, dans un dépaysement qui paraît entièrement naturel. le dessin semble d'une inspiration classique, mais on ne tarde pourtant pas à sentir l'originalité des traits vifs de
Cyril Bonin.
Toute aussi cohérente est la narration de l'histoire, qui s'égrène en seulement 70 planches sans qu'on n'ait jamais l'impression que
Cyril Bonin ait omis de nous faire part d'un évènement ou d'une pensée utiles à la bonne compréhension de la globalité. Où s'arrête l'oeuvre de
Marcel Aymé ; où commence elle de
Cyril Bonin ? Difficile de savoir. La plupart des textes sont denses et porteurs d'une identité littéraire. Sans doute sont-ils empruntés à l'écrivain… Mais la question se pose légitimement de savoir si
Cyril Bonin n'a pas apporté sa propre contribution à l'écriture des textes, et ce doute révèle sa capacité à se fondre dans l'univers d'un écrivain pour créer une nouvelle oeuvre singulière. En admettant que
Cyril Bonin ait glissé quelques apports personnels dans le texte, ils se confondent avec les passages tirés de l'oeuvre de
Marcel Aymé et ne déparent pas avec le reste de l'album.
Merveilleuse idée que de s'emparer de cette oeuvre peu connue de
Marcel Aymé pour l'adapter en bande dessinée… le support se prête à l'histoire, qui traite de l'influence de l'image sur le caractère et les relations sociales, étendant de manière plus vaste la réflexion sur la superficialité des existences que les individus aiment se créer.
Cyril Bonin est talentueux : il réussit à faire apprécier son travail mais n'oublie pas de rendre un hommage suffisant à son inspirateur
Marcel Aymé pour donner envie au lecteur, séduit par son adaptation, de se pencher ensuite sur l'oeuvre originale…
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