"Il a suffi d'un nouveau visage, il a suffi d'un masque. (...) Je crois vraiment que la transparence d'un visage n'est pas une vaine métaphore, le visage d'un homme laissant réellement paraître son âme et la réfractant selon l'indice de réfraction qui lui est propre."
Dans ce roman à la veine fantastico-réaliste, Marcel Aymé joue les démiurges goguenards. Son héros, le ténébreux mais banal Raoul Cérusier change de façon abrupte de binette. Il se métamorphose, à l'occasion d'une démarche administrative, en un séduisant blondin. Cet élément perturbateur va occasionner moult remises en questions chez cet homme, mari honnête, père aimant et patron arrangeant.
Suborner une inconnue ou reconquérir sa propre épouse, voici de nouveaux défis dans une vie désormais sens dessous-dessus. Mais la liberté a des limites et il faut savoir rechausser ses Charentaises...
Ce récit s'apparente d'abord à une tisane, boisson sédative peu exaltante. L'écriture en est très sobre, les personnages grisâtres et l'action apathique. Mais ses vertus ne se font pas attendre : la bardane et le ginseng se substituent au tilleul et à la passiflore redoutés. Tonique et stimulant, le roman taraude le lecteur, le dérange dans son confort et ouvre de subtiles perspectives. Marcel Aymé parvient à introduire dans son histoire ouroborique (elle se termine là où elle a commencé) une zone d'inconfort dans laquelle s'engouffrent nos questionnements existentiels sur l'identité et l'altérité. Je est un autre, certes, mais quid si un autre devient Je ?
Un Aymé de très bon aloi.
Raoul Cérusier est un homme simple, bon mari, père attentionné, il traverse son existence de courtier en publicité sans se faire remarquer.
Mais un jour il ne ressemble plus à ses photos et part pour un voyage merveilleux qui le prendra au piège mais dont l'épilogue ne sera pas tragique. Dans ce récit, raconté à la première personne, Marcel Aymé introduit une part de fantastique dans la vie quotidienne de son personnage (comme dans celle de Dutilleul du formidable ''le passe muraille'').
Ce roman, injustement un peu oublié, cache cependant des trésors d'ironie, de tendresse et et la plume si fine de Marcel Aymé sait nous rendre attachant ce personnage déroutant et original.
La belle image est un roman qui parvient à utiliser l'absurde pour mieux dévoiler et mettre en perspective nos quotidiens ordinaires et bien rangés.
Si Marcel Aymé parvient aisément à nous introduire dans la tête de Raoul Césurier, son talent réside dans sa capacité à exprimer les émotions, les états d'âme et la raison des uns et des autres face à un événement fantastique qu'on cherche à nier, à réparer ou à exploiter.
Surtout, j'ai trouvé que la force du roman consiste à explorer le lien entre notre corps, particulièrement notre visage, et notre psyché. L'auteur parvient en effet à critiquer, par la fiction, la vision occidentale qui fait la part belle à l'intellect, laissant de côté le corps jugé comme une enveloppe plus qu'un moyen d'expression.
Néanmoins, il m'a semblé que langage de l'auteur est un peu ardu et nous oblige à le lire avec beaucoup de concentration, à la manière d'un livre qu'on lit pour l'école.
Comment un évènement extraordinaire arrive dans la vie d'un homme ordinaire.
Raoul Cérusier voit sa petite vie monotone bouleversée lorsqu'il s'aperçoit qu'il a changé de visage.
Il va devoir assumer cette transformation et tenter de reprendre le cours de sa vie, mais comment expliquer ',inexplicable ?
J'ai lu ce livre en troisième, c'est à dire il y a déjà pas mal de temps et j'ai beaucoup aimé.
Cette petite touche de fantastique dans un quotidien bien réel est magnifiquement retranscrit.
Avec cette histoire, Marcel Aymé m'a donné l'envie d'écrire à mon tour des histoires où un petit grain de sable vient perturber une existence des plus banale.
J'ai lu ce livre il y a deux ans environ et il me reste en tête. Je crois que le sens de cette histoire est plus difficile à saisir qu'il ne paraît. Ce n'est, j'en suis sûr, pas seulement une critique de la vie conjugale. Ce serait d'une platitude et d'une misogynie ennuyeuse. Je crois que c'est aussi une critique de l'attrait qu'ont exercé les mouvements fascistes sur la population et la curieuse amnésie qui a suivi 1945. Je crois qu'on peut trouver le fondement de cette interprétation dans la vie de Marcel Aymé lui-même et des accusations dont il fut l'objet à la libération.
En quelle année est né Marcel Aymé?