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3,76

sur 1019 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Jeune écrivain franco-vénézuélien, Miguel Bonnefoy a une façon d'écrire - en français - soignée et riche ; c'est un véritable conteur, il sait nous dire une histoire à la fois réelle et embellie, ici celle de plusieurs générations issues d'un homme né à Lons-le-Saunier, qui est parti de France au moment où ses vignes mouraient du Phylloxera, avec juste 30 francs en poche et le seul pied de vigne sain qui lui restait, bien avant la première guerre mondiale...

Arrivé au Chili un peu par hasard, l'émigré français s'y installe et fonde sa famille : avec Delphine, ils eurent trois garçons Lazare, Robert et Charles qui des années plus tard, en 1914, décidèrent de partir pour défendre la France - pays qu'ils n'avaient jamais vu mais pays de leurs ancêtres ; seul Lazare revint des champs de bataille et poursuivit la lignée des Lonsonier.
Dans cette famille, il y a eu des légendes, comme dans toutes les familles : 30 francs et un pied de vigne, une grande baignoire où se reposent des corps abimés, un étrange oncle Michel René dont l'identité ne sera révélée qu'en fin de livre, une volière pleine d'oiseaux magnifiques, un guérisseur mapuche appelé Aukan, El Maestro et ses instruments de musique...
Lazare et sa femme Thérèse eurent une fille, Margot, aviatrice et femme de tête qui eut elle-même un fils - dans des circonstances plutôt extraordinaires au sens propre du terme, fils qui devra affronter la junte militaire qui prit le Chili en 1973.

La force de ce livre réside dans le choix qui est fait par l'auteur des épisodes racontés, des détails privilégiés, et des mouvements de ces quatre générations entre France et Amérique du Sud ; sont en jeu ici le sentiment d'appartenance à un pays mais aussi le désir de ne pas trahir la nouvelle patrie, l'importance de la famille, de la transmission, de la fidelité à ses idées.
Les personnages ont de l'épaisseur, une originalité et un tempérament hors du commun ; on ne raconte jamais mieux une histoire que lorsque c'est la sienne, celle de ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents...

Premières phrases : " Lazare Lonsonier lisait dans son bain quand la nouvelle de la Première Guerre mondiale arriva jusqu'au Chili. À cette époque, il avait pris l'habitude de feuilleter le journal français à douze mille kilomètres de distance, dans une eau parfumée d'écorces de citron, et plus tard, lorsqu'il revint du front avec une moitié de poumon, ayant perdu deux frères dans les tranchées de la Marne, il ne put jamais réellement séparer l'odeur des agrumes de celle des obus."
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Une écriture fantastique qui m'a vraiment fait penser à Gabriel Garcia Marquez. Tout est très réaliste et soudain on plonge dans un fantastique possible comme cet accouchement au milieu des oiseaux dans une immense volière.
Miguel Bonnefoy nous conte une saga familiale, inspirée se sa propre famille. L'ancêtre est celui qui fuit la faillite de son vignoble à cause du phylloxera. Il veut partir en Californie, une vigne dans la poche mais une maladie fait craindre une épidémie à l'équipage qui le débarque sur le chemin à Valparaiso. L'homme s'y installe, se marie fait fortune et 3 fils qui partiront plein de fantasmes faire la guerre de 14 dans leur pays rêvé : La France, un seul en reviendra grièvement blessé. Soigné par un chaman de la cordillère des Andes, il rencontra une femme étonnante qui dresse des rapaces … ce couple aura une fille passionnée d'aviation et qui, elle aussi, partira faire la guerre de 40… bref ça ne cesse de nous surprendre d'une génération à l'autre jusqu'à l'horreur - presque trop bien écrite, trop vrai -de la la junte militaire, de cette violence pour soumettre un peuple au pouvoir de quelques uns. Là c'est le fils de l'aviatrice qui fera les frais d'une trop grande liberté et finira par s'exiler en…France. Un très beau roman puissant soutenu par une écriture magique et captivante. A lire
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Heritage est une saga familiale qui couvre 200 ans d'Histoire entre la France et le Chili en seulement 206 pages,sans que j'ai eu le sentiment d'un manque. C'est presqu'un exploit en soi !
Alors que son vignoble est décimé par le philoxera,celui qui deviendra monsieur Lonsonier, abandone ses terres du Jura pour tenter sa chance en Californie. le destin l'arrêtera à Valparaiso et il restera au Chili jusqu'à ses 108 ans lorsque la mort lui proposera un nouvel exil. Nous suivons l'histoire de sa famille sur quatre générations. Par un attachement à des valeurs morales mais aussi à un pays qu'ils ne connaissent pas et idealisent peut-être comme tout ceux qui sont soumis à l'exil,les descendants de Lonsonier vont s'engager dans la première puis deuxième guerre mondiale. Iliaro Da, l'arrière petit fils, mènera lui aussi le combat mais dans le pays qui l'a vu naître. Celui qui porte ses aspirations révolutionnaires avec Allende mais aussi celui de la dictature et de la répression sanglante de Pinochet.
Ces personnages ont pour heritage la détermination,la capacité d'accomplir les projets les plus fous. Mais ils portent aussi,le poids terrible de la culpabilité face au choix cornélien qu'ils ont dû faire l'un après l'autre à un moment crucial de leur vie. Derrière leur force, j'ai été touchée par la solitude qui se dégage de chacun d'eux,hommes ou femmes. Leur monde intérieur est riche,hors du commun mais aussi angoissant et impossible à partager. La question de René Michel,celui qui est resté en France,la racine commune, réapparaît régulièrement dans le récit. le mystère qui l'entoure en fait une sorte de mythe fondateur. Il faudra attendre la toute fin du roman pour comprendre et c'est là aussi un moment très émouvant et une dernière référence à un évènement historique français,et pas le moindre! S'il s'agissait de tourner ce roman au cinéma,il faudrait peu de parole et beaucoup de regards...
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La quatrième de couverture qualifie ce roman de "fresque éblouissante" ; les lecteurs de Babelio de "saga familiale".
Cela est assez étonnant pour un roman qui ne compte que deux cent pages.
Pour autant, comment le qualifier autrement ? Car il s'agit bien ici, comme le titre l'indique, d'une histoire sur plusieurs générations.
Une histoire qui se lit très rapidement, qui nous fait passer d'un personnage à l'autre, avec délicatesse certes mais avec également cette sensation de survol.
J'aurais aimé m'appesantir sur chacun : Lazare ayant connu l'enfer des tranchées, son épouse Thérèse et sa volière, leur fille Margot passionnée d'aviation et qui vivra bien des drames et puis surtout Ilario Da le révolutionnaire...

Michel Bonnefoy est un bon conteur , on ne peut le nier mais il m' a manqué de la vie et des dialogues pour mieux appréhender cette saga.

J'ai beaucoup pensé à La maison des esprits d'Isabel Allende. L'histoire se déroule à la même époque, également au Chili. La seule différence, c'est que cette famille de déracinés semble ne jamais parvenir à s'ancrer réellement dans le paysage chilien, naviguant par l'esprit et parfois physiquement entre leur pays d'origine la France et leur pays d'adoption le Chili.
C'est d'ailleurs, à mon sens, ce qui fait la force de ce roman. Cet héritage bancal qui donne à chaque membre de la famille, un besoin d'assouvir une passion folle et souvent dangereuse, comme s'il était nécessaire de prouver son existence.


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Héritage
Miguel Bonnefoy
roman
2018, 207 p, Rivages


C'est un court roman ; on le déguste comme un café serré dont l'arôme est puissant et qui donne une impression d'intensité dans la tasse.
Miguel Bonnefoy est un raconteur d'histoires, un conteur, et répond à la première aspiration des lecteurs : le plaisir de se faire raconter des histoires, et quelles histoires, de celles qui nous emmènent ailleurs, de par leur contenu et la langue avec laquelle elles sont contées. L'auteur, franco-vénézuélien et de père chilien, établit un pont entre l'Europe et l'Amérique du Sud, et Garcia Marquez doit l'écouter et exhaler des souffles odoriférants de réalisme magique.
L'intérêt ne faiblit jamais. L'imagination est riche. D'un style hyper nerveux, avec des comparaisons exotiques, le narrateur construit une histoire sur quatre générations, avec des personnages au tempérament fort, et qu'on ne manque pas de remarquer.
Le premier des personnages vient du Jura, d'où son nom de Lonsonier, avec un pied de vigne et débarque par hasard à Valparaíso à la fin du XIX°. Son fils aîné part en France la fleur au fusil avec ses deux frères à la guerre. Il en revient sans eux et un poumon en moins. Et surtout avec une énorme culpabité, celle d'avoir causé la mort d'un jeune Allemand qui l'avait informé d'une offensive contre la tranchée française. de retour au Chili, il trouve remède à ses souffrances en rencontrant une jeune fauconnière, fille d'un marchand de parapluies bordelais. Ils font une immense volière et une fille qui naîtra dans cette volière et servira son pays d'origine en étant aviatrice. Elle perdra dans un combat son ami le plus cher. Elle revient brisée. Une nuit le fantôme du soldat allemand apparaît, à qui elle s'unit. le fruit de cette étrange union sera un révolutionnaire torturé par les sbires de Pinochet. Il partira en France avec, comme le patriarche, un pied de vigne dans la poche et un cahier dans lequel il raconte ses tortures.
C'est une histoire de déracinés, qui n'appartiennent pas vraiment à un seul pays, qui font l'aller-retour entre deux continents.
Mais l'histoire cède le pas à la manière de la raconter. Les phrases sont rondes, charnues, et courent avec légèreté vers une suite. Les personnages secondaires sont tous intéressants. de plus, le narrateur s'appuie sur l'omniscience et la récurrence ; il informe brièvement le lecteur d'un avenir plus ou moins proche, et crée un effet d'attente.Le narrateur éprouve du plaisir à faire entendre des mots d'espagnol, termes culinaires ou phrases faciles à comprendre par tous, mais on trouve aussi quelques paroles en yiddish. Mais surtout le lecteur subit le charme à la fois du lieu, des savoirs occultes, de potions magiques, du pouvoir des plantes, de la poésie qui imprègne descriptions -le crépuscule avait la couleur des gencives de pumas-, portraits, actes de soins exotiques et sorciers. Tout est vivant, et tout participe au bruissement du monde. le lieu est plus qu'habité, et comme la colline, inspiré. On est plongé dans un merveilleux et on se laisse captiver. de toute manière, il n'y a pas moyen de résister.
Si j'étais restée un peu sur ma faim avec Sucre noir, je suis conquise par Héritage. La dédicace de ce livre m'intrigue. Est-ce qu'une suite du roman est annoncée, ou la suite, c'est Bonnefoy lui-même, partagé aussi entre deux continents?
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Une histoire de famille où chacun a à son caractère bien trempé qu'il soit homme ou femme
Une fresque baroque de destins humains qui fait penser aux personnes de Federico Garcia Lopez
Haute en couleur et baroque à souhait
Écriture superbe
Une intrigue que l'on suit avec bonheur
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C'est une collègue qui me l'avait conseillé suite à quelques critiques qu'elle avait entendues ici et là.
Ce petit livre se lit très bien, très facilement, il raconte une espèce de saga familiale qui traverse l'océan, allant de France au Chili. le père Lonsonier arrive presque par hasard au Chili, où il fait sa vie, puis nous suivons son fils Lazare, la fille de Lazare et le fils de celle-ci. Tous ont des destins hors du commun, des vies faites de passions surtout. Les personnages se croisent et les histoires s'emmêlent.

La petite histoire familiale se mêle à la grande; les descendants de Lonsonier se retrouvent confrontés à la guerre, à la dictature etc. Chacun réagit en fonction de ses sentiments, mais la place n'est pas grande pour les sentiments justement, ce n'est pas là le corps du roman. Ce sont des faits, avec quelques impressions, mais sans insister sur les impressions humaines.

Pour finir, ce roman me laisse une impression un peu mitigée, d'un récit intéressant, mais sans réellement d'essence.
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Voilà encore une saga familiale qui m'a tenté. de la fin du XIX aux années 70 Miguel Bonnefoy nous retrace l'histoire des Lonsonnier sur fond de sa propre histoire familiale.
Parti du Jura parce que sa vigne était malade, Lonsonnier s'installe au Chili et s'y crée de nouvelles racines. Son fils, sa petite-fille puis son arrière-petit-fils seront partagés entre ce pays et leurs lointaines racines européennes.
Mélangeant l'Amérique du Sud et l'Europe, l'auteur nous fait sentir la difficulté de la double culture des émigrés. Il nous fait vivre ce sentiment d'appartenance à un monde qui n'est pas vraiment le leur au travers des décisions prises par leurs descendants. Mais justement leurs décisions sont tellement radicales qu'elles enferment chacun des protagonistes dans leur monde. Il se forme alors une espèce de carapace autour d'eux. du coup on a l'impression que chacun d'entre eux vit séparément les uns des autres et ne forment pas la famille qu'on s'attend à trouver dans une saga familiale.
Malgré ce dernier point, j'ai apprécié la qualité de l'écriture. le livre est dense et sans répit, il faut condenser 100 ans en 200 pages. Ce pari est réussi.
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L'histoire : à la fin du XIXème siècle, le père Lonsonier est arrivé de France ruiné, et s'est installé au Chili sans rien qu'un pied de vigne dans la poche. Plus tard, son fils Lazare reviendra en France pour défendre ce pays qu'il découvre ainsi, pendant la guerre de 14, puis reviendra au Chili. Il y épousera Thérèse, dont l'origine est racontée aussi, et ils auront beaucoup d'oiseaux. Et puis Margot, leur fille, qui prendra son envol. Et puis son fils ensuite, en pleine jeunesse quand arrivera Pinochet...



Mon avis : j'ai eu du mal avec la première partie, au style parfait, mais à l'histoire un peu Genèse sur les bords : Machin fils de Truc, Bidule fils de Machin, etc. (même si, pour être honnête, c'était largement plus intéressant à lire que la Genèse !), chaque récit individuel était passionnant, mais je m'y perdais dans tous ces personnages, leur histoire et leur descendance. Puis soudain, ça s'est débloqué, emballé, un peu perché aussi en y mêlant les croyances chiliennes, en plongeant radicalement dans la double culture, et l'ensemble a pris un tour plus passionnel, façon grande épopée semi-tragique semi-héroïque. Et là j'y ai vraiment pris un très grand plaisir. Avoir lu le début était indispensable, car on comprend mieux ces déracinés, leur perpétuelle déchirure, leurs hésitations incessantes entre un pays et l'autre, une culture et l'autre, une loyauté et l'autre, et les raisons de leurs choix et de leurs dérives. Un livre très littéraire, qui semble posé mais est quelque part comme un long cri, un tourbillon quasiment immobile, grippé. Qui laisse un peu essoufflé au sortir de sa lecture, un peu sur sa faim aussi parce qu'on avait fini par s'attacher à tous ces personnages.

Un roman qui m'a donné envie de voir ce qu'a écrit d'autre cet auteur.
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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Histoire en poupée gigogne où l'on suit depuis 1873 Monsieur Lonsonier, un vigneron jurassien qui partit au Chili avec un pied de vigne, pour refaire sa vie. Son fils, sa petite fille et son arrière petit fils nous entrainent dans des histoires folles de première et deuxième guerre mondiale, d'aviation et de putsch des généraux.
Flamboyant comme un roman sud américain.
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