AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782207230220
405 pages
Denoël (30/11/-1)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Ce roman, à cause de son titre risible, n'a pas bénéficier de la renommée qu'il mérite dans nos contrée. Le titre d'origine "Trinity's Child" fait référence au premier essai de la bombe atomique en 1945.

Écrit en 1983 alors que la guerre froide risquée encore de se réchauffé, il narre une offensive nucléaire soviétique à l'origine ''limitée'' pour incité les États-Unis à négocier une remise à plat de leurs relations mais Washington DC est accidentelle... >Voir plus
Que lire après Les Minutes de l'heure HVoir plus
Sans aucun remords par Clancy

Saga Jack Ryan

Tom Clancy

4.15★ (9790)

20 tomes

Les falsificateurs par Bello

Sliv Dartunghuver

Antoine Bello

4.02★ (4009)

3 tomes

Rafale leader, Tome 1 : Foxbat par Durand

Rafale leader

Matthieu Durand

4.00★ (63)

6 tomes

Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

Quand j'étais adolescent dans les années 1980, la guerre nucléaire était une possibilité quotidienne. Rare étaient les jours où les médias n'en parlait pas directement ou indirectement : le déploiement des missiles en Europe, les manifestations monstres s'y opposant, les conflits par procuration entre les deux grands blocs qui pouvaient déraper, bref la guerre froide au quotidien. Je me rappelle d'ailleurs les longs articles de Sciences-et-Vie de l'époque, bien plus crédibles que ce qu'il est devenu, montrant sur de grandes cartes en projection polaire le déroulement d'une guerre de moins de 100 minutes, comptant les méga-morts.

En 1981, Reagan est élus présidents des États-Unis, notamment pour "régler" le problème soviétique, en les entraînant dans une dispendieuse course aux armements, dont on ne retiendra médiatiquement qu'une infime partie : le bluff de la "guerre des étoiles". Car contrairement aux nouveaux sous-marins, missiles, bombardiers, bien réelles ; les lasers spatiaux resteront de la science-fictions. On l'apprendra que bien plus tard, les russes ont pris tout cela au sérieux et en 1983 nous étions à deux doigts que le bloc soviétique prenne l'initiative de sa propre résolution du problème, l'attaque préemptive. Cela aurait pu arrivé a deux reprises cette année là : lors de l'incident du 25 septembre et lors de l'exercice Able Archer en novembre.

1983 est aussi la date de parution de ce roman qui nous met justement dans l'ambiance du moment. L'Union soviétique prend l'initiative d'une guerre préventive pour ne pas tomber dans le piège reaganien de la course aux armements qui ruinerait le pays. Si une bonne partie du gouvernement soviétique pousse à une guerre totale, le premier secrétaire en stratège décide d'une attaque "anti-force" (contre les installations militaires américaines) et encore pas tout, plutôt qu'une attaque "anti-valeur" (en gros contre le système économique, donc les populations). le président des USA, qui reprend virtuellement le rôle de Raegan, est surpris par l'attaque et doit décider de la nature de la riposte. Il se laisse convaincre par la stratégie du premier secrétaire sur le téléphone rouge (un téléscripteur) et ordonne d'égaliser les scores, pour se donner une marge et du temps de négociation. Sauf que gérer une guerre qui se compte en minute n'est pas à la porté des hommes, ce sont les ordinateurs qui établissent les stratégies. le SIOP (équivalent du Woofer dans le film 'Wargames') programme donc une stratégie en deux temps : égaliser les scores dans l'immédiat comme demandé par le président puis lancer tout le reste 24 heures après, c'est l'assurance-mort. L'intervalle permettrait d'arrêter la machine.

A partir de là, tout va aller mal. La plupart des bases militaires sont détruites au cours de la première frappe, les communications sont annihilées par des explosions nucléaires dans l'espace, les dégâts collatéraux tuent des dizaines de millions de personnes, même si les grandes mégapoles restent intactes, les personnes servant dans l'appareil militaire et civil sont fous furieux parce qu'ils viennent de perdre femmes, maris, enfants, parents, amis ; et bien qu'il n'y a plus d'ordres d'attaque les bombes nucléaires continuent à tomber de ci de là au fur et à mesure que les sous-marins sont acculés à leur propre destruction. le président est victime d'une erreur de tir et présumé mort, son successeur à plus peur de perdre la guerre que d'anéantir son pays et le monde.

A partir de là se joue une course contre la montre contre le système dissuasif lui même à toutes les échelles : un équipage d'un bombardier B-52 envoyé bombarder la Russie, dans les centres de commandement volant luttant contre la technologie, les retombées radioactives et la politique qui se poursuit, au sol où la société est en pleine déliquescence, dans les sous-marins et silos attendant soit un ordre de lancement, soit un ordre de non lancement. L'auteur mêle un scénario haletant ainsi que des réflexions profondes sur la notion de dissuasion nucléaire, ses forces, ses faiblesses, ses paradoxes, son inadéquation aux buts qu'elle poursuit dans dans sa théorie, sa pratique que sur les hommes à priori muni de morale (et qui reste valide en 2020). Tout cela en restant plausible avec l'état des forces connues en 1983.

Comme dans ce roman, le monde de 1983 a été sauvé par la désobéissance de Stanislav Petrov le 25 septembre, et certainement la trouille du premier secrétaire en novembre. Depuis, le Pacte de Varsovie n'existe plus, une bonne partie des arsenaux a été réduite. le péril nucléaire ne fait plus les gros titre sur la base qu'il n'y a plus de guerre froide. Pourtant, ces armes continuent à exister, la prolifération perdure, de nouveaux concepts d'armes émergent. La guerre nucléaire est encore d'actualité. La "Doomsday clock" n'a jamais été aussi proche de minuit. Je ne serai même pas étonné que l'on se serve de l'arme atomique dans les années à venir dans un conflit local devant le durcissement mondiaux des régimes, que se passera t'il alors ? Et même si la dissuasion était parfaite, nous ne sommes pas à l'abri d'un accident qui fatalement arrivera…

P.S. : une adaptation TV a été réalisé de ce roman : By down's early light (1992). L'adaptation est très bonne et reprend globalement toute l'intrigue et la réflexion. Il y a un clin d'oeil croisé entre le livre et le film concernant le président des États-Unis et sur ce qu'il regardait à la télévision lors de la première attaque.
Commenter  J’apprécie          21


autres livres classés : nucléaireVoir plus

Lecteurs (2) Voir plus




{* *}