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86, l'année des désastres.
Un réacteur explose à Tchernobyl, la cueillette des champignons est interdite à l'ouest, les chantiers navals de la Seyne sur mer et de la Ciotat ferment en laissant des centaines d'emplois sur le carreau..

Des voix de femmes par chapitres entremêlés pour raconter la déflagration que chaque événement impacte sur leur vie. Une adolescente attendant dans l'angoisse le nuage mortel annoncé, quand son père déprime sévèrement de son licenciement programmé, des jeunes femmes russe et ukrainienne à la croisée des chemins, perdant leur vie, leurs projets et leurs conjoints.

Sur le fond, on ne va pas refaire l'histoire de la plus grande catastrophe nucléaire. L'événement a une telle charge émotionnelle que tout récit, si tant est qu'il soit bien fait, accroche l'intérêt.

Sur la forme, on plonge dans la narration immédiatement, particulièrement quand les voix des femmes slaves s'expriment. La tension est palpable dès les premiers chapitres quand tout est encore inconnu et à venir, comme ces innombrables bus d'évacuation, garés de nuit comme en attente de l'assaut. Car l'ensemble du livre est un combat latent contre la peur, la mort, le mensonge et l'incertitude du lendemain.

Un récit introspectif très attachant, replaçant le lecteur dans un passé pas si lointain, faisant resurgir ses propres ressentis de l'événement et magnifiant le sens du sacrifice et de la solidarité.
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Ce petit livre alterne trois récits. Deux femmes directement touchées par l'accident de Tchernobyl et une adolescente vivant dans le Sud de la France nous racontent leur vécu. Elles ont peur et se posent beaucoup de questions. Ludmila vivait à Prypiat au moment de l'explosion, Ioulia à Kiev, tout proche, et leurs maris ont fait partie des liquidateurs de la centrale. Lucie a 15 ans quand la catastrophe arrive et s'attend à une fin du monde qui finalement ne vient pas. Troublée par la menace pesant sur son père qui se résigne à la fermeture du chantier naval où il travaille, cette peur devant l'inconnu venant de l'est fait place aux craintes quant à l'avenir de sa propre famille.

Plus sensible aux témoignages de Ioulia et de Ludmila, j'ai davantage apprécié la partie ukrainienne du livre qui est un hommage à tous ces hommes qui ont péri dans la catastrophe et à tous ces liquidateurs qui sont décédés des conséquences de la radioactivité.

(...)
Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Voilà encore une lecture de la selection Cezam 2017.
Donc c'est encore un livre que j'ai ouvert sans rien savoir, ni de l'auteur, ni du sujet abordé.
Pourtant en 1986, il y a eu un évenement majeur que nous connaissons tous, et qui nous touche tous à des niveaux variés. Mais je suis persuadée que personne n'est neutre sur ce sujet. Il s'agit de la castastrophe de Tchernobyl.
Ce roman est un voyage de le temps, vers le printemps 1986, au travers du récit de 3 femmes : 2 Ukrainiennes (enfin soviétiques à l'époque) et une adolescente Française.
J'ai trouvé le point de vue des ukrainiennes très interessants, c'était quelque chose de nouveau pour moi. J'ai souvent vu des documentaires ou lu des articles sur les conséquences locales de la radioactivité, mais je n'avais pas encore envisagé ce qu'il s'était passé dans la tête de ces gens qui étaient en première ligne.
Je ne m'étais jamais posé la question de l'engagement des liquidateurs : pourquoi, comment avaient ils pu donner leur vie de cette façon.
Aussi, ces chapitres m'ont beaucoup interessés.
Par contre je n'ai pas compris ce que le témoignage d'une ado du sud de la France avait à faire dans ce récit ? Est ce pour mettre en opposition les réactions de personnes ignorantes de ce qu'il se passe réellement, et qui en plus on bien d'autres préoccupations ?
Et donc ces chapitres m'ont pas un gâché la lecture, trop en décallage à mon goût.
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Tout le monde se souvient du dimanche 27 avril 1986, un incendie éclate dans le réacteur numéro quatre à Tchernobyl. Un nuage radioactif traverse l'Europe.

A travers la plume de Lucile Bordes, ce sont trois femmes qui vont nous faire le récit d'un morceau de leur vie de ce printemps 86.

Lucie a quinze ans, elle vit près de Marseille. Elle entend parler de l'incident pour la première fois le mardi 29/04/86 soit ironie du sort le lendemain de l'essai atomique des Français à Mururoa. Elle est paniquée, elle a vraiment peur que ce ne soit la fin du monde. Et ce nuage qui s'arrête comme par magie dans le Sud de la France ! Elle est inquiète, voit la mort qui s'approche. C'est le chaos dans sa famille mais pour d'autres raisons : son père sent approcher le spectre du chômage et la fermeture des chantiers navals, un autre cataclysme.

Ludmila a 25 ans, elle est mariée à Vassyl. Ils ont une petite fille Marina. Ils vivent à Prypiat, une sorte de ville moderne, la vitrine de la Russie, ultra moderne, fleurie. Une caractéristique : tous travaillent à la centrale de Tchernobyl. Ce dimanche 27, Vassyl a été appelé pour donner un coup de main pour circonscrire l'incendie. Ludmila pense au baiser qu'ils n'ont pas échangé. On vient les chercher pour évacuer les lieux par précaution. Il ne faut prendre des affaires que pour deux jours., mesures provisoires, ils ne rentreront jamais...

Ioulia vit à Kiev, une centaine de kilomètres de la centrale, avec son mari Petro et leur fille. le ménage bat de l'aile depuis qu'elle a rencontré un français. Au lendemain de l'incident, lâcheté ou sécurité, il est rappelé en France. Petro va partir, il s'engage comme liquidateur.

Trois voix, trois femmes s'expriment. Elles nous content leur amour, le sens du devoir, le sens du sacrifice, leur peur, leur désespoir.

Un récit poignant, dur, émouvant, réaliste ou comment par sens du devoir, du sacrifice, tant d'hommes ont fait abandon d'eux-mêmes pour les autres, par amour, par choix, par obligation.

Ce récit m'a remuée, retournée comme aucun livre auparavant. Quel claque.

Cela fait peur, pousse à la réflexion lorsque aujourd'hui nos dirigeants prolongent le nucléaire sans tenir compte de certains signaux minimisant les risques. Comment une région est anéantie, les familles déchirées, à tout jamais.

Lucile Bordes nous démontre également la manipulation ou rétention d'informations des autorités. Mesdames, Messieurs les politiques réveillez-vous car ceci n'est pas une fiction et Fukushima n'est pas si loin.

Un livre fort qui remue les consciences. Une écriture directe, prenante, puissante chargée en émotions.

Encore un joli coup de coeur ♥♥♥♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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La Feuille Volante n° 1114
86, année blanche – Lucie Bordes – Liana Levy.

En ce printemps 1986, nombre d'entre nous ont appris où était la ville de Tchernobyl et ont réalisé ce qu'est réellement le danger nucléaire après l'explosion de la centrale. Certes il y a eu les déclarations lénifiantes et trompeuses du pouvoir en place, tant en URSS qu'en France, avec cette volonté à la fois de masquer la réalité et de ne pas affoler les populations et il y a eu la triste réalité des troupeaux abattus parce que contaminés et des cancers de la thyroïde en France, les villes vidées de leurs habitants en Ukraine et la désolation pour de nombreuses années.
L'auteur s'approprie cet événement et nous le restitue à travers les yeux de trois femmes, Lucie qui habite le sud de la France, Ludmina qui habite Prypiat, la ville ultramoderne qui jouxte la centrale et Loulia qui demeure à Kiev, à une centaine de kilomètres de Tchernobyl. Les préoccupations de ces trois femmes sont différentes, Lucie, une adolescente, se demande si, comme les autorités françaises l'ont affirmé, le nuage radioactif s'est réellement arrêté à la frontière et en quoi sa vie peut en être affectée alors que son père craint pour son emploi menacé aux chantiers navals qui vont fermer ; elle se trouve donc confrontée à un double cataclysme. Ludmina a 25 ans et veut croire elle aussi au discours officiel de ce communisme triomphant qui proclame qu'il ne faut pas s'inquiéter et que tout est sous le contrôle. Son mari Vassyl, l'amour de sa vie, qui travaille à la centrale a été réquisitionné pour dégager les décombres. Loulia est mariée à Petro et leur ménage tangue sérieusement surtout depuis qu'elle a rencontré Christian, un étudiant français qui rentre en France dès que l'explosion est connue. Son mari, qui est conscient de la situation et qui voit ses rêves de bonheur s'effondrer, s'engage volontairement comme « liquidateur ». Ces deux hommes ne reviendront pas.
C'est aussi un monde ouvrier qui disparaît dans le sud de la France, malgré l'impuissance des syndicats et même leur abandon, là même où on avait encouragé les hommes à venir travailler ici et à qui on dit maintenant que c'est fini. Ce sont des décisions des « politiques » à la fois irresponsables et corrompus, qui font bon ménage de la vie des autres malgré leurs discours enflammés qui assurent leur carrière ou leur enrichissement personnel. D'autre part, l'énergie nucléaire fait partie de notre vie, nous apporte le confort au point qu'elle nous fait oublier le danger qu'elle représente et qui plane sur nous, nous fait admettre tous les discours officiels faussement rassurants. N' a-t-on pas oser nous affirmer, avec l'aval d'un universitaire éminent, que le nuage mortel s'était, comme par miracle, arrêté à nos frontières ! le danger reste valable chez nous, dans nos centrales vieillissantes et qui seraient des cibles faciles pour des terroristes fanatiques désireux de tout anéantir.
J'ai aussi songé à Petro dont le bonheur part en quenouille et qui choisit cette mort héroïque au service de son pays parce que son épouse a préféré un autre homme plus jeune, plus séduisant… Drame familial et humain tant de fois recommencé pour une nouvelle vie pas forcément heureuse, avec, autour de soi le malheur, la solitude, la mort parfois, cette manière, très personnelle de jouer avec la vie des autres, de se croire autorisé à peser sur elle qui me paraît être une constante de cette triste espèce humaine à laquelle nous appartenons tous. Face à cette réalité, Lucie s'ouvre à la vie, à l'amour, à l'espoir, mais on se demande combien de temps cela tiendra. Il y beaucoup de pages qui se tournent dans ce roman.

Le style quelconque ne m'a pas emballé et même si je peux adhérer aux différents thèmes développés dans ce texte, j'ai eu du ma à habiter ces trois histoires.

© Hervé GAUTIER – Février 2017. [http://hervegautier.e-monsite.comll
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On suit différents points de vue sur la catastrophe de Tchernobyl. Une ado en France et 2 jeunes filles russes qui habitent tout près de la centrale nucléaire.
C'est passionnant. Je me suis évidement identifiée à l'ado française. (J'avais 13 ans, ce 26 avril 1986.)
On suit les vies des ces trois femmes, les questionnements, les peurs. le sacrifice des nettoyeurs, le mensonge aux populations...
C'est court, mais c'est prenant.
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Un livre sur la perception qu'ont eu trois femmes de la catastrophe de Tchnernobyl en 1986. L'une Ludmila vit à Prypiat, cité soviétique idéale bâtie autour de l'atome, avec son mari Vassyl, employé de la centrale. Ioulia habite Kiev, à à peine 100 kilomètres de là. Elle est mariée à Petro, mais fantasme sur un étudiant français Christian, qui s'en va dés que l'explosion est connue. Pendant ce temps Lucie, jeune fille française, découvre ses premiers émois à La Seyne sur Mer, alors que son père reste au lit traumatisé par l'inévitable fermeture des chantiers navals.

Derrière ces portraits de femmes, il y a les liquidateurs, ces ouvriers et employés envoyés colmater tant bien que mal le trou de l'explosion du réacteur n°4 au milieu de morceaux de graphite et des émissions de radionucléides. Sacs de sable jetés à la hâte d'hélicoptères, pompiers inondant le feu qui consume. Transfert des premiers combattants atteints dans des hôpitaux ou des sanatoriums, avec au terme la mort inéluctable. le relais est pris par de nouveaux hommes jetés dans l'opération sans protection suffisante. Beaucoup de courage et tant de morts pour préserver les jeunes générations.

Le récit des événements d'Ukraine entre en résonance avec le chapitre final d'un monde ouvrier qui disparaît. Vu de la région toulonnaise, Tchnernobyl n'est qu'un nuage lointain et quelques mesures de dosimètres affolés.

A la fin de cette lecture, je me suis posé la question de comment moi j'avais vécu ce mois de mai 1986. En fait, la gravité de la situation m'avait échappé, comme à tant de français. le black-out médiatique de l'époque serait-il possible aujourd'hui ? Sans doute…
Au fait, pendant ma lecture il y a eu une explosion à la centrale de Flamanville. le préfet de la Manche a déclaré qu'il s'agissait d'un accident mineur. Mineur…
C'est sûr, le nuage atomique de 1986 s'est arrêté aux frontières nationales...
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En cette année anniversaire des 30 ans de la catastrophe de Tchernobyl, j'ai eu envie de lire un récit sur ce drame. La parution de 86, année blanche, sélectionné pour le prix orange du livre, est tombé à point.

Lucile Bordes nous parle de trois femmes pendant les 15 jours qui suivent l'explosion, une française et deux ukrainiennes. Chacune essaye de comprendre la catastrophe

Lucile Bordes a choisi de parler du silence autour de cet évènement.

Lucie, une jeune fille de 15 ans, vit dans le sud de la France. Quand elle entend parler à la télévision de ce qui est d'abord nommé accident grave avant d'être appelé catastrophe, elle a la sensation de vivre la fin du monde, elle guette le nuage, pensant être frappée d'une mort foudroyante, essaye de rassurer son petit frère en l'aidant à construire un abri anti-atomique en légo. A cette période, le père de Lucie, employé sur les chantiers navals et délégué syndical très engagé, vit une période très difficile avec la fermeture des chantiers navals qui devient inévitable.
Lucile Bordes avait 15 ans en 1986 et vivait dans le sud de la France, elle a certainement mis beaucoup d'elle-même dans le personnage de Lucie.

Ludmila, vit à Prypiat, une ville nouvelle qui jouxte la centrale. Son mari est ingénieur sur le site.
Au lendemain de l'accident, inconscients du danger, ils admirent avec des amis l'aurore boréale provoquée par l'incendie au dessus de la centrale mais son mari est appelé le lendemain, il devient un liquidateur.
Ludmila est évacuée, elle part à Moscou avec sa fille chez ses parents emportant des affaires pour 2 jours. Peu à peu elle va comprendre qu'elle ne reviendra jamais chez elle. Elle va retrouver son mari à l'hôpital de Moscou atteint du mal des rayons qui ne lui laisse que 14 jours à vivre.

Oulia vit à Kiev, à 130 kms du drame. Elle hésite à partir ou rester alors que les autorités affirment qu'il n'y a pas de danger mais demandent aux parents d'éloigner leurs enfants et que les trains sont chaque jour un peu plus bondés...
Pendant ce temps, la vie continue à Kiev avec la célébration du 1er mai et une course cycliste internationale pour la paix ... C'est surréaliste.

Le silence traverse tous les chapitres : le silence des médias français, celui des médias russes, celui des gens évacués, celui qui règne dans les rues de Kiev vidées par un couvre-feu implicite, celui dans lequel s'enferme le père de Lucie, celui qui règne sur les chantiers navals et dans la maison de Lucie pendant que son père déprimé dort toute la journée.

Je n'ai pas vu l'intérêt de l'histoire d'Oulia pour qui cette période correspond à la fin de son couple, son histoire n'apporte rien à l'ensemble du récit selon moi.

J'ai aimé l'angle du silence choisi par l'auteur pour relater la fin de la vie d'avant de ces trois femmes dans ce court roman où leurs histoires alternent.

Lucile Bordes a su mettre en écho la fin d'une utopie pour les ukrainiens, fiers de leur pays, et la fin de l'utopie du père de Lucie, un syndicaliste engagé qui se sent liquidé.

Un livre qui ne manque pas d'intérêt mais qui est loin d'atteindre la force de la supplication, chroniques du monde après l'apocalypse de Svetlana Alexievitch, un livre construit sur les témoignages des victimes de Tchernobyl.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Trois femmes, deux pays, une catastrophe : Tchernobyl, 1986.

Lucile Bordes nous fait revivre les 15 jours qui ont suivi l'accident nucléaire de Tchernobyl. Nous suivons pour cela trois personnages.
D'abord, il y a Lucie, petite française de 15 ans, qui attend seule la fin du monde, suite logique au drame. Ensuite, il y a Ludmila et son mari, aux premières loges dans la ville de Pripiat construite tout exprès pour les travailleurs de la centrale et leurs familles. Enfin, Ioulia et son mari à Kiev, qui se croient à l'abri mais pas bien longtemps. A travers ces portraits, on découvre la surprise, les mensonges et les angoisses qui sont nés de la catastrophe. Mais l'auteur montre également que la vie a continué comme si de rien n'était pour beaucoup de personnes. le père de Lucie est bien plus préoccupé par la fermeture imminente de l'usine où il travaille et par la détérioration de la solidarité salariale. Ludmila cherche à retrouver sa vie d'avant, à ramener son mari chez elle. Quant à Ioulia, ce sont ses problèmes de couple et son indépendance qui la préoccupe. Tchernobyl s'immisce progressivement dans leur vie mais sans l'arrêter pour autant. Sauf bien sûr, pour tous les hommes qui ont dû se rendre à la centrale pour tenter d'enrayer la dispersion radioactive, de gré ou de force...

C'est une histoire à trois voix bien documentée et plutôt bien faite. Assez fidèle à ce qui a dû se passer je pense.
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Tchernobyl, qui a oublié l'explosion de la centrale nucléaire, ce nuage radioactif dont on nous a expliqué qu'il n'avait pas survolé la France, mais l'avait peut-être simplement effleurée… ? Trois femmes se souviennent de ce printemps 1986.
Lucie a quinze ans et vit à Marseille. Son père, ouvrier du chantier naval, vit sa propre tragédie, avec la fin annoncée des chantiers et son licenciement prévisible, drame qu'il accepte difficilement et qui perturbe la vie de la famille. Lucie quant à elle se demande chaque jour ce qu'il en est de ce nuage, le monde serait-il devenu aveugle ?
Ludmila à vingt-cinq ans, elle vit avec son mari Vassyl et leur fille, Marina à Prypiat, cette ville sortie de rien qui sert à loger tous ceux qui travaillent à la centrale. Ce matin-là, Vassyl part travailler, aider pendant quelques heures à contenir l'incendie de la centrale. le même jour, les femmes et les enfants sont évacués de la zone, pour deux jours seulement, pour une éternité en fait… aucun n'y reviendra.
Joulia vit à Kiev. La relation avec son mari Petro est compliquée depuis qu'elle a rencontré le français, si charmant, si jeune. Pourtant, après l'accident, les étrangers quittent le pays, renvoyés par leurs ambassades, par sécurité ou par lâcheté ? Par dépit, par devoir, et qui sait peut-être parce que son couple est foutu, Petro part à la centrale et devient liquidateur.
Il y a eu un très grand nombre de liquidateurs, car l'urgence était d'éviter la libération d'une quantité importante de radionucléides dans l'atmosphère. Certains iront par devoir, et sans doute aussi par sacrifice, comme tant de Russes qui n'ont finalement pas d'autre choix. Ce sera eux, ou d'autres, mais il faut y aller pour sauver ce qui peut l'être, pour faire ce qu'il faut faire, en sachant très vite, même si ce n'est jamais officiellement explicité, que leur vie se terminera là-bas, ou très vite après. Bien sûr depuis on a beaucoup parlé de l'accident, de la façon dont la catastrophe a été contenue par le pouvoir en place, des nettoyeurs et des liquidateurs. Mais ici, Lucile Bordes donne vie à ceux qui les accompagnent, qui ont payé un lourd tribu à la catastrophe, et dont on parle moins. Elle donne également vie aux peurs et aux interrogations des européens, alors qu'ils étaient manipulés par l'information qui se voulait rassurante face à un danger non maitrisé.
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