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juin 2022- Librairie Fontaine - Paris Auteuil- // 26 octobre 2022

Lecture datant déjà de juin dernier... mes notes manuscrites attendaient patiemment dans un coin !

Lecture passionnante... à "mériter" cependant...!!
(***Une relecture me sera sûrement bénéfique)

Une promenade imprévue dans le quartier de la Porte d'Auteuil m'a fait rentrer dans la Librairie Fontaine, celle-ci ayant eu la très bonne idée de réserver un coin pour "honorer" les "20 ans " d'existence de la la maison d'édition de Sabine Wespiesser...devant laquelle je me suis longuement attardée !

C'est ainsi que j'ai choisi ce roman d'un écrivain connu de nom, mais encore jamais lu !

J'ai débuté aussitôt ce généreux roman (en épaisseur, du moins, dans un premier temps !), qui, à travers l'histoire des grands-parents de l'écrivain, Antonio et Isabel, nous fait parcourir l'histoire européenne du XXe siècle ...

Antonio rencontre Isabel à Barcelone, en 1925.

Parallèlement aux vies des grands-parents, nous sommes entraînés dans le tourbillon de la grande Histoire : Misère noire de l'Andalousie dans les années 1917-1920, au moment de la Révolution russe... , la jeune République espagnole, le départ d'Espagne en 1936, le maquis, l'arrestation par les Allemands en 1943, l'envoi au camp de Mathausen... Voilà, dans les grandes lignes, le parcours tumultueux D Antonio, le grand-père vaillant et déterminé de l'écrivain !

Ce grand-père regrettera toujours d'avoir abandonné l'école, même si il saura se rattraper de toutes les manières; ainsi, à ses débuts, une connaissance lui propose un petit travail fort singulier :" claqueur": "Aller applaudir à des concerts, des opéras"...Il se prendra au jeu et se passionnera ensuite pour l'opéra !

Stylé, beau garçon, intelligent et compétent de surcroît, il sera embauché dans un hôtel -restaurant de luxe, il prendra ainsi le chemin des "Hautes sphères".... Et par de drôle de détours , et réunions de hasards, il croisera Isabel, et tombera amoureux...ils ne se quitteront plus et se battront ensemble !

Un superbe texte, foisonnant... qui sauve de l'oubli des vies courageuses, anonymes et toutefois exemplaires, comme Antonio et Isabel, les grands-parents du narrateur, qui ont vécu tous les soubressauts de l'Histoire du XXe, avec ses guerres, ses exils....ses combats politiques et sociaux, ainsi que ses nombreuses désillusions !!

"Barcelone- Automne 1933

Après des funérailles grandioses comme on n'en avait pas vu depuis la mort de Gaudi, la Barcelone d'en-bas était entrée dans la nouvelle année commencée comme on retourne en prison.Le sifflet des usines, le piétinement des hommes en bleu de travail pesaient terriblement. Tout retrouvait son rang ancien, la hâte menaçante du contremaître, l'amertume et la frustration. Ceux de 1931 avaient eu l'espoir du grand soir. Leur printemps est froid et ressemble à la nuit."

En parallèle de l'existence D Antonio et d'Isabel, nous faisons également connaissance avec l'histoire incroyable d'industriels lyonnais, Les Gillet, rencontrés très brièvement par Antonio, qui travaillait dans "la Claque"**** de l'opéra de Lisbonne. L'auteur décortique et analyse fort bien les comportements de ces "capitaines d'industrie", qui, fort indifférents au sort du monde, s'occupent, avant tout, de leurs intérêts, ainsi que de leur prospérité personnelle !....

Vincent Borel, en plus du tourbillon de l'histoire , nous emporte dans le bouillonnement artistiques des différentes époques: Gaudi, et sa mort brutale, les architectes, musiciens, vedettes du 7ème Art... sans omettre les tenants et aboutissants de l'Histoire économique et sociale au fil des chocs et renversements des gouvernements !

Pour dire simplement, qu'une seule lecture est insuffisante, tant ce roman est foisonnant d'informations, de personnages emblématiques, connus ou anonymes ! Une fresque immense du XXe européen...

Toutefois, je me suis plus particulièrement "attachée" au couple D Antonio et Isabel, même si le grand-père très charismatique, garde souvent "la vedette" ; on ne peut être qu'admiratif de son courage, de sa détermination à s'élever socialement, tout en restant fidèle à la fois à ses convictions, et à ses camarades !!!

"Barcelone- 1934
- Je me vois mal devenir leur patron, aux gars, songe Antonio.Ah bien sûr, ça ne serait pas pareil si c'était moi qui choisissais avec qui travailler.
Insensiblement, sans s'en rendre vraiment compte, il passe de l'autre côté. Cela signifie quoi, l'autre côté ? La barrière des classes est-elle infranchissable ? Serait- ce pécher contre son camp que de changer de position ? Y songer, n'est-ce pas déjà changer un peu...Soudain il se rend compte qu'il n'est ni pour ni contre rien."


****"La Claque est, au théâtre ou à l'opéra, un ensemble de personnes (les « claqueurs ») engagé pour soutenir ou faire choir une pièce par des manifestations bruyantes (applaudissements, rires, sifflets, huées, etc.). "


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Dieu que je me suis ennuyée en lisant ce livre. Je l'avais choisi car j'avais beaucoup aimé un autre livre publié par cette maison d'édition (L'ami de Tiphaine Tavernier édité par Sabine Wespieser). J'avais lu de bonnes critiques sur le catalogue de cette maison.  Donc quand je suis tombée sur un de leurs livres, reconnaissables à leur désign sobre et identique pour tous leurs livre, j'ai foncé. Ni une, ni deux, je l'ai emprunté à la médiathèque.
Et bien autant j'ai aimé L'ami de Tiphaine Tavernier autant j'ai peiné en lisant Antoine et Isabelle.
 
Un style très inégal, parfois intéressant, parfois pompeux… je vous livre des exemples.
 
« Cette âcreté vomitive était un drôle de parfum à l'anus de la civilisation blanche.» p18
 
« Il regrette surtout de ne pas être peintre. Dans les souks, les longs vêtements laissent flotter les désirs. Les regards brulent, des senteurs de magie bousculent les narines, les couleurs ont des turbulences traîtres. La chaire du désert est brute et sans fard, incandescente. Elle palpite d'une vérité que n'atteigne pas les atouts du bordel bourgeois. Dans les cours, les femmes, libres et suantes, le mamelon palpitant, enduisent leurs cuisses d'une huile ambrée. Ces mêmes mains roulent les boulettes de viande, coupent les légumes. Elles rient aux éclats et leurs voix rauques bousculent l'homme hispanique. S'il n'y avait à heure fixe les mélismes ophidiens du muezzin, le garçon du vieux Barcelone pourrait se croire chez lui dans cette ville de terrasses où s'épanouit la proximité de l'intime. de mystérieuses profondeurs l'appellent à chaque porte entrouverte. » p173 
 
Je me suis forcée à lire cet ouvrage, qui aurait pu être intéressant si l'auteur avait été moins dichotomique pour la présentation de ces deux familles.
 
Pourtant cela avait bien commencé, le narrateur ne se présente pas sous son meilleur jour. Lors dans une soirée dans un pays exotique, discutant avec un négationniste, lui fils d'un réchappé d'un camp de concentration, il ne confronte pas vraiment cet interlocuteur, il ne s'en explique pas vraiment. Par contre lorsque son patron, qui a assisté au débat, et qui attendait un combat de coqs, décide de lui raconter l'histoire de sa famille… Alors le narrateur va prendre sa plume et raconter ces deux histoires en parallèle.  

Les deux histoires s'entremêlent.
 
Antonio et Isabel, les grands parents du narrateur / auteur. Arrivés à Barcelone pour fuir la misère de leurs campagnes d'origines (respectivement la Catalogne rurale et l'Andalousie), ils vont se marier après maintes péripéties. Antonio va entrer dans un grand hôtel et gravir les échelons. En tant que républicain, condamné par le franquisme, Antonio fuit en France. Il s'engage dans l'armée française. Fais prisonnier, comme communiste il est envoyé dans un camp de concentration. Il s'en sortira miraculeusement et livre un témoignage très fort de cette expérience. Antonio et Isabel, naturalisés Français, deviennent Antonio et Isabelle. Tiré de l'histoire familiale de l'auteur, il y a de la poésie, de la vie, de l'émotion dans cette partie.
 
En parallèle, les chapitres alternent avec l'histoire de la famille Gillet lyonnaise. Etant Lyonnaise depuis plus de 20 ans, j'ai été intéressée par cette partie surtout que la Villa Gillet est connue et abrite une fondation. Elle héberge les assises internationales du roman.
Cette famille Gillet a un nom prédestiné. Elle a fait fortune dans le textile. Grâce au traité de Versailles puis la collaboration, leur fortune va exploser. Il est question de meurtre d'un jardinier qui aurait compromis la fille de la famille. Dans cette famille, c'est la grand-mère Léonie qui mène son petit monde à la baguette après la mort du patriarche. Aux hommes, les affaires. Elle, elle s'occupe du personnel. Elle visite l'Allemagne nazie dans les années 30 et revient impressionnée par l'ordre. N'oublions pas l'impact du front populaire. Interpellée par cette charge contre cette famille, j'ai fait quelques recherches. L'auteur semble s'être inspiré d'un livre édité par Hervé Joly, les Gillet de Lyon. Cette partie est la moins réussie des deux. C'est trop manichéen. Trop méchants riches…
 
En ce qui concerne l'histoire de l'Espagne « romancée », je préfère nettement les romans de Javier Cercas. Et pour en savoir plus sur la guerre d'Espagne d'un point de vue plus académique, j'ai lu « La guerre d'Espagne et ses lendemains de Bartolomé Bennassar, qui était très bien.
 
Et vous quels romans sur la guerre d'Espagne vous ont émus, plu* ? Lesquels conseillerez-vous ?
 
*Je viens de découvrir que plaire est invariable au passé composé. Quelle émotion
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Vincent BOREL profite d'un séjour en Jamaïque, invité par le patron de presse Michel Ferlié. Lors d'une soirée plutôt arrosée, il est pris à partie par Florian, un jeune branché parisien, futur animateur-télé. Porté par l'inconscience de sa jeunesse et un brin de crânerie, le jeune homme nie avec véhémence l'existence des chambres à gaz face à un Vincent BOREL excédé par de tels propos. Il sait bien que les chambres à gaz ont existé, lui qui y accompagnait son grand-père lors de son pèlerinage annuel à Mauthausen. Un grand-père qui s'activait pour perpétuer la mémoire des horreurs des camps de concentration et dont la seule crainte était qu'un jour le monde oublie.
Alors, pour apporter sa pierre à l'édifice et laisser son propre témoignage, Vincent BOREL décide de raconter ses grands-parents, Antonio le catalan et Isabel l'andalouse, leurs rêves, leurs idéaux, leurs combats, leurs guerres. Entre l'enfance marquée par la pauvreté à l'exil forcé en France, il y a eu l'espoir d'une vie meilleure, d'une société plus juste, l'engagement républicain, la guerre civile, la défaite. En France, ce sera les camps, la résistance et pour Antonio, le communiste, la déportation. La guerre terminée, Antonio, devenu Antoine, parcourras son département pour apporter son témoignage au sujets des camps.
Michel Ferlié, l'hôte de Vincent Borel, est quant à lui issu d'une grande famille d'industriels lyonnais: les Gillet. Ils ont bâti leur fortune sur le textile, la chimie, les relations et l'opportunisme. Cynisme et sens des affaires, coups bas et retournements de veste, les Gillet ont su tourner à leur avantage aussi bien la crise de 1929 que des deux conflits mondiaux.


Petite-fille d'un républicain espagnol, je suis toujours très touchée quand je lis sur le sujet de la guerre d'Espagne. En découvrant la vie d'Antonio, j'ai bien sûr pensé à mon grand-père. Chaque histoire de vie est différente mais j'ai reconnu un parcours assez similaire. Comme Antonio, mon grand-père s'est engagé très jeune aux côtés des républicains. Il a connu la guerre civile, les combats, la bataille de l'Ebre et bien sûr la Retirada. Comme lui, il s'est retrouvé dans les Alpes, dans un camp dont il s'est enfui pour lutter contre le nazisme...
Pourtant, malgré une histoire familiale si proche de la mienne, rien ne m'a émue dans l'écriture de Vincent BOREL. Sans doute pour rester au plus proche de la vérité historique et éviter le pathos, il a mis de la distance entre lui et ses personnages et du coup ils sont peu attachants. Ils traversent les évènements sans qu'on ressente de l'empathie et c'est bien dommage.
De plus, il a choisi d'alterner les chapitres de la vie d'Antonio et d'Isabelle avec celle des Gillet. Je n'ai pas compris pourquoi. Jamais les deux familles ne se rencontrent et le lien entre elles est ténu. Et puis, j'avoue que ces chapitres m'ont moins intéressée.
Côté émotions, BOREL se rattrape sur la fin. Laissant la parole à son grand-père, il retranscrit les textes écrits par Antonio sur son expérience à Mauthausen. Sans prétention littéraire, comme il le dit lui-même, le républicain espagnol livre un témoignage poignant, sans concessions et sans souci d'édulcorer l'horreur, sur ce qu'ont du subir les prisonniers des camps.
Mon avis est donc mitigé mais je pense qu'il faut lire Antoine et Isabelle pour en apprendre plus sur notre histoire récente mais sans en attendre le souffle romanesque qui fait d'un bon livre un grand livre.
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Dans ce magnifique roman, Vincent Borel expose avec brio les conditions politiques, sociales et économiques qui conduisirent ses grand-parents espagnols à choisir le communisme, à vivre la guerre civile, l'exil, puis les camps d'extermination nazis ; il nous raconte parallèlement le destin en tous points contraire d'une famille de grands industriels lyonnais, rois du textile synthétique, richissimes et opportunistes.
L'auteur fait revivre la Barcelone du début du siècle quand Gaudi construisait la Sagrada Familia, quand les anarchistes faisaient régner la méfiance, sinon la terreur, quand les femmes vivaient recluses chez elles et n'avaient pas le droit de vote. Évocation pittoresque et attachante d'un passé révolu dans une ville crasseuse aux multiples visages, évocation d'un peuple luttant âprement pour sa liberté, évocation enfin des totalitarismes qui s'abattirent sur l'Europe, le fascisme italien, le nazisme hitlérien, le franquisme espagnol...
J'ai beaucoup aimé ce roman au style journalistique plus que lyrique, mais empreint d'un grande force d'évocation, qui expose avec une grande puissance descriptive 25 années de grandes mutations sociales, politiques et économiques.
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Cette lecture m'a touchée pour plusieurs raisons car elle fait écho à mon histoire familiale et personnelle.

Antoine et Isabelle émigrent en France quand Franco prend le pouvoir en Espagne, leurs espoirs d'une nouvelle République s'effondrent, ils fuient. J'ai des origines espagnoles par mon grand-père paternel. D'ailleurs je porte un nom espagnol. Par contre, concernant mes arrières-grands-parents, ils ont émigré en France bien avant 1936, probablement pour des raisons économiques (ou politiques?). Je ne sais pas trop. Mes arrières-grands-parents sont nés en Espagne à Finestrat (fin 19ème)mais mon grand-père est né en France en 1916.

Aspres-sur-Buëch est évoqué dans le roman, mon père y est né. le rationnement était moins "sévère" en montagne pendant la seconde guerre mondiale! Dans le roman, Antoine et Isabelle y vivent car il y avait un camp de réfugiés espagnols.

Puis enfin, le roman évoque également l'histoire de la famille Gillet à Lyon. J'ai passé des heures et des heures à la villa Gillet avec mes enfants. (Vous pouvez voir des photos ICI).

J'ai donc apprécié cette lecture très très documentée historiquement à la fois sur l'histoire de l'immigration espagnole vers la France, la période Franco et l'histoire de la famille Gillet (et ses rapports à l'Allemagne pendant la seconde guerre).
L'écriture est très soignée, tellement (et c'est ma seule réserve) que je me suis sentie parfois un peu trop spectatrice des personnages (comme si l'auteur avait une distance avec eux).
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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L'étincelle qui semble avoir décidé Vincent Borel à écrire ce livre, entre autofiction et roman historique, est une joute verbale entre lui et un jeune trentenaire branché, sous le regard mi-figue mi-raisin de leur hôte, grand patron de la presse underground. L'un défend la cause révisionniste, soutenue par certains historiens peu recommandables, l'autre met en avant le témoignage de son grand-père, rescapé du camp de Mauthausen. le patron millionnaire, lui racontera par la suite, avec dégoût, l'histoire de sa famille, un clan d'industriels lyonnais, de ceux qui ont toujours su rester du "bon" côté, celui de l'argent. Cette discussion sert alors de "prétexte" à l'auteur pour évoquer l'Histoire de la première moitié du XXème siècle, en France et en Espagne, et surtout à rendre hommage à ses courageux grands-parents, Antoine et Isabelle, dont le destin personnel s'est toujours confondu avec l'Histoire…

Ce projet tout à fait louable ne m'a pourtant guère convaincue. Je partage l'avis d'Alienor (voir lien ci-dessous). On est davantage dans la description que dans la narration et c'est à mes yeux le gros défaut de cet ouvrage : il manque d'épaisseur romanesque et on se concentre davantage sur l'histoire avec un grand H que sur les personnages. Ce livre peut donc tout à fait se lire comme un témoignage, j'ai d'ailleurs apprécié à cet égard l'insertion par le narrateur du témoignage poignant écrit par son grand-père à sa sortie du camp.

Je ne nie pas les qualités de ce livre, mais pour ce qui est du style, force est de constater que j'y suis restée insensible : l'écriture m'a paru sans relief et plutôt ennuyeuse. Dommage…
Lien : http://tassedethe.unblog.fr/..
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Comme pour beaucoup d'autres lecteurs de ce livre, il fait écho pour moi à mon histoire personnelle étant petite fille de réfugiés espagnols...
Mais les deux histoires en parallèle de ces espagnols et de ces industriels lyonnais est vraiment un plus. A chaque fois que je lis un livre traitant de cette partie de l'histoire de l'Espagne, j'ai l'impression qu'il s'agit de mon histoire et cela m'aide à la compléter mais l'histoire de ces industriels que je ne connais pas me donnent un éclairage sur l'histoire de la France...
J'ai apprécié le style de l'auteur, ce détachement apparent de l'auteur par rapport à son texte et ses personnages, il relate un histoire presque comme un reportage qui cacherait une grande émotion...
La fin est particulièrement difficile mais nécessaire, pour la mémoire, pour ne pas oublier...
Un très beau livre qui trottera longtemps dans mon esprit...
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François Borel nous raconte l'histoire de ses grands-parents Antonio et Isabel qui se sont rencontré à Barcelone vers 1925. Avec ses deux personnages nous sommes emmenés dans l'histoire de l'Espagne avec des personnages tels que les dictateurs Primo de Rivera puis Franco. Les révolutions, guerres civiles sont décrits très précisément et je me demande si le lecteur non-espagnol a beaucoup d'intérêt à savoir tout ceci.
A côté de la famille d'Antonio et Isabel nous sommes mis en connaissance de la famille Gillet du côté de Lyon, famille d'industriels pour qui uniquement l'argent compte, le rendement, la production de produits chimiques nouveaux, la soie artificielle, le nylon, le gaz ypérite, le gaz Zyklon B que les allemands ont commandé en masse pour les chambres à gaz dans les camps d'exterminations dans les années 40.
Bien sinistre passé pour les usines Lyonaises qui ont fabriqué tout cela, enrichi des familles alors que d'autres personnes crevaient de misère ou étaient gazés.
Le roman passe aussi par Mauthausen où Antonio a du séjourner et nous laisse alors une description très détaillée des lieux pour que jamais on oublie ce qui s'est passé là-bas durant la seconde guerre mondiale, pour que jamais des endroits pareils puissent encore exister.
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Je voudrais déjà lancer un avertissement : si vous croyez vous trouver en face d'une banale histoire de famille, dans laquelle l'auteur se contente de broder autour des mariages, naissances et décès, avec passage obligé par des événements historiques, passez votre chemin. Antoine et Isabelle est bien plus qu'un simple hommage à ses grands-parents.
Le livre commence presque par la fin : d'entrée de jeu, nous savons que le grand-père de Vincent sera déporté, qu'il en reviendra, et qu'il écrira le récit de ce qu'il a vécu. Pourtant, Vincent Borel ne nous parle pas de devoir de mémoire, loin de là, et je préfère le citer que le paraphraser : "je lui cède la parole. L'horreur qu'Antonio va connaître à Mathausen [...] il n'appartient qu'à ceux qui l'ont vécue de l'évoquer. S'y substituer ne serait, au mieux, qu'une machine littéraire". Aussi, j'ai beaucoup apprécié, même si j'ai toujours des difficultés avec cette période, que Vincent Borel reproduise in extenso l'oeuvre de son grand-père et que le temps de la lecture corresponde avec le temps du récit.
Mais revenons en 1919. Nous sommes en ESpagne, et nous suivons le destin des Vives et des Canuto. Les deux familles ne se connaissent pas, pourtant elles ont en commun de vouloir vivre une vie meilleure que celle qu'elles vivent. Elles se retrouvent toutes deux à Barcelone, dans des conditions à peine meilleures que celles qu'elles ont quitté. Leur point commun ? Elles arrivent toutes deux à Barcelone, où Antonio, serveur, rencontrera Isabel, ouvrière, et où ils se marieront, en dépit de l'opposition d'une des familles. Tout au long de ses années, ils feront preuve de courage et d'opiniâtreté, d'engagement dirait-on aujourd'hui, face au épreuves et au qu'en dira-t-on ?
J'ai pensé à l'oeuvre de Zola en lisant ce livre. Comme dans Germinal, nous avons, en opposition à ses ouvriers qui cherchent à survivre (à défaut de pouvoir toujours vivre) une richissime famille bourgeoise, les Gillet dont nous suivrons le destin parallèlement à celui des Vives. Pourquoi Germinal ? Comme les Grégoire, Léonie a une vision très patriarcale du rôle des patrons envers les ouvriers. Il est nécessaire de prendre soin d'eux, d'une part parce qu'ils en sont incapables (tous alcooliques) et d'autre par pour prévenir toute velléité de révolte. Rien n'a changé depuis Zola. Au-delà des différences (de nationalité, de classe sociale, d'opinion politique), ils sont pourtant un point commun avec les Canuto (les parents d'Isabel) : le souci des convenances et le respect de la religion. Pas de divorce pour les uns, pas d'enfant naturel pour les autres. Tous les chapitres consacrés aux Gilet et à leurs descendants m'ont peu passionné, et il m'est arrivé de remettre leur lecture à plus tard, tant je voulais savoir ce qu'il adviendrait d'Antonio et Isabelle.
J'ai tout de même un autre regret : le ton utilisé, distant, impersonnel, comme si l'auteur ne voulait pas manifester son émotion face au destin de ses grands-parents. Il faut attendre la guerre d'Espagne, magnifiquement raconté (et pourtant, rien n'était simple dans cette guerre) pour trouver un souffle épique.
Antoine et Isabelle reste cependant un roman solidement construit, très bien documenté sans être pesant, et hautement recommandable pour tous ceux qui s'intéressent à la guerre d'Espagne et à la seconde guerre mondiale.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Un beau roman, parfois long, mais passionnant. Une histoire familiale aussi riche que celle-ci méritait réellement d'être écrite. Car ce sont des gens tels Antonio et Isabel qui font L Histoire, ce sont ces gens ordinaires mais engagés qui font avancer ou reculer les événements. Résister, défendre ses ideaux, parfois au mépris de sa propre sécurité mérite d'être raconté. Merci à Vincent Borel pour avoir partagé avec nous l'histoire de l'Espagne républicaine et franquiste, l'histoire de la seconde guerre mondiale, l'histoire de ses grands-parents.
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