AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,02

sur 45 notes
5
1 avis
4
1 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
« Je demande à mes dieux ou à la somme du temps
Que mes jours méritent l'oubli,
Que mon nom soit Personne comme celui d'Ulysse,
Mais que se perpétuent quelques-uns de mes vers
Dans la nuit propice à la mémoire
Ou dans les matins des hommes » "A un poète saxon"
Hommage au poète inconnu de la Chronique anglo-saxonne, mais peut-être aussi l'envie de Borges que ses vers ne soient pas oubliés…

Borges, je découvre et je ne peux pas dire que ça soit gai.
« Pour le sommeil et la mort,
Ces deux trésors cachés » "Autre poème des dons"
Mais au final, j'ai bien aimé ce recueil, il parle de lui, de la poésie, de la nuit, il fait revivre des batailles, des héros des anciens temps, d'autres continents, évoque des villes et des voyages et ses peurs, ainsi que la cécité.

Commenter  J’apprécie          373
Pour JLB, le poème n'est pas fiction.
Il parcourt la ville, trace les rues, défriche la pampa.
Il raconte les ancêtres, les héros, les êtres admirés ou chéris.

Il y a un décor, un jardin, une ville, les rues des bas-fonds et l'autre côté du monde que l'on feint d'ignorer.

Le poète parle, il n'invente pas, il ne coince pas le lecteur dans un piège littéraire. Il ouvre la porte au lecteur, l'invite dans ses souvenirs, ses pensées intimes, ses confidences.

Au bout, tout au bout, il y a la pensée. Tout en parcourant la ville, la vie, il l'approche cette pensée non sans avoir vécu.
Commenter  J’apprécie          270
Comme un jeu de miroirs, les images de ce recueil reflètent la mélancolie de Borges, le long des rues crépusculaires et labyrinthiques de la ville sud-américaine, où décline lentement sa vision.

Parmi les collines qui s'effacent au loin, le poète voit (ou entend ?) « les pentes de la musique, la plus docile des formes du temps ».

Les mots de Borges empruntent la pente et la page. Dans cette temporalité alternative, seul le passé succède au présent. Ainsi, le poème "La nuit cyclique" commence et s'achève avec Pythagore. Les quatrains de ce poème établissent un cheminement harmonieux du temps vers son double. C'est une danse où la mesure se fait par paire, comme les deux parties du sablier, comme l'homme et son reflet. Sous l'impulsion de cette lente musique, les miroirs semblent se tourner les uns vers les autres. Ils démultiplient leurs reflets à l'infini. Les images dans les images semblent plus lointaines, et orientent la nostalgie vers un temps que Borges n'a pas connu.

Un temps plus violent : celui des combattants et des brigands sud-américains, lancés dans leur danse de vie et de mort :

« Le tango pourvoyeur de souvenirs, nous forge
Un passé presque vrai. Dans ce faubourg perdu
C'est moi qu'on a trouvé sur le sol étendu,
Un couteau dans la main, un couteau dans la gorge. »

Le retour en arrière laisse aussi transparaître l'héritage des conquistadores, et même, pendant quelques vers, un animal originel : le poète recherche les sensations du tigre. Mais Borges contemple sa créature avec insatisfaction, sans parvenir à façonner le mot qui pourrait incarner la chose. Il se met dans le même situation que le rabbin du poème « Le Golem » : ce dernier n'arrive pas à retrouver le Verbe du commencement avec exactitude. Et le reflet de la Création se déforme par cette mise en abîme dans le monde des hommes. le poème ne dit pas si le Golem cherche à ensuite à créer son propre Golem : ce serait la suite logique.

Vers la fin du recueil, la remontée dans le temps s'effectue aussi à travers l'espace, car elle entraîne à l'époque des guerriers saxons, obsessions des poèmes tardifs, empreints d'un intérêt philologique pour cette civilisation. Mais même dans la fièvre de ces études transparaît la hantise du bibliothécaire (dont les deux derniers mots font écho à un poème intitulé « E.A.P. ») :

« Parmi les livres de ma bibliothèque (…)
Il doit y en avoir un que je n'ouvrirai jamais plus. »
Commenter  J’apprécie          215
Je suis un amateur inconditionnel de Jorge Luis Borges, que je crois insurpassable dans le domaine particulier de la nouvelle. Pourtant, ce prosateur érudit, cosmopolite et hyper-doué a été aussi un très grand poète. Ce recueil présente sa production entre 1925 et 1965. Comme souvent, il m'est difficile de commenter de la poésie. Borges écrit d'une manière à la fois simple et compliquée, parfois précieuse. Certes, dans ce recueil les poésies ne me plaisent pas toutes, mais j'en ai apprécié plus d'une. Pour donner une idée de mes goûts, je mets en citation un exemple de ce que j'ai aimé: un poème intitulé "A un poète mineur de l'anthologie"; il me semble caractéristique de la sobre subtilité de Borges.
Commenter  J’apprécie          50
Qui a le courage de se débarrasser de Borges?
Commenter  J’apprécie          20
Irremplaçable, une miraculeuse traduction libre qui s'envole au-dessus des mots.
Borgès est aussi un admirable auteur de récits courts (cf. le recueil ''Fictions'', par exemple). Celle intitulée ''Le congrès'', contenue dans dans ''Le livre de sable'', et qui est tout-à-fait fascinante, connait une très étrange renaissance dans un recueil récent de Michel Levy, "Chaque jour au matin''. La nouvelle de Levy s'intitule "Partout ou ils sont réunis", et semble mystérieusement prolonger et illuminer d'un jour nouveau la fiction de l'Argentin (Editions Infimes). Magie de la littérature.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (111) Voir plus



Quiz Voir plus

Créatures étranges.

Serpent bicéphale rencontré par Caton.

Amphisbène
Basilic
Mandrake
Mermecolion

5 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Le livre des êtres imaginaires de Jorge Luis BorgesCréer un quiz sur ce livre

{* *}