J'ai beaucoup aimé ce livre, en grande partie parce qu'il m'a fait revivre les émotions de ma vie parisienne, plus exactement celles des transports en commun, ceux que j'empruntais matin, midi et soir lorsque je travaillais à Paris, et certaines lignes que l'auteur emprunte régulièrement dans ces pages étaient aussi les miennes (la ligne 11 du métro notamment), mais aussi le RER et les trains de banlieue, sa lecture m'a replacé dans un contexte que j'ai vécu et reconnu, instinctivement et émotionnellement.
Ce qui m'a particulièrement interpelé, c'est que comme lui, j'ai pu ressentir le concentré d'humanité qu'il y a dans ces instants de transits entre deux lieux, entre les stations de la Capitale, et j'ai immédiatement ressenti aussi et revécu toute la palette des émotions que l'auteur décrit si bien et qu'il ne faut pas axer uniquement sur la lâcheté devant des situations inédites dont on est acteur malgré soi, tout simplement parce qu'on n'y est pas préparé, même si l'improvisation de certains de nos congénères dans ces situations inédites forcent aussi le respect et l'admiration. Oui il y a la peur, le dégoût, les attractions magnétiques et les rejets instinctifs, il y a le comique parfois, de certaines scènes, le cocasse, l'indignation, l'indifférence, l'insupportable... Mais il y a aussi la dignité, le respect et la grandeur d'âme, la reconnaissance, car la bêtise est bonne maîtresse, elle peut paraître humiliante et désolante de prime abord lorsqu'on y est confronté malgré soi, mais elle n'est jamais gratuite : c'est en y étant confronté que l'on grandit en valeur et en estime, estime de soi et aussi estime des autres, parce qu'elle nous fait réfléchir et nous remet en question, en y étant confronté elle nous montre l'exemple à suivre, et celui à fuir aussi.
Certaines pages m'ont fait l'effet d'une sacrée raclée émotionnelles, elles sont authentiques, je le confirme car il n'y a que dans le métro parisien qu'à l'instar de l'auteur
Hugo Boris, j'ai aussi vu et ressenti tout cela, comme l'auteur l'écrit et le décrit si bien, car chaque passage de ce recueil est comme une petite nouvelle ; mais je voudrais aussi dire et ajouter ceci, c'est ce que j'ai appris en vivant aussi ces transports en commun bondés de mes semblables, tous si différents les uns des autres, tous si différents en apparence de moi-même, bien que nous appartenions tous à la même humanité : ces transports en commun, ces trains bondés ou vides toujours peuplés de gens anonymes mais qui ont tous une histoire, ils ont quelque-chose à nous apprendre, non pas sur eux mais sur nous-même : ils sont là pour ne pas nous laisser indifférents, pour nous pousser à réagir même si cela prend du temps, pour laisser parler d'abord nos instinct et aussi nous aider à les corriger de temps en temps. J'ai été très ému à la lecture de certains passages, alors j'en citerai deux qui sont je pense édifiants : à tous ceux qui se sont un jour demandé ce que cela voulait dire "être Charlie" après les attentats de 2015, je renvoie aux pages 75-77 de ce livre ; et à ceux qui comme moi ont pesté un jour contre la chaleur suffocante l'été dans les transports en commun parisiens et se sont abreuvé de leur climatisation tels de vrais soiffards en quête de fraîcheur en fin de journée estivale, je ne peux que recommander la lecture de l'histoire de la vieille dame aux pages 86-87.
C'est en cela que cette lecture est recommandable, elle est touchante et juste, bourrée d'humanité, pas celle des bons sentiments que l'on voit dans les films, mais bien celle de la vie de tous les jours, celle que nous vivons tous sans même nous en rendre compte trop souvent, celle qui est là aussi pour interpeller notre conscience et nous faire progresser.