Parler à des inconnus

1980. Marianne, une jeune canadienne de 18 ans, rêve d'intégrer une troupe professionnelle de patinage artistique. Elle part en Californie pour passer une audition et c'est là-bas, sur la plage, qu'elle rencontre deux jeunes étudiants, Franklin et Amiko. Ces derniers sont chaleureux, intelligents, épanouis. Ils révèlent à Marianne toute la bonté et la richesse qu'elle a en elle. Mise en confiance, la jeune accepte de les suivre pour suivre un séminaire sur "comment trouver l'amour pur et un vrai sens à sa vie".

Cette bande-dessinée nous relate l'histoire véridique de l'auteure, Marianne Boucher, qui dans sa jeunesse, est tombée sous l'influence d'adeptes de l'Eglise de l'unification, la secte de Moon. Ce témoignage déroule tout le processus d'endoctrinement : la séduction, la rupture des relations avec la famille, le lavage de cerveau qui amène la victime à rejeter tout ce qu'elle a été, tout ce qu'elle pensait afin de découvrir son "moi intérieur"... et au final perdre tout libre arbitre. L'extérieur devient l'ennemi tandis que ceux de l'intérieur oeuvrent à sauver le monde.

Heureusement pour Marianne, ses parents prendront les choses en main et c'est après une " déprogrammation" douloureuse ( méthode controversée chez nous) que la jeune fille reprendra pied dans le réel. Mais ce ne sera pas simple.... Les ravages causés par l'endoctrinement sectaire sont bien réels, comme les troubles liés au stress post-traumatique.

"Parler à des inconnus" est un récit édifiant et poignant, mettant en garde contre ces dérives sectaires qui aujourd'hui sont toujours bien présentes même si elles se cachent sous d'autres formes. Surtout, elles peuvent toucher n'importe qui.

Un ouvrage d'utilité publique !

J'avais déjà lu la précédente bande dessinée de la Boîte à Bulles "Dans la Secte" en partenariat avec le MIVILUDES.
Ici l'auteur illustratrice relate son recrutement (et son sauvetage) dans la secte Moon alors qu'elle était lycéenne. Les inconnus du titre sont les sympathiques étudiants qui l'abordent à la plage et l'invitent à rencontrer leur guide spirituel (qu'ils n'appellent pas ainsi). Submergée par la bienveillance et les compliments dont ils l'abreuvent, lui disant combien elle est merveilleuse, forte et un destin de bonté à accomplir, elle se laisse séduire et distraire de ses préoccupations (le patinage artistique, sa famille...) pour participer à des séminaires et s'engager dans des collectes de fond pour des causes humanitaires.
On comprend assez bien le pouvoir de l'action collective avec ses stratégies bien rodées pour empêcher la "proie" de penser par elle-même et la détourner de l'extérieur. Et je veux bien croire que n'importe qui peut s'y faire prendre.
Ce qui est particulièrement intéressant dans ce livre c'est de voir les actions mises en oeuvre par les parents de Marianne et surtout sa mère pour tenter de récupérer leur fille avec l'aide d'un "déprogrammeur", ancien adepte dont les arguments font mouche.

Marianne a 18 ans quand elle part seule en Californie pour passer une sélection afin de faire partie d'une troupe de patineurs sur glace. Alors qu'elle est sur la plage, elle est abordée par deux jeunes avec qui elle sympathise très vite. Ils sont gentils, la mettent à l'aise, la trouve intéressante. Ils ont des choses partager avec elle, elle passe la soirée et la journée du lendemain avec eux et c'est le début de l'engrenage. On ne la laisse jamais seule, elle n'a pas le temps de réfléchir, de repenser aux informations qu'on lui a donné. Et puis, le principe est louable : l'idée est de tout quitter afin de sauver le monde !

La première partie qui relate comment Marianne se retrouve prise dans le filet de l'Église de l'Unification est tristement simple à lire. Tout se déroule selon un schéma implacable. La deuxième partie retrace le combat des parents de Marianne, de sa mère surtout, pour sortir leur fille des griffes de la secte. le vocabulaire est rude : on parle de kidnapping, de déprogrammation... Et on y lit aussi la souffrance de Marianne, pour combattre le lavage de cerveau qu'elle a subi...

Une BD à lire et à faire lire !

Cette BD de Marianne Boucher est autobiographique. Elle relate comment lycéenne, elle s'est retrouvée embarquée dans la secte Moon, acceptant de mettre de côté sa carrière de patineuse artistique.

Si la BD a le mérite de témoigner de l'emprise progressive et insidieuse d'une secte sur un individu, et de la difficulté de sortir de cette domination psychologique et morale, je ne suis pas convaincue par le graphisme. le pari du noir & blanc n'est pas en cause, adapté pour rendre compte de la gravité du sujet ; c'est plutôt le trait qui ne semble pas toujours maîtrisé, qu'il s'agisse de la perspective, des proportions... à voir ce que les lecteurs adolescents visés en pensent.
BD offerte par le MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) aux CDI des établissements scolaires du secondaire.

Récit inspiré du vécu de l'auteur. 1980, Marianne 18 ans, Canadienne, passionnée de patinage artistique s'envole pour la Californie pour tenter d'intégrer un prestigieux club professionnel. Elle rencontre deux jeunes gens chaleureux qui la flattent, l'invitent à une soirée d'abord puis un séminaire, un séjour. Les thèmes de l'amour pur, de la générosité, du sens à donner à sa vie (sauver le monde !) font mouche sur une très jeune fille encore naîve et qui se cherche. Elle est entrée dans la secte Moon. Peu à peu, elle renonce à son rêve de patiner, est coupée de sa famille, endoctrinée, isolée du monde. Ses parents s'en rendent compte assez vite et font tout pour la sortir de là.
Un graphisme précis qui raconte les faits et tente de montrer le lavage de cerveau, le processus d'enfermement mental. A mettre entre toutes les mains.