Il évoque depuis près de 500 ans selon le mot célèbre d'Honoré de
Balzac « un diamant taillé à facettes serti par l'Indre ». Admirablement restauré entre 2013 et 2017 par le Centre des monuments nationaux,
le château d'Azay-le-Rideau fait aujourd'hui l'objet d'un bel ouvrage aux Éditions du patrimoine qui enrichit ainsi sa collection des monographies d'édifices. En retraçant son histoire, le livre met en évidence le destin singulier de ce château mondialement connu comptant parmi les plus fameux du Val de Loire mais qui mena pourtant une existence paisible à l'écart du tumulte de la grande histoire qui, si souvent, frappa à la porte de ses voisins. En effet, contrairement à Chenonceau, Chambord ou Blois, jamais la route d'Azay ne croisa celle d'une tête couronnée, d'un prince du sang, ou même d'une favorite royale ! Sa genèse même étonne : comment en effet expliquer que
Gilles Berthelot, maître ordinaire de la Chambre des comptes de Paris, ait pu sans réelle proximité avec
François Ier se faire bâtir une oeuvre aussi avant-gardiste, joyau de la première Renaissance française ? En se replongeant dans les sources, les auteurs tentent d'élucider ce mystère. Bénéficiant d'une importante campagne photographique qui sublime ce vaisseau de pierre délicatement posé sur l'Indre, l'ouvrage dresse un état des lieux complet des connaissances dont nous disposons, de son passé médiéval à sa transformation en musée de la Renaissance suite à son acquisition par l'État en 1905, en passant par la métamorphose que les marquis de Biencourt y opérèrent au XIXe siècle faisant d'Azay un symbole de l'art de vivre à la française.
Par
Olivier Paze-Mazzi, critique parue dans L'Objet d'Art 552, février 2019